Ivoiriennes, Ivoiriens, de toutes les régions de notre pays,
Ivoiriennes, Ivoiriens de la diaspora,
Chers habitants de la Côte d’Ivoire
Chers Amis de la Cote d’Ivoire,
L’heure est grave.
En des temps plus ordinaires, j’aurais évoqué comme je l’ai fait l’an dernier, l’histoire de notre pays, les progrès accomplis, les défis restant à relever, salué les exploits de nos sportifs, de nos paysans ou de nos travailleurs.
Malheureusement et croyez-moi, je le regrette, l’heure n’est pas aux discours de circonstances.
Il vaut mieux prévenir que guérir dit la sagesse populaire. C’est donc ce que je vais m’efforcer de faire ce soir, avec votre permission.
Quand la maison commune est en danger, ce n’est pas le moment de discuter de la taille des fenêtres ou de la plomberie
A moins de trois mois d’une élection décisive pour l’avenir de notre pays, c’est la maison Cote d’Ivoire qui est menacée si nous n’arrêtons pas la machine infernale de l’exclusion, des arrestations, de l’intimidation et du repli identitaire.
Félix Houphouet-Boigny a fait de notre beau pays le pays du dialogue. Il est arrivé à force de patience, de ténacité et d’humilité, à faire que ce mot, pendant toute la période où il fut au pouvoir, soit de façon quasi automatique associé à notre pays. La paix et le dialogue, mots bénis entre tous.
Que ce soit pour des sujets internationaux comme le conflit du Moyen-Orient ou plus près de nous, la discrimination raciale en Afrique du Sud ou même certaines de nos difficultés internes, il a toujours prôné la même solution : le dialogue – ajoutant que le dialogue était l’arme des forts.
Qu’il fallait éviter les conflits puisque, quoi qu’il arrive à la fin de chaque conflit, il y a toujours un moment où l’on doit s’asseoir et discuter
Je veux m’adresser ce soir à ceux qui aujourd’hui emprisonnent, bafouent les libertés fondamentales, enlèvent en pleine rue des jeunes ivoiriennes et ivoiriennes, ont fait du mot Sebroko un nom craint des Ivoiriens : arrêtez, arrêtez, arrêtez,
Les Ivoiriens n’en peuvent plus. Ils vous supplient par ma modeste voix d’entendre la voix de la raison.
Le Conférence Episcopale de Cote d’Ivoire ne vous disait pas autre chose dans sa lettre pastorale du 29 juillet. Elle dénonçait et je la cite «l’amateurisme de l’administration électorale, la fraude, la corruption, les violences multiformes». Elle appelait tous les citoyens à rejeter «calomnies, diffamations et replis identitaires, et à valoriser ce qui unit plutôt que ce qui divise».
Concernant la question de l’éligibilité à la présidence, la lettre appelle à allier respect du droit et bon sens politique, en tenant compte du contexte actuel pour favoriser l’inclusivité et prévenir les tensions. Elle appelle aussi à la mise en place d’une structure véritablement indépendante et professionnelle, condition indispensable pour restaurer la confiance du peuple dans le processus électoral.
Le nouveau Président de la Fédération Evangélique de Cote d’Ivoire disait le 6 juillet ceci :
Organisons la meilleure Élection Présidentielle en Afrique. Élection ouverte à tous, Élection à laquelle tout le monde doit compétir pour que le meilleur gagne. Élection où on n'élimine personne avant la compétition
S’adressant aux leaders politiques de tous bords, il disait encore :
Je leur demande de s'engager dans une logique de dialogue et de paix. Ne sommes-nous pas dans un pays de dialogue ? Félix Houphouët Boigny, le Père de la Nation Ivoirienne, n'a-t-il pas dit, à juste titre, que le dialogue est l'arme des forts et non des faibles ? Chers leaders politiques, soyez tous des forts, soyez tous forts ; dialoguez !
Aux leaders politiques de tous bords, le temps est venu de passer la main à une nouvelle génération.
Voila de que nous disent des leaders spirituels ivoiriens.
L’ivoirien que je suis, le musulman que je suis, n’a aucune hésitation à citer abondamment la conférence épiscopale ou la Fédération Evangélique de Cote d’Ivoire. Les sentiments que nos frères chrétiens expriment ici sont partagés, je le sais, par beaucoup de musulmans.
Nulle religion n’a le privilège de la vérité et je salue sans hésiter la vérité et la sagesse d’où qu’elles viennent. Merci donc à nos frères chrétiens de montrer la voie sur ce point.
C’est dans un œcuménisme bien compris et bien vécu que nous bâtirons une Côte d’Ivoire en paix et prospère.
La paix profite à tous et, de même, la violence affecte tous.
Une balle qui siffle ne saura jamais faire la différence entre un musulman, un catholique, un protestant, un animiste, un évangéliste ou un athée.
Il y a exactement un an, le 7 aout 2024, ma modeste personne vous disait encore la même chose
La Côte d’Ivoire de demain doit définitivement tourner le dos à ce qui nous a divisés et continue à nous diviser.
Alors que nous nous rapprochons de 2025, je crains que des leaders, par erreur, essaient de nouveau, de nous entraîner dans la voie du conflit et de la violence.
Le Président Félix Houphouët Boigny a laissé à la Côte d’Ivoire une culture de Paix, de dialogue et de recherche permanente de consensus.
Il a bâti une Côte d’Ivoire unie, dont les fondations ont pris appui sur notre devise : UNION -DISCIPLINE- TRAVAIL.
Nous ne comprenons pas ce que nous vivons aujourd’hui. Pourquoi tant d’arrogance ? Pourquoi tant de violence ? Pourquoi toutes ces arrestations ?
Amie de tous et ennemie de personne, comme aimait à le dire le Président Houphouët Boigny, la Côte d’Ivoire était un exemple de pays africain moderne et modèle.
Elle a su surmonter tous les défis, qu’ils fussent sociaux ou économiques, dans un souci permanent de cohésion sociale et de richesse équitablement partagée.
Cette Côte d’Ivoire était forte de sa diversité, dans une philosophie bien comprise de l’union qui fait la force.
Ivoiriennes, Ivoiriens, mes chers compatriotes,
A la veille de l’échéance cruciale du 25 octobre 2025, force est de constater qu’il règne dans le pays un profond malaise.
Le PDCI-RDA est porteur d’un projet social, économique et politique, qui met avant tout, l’accent sur la personne humaine, les femmes et les hommes de ce pays. Un projet qui fera régner la paix dans un pays de tolérance, un pays fier de sa diversité et qui offre à ses enfants, indistinctement, leur chance.
Le PDCI-RDA a soigneusement écouté ce que veulent les Ivoiriens et a développé un programme base sur ces attentes.
Que veulent donc les Ivoiriens ?
En cette année 2025, ils désirent le changement, l’alternance, mais sans violence.
Un auteur a dit : « savoir comprendre quand il faut partir, c’est de la sagesse. Être capable de le faire c’est du courage. Pouvoir partir la tête haute, c’est de la dignité ».
Nous avons été à l’écoute des jeunes.
Avant tout, ils ne veulent plus vivre dans la hantise du chômage
Ils rejettent formellement un système moralement corrompu et en déclin.
Ils veulent un débat ouvert, sans crainte d’arrestation et des élections où ils auront un véritable choix. Ils veulent se donner le droit et les moyens de déterminer leur propre avenir en choisissant des responsables intègres et qui prêchent par l’exemple.
C’est cette volonté qu’exprimaient les 943 000 ivoiriens nouveaux électeurs qui ont pris d’assaut les bureaux de la RLE. Des centaines de milliers d’ivoiriens étaient prêts à s’inscrire dans le cadre d’une RLE 2025 qui, leur dit-on maintenant, n’aura pas lieu.
Les femmes, quant à elles, attendent un pacte social nouveau qui leur offre l’opportunité d’une participation plus active à la dynamique économique de leur pays, qui assure la santé et l’éducation de leurs enfants et leur donne les moyens d’une véritable indépendance financière et juridique.
Les PME espèrent un cadre nouveau, sans corruption et une économie pilotée par des entrepreneurs nationaux, ivoiriens.
Les paysans ne veulent plus supporter des impôts et taxes élevés sans en ressentir les bénéfices dans leur quotidien.
Les fonctionnaires attendent de l’Etat de meilleures conditions de travail et un profil de carrière clairement déterminé. Pas des mesures salariales ponctuelles à l’approche de chaque élection
Les opérateurs étrangers seront toujours les bienvenus. Ils veulent une économie sans corruption et une justice impartiale pour qu’ils puissent investir en toute quiétude et sérénité.
Nos magistrats ont besoin de liberté, sans interférence du pouvoir en place, pour dire le droit et faire que le citoyen ivoirien sente ses droits, tous ses droits protégés.
Nos forces de l’ordre, garantes de notre sécurité, veulent jouer leur rôle de manière républicaines, sans parti pris politique et veiller à l’intérêt général.
Les Ivoiriens dans leur ensemble veulent la méritocratie et la responsabilisation à tous les niveaux de gestion de la chose publique.
Ils veulent la fin du rattrapage ethnique et veulent l’égalité des chances, ce qui est plus juste.
Ils veulent une Constitution qui, sur le modèle américain, ne changera pas tous le deux ans. La limite de deux mandats sera exprimée comme une limite de la naissance à la mort
De sorte que nous ne vivions plus jamais de 3e ni de 4e mandat d’une même personne, quelles que soient ses qualités.
La diaspora veut voir ses droits et, en particulier sa nationalité ivoirienne, sécurisés pour pouvoir contribuer par ses talent et ses ressources financières, au développement de notre pays.
Tout cela, le PDCI RDA et moi son Président vous l’apporterons
Ivoiriennes, Ivoiriens, mes chers compatriotes,
Les Ivoiriens aspirent à la paix. Ils ne veulent plus vivre dans la peur.
La constitution, loi fondamentale de notre pays, garantit à l’opposition et à tous les partis politiques, la liberté d’expression, d’actions. Le gouvernement est là pour faciliter l’exercice de ces droits et non pour l’empêcher.
La seule solution à l’impasse actuelle est le dialogue. C’est pourquoi le PDCI RDA s’est uni aux autres partis d’opposition dans le but d’obtenir que le Gouvernement ouvre un dialogue politique pour aboutir à une élection inclusive et apaisée
Un mot pour nos amis et partenaires extérieurs. Le régime actuel est arrivé au pouvoir avec l’aide d‘une ingérence extérieure majeure. Sachez donc que les Ivoiriens vous tiennent comptables des agissements de ce régime. Ayant contribué à le mettre en en place, certains ont tenté d’évoquer le principe de non-ingérence pour ne rien dire sur un quatrième mandat anti constitutionnel, l’élimination systématique du scrutin des leaders de l’opposition, les arrestations à motivation politique. Cette position de prétendue non-ingérence adoptée par ceux-là même qui ont mis ce régime en place, est tout simplement intenable aussi bien sur le plan pratique que sur le plan des principes, sur le plan moral.
Si vous voulez redresser votre image et préserver les bonnes relations que mon pays a toujours entretenues avec vous et que personnellement je souhaite qu’il continue d’entretenir – une Cote d’Ivoire ennemie de personne et amie de tout le monde- soyez du bon côté de l’histoire. Ne soutenez pas à bout de bras, un régime usé, vieillissant, corrompu, sous perfusion et à court d’idées. Si vous faites le mauvais choix ici, celui du court terme et des intérêts particuliers, le tribunal de l’histoire et les Ivoiriens vous jugeront durement
C’est le lieu de saluer tous les efforts déployés par l’ONU, la CEDEAO, l’Union Européenne et d’autres encore qui ont dépêché des missions dans notre pays pour que la raison l’emporte. Nous les remercions pour leurs efforts et les encourageons à les poursuivre.
De nombreux militants du PDCI RDA et d’autres partis sont en prison aujourd’hui. Avant de terminer mon propos, je voudrais exprimer ma solidarité avec nos prisonniers et tous ceux qui croupissent dans nos geôles en raison de leur convictions politiques.
Un jour ils seront reconnus et célébrés comme les hommes et femmes de courage qu’ils sont.
Je demande au gouvernement, dans un souci d’apaisement à un moment critique de notre histoire de les libérer,
Libérez-les. Ayez le courage de les libérer. Libérez les tous.
Il n’est pas trop tard pour éviter à notre pays de revivre un passé récent dont tous les Ivoiriens veulent oublier le souvenir.
Le PDCI-RDA, par ma voix, s’engage à continuer à œuvrer pour la paix, pour le dialogue pour construire une Côte d'Ivoire fidèle à la vision originelle du Président Félix Houphouët-Boigny.
Je demeure convaincu que les meilleurs jours de notre pays sont à venir avec un Président élu au cours d’un scrutin inclusif, honnête, transparent organisé dans la paix véritable.
Pour Une Côte d'Ivoire unie, paisible, tolérante et fraternelle.
Bonne fête de l'indépendance.
Vive la Côte d'Ivoire.
Je vous remercie.

