Après la récente reconnaissance d'un État palestinien par le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, d'autres pays devraient suivre.
Mais comment les pays africains perçoivent-ils la Palestine ?
La plupart des pays du continent ont reconnu la Palestine dans les années 1980, après la déclaration d'indépendance du dirigeant palestinien Yasser Arafat à Alger.
Des dirigeants comme Thomas Sankara et Nelson Mandela ont même lié la lutte palestinienne aux luttes de libération de l'Afrique.
Cependant, deux pays – le Cameroun et l'Érythrée – restent des exceptions.
Nous examinons les raisons de leur décision.
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Cameroun
Le Cameroun, nation d'afrique centrale est fortement impliqué auprès d'Israël.
David Otto, directeur de la défense au Centre d'études stratégiques et de sécurité africaines de Genève, affirme qu'Israël considère le Cameroun comme l'un de ses plus puissants alliés en Afrique.
« Le Cameroun ne peut pas se permettre de compromettre ses relations diplomatiques avec Israël », affirme Otto.
Il affirme que cette relation est profonde et repose principalement sur la sécurité.
« Israël a contribué et continue de contribuer énormément à la protection du régime camerounais », affirme-t-il.
Israël a formé et serait toujours impliqué dans les forces d'intervention rapide du pays, ainsi que dans l'unité spéciale assurant la sécurité personnelle du président.
« La relation que le Cameroun a établie avec Israël a ensuite permis au Cameroun de bénéficier d'un soutien indirect des États-Unis, qui sont également un allié très proche d'Israël sur tous les fronts. »
La position du Cameroun sur la Palestine pourrait également être influencée par ses propres difficultés dans les régions anglophones.
« Reconnaître l'État palestinien exercerait une certaine pression au sein du pays, l'incitant à envisager également de reconnaître le mouvement sécessionniste. Le gouvernement a clairement indiqué que le Cameroun est un et indivisible », explique Otto.
La position du Cameroun a été largement marquée par le silence et la prudence.
La position de l'Érythrée, en revanche, est façonnée par une histoire bien différente, ancrée dans sa propre lutte pour l'autodétermination.
Érythrée
En 1988, lorsque Yasser Arafat a proclamé la Palestine comme État souverain, il a eu besoin du soutien des pays africains. L'Éthiopie était l'un d'eux.
« Le siège de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à l'époque, devenue plus tard l'Union africaine, se trouve en Éthiopie, à Addis-Abeba », explique l'analyste politique érythréen Abdurahman Sayed.
« Le régime militaire éthiopien était également prosoviétique et, par conséquent, très favorable aux droits et à la lutte des Palestiniens. »
Mais l'Érythrée luttait alors pour son indépendance contre l'Éthiopie.
« De toute évidence, à l'époque, l'Éthiopie occupait l'Érythrée. Et les Érythréens étaient en lutte, armée, contre l'occupation éthiopienne », explique Sayed.
« Pour que les Palestiniens puissent établir une quelconque relation avec les Éthiopiens, ils ont dû prendre leurs distances avec les Érythréens, aux dépens de ces derniers. C'est ce qu'a fait, je pense, Yasser Arafat, ce qui n'a pas plu aux Érythréens en général, ni au président actuel », dit-il.
Cependant, le président érythréen Issaias Afwerki a manifesté sa sympathie pour la cause palestinienne et a même voté en 2012 pour accorder à la Palestine le statut d'« État observateur non membre » à l'ONU.
Mais il a également rejeté les efforts de paix comme les accords d'Oslo, qui établissaient un cadre de paix accordant une autonomie palestinienne limitée dans certaines parties de la Cisjordanie et de Gaza, comme un tremplin vers un État indépendant.
« Le président érythréen a été parmi les premiers à rejeter les accords d'Oslo en 1993, les qualifiant d'inutiles et ne résolvant en rien les causes du conflit ni la question des droits et de l'autodétermination des Palestiniens », déclare Abdurahman Sayed.
Le président Afwerki affirme ne pas être favorable à une solution à deux États.
Il pourrait toutefois ressentir une certaine résistance intérieure, car 55 % de la population de son pays est de confession musulmane.
« L'Érythrée est née de sa lutte pour l'autodétermination. Ainsi, pour quelqu'un qui a mené ou participé à la lutte pour la libération, ne pas soutenir la libération d'autres peuples est moralement inacceptable. La pression serait forte », déclare Sayed.
La BBC a sollicité les commentaires des deux gouvernements, mais aucun n'a répondu.
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