Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont une nouvelle fois mis en évidence leur étroite alliance après s'être mis d'accord sur un plan de paix en 20 points pour Gaza lundi.
M. Trump a fait l'éloge de M. Netanyahu en le qualifiant de « guerrier », tandis que M. Netanyahu a déclaré que M. Trump était « le plus grand ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ».
Les deux dirigeants entretiennent depuis longtemps une relation souvent décrite comme une amitié, même si elle n'est pas exempte de désaccords.
M. Trump s'est souvent qualifié de « président américain le plus pro-israélien », mais les analystes affirment que leurs liens étaient considérés comme plus chaleureux lors de son premier mandat, largement axés sur des gains politiques concrets pour les deux parties.
Leur dynamique est plus compliquée dans le mandat actuel de M. Trump. Le président américain est de plus en plus frustré par son homologue israélien, selon de nombreux médias.
Le clivage idéologique au sein de la base de Trump sur la politique de Washington à l'égard d'Israël est l'un des facteurs à l'origine de cette dérive, explique Hugo Lovatt, expert du Moyen-Orient au Conseil européen des relations étrangères.
"D'un côté, il y a les soi-disant modérateurs et les sceptiques à l'égard d'Israël, comme JD Vance, Marjorie Taylor Greene et Tucker Carlson ; de l'autre, les ardents défenseurs d'Israël qui ont longtemps dominé le débat des deux côtés de l'allée politique.
Malgré cela, le Dr H.A. Hellyer, du groupe de réflexion britannique Royal United Services Institute, estime que « cette alliance à long terme semble connaître plus de hauts que de bas ».
Comment les relations entre les deux dirigeants ont-elles évolué au fil des ans ?
1. La peak alliance (2017-2020)
Le premier mandat de M. Trump a été le point culminant de l'alliance entre les deux dirigeants, le président américain ayant remporté des victoires politiques majeures pour M. Netanyahu à l'époque.
En retour, M. Netanyahu a constamment présenté M. Trump comme l'allié le plus fidèle d'Israël, tirant parti de chaque décision pour obtenir des avantages politiques dans son pays.
Selon les experts, l'alliance était inhabituellement chaleureuse, ouvertement transactionnelle et mutuellement bénéfique.
6 décembre 2017 - Reconnaissance de Jérusalem comme capitale
Trump annonce la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël. Netanyahou salue cette décision qu'il qualifie d'"historique". Des manifestations éclatent au Moyen-Orient.
8 mai 2018 - Retrait de l'accord sur le nucléaire iranien
Trump retire les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, officiellement appelé Plan global d'action conjoint (JCPOA). Netanyahou fait l'éloge de cette décision, déclarant : "Le président Trump a fait ce qu'il fallait".
14 mai 2018 - Déplacement de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem
Netanyahou qualifie de "jour glorieux" l'ouverture officielle à Jérusalem de l'ambassade des États-Unis, qui était auparavant située à Tel-Aviv. Le même jour, les forces israéliennes tuent plus de 60 manifestants palestiniens à Gaza.
25 mars 2019 - Reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan
À la Maison Blanche, Trump signe une proclamation reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan. Israël a saisi la région à la Syrie en 1967 et l'a annexée en 1981, dans une démarche qui n'est pas reconnue internationalement. Netanyahu répond : "Israël n'a jamais eu de meilleur ami à la Maison Blanche".
15 septembre 2020 - Déclaration des accords d'Abraham
À la Maison-Blanche, Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn acceptent d'établir des relations diplomatiques complètes dans le cadre des accords d'Abraham, un accord historique négocié par Trump. M. Netanyahu salue cette décision en déclarant : "Ce jour est un pivot de l'histoire". Le Maroc et le Soudan ne tardent pas à emboîter le pas.
2. La chute (2020-2021)
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Les relations entre les deux dirigeants ont atteint leur point le plus bas après la victoire de Joe Biden aux élections américaines de 2020.
Netanyahou a été l'un des premiers dirigeants mondiaux à féliciter le président élu, ce qui a mis Trump en colère.
7 novembre 2020 - Félicitations à Joe Biden pour sa victoire
Netanyahou félicite Joe Biden sur Twitter dans les heures qui suivent l'annonce de sa victoire par les réseaux américains.
Décembre 2021 - Les retombées deviennent publiques
Dans des entretiens avec le journaliste israélien Barak Ravid, M. Trump utilise des jurons pour attaquer M. Netanyahou pour sa "terrible erreur" d'avoir été "très en avance" pour féliciter la victoire de M. Biden. Il a même déclaré : "Bibi n'a jamais voulu la paix... Je ne lui ai pas parlé depuis".
3. Le redémarrage (2025)
Avec le retour de Trump à la Maison-Blanche, M. Netanyahou s'est empressé de renouer les liens.
Il a été le premier dirigeant étranger à se rendre à Washington après l'investiture. Depuis, il s'est rendu trois fois à la Maison-Blanche, plus que tout autre dirigeant étranger.
Aujourd'hui, les deux dirigeants affirment qu'ils travaillent en étroite collaboration sur la guerre de Gaza, sur un cessez-le-feu et sur un cadre de paix régional plus large.
Les experts décrivent les relations actuelles comme étroites mais plus pragmatiques que durant le premier mandat de M. Trump. Ils notent que des frustrations privées au sein de l'administration et parmi les partisans de M. Trump laissent présager des tensions potentielles.
"Personne n'est vraiment satisfait de Netanyahou. Je pense que même au sein de l'administration, il y a beaucoup d'exaspération à son égard", déclare le Dr H.A. Hellyer, qui note que cela ne s'est pas encore traduit par des changements de politique.
Entre-temps, des personnalités influentes du mouvement « Make America Great Again » (MAGA) de Trump ont amplifié les critiques à l'encontre de M. Netanyahou et de la campagne militaire israélienne à Gaza. Cela reflète un chœur grandissant qui remet en question la liberté d'action incontrôlée d'Israël, ajoute M. Hellyer.
Malgré cela, il estime que jusqu'à présent, Israël a bénéficié d'un "passe-droit".
"Israël ne s'est pas contenté de poursuivre la guerre contre Gaza. Il a rompu un cessez-le-feu qui avait été convenu, [sans] aucune conséquence. Il a frappé un allié américain dans la région, le Qatar, sans aucune conséquence. Ils n'ont cessé de frapper et d'occuper le territoire libanais et syrien. Là encore, aucune conséquence".
Janvier 2025 - Félicitations à l'occasion de l'investiture de Trump
Netanyahou félicite Trump pour son investiture, le qualifiant de plus grand allié d'Israël.
Février 2025 - Début des négociations sur le cessez-le-feu à Gaza
Trump et Netanyahou tiennent leur première réunion officielle.
Les discussions portent sur un fragile cessez-le-feu à Gaza, la libération d'otages et le règlement de la guerre à long terme.
Avril 2025 - La guerre de Gaza fait pression
Trump reçoit à nouveau Netanyahou, déclarant que la guerre de Gaza "devrait bientôt cesser".
M. Netanyahou insiste sur le fait qu'Israël doit libérer les otages et "finir le travail" contre le Hamas.
Juin 2025 - Les États-Unis frappent l'Iran
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, les États-Unis lancent des frappes militaires contre les installations nucléaires iraniennes de Fordow, Natanz et Ispahan, en coordination avec Israël.
Juillet 2025 - Trump propose un cessez-le-feu de 60 jours
Trump et Netanyahou se rencontrent à nouveau à Washington. Trump propose un cessez-le-feu de 60 jours avec une extension automatique liée à son nouveau plan de paix pour Gaza.
9 septembre 2025 - Israël frappe le Qatar
L'armée israélienne effectue une "frappe précise" visant des dirigeants du Hamas au Qatar, un allié clé des États-Unis. Cette opération suscite des critiques de la part de Washington.
25 septembre 2025 - La ligne rouge de Trump
Trump déclare publiquement qu'il n'autorisera pas Israël à annexer la Cisjordanie, s'opposant ainsi aux partisans de la ligne dure de la coalition de Netanyahou.
26 septembre 2025 - Netanyahou à l'ONU
Netanyahou s'engage à "finir le travail" à Gaza lors de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies. Plus de 100 délégués quittent la salle en signe de protestation.
29 septembre 2025 - Plan en 20 points pour mettre fin à la guerre de Gaza
Le quatrième voyage de M. Netanyahu à la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir de M. Trump est axé sur le plan en 20 points du président américain visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à établir un mécanisme de gouvernance d'après-guerre et à obtenir la libération des 48 otages détenus par le Hamas, dont une vingtaine seraient encore en vie.
Lors d'un appel téléphonique depuis la Maison Blanche, M. Netanyahou a également présenté ses excuses au Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim al-Thani pour la frappe du 9 septembre.
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