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Société Publié le vendredi 10 octobre 2025 | BBC

Présidentielle au Cameroun : qui pour défier Paul Biya ?

Présidentielle au Cameroun : qui pour défier Paul Biya ?
© BBC
Présidentielle au Cameroun : qui pour défier Paul Biya ?
Onze candidats seront opposés dimanche au chef de l'État sortant Paul Biya, âgé de 92 ans dont 43 passés au pouvoir, lors de la présidentielle au Cameroun. L'opposition divisée, n’a pas réussir à présenter une candidature unique.

Onze candidats seront opposés dimanche au chef de l'État sortant Paul Biya, âgé de 92 ans dont 43 passés au pouvoir, lors de la présidentielle au Cameroun. L'opposition divisée, n'a pas réussir à présenter une candidature unique.

Alors que le président a fait mardi sa première apparition publique de la campagne à cinq jours du vote, deux anciens ministres et deux farouches opposants au pouvoir en place concentrent l'attention.

Paul Biya, candidat pour un huitième mandat

C'est le dimanche 13 juillet que le président camerounais a annoncé, via les réseaux sociaux, briguer un huitième septennat. Paul Biya, âgé de 92 ans, est au pouvoir depuis près de 43 ans.

"Je suis candidat à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025", a-t-il publié.

"Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l'acuité des défis auxquels nous sommes confrontés", a déclaré le chef de l'Etat, dont la santé et la capacité à gouverner sont au cœur des discussions.

Et justement, cette annonce a suscité des réactions mitigées au sein de la population. Des voix s'étaient élevées ces dernières semaines au Cameroun pour demander au président de passer la main, tandis que d'autres lui avaient réaffirmé leur soutien.

Qui sont ses principaux challengers ?

L'opposition, historiquement divisée au Cameroun, aborde une nouvelle fois l'élection présidentielle en ordre dispersé. Des discussions ont toutefois été engagées entre plusieurs personnalités et partis de l'opposition en vue d'une possible candidature commune. Mais aucun consensus clair ne s'est dégagé, en raison de divergences persistantes et de rivalités politiques. Les principaux leaders de l'opposition ont tous fait acte de candidature.

Issa Tchiroma Bakary

Ce transfuge du camp présidentiel, récemment passé à l'opposition, a rassemblé plusieurs milliers de personnes lors de ses meetings à travers le pays.

L'ex-ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle et président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) a démissionné en juin, quittant ainsi la majorité présidentielle après plus de 20 ans dans son giron.

Il a été désigné à la mi-septembre comme candidat par l'Union pour le changement 2025, une coalition de quelques partis d'opposition et membres de la société civile.

En déplacement dans la région anglophone pendant la campagne, il a demandé "pardon" pour avoir, du temps où il était ministre et porte-parole du gouvernement, "nié l'existence d'un problème anglophone dans ce pays".

Dans son programme, il propose "3 à 5 ans de transition pour reconstruire" le pays qu'il estime "détruit" par 43 ans du régime Biya.

Bello Bouba Maïgari

Il a été le tout premier Premier ministre de Paul Biya en 1982, avant de terminer troisième face à lui lors de l'élection présidentielle de 1992.

Président de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), il a fait parti de la majorité présidentielle jusqu'à ce qu'il démissionne fin juin de son poste de ministre du Tourisme et des Loisirs.

Deux autres candidats à la magistrature suprême, Ateki Seta Caxton du Parti de l'alliance libérale (PAL) et l'avocat Akere Tabeng Muna du parti Univers ont depuis annoncé leur retrait et leur ralliement à Maïgari.

Mais leurs candidatures ayant été enregistrées, des bulletins à leur noms seront disponibles dans les bureaux de vote avec ceux des neuf autres candidats.

Son programme inclut, une réforme constitutionnelle qui ramènerait le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois ainsi qu'une loi d'amnistie pour les personnes détenues pour délit d'opinion.

Cabral Libii

Cabral Libii figure parmi les 13 candidatures retenues par Elecam.

Le candidat arrivé troisième lors de la dernière présidentielle est également enregistré pour le prochain scrutin.

Cabral Libii a été investi par le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) au cours d'un congrès d'investiture de son parti tenu dans l'arrondissement de Nkolafamba, près de Yaoundé. Il dirige ce parti depuis juillet 2019.

Sa candidature avait été contestée par Robert Kona qui se présente depuis quelques années comme président-fondateur du PCRN. Il remet en question la légitimité du congrès ayant désigné Cabral Libii comme candidat.

En effet, un conflit l'oppose depuis 2019 à Cabral Libii sur la présidence du PCRN.

Depuis le congrès de Guidiguis du 11 mai 2019, Robert Kona multiplie les recours judiciaires pour contester la légitimité de Cabral Libii à la tête du PCRN.

Ce 5 août, Cabral Libii a encore eu gain de cause. La requête d'invalidation de sa candidature à la présidentielle du 12 octobre 2025 a été rejetée par le Conseil constitutionnel.

Ce 22 juillet 2025, une nouvelle décision de justice l'a débouté. Le père-fondateur du PCRN avait saisi en urgence le tribunal de première instance de Mfou (à une trentaine de kilomètres à l'est de Yaoundé), dans le cadre d'une procédure en référé d'heure en heure, pour tenter d'annuler les résolutions issues du congrès de Nkolafamba (région du Centre), organisé par le parti sous la direction de Cabral Libii les 23 et 24 mai 2025. Il visait, par cette action, à remettre en cause la candidature de Cabral Libii à l'élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025.

Le juge a cependant rejeté sa requête, confirmant une précédente décision judiciaire : Robert Kona n'a pas qualité pour agir en tant que président du PCRN. Le tribunal lui ordonne une nouvelle fois de cesser d'agir au nom et pour le compte du parti, que ce soit en qualité de président national ou en tant que « père-fondateur », une fonction non reconnue par les textes du PCRN.

Cette décision de justice réaffirme la légalité du congrès du 11 mai 2019 ainsi que les résolutions qui en sont issues. Elles font de Cabral Libii le président national du PCRN et donc candidat du parti à la prochaine présidentielle.

Joshua Osih

C'est le 17 juillet que Joshua Osih a officiellement déposé sa candidature pour le scrutin du 12 octobre.

Les pièces constitutives de son dossier ont été déposées à l'antenne régionale d'Elections Cameroon (ELECAM) pour le Nord-Ouest, à Bamenda. Joshua Osih se lance ainsi dans la course à la magistrature suprême pour la deuxième fois, après une première participation en 2018 où il a été classé quatrième sur neuf candidats.

Actuellement député à l'Assemblée nationale, Joshua Osih défendra les couleurs du Social Democratic Front (SDF), le parti qu'il dirige depuis le décès de son fondateur et leader historique, Ni John Fru Ndi. Ce dernier, figure emblématique de l'opposition camerounaise, avait marqué l'histoire politique du pays en frôlant la victoire à la présidentielle de 1992. Il avait perdue avec seulement 4 % d'écart derrière Paul Biya.

Tomaïno Ndam Njoya, la seule voix féminine

Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, 56 ans, est la seule femme dont le dossier a été retenu pour la prochaine présidentielle.

Maire de Foumban dans la région de l'Ouest, la présidente de l'Union démocratique du Cameroun sera également à sa première participation à un scrutin présidentiel.

Diplômée en droit public de l'Université de Yaoundé, elle s'engage très tôt en politique, rejoignant l'UDC dès sa fondation en 1991. Élue députée en 2007 pour la circonscription du Noun, elle siégera jusqu'en 2020 à l'Assemblée nationale, où elle devient une voix influente sur les questions constitutionnelles et de droits humains.

En 2020, elle quitte le Parlement pour se consacrer davantage à sa région natale. Elle est élue maire de Foumban, devient conseillère régionale de l'Ouest, et joue un rôle actif dans la défense des intérêts du Noun, dénonçant notamment la marginalisation politique de ce département.

Pour cette élection présidentielle camerounaise Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya présente un programme axé sur la réconciliation nationale, la réforme des institutions, l'équité régionale, la justice sociale et la promotion du rôle des femmes.

Maurice Kamto, le grand absent...

Au Cameroun, le Conseil constitutionnel a rejeté, le mardi 5 août, la requête du leader de l'opposition Maurice Kamto.

Il avait été exclu de la liste des candidats à l'élection présidentielle du 12 octobre par Elecam, Elections Cameroon (Elecam), l'organe en charge de l'organisation du scrutin.

Maurice Kamto n'affrontera pas Paul Biya à la prochaine présidentielle.

Ses avocats ont accepté la décision, tout en soulignant qu'elle avait été rendue de manière plus politique que juridique.

« La décision rendue revêt davantage un caractère politique que juridique », a déclaré Hyppolyte Tiakouang, l'un des avocats représentant Maurice Kamto.

Les décisions du Conseil constitutionnel sont sans appel.

Le principal opposant au pouvoir de Paul Biya avait déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Maurice Kamto, 71 ans, contestait sa disqualification de la liste provisoire des candidats retenus à l'élection présidentielle du 12 octobre.

Le candidat Kamto arrivé deuxième lors du scrutin présidentiel d'octobre 2018, avait été écarté par Elections Cameroon (Elecam) en raison d'une "pluralité d'investiture" du Manidem, le parti politique qu'il représente.

Maurice Kamto, alors président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), avait défendu les couleurs de son parti lors de la présidentielle de 2018.

Il se présente cette fois sous la bannière du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), un parti d'opposition à la fibre panafricaniste fondé dans les années 1990.

Cette décision s'explique par une disposition du code électoral qui exige des partis souhaitant participer à l'élection présidentielle de disposer d'élus au parlement ou dans les conseils municipaux. Sauf que, le MRC de Maurice Kamto avait boycotté les dernières élections législatives et municipales en 2020.

Le parti avait toutefois contesté cette lecture du droit électoral, arguant que certains élus issus d'autres formations politiques, notamment du Social Democratic Front (SDF, ou Front social-démocrate en français), ayant rallié ses rangs, pouvaient lui permettre de satisfaire aux exigences légales.

Lors d'une conférence de presse le 19 juillet, Maurice Kamto a indiqué qu'il ne faisait plus partie des rangs du MRC, sa formation politique.

" J'ai officiellement démissionné du MRC le 25 juin 2025, adhéré au Manidem en date du 27 juin et investi le 16 juillet 2025 par le Manidem comme candidat à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025", a-t-il précisé.

Son éviction de la liste provisoire a fait le cœur de l'actualité dans la presse locale et de multiples voix se sont faites entendre pour critiquer la décision d'Elecam.

Dans un communiqué, le candidat Issa Tchiroma Bakary a ainsi réclamé du Conseil constitutionnel "qu'il fasse preuve d'impartialité et d'intégrité" dans l'examen du recours de Maurice Kamto.

Stand up for Cameroon, un mouvement de la société civile qui se refuse à prendre part aux élections depuis 2017 avait également dénoncé l'exclusion du farouche opposant à Paul Biya.

Finalement Maurice Kamto ne particpera pas au scrutin du 12 octobre.

Un nombre record de candidatures

Selon les données publiées par Elecam, ils étaient 83 postulants à avoir déposer leur dossier de candidature dans les différents démembrements de l'organe en charge des élections au Cameroun.

En dehors des visages connus de la scène politique camerounaise, cette élection s'ouvre également à de nouvelles figures comme Hilaire Macaire Nzipang, porté par le Mouvement progressiste, ou encore Pierre Kwemo, représentant de l'Union des mouvements socialistes.

Le camp Biya a récemment connu plusieurs défections avec la déclaration de candidature à la présidentielle d'Issa Tchiroma Bakary et celle de Bello Bouba Maïgari, tous deux membres du gouvernement et soutiens de longue date de Paul Biya.

Après une longue période d'alliance avec le pouvoir, Bello Bouba Maïgari, leader de l'UNDP, signe son retour dans l'arène présidentielle. L'ancien candidat, qui avait déjà participé à l'élection de 1992, tente une nouvelle fois sa chance.

Dr Ariel MBEM, spécialiste des dynamiques électorales internationales, estime que ce nombre record de candidatures "illustre une double crise de la démocratie électorale au Cameroun".

Pour lui, la faiblesse du code électoral qui demeure flou sur les conditions d'éligibilité et surtout l'absence de conditions de recevabilité des dossiers de candidature en est la principale cause. "Il n'est mentionné nul part du rejet systématique de dossiers, séance tenante, en cas de l'absence d'une ou de plusieurs pièces constitutives des dossiers de candidatures", explique-t-il.

L'autre facteur, selon l'expert électoral est "l'érosion des formations politiques" qui se déstructurent donnant lieu à une multitude de petits partis politiques "individuels" sans base. Des partis susceptibles néanmoins d'investir une ou plusieurs candidatures à une même élection présidentielle.

Dr Ariel MBEM suggère un contrôle scrupuleux de recevabilité pour n'enregistrer que les dossiers complets. Ce premier filtre contribuera selon lui à restreindre le nombre de candidatures incomplètes.

Pour l'instant, le Conseil constitutionnel continue de statuer sur toute réclamation relative à l'acceptation ou au rejet d'une candidature. La liste publiée par Elecam pourrait connaitre des modifications.


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