À douze jours des élections législatives prévues le samedi 27 décembre 2025, la question de la participation politique des femmes s’invite au cœur du débat démocratique en Côte d’Ivoire. Dans cette dynamique, le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), en partenariat avec l’ambassade de Suisse, a décidé de renforcer son appui aux femmes candidates engagées dans la course parlementaire.
C’est dans ce contexte qu’a été organisée, le lundi 15 décembre 2025, à l’espace Crrae-Umoa au Plateau, une session spéciale de formation à l’intention des femmes candidates issues de l’incubateur Chrysalide pour le leadership des femmes, autour du thème évocateur : « Femmes, s’organiser pour gagner ».
Prenant la parole à l’ouverture des travaux, la Représentante résidente du Pnud en Côte d’Ivoire, Blerta Cela, a dressé un constat sans complaisance de la sous-représentation féminine dans les instances de décision du pays. Les femmes n’occupent aujourd’hui que 13 % des sièges à l’Assemblée nationale, 20 % au Sénat, 12 % des mairies et à peine 7 % des présidences de conseils régionaux. Un déséquilibre qu’elle estime préjudiciable à la vitalité démocratique et à la gouvernance inclusive.
À l’occasion des législatives du 27 décembre, la Commission électorale indépendante (Cei) a enregistré 1 415 candidatures, dont 1 143 retenues, composées de 185 femmes et 1 230 hommes. Les femmes représentent ainsi 13,1 % des candidatures validées, un taux en recul par rapport aux ambitions affichées et bien en deçà du quota de 30 % recommandé, malgré les 210 femmes candidates recensées en 2021.
Pour Blerta Cela, ces chiffres ne doivent cependant pas décourager. Bien au contraire. Elle invite les femmes à capitaliser sur cette dynamique en vue des élections locales de 2028. « Réalistes mais déterminées, saisissons cette opportunité pour préparer dès maintenant l’avenir. Il nous faut mobiliser davantage de talents féminins, multiplier les candidatures et briser les plafonds de verre », a-t-elle exhorté, appelant à une véritable vague de leadership féminin capable d’accompagner la transformation en cours de la Côte d’Ivoire.
La Représentante résidente du Pnud a également souligné que la participation active des femmes aux processus électoraux constitue un levier essentiel pour renforcer la démocratie, consolider la cohésion sociale et promouvoir un développement durable. Selon elle, les obstacles liés au déficit de formation en leadership politique, à l’invisibilité médiatique, aux stéréotypes de genre et à l’exclusion des cercles décisionnels doivent être résolument levés. « C’est précisément tout le sens de l’incubateur Chrysalide, conçu pour vous outiller, vous armer et vous propulser », a-t-elle insisté, rassurant les candidates du soutien constant des gouvernements du Canada et de la Suisse.
Les femmes bénéficiaires de cette initiative suivront deux journées de formation intensive. L’ambassadeur de Suisse en Côte d’Ivoire, Dominique Favre, a pour sa part salué le courage et l’engagement des femmes candidates, tout en dénonçant une sous-représentation qu’il qualifie de « profondément injuste ». Se réjouissant de l’implication du Pnud et de l’Association des femmes ivoiriennes en politique (Afip), il a rappelé qu’en Suisse, les femmes représentent 36 % des parlementaires.
Affichant sa disponibilité à accompagner le processus ivoirien, il a exprimé son engagement à soutenir les femmes candidates jusqu’aux élections locales de 2028, avec l’ambition partagée d’atteindre le seuil de 30 % de représentation féminine. « Pour moi, vous êtes de véritables superstars. Comptez sur nous », a-t-il lancé, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
La présidente de l’Afip, Rébecca Yao, a quant à elle galvanisé les candidates, les appelant à viser la victoire. « Nous, les 185 femmes candidates, devons gagner. Cette formation marque la fin de la première étape de l’incubateur Chrysalide, où la théorie cède la place à la stratégie électorale », a-t-elle expliqué. Présente comme candidate indépendante à Diabo, elle a rappelé que les élections se remportent sur le terrain, grâce à une organisation efficace, une communication maîtrisée et une proximité réelle avec les populations. « Nous ne sommes pas là pour faire de la figuration. Nous devons gagner et être élues », a-t-elle martelé.
La rencontre a également enregistré les interventions de Yougoné Lou Younan Anne Marie Armelle épouse Zoro Bi, cheffe de cabinet représentant la présidente du Sénat, Kandia Camara, ainsi que de Hily Baba, Inspecteur général, représentant la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, tous deux venus partager la vision des autorités en faveur du leadership féminin.
Déterminées et désormais mieux outillées, les femmes candidates entendent jouer pleinement leur rôle lors des législatives du 27 décembre 2025, avec en ligne de mire les échéances locales de 2028, soutenues par l’engagement conjoint du Pnud et de la Suisse.
Cyprien K.
