La tension est perceptible à la cité Air Afrique, dans la commune de Cocody, où des fils et riverains du quartier se sont mobilisés, ce 26 décembre 2025, pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’occupation illégale d’un espace vert communautaire, situé en face de l’église Saint-Jean.
À l’initiative de cette sortie publique, Mian, fils de la commune de Cocody, a tenu à préciser le caractère strictement citoyen et apolitique de la démarche. « Il ne s’agit ni du RHDP, ni du PPA-CI, ni du PDCI. Il s’agit uniquement des riverains de la cité Air Afrique et de la défense de l’héritage que nos parents nous ont laissé », a-t-il déclaré.
Selon lui, depuis 2021, plusieurs projets ont contribué à installer un climat d’inquiétude au sein de la population , menaces de destruction d’habitations, projet de tunnel, remblayage de zones lagunaires et, plus récemment, la disparition progressive d’un espace vert historiquement dédié aux activités sociales et sportives.
« Cet espace était un lieu de rassemblement, de sport et de loisirs pour les jeunes. Nos parents y envoyaient leurs enfants pendant les vacances. Aujourd’hui, nous découvrons des engins et des grues, sans aucune information préalable ni affichage de permis de construire. Ce n’est pas normal », a dénoncé le porte-parole des riverains.
Mian rappelle que la réglementation ivoirienne encadre strictement l’utilisation des espaces verts « Un espace vert ne peut pas être transformé en chantier sans procédure légale claire. Tout est régi par la loi. Nous demandons simplement à voir les permis qui autorisent ces travaux », a-t-il insisté.
Présent lors de la rencontre, le président du syndicat des riverains, M. Tibé, a exprimé son soutien à la mobilisation, pointant un problème de transparence « Cet espace était un terrain neutre, destiné aux enfants et aux familles de la cité Air Afrique. Même pour une simple maison, le permis de construire doit être affiché. Ici, il n’y a aucune information visible. Ce n’est pas normal », a-t-il affirmé.
Le responsable syndical a appelé les autorités municipales de Cocody ainsi que le ministère de la Construction à intervenir « Nous demandons pardon aux autorités, mais nous leur demandons surtout d’agir. Tant que la situation n’est pas clarifiée, ces travaux doivent être suspendus », a-t-il ajouté.
Dans le courant des revendications, des agents du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme se sont rendus sur le site situé en face de l’église Saint-Jean. Ils y ont procédé à la pose officielle d’une inscription d’arrêt des travaux, tout en constatant l’arrêt effectif des activités des ouvriers présents sur le chantier.
Une action saluée par les riverains, qui y voient un premier signal d’écoute de la part des autorités, en attendant que toute la lumière soit faite sur la régularité du projet.
Les habitants de la cité Air Afrique disent par ailleurs avoir le sentiment d’un acharnement ciblé contre leur quartier. Mian évoque notamment les opérations de remblayage le long de la lagune, réalisées selon lui sans consultation des propriétaires terriens.
« Chaque nuit, du sable est déversé malgré les dénonciations. Nos parents vivent dans la peur et l’incertitude. Ils ont le sentiment de voir disparaître, petit à petit, tout ce qu’ils ont construit », a-t-il expliqué.
Face à cette situation, les organisateurs appellent à une mobilisation pacifique et responsable « Il ne s’agit pas de casser ni de provoquer des troubles. Il s’agit de lever la voix et de faire respecter la loi », a conclu Mian.
Les fils de la cité Air Afrique et le syndicat des riverains appellent enfin les autorités compétentes à ouvrir un dialogue afin de faire toute la lumière sur les projets en cours et de préserver les rares espaces communautaires encore existants à Cocody.
JB

