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Société Publié le jeudi 12 février 2009 | Tycoon

L`invité de la rédaction : Thierry Tanoh

Dans ces cas, vous pensez au pire et vous vous demandez ce que vous avez fait. Il voulait en fait me féliciter. Il m’a dit : « Quand tu viens à Washington, viens me voir. » La même année, le directeur du département Afrique de l’époque, un Australien, décide de partir. J’ai donc postulé à sa succession. J’ai passé tous les entretiens. Le dernier devait se faire avec le président de la Banque mondiale lui-même. Le jour de l’interview, j’avais des notes un peu partout sur mon bureau pour répondre à toutes les questions. Et soudain, le téléphone qui sonne : « Thierry ? C’est le bureau de Paul wolffowitz. Quand il a su que c’était vous il donné son accord pour qu’on vous donne le poste sans vous interviewer ».

Voilà comment je suis passé directeur Afrique le 1er juillet 2006. Poste que j’ai occupé jusqu’au
1er juillet 2008.



Comment s’est passée votre nomination en tant que vice-président ?

Courant 2008, j’ai été approché par le numéro 1 de la SFI pour ce poste. Je ne m’y attendais pas. C’était une première pour la SFI, une institution qui vient de fêter ses 50 ans, d’avoir un vice-président noir. Une première également au niveau des institutions de Bretton Woods d’avoir un vice-présidents opérationnel africain francophone. Il y a eu des anglophones à la Banque comme vice-président, mais jamais des francophones au niveau opérationnel. Quand on m’a proposé ce poste, j’ai demandé à rester sur le terrain en Afrique. Une première dans les institutions de Bretton Woods. Je souhaitais encourager la décentralisation et continuer à mettre un accent sur nos activités en Afrique subsaharienne.


Vous venez d’effectuer une tournée dans la sous-région. À quoi répondait-elle ?

Je voulais d’abord présenter la nouvelle directrice pour l’Afrique de l’Ouest, Yolande Duhem. Elle est basée à Dakar. C’est une femme que j’ai recrutée. Elle est Belge. Il y a maintenant deux directeurs, une Belge et un Haïtien (Jean Philippe Prosper). Jean-Philippe faisait partie de mon équipe auparavant. Il était manager pour l’Afrique de l’Est. Yolande était en poste en Amérique latine. J’ai travaillé avec elle quand j’étais au Brésil. Cette visite dans la sous-région était aussi l’occasion pour moi d’aller dans les pays que je n’avais jamais foulés en tant que directeur : le Niger et le Togo. On a aussi visité le Mali et la Côte D’Ivoire. La Côte d’Ivoire parce que je voulais avoir une vision de la situation et voir dans quelle mesure on pourrait réactiver notre bureau et nos activités ici.


Quel enseignement tirez-vous de cette tournée ?

L’enseignement que je tire de cette tournée est multiple. Il y a dans notre sous-région tellement d’opportunités que j’ai encore du mal à comprendre pourquoi nous avons un secteur privé si moribond. Je me demande parfois si notre système éducatif n’y est pas pour quelque chose. Tout le monde veut être fonctionnaire dans notre région ! On a besoin d’un plus grand esprit entrepreneurial. La Côte d’Ivoire est un pays qui produit du cacao. Mais les meilleurs chocolats viennent de Suisse ou de Belgique. Je rêve d’un pays avec des entrepreneurs toujours en train de dépasser leurs limites comme j’en ai vu au Nigeria. Malheureusement en Afrique, quand un chef d’entreprise commence à gagner de l’argent, très souvent, il se repose sur ses lauriers comme si c’était le but ultime. Ce n’est pas ça être entrepreneur ! Vous êtes bon en Côte d’Ivoire, il faut être bon dans la sous-région, en Afrique et pourquoi pas dans le monde entier. Un business, c’est quelque chose que vous faites accroître, que vous amenez à des standards différents.


Est-ce le message que vous souhaitez transmettre à notre jeunesse ? Que doit- elle faire pour se prendre en charge ?

Il faut mettre en place un système de valeurs qui permette une concurrence saine. Et c’est cette concurrence qui va amener les gens à regarder les choses de façon différente. Il faut amener les écoliers, les étudiants à comprendre qu’un examen, ça se prépare. Une note ça se mérite.
Le mérite vient avec le travail. Tout n’est pas d’avoir un diplôme. Le diplôme vient sanctionner des connaissances acquises pendant un cursus académique. Cela ne sert à rien d’avoir les diplômes sans les connaissances.

Étudiant à Yamoussoukro, on faisait des devoirs surveillés sans surveillants. Personne ne trichait. Peut-être que ces valeurs ont disparu et si c’est le cas, il faut essayer de les remettre à l’ordre du jour. Faire comprendre à notre jeunesse que le travail, c’est important. Que l’argent, c’est bien, mais ce n’est pas une fin en soi.

Il y a d’autres choses qui sont importantes, comme l’intégrité, le travail, l’amitié, la famille, le développement de notre pays afin d’assurer un futur à nos enfants.


C’est une belle transition pour parler de votre famille. Quel rôle votre épouse a-telle joué dans votre carrière ?

Sans elle, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Elle contribue énormément à mon équilibre. Elle me conseille et me soutient dans mes choix de carrière et dans ma vie personnelle. Titulaire de deux masters, elle a sacrifié sa carrière de conseil en environnement pour me permettre de poursuivre la mienne. C’est ainsi que nous avons pu nous rendre au Brésil. Cela n’a pas de prix. Elle maintient la stabilité du foyer. Nous avons trois enfants : Inès, 9 ans, Maëlle, 5 ans et Augustin,1 an et demi. Nous œuvrons tous les deux à leur réussite.


Nous venons d’entrer dans une nouvelle année. Quels sont vos vœux pour la Côte d’Ivoire ?

Mon souhait, c’est d’avoir des élections libres et transparentes dans ce pays. Des élections qui vont nous permettre d’avoir une vision à long terme sur nos activités économiques et politiques. Cela va permettre, j’en suis convaincu, au peuple ivoirien de réinvestir chez lui et de travailler pour le développement du pays. C’est à la nouvelle génération de faire ce qu’il faut pour que, justement, la Côte d’Ivoire ne sombre pas. Personne ne nous sauvera à notre place.
Les pays qui se sont relevés et s’en sortent aujourd’hui l’ont fait d’eux-mêmes. Mais on ne pourra pas y parvenir seuls. On a besoin de tous et notamment de la sous-région. On a besoin d’accroître notre marché, d’améliorer notre capacité à produire et à donner des biens et services nécessaires pour notre croissance sociale, économique et politique.

On a besoin de renforcer nos institutions. Il nous faut un changement de mentalité. Cela se fera par rapport au choix qu’on aura opéré et l’un des choix c’est d’aller aux élections et d’élire des dirigeants en fonction de leur capacité à conduire notre pays vers son développement. Enfin, je souhaite de tout cœur que l’école ivoirienne se ressaisisse. Qu’élèves et étudiants s’approprient les valeurs nécessaires pour bâtir une nation saine.

La Côte d’Ivoire, par le biais des Ivoiriens, a la capacité de rebondir. L’adversité doit nous permettre de nous améliorer. Nous devons tirer les leçons du passé et sortir plus forts de cette crise. Ce pays a les capacités de rebondir.

Je reste très optimiste
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