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Politique Publié le mercredi 23 mars 2011 | Nord-Sud

L’ancien chef de l’Etat s’approche inexorablement de la sortie de scène. Au cœur de toutes les interrogations, l’avenir du parti qu’il a créé au début des années 1990.

Malgré les apparences, le Front populaire ivoirien (Fpi) est dans un dilemme sans précédent. Le parti à la rose n’échappe pas à la descente aux enfers du clan Gbagbo depuis la tentative de hold-up électoral du 28 novembre 2010.
Soit le parti dirigé par Pascal Affi N’Guessan commence à s’émanciper des Gbagbo, soit il continue à accompagner la dérive sanglante, et il court le risque de se saborder en cas de départ forcé de son fondateur.
Bien entendu, l’on a régulièrement vu le président du parti monter au créneau chaque fois que l’ex-régime était ébranlé. C’est ainsi que Pascal Affi N’Guessan s’est chargé de dire non, de manière tonitruante, à la dernière décision de l’union africaine, censée régler pacifiquement la crise post-électorale. Une telle logique paraît suicidaire. Car, si Gbagbo venait à céder dans ces conditions, il n’y pas de doute que le parti bleu, qui l’aura accompagné jusqu’au bout, sera aussi comptable de la faillite. Il perdra alors tout crédit et présentera l’image d’un parti aux mains tâchées de sang.
Une fois revenu le calme, il n’est pas sûr qu’un tel parti ait désormais pignon sur rue dans le jeu politique. S’en réclamer, c’est accepter d’assumer cette politique macabre qui a conduit le pays au bord de la guerre civile, avec des exécutions sommaires, à l’arme blanche, à l’arme lourde et aussi par le feu. C’est se porter héritier de la politique de la haine développée par un clan aux abois. Alors qu’avec près de 45% des suffrages du 28 novembre 2010, le parti devait occuper la position de leader de l’opposition, il se condamne à disparaître.
La situation du Fpi fait alors penser à l’Allemagne hitlérienne, devenue orpheline après la mort du führer. Il lui faudra donc des décennies pour espérer se relever de ses cendres.
Bien sûr, ce suicide du Fpi ne signifie pas forcément la mort politique de tous ceux qui ont adhéré à ce parti. D’autant que certains cadres seront appelés par Alassane Ouattara, dans le cadre d’un gouvernement d’union.
Il est prévisible de voir apparaître alors une nouvelle génération de cadres, très peu mouillés dans les violations des droits de l’homme et la gestion catastrophique de la décennie écoulée. La question reste posée sur la capacité à se repositionner de ceux qui ont participé à la gestion de Gbagbo. Certains cadres qui auraient pu offrir une alternative pour la renaissance du Fpi se sont aussi compromis. Les analystes citent ainsi Ahoua Don Mello qui est venu, sur le tard, coller son image à la période la plus sanglante, la plus sombre du régime finissant. D’autres gardent un silence coupable qui les empêchera de se disculper demain. Nonobstant l’insécurité généralisée, ceux qui veulent encore croire à un avenir pour leur parti auraient dû prendre publiquement leurs distances avec la dérive sanglante. Il y a eu le massacre des femmes aux mains nues d’Abobo. Il y a eu les innocents brûlés vifs. Il y a eu les bombardements à l’arme lourde des populations d’Abobo. Aujourd’hui, sans distinction de sexe ni d’âge, les Abidjanais sont jetés sur les routes. Aucune voie ne s’élève au Fpi pour faire preuve d’un peu d’humanité. Comme si les intellectuels et autres personnes de gauche qui s’y trouvent feignaient d’ignorer que nous avons quitté le domaine de la politique pure depuis longtemps.
En définitive, il n’est exclu de croire que la place du Fpi dans le jeu politique pourrait être occupée par une nouvelle formation, qui reprendrait à son compte les valeurs de gauche que l’ancien parti au pouvoir a abandonnées une fois au pouvoir. La page de Gbagbo sera alors vraiment tournée.

Kesy B. Jacob
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