Bilan culturelle 2008 - Une année mi-figue mi-raisin

Musique : le retour du "Live"
A chaque mois son concert à Abidjan. L’année qui vient à son terme n’a pas dérogé à la règle. Et les spectacles ont connu des fortunes diverses. Des salles combles, l’on a des fois viré à des salles archi- clairsemées. Tout au long de l’année 2008, plusieurs spectacles musicaux ont meublé les week-ends des mélomanes. Au titre des spectacles majeurs, il faut compter "le Concert Retro 80" organisé en novembre dernier. En vue de rendre un hommage appuyé aux artistes ayant marqué les années 80, la structure "Pohorow Communication" a fait jouer, en live et sur un même plateau Gadji Céli, Reine Pélagie, Antoinette Konan, Bailly Spinto, Johnny la Fleur et le Congolais Kanda Bongo Man. Le franc succès de ce concert et bien d’autres qui ont eu lieu avant et après, ont fait dire que le "Live" était de retour. Outre ce spectacle, ceux donnés par la star malienne, Salif Kéita, le 18 octobre à Abidjan et le lendemain à Yamoussoukro, sont restés gravés dans la mémoire de tous les mélomanes. Il faut également citer celui du Jamaïcain Sean Paul le 20 décembre dernier. Ce sont de loin les meilleurs spectacles musicaux de l’année 2008. Sans oublier les show d’artistes Zouglou, Coupé Décalé et autres qui s’essaient au live.
Médias : La professionnalisation de la presse et l’ouverture à l’international
Sur le plan local, plusieurs activités ont marqué le monde des médias.
Dès sa nomination à la tête du département de la Communication, le ministre Ibrahim Sy Savané, a fait de la professionnalisation de ce secteur son cheval de bataille. Ainsi, sous sa férule et en présence de son collègue de la Fonction publique, et dans les locaux de ce dernier, le 14 février 2008, le Syndicat National des Agents de la Presse Privée en Côte d’Ivoire (SYNAPP-CI) et le Groupement des Editeurs de la Presse Ivoirienne (GEPCI) paraphent le document cadre de la Convention collective. Dans le même souci de professionnalisation et d’assainissement de la presse ivoirienne, le ministre Sy Savané a procédé à la réactivation de la Commission d’attribution de la Carte d’identité de journaliste professionnel et de professionnel de la Communication.
UPF : Dan Moussa au pinacle
De l’avis des professionnels de ce secteur, le monde des médias a connu d’intenses activités tout au long de l’année 2008. Ainsi, au cours des 40èmes Assises de l’Union Internationale de la Presse Francophone (UPF), du 15 au 18 octobre dernier à Montréal (Canada), l’Ivoirien Alfred Dan Moussa du quotidien " Fraternité Matin" est élu Président de cette union, après avoir assuré l’intérim d’Hervé Bourges. 10èmes Assises du RIARC
Du 18 au 23 août dernier, se sont déroulées, à Abidjan et à Yamoussoukro, les 10èmes Assises du Réseau des Instances Africains de Régulation de la Communication audiovisuelle (RIARC). Plus d’une centaine d’organes de régulation d’Europe, d’Afrique et de Côte d’Ivoire ont pris part aux travaux. A cela, il faut ajouter la traditionnelle "Nuit des Ebony" qui s’est déroulée le samedi 29 juin 2008. Cette année, c’est le journaliste Yo Claude de la télévision ivoirienne qui a été l’heureux élu. Arts Plastiques et Peinture
Dans ce domaine, quelques expositions sporadiques ont été au menu.
La plus en vue, est "Premier choix". Qui a la particularité de réunir, à "la Rotonde des Arts contemporains" à la Fondation Nour Al Hayat, pour un mois (18 décembre 2008 -18 janvier 2009), les œuvres de huit artistes de "Premier choix" : James Houra, Jems Koko Bi (Côte d’Ivoire) ; Atta Kwami (Ghana); Edorth Sokeh (Togo); Siriki Ky (Burkina Faso) et Tola Wewe (Nigeria), originaires de huit pays de l’espace CEDEAO. En outre, il faut compter l’exposition de Paul Sika, à la Galerie Le Lab aux Deux Plateaux Vallon ; celle de Nadine N’Dia à la Galerie "Le Dompry" au Plateau et celle de Annick Assémian à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire au Plateau.
Tradition et coutumes : l’Intégration sous-régionale dans le viseur
Au plan de la promotion des valeurs traditionnelles, 2008 a connu deux événements d’envergure. Le premier, " le Festival de la Route des Reines et Rois 2008," s’est déroulé du 03 au 09 août dernier, à travers une caravane qui a traversé toute la région Est de la Côte d’Ivoire. Ce festival a également enregistré la participation de "têtes couronnées" venues du Bénin, Burkina Faso, du Cameroun et celle d’universitaires de haut vol du Nigeria et du Ghana. L’occasion était donnée au Pr. Amoa Urbain, Recteur de l’Université Charles Louis de Montesquieu, initiateur du Festival, et à ses hôtes de rédiger la Charte et le Code de la royauté africaine. Le dernier en date est " le Rite de purification du sol en pays Wê". Les 15 et 16 août derniers, les danses traditionnelles (Glaé, Koui et Dji) des six départements Wê de l’Ouest montagneux (Duékoué, Bloléquin, Guiglo, Kouibly et Toulépleu et Bangolo) ont été en attraction dans la ville de Guiglo. Cette cérémonie, selon Angèle Gnonsoa, Présidente du Comité de pilotage, permet « de laver la région de ses souillures après le sang versé » pendant la crise militaro- civile débutée le 19 septembre 2002 et dont la Côte d’Ivoire sort peu à peu. Mode et Beauté : l’effervescence
Les acteurs de ce secteur d’activités ont été beaucoup plus entreprenants. Le talentueux styliste Gilles Touré, avec son concept "Femme, Femme, femme", qui prône "la féminité absolue", a démontré le 15 novembre dernier qu’il est désormais au sommet de son art. Avec lui, il faut compter la présentation de mode "Yéhé 2008" de Miss Zahui, qui fait la promotion des matériaux typiquement traditionnels tels que "le Tapa" (écorce d’arbre), le Raphia…
Au niveau des concours de beauté, la Côte d’Ivoire est allée au-delà de la tradition. Avec le double sacre de Nanié Murielle, Miss Côte d’Ivoire et Miss CEDEAO 2008. En tout cas, au niveau des concours de beauté, la Côte d’Ivoire n’a pas eu d’égal, avec des compétions telles que Miss Internet, Miss Campus… Quand l’humour coiffe le théâtre au poteau
Pour l’heure, l’humour est le préféré des Ivoiriens. Ils le brassent sans se lasser. L’humour aura fait vibrer les salles ivoiriennes. En témoignent les multiples soirées humoristiques organisées tout au long de l’année. On a pêle-mêle : le sixième Festival international du rire d’Abidjan (FIRA) avec Adama Dahico, la soirée "Manan Kampess et Félicia", "Bonjour 2008" et même 2009… qui très souvent fait le comble de la salle "Anoumabo" du Palais de la Culture. Si l’humour traverse presque les 12 mois l’année, le second semestre de l’année est cependant marqué par des représentations théâtrales. Au mois de juillet déjà l’Actor studio, à travers « Hêrêmankono », renouait avec les planches. Une pièce de Diégou Bailly qui peint, dans une mise en scène de Sidiki Bakaba, via des scènes cocasses, le quotidien des Ivoiriens. Tel un catalyseur, cette représentation va faire suite à d’autres pièces notamment " Cocody Johnny" de Souleymane Koly. Toutefois, le réveil du théâtre reste timide. Pis, il continue de sombrer dans une léthargie. Et 2008 n’aura pas pu sortir l’art dramatique de sa torpeur. En témoigne le cri de cœur de Koly, lors de son spectacle, face au manque de soutien pour le théâtre. Cinéma : les initiatives
se disputent la palme
Festiko, Clap ivoire, Ciné Droit Libre, Fica, …l’année 2008 aura été un autre rendez-vous de festivités Cinématographiques. Ouvrant le portail, au mois de janvier (du 24 au 26), le Festival international documentaire, publicitaire et industriel de Korhogo (FESTIKO), œuvre du réalisateur ivoirien, feu Yéo Kozoloa, aura tenu toutes ses promesses et servir de rampe à d’autres initiatives au cours de l’année. Suivra en avril, le Festival International du Courtmétrage où une cinquantaine de films documentaires et fictions sont projetés à Abidjan. A peine l’on tirait les rideaux sur le FICA, que les cinéphiles étaient invités à un autre rencontre où les droits de l’homme étaient le point de mire : le festival « Ciné Droit Libre », une première édition qui avait pour ancrage parcouru le Goethe Institut, le Palais de la Culture et l’Université de Cocody. Le festival Clap Ivoire- concours de courts métrages vidéo- destinés aux jeunes réalisateurs de l’UEMOA, viendra boucler ces rencontres des cinéphiles au cours de l’année défunte le 11 septembre avec le sacre de la réalisatrice malienne Fatoumata Sidibé pour son documentaire «Les pharmacies ambulantes ». Littérature : Publications et célébrations sonnent la charge
Le monde littéraire ivoirien n’est pas marge de ce bouillonnement culturel. Le 12 novembre, la structure "Akwaba culture" dirigée par Isabelle Kassi Fofana, invite au bord de la Lagune Ebrié, les icônes de la littérature africaine, Seydou Badian, Aminata Sow Fall, Salla Dieng pour le festival « Prix Ivoire ». Qui consacre la meilleure œuvre littéraire de l’Afrique francophone. Cette première édition récompense une plume sénégalaise, Racine Kane, avec son œuvre « les ballades nostalgiques ». Le colloque international « Zadi Zaourou, un écrivain éclectique ; enracinement et ouverture au monde », qui s’est tenu du 05 au 07juillet, ne demeure pas moins une occasion où le monde littéraire signale sa présence. Au total, 42 communications et témoignages tentent de mettre en lumière le parcours artistique et scientifique d’un homme, profondément enraciné dans sa culture, autant qu’ouvert au monde. Des publications remarquables s’illustrent également au cours de cette année, « Alassane Ouattara une vie singulière » et « Alassane Outtara destin et liberté » respectivement de Cissé Bacongo et Abdou Touré, font la traçabilité d’une vie. Des récits de faits réels qui dans leur enchaînement font découvrir un leader et son poids électoral. Ces ouvrages, que les amoureux des belles lettres s’arrachent comme de petits pains, marquent la vitalité des redresseurs que sont les écrivains au cours de cette année.
Jean Antoine Doudou &
Moussa Kéita