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Art et Culture Publié le mercredi 7 janvier 2009 | Nord-Sud

Spectacles d`humour au Palais de la culture : Les salles ne font plus le plein

Le Palais de la culture n’affiche plus complet dans les spectacles d’humour comme par le passé. Les raisons selon plusieurs hommes du milieu sont multiples. On est bien loin de la fin de l’année 2006 et du début de 2007 où les humoristes avaient réussi à établir l’équilibre au niveau de l’audience et de l’affluence au Palais de la culture. A un moment où les Ivoiriens en avaient besoin. Il ne se passait pas de mois sans qu’on assiste à un grand spectacle. Mais avant d’en arriver là, un travail énorme a été fait par des comédiens comme Bamba Bakary et Adama Dahico. Ces deux précurseurs, déjà en 1998, avaient annoncé les couleurs en donnant une représentation de haut vol au Centre culturel français. Ce jour-là, la salle d’une capacité de 600 places avait refusé du monde. Après quoi, Adama Dahico a fait de l’humour son gagne pain. C’est ainsi que de 1999 à 2002, il va organiser régulièrement des «one man show» au Palais de la culture. Le public qui n’en demandait pas mieux, se déplaçait massivement pour assister aux différents spectacles. Avec le déclenchement de la crise en septembre 2002, la musique devient le moyen privilégié pour faire passer les messages. Le coupé décalé avec Douk Saga s’impose à tous. Les hommes de théâtre et les humoristes sont en veilleuse. Mais il a fallu attendre le mois de septembre 2003 pour relancer les œuvres du rire. A cet effet, le président du «Dôrômikan», Adama Dahico, met en place «la fête du rire» qui se déroule sur trois jours (16 au 19 septembre 2003). Le boom Il invite ses amis des planches à prendre part à la fête. Ce fut un succès. Du coup, les comédiens commencent à prendre conscience de leur valeur. La crise aidant, ils trouvent leur créneau en 2006. Après la 3ème édition du Festival international du rire d’Abidjan (Fira), les humoristes prennent véritablement leur envol. C’est ainsi que le comédien Abass organise son spectacle le 3 février 2007. Il est suivi par Doh Kanon le 14 février et le 17 février par Jimmy Danger à travers un one man show. La population, qui était éprouvée par la guerre, commence à se déplacer pour aller se distraire et passer du bon temps. «Vous savez, je viens depuis 2006 dans les spectacles d’humour pour passer le stress. Sans les humoristes, on allait plus ressentir la crise que nous traversons depuis septembre 2002», indique Mme Tia Véronique, cadre dans une entreprise de la place. L’humour va véritablement prendre de l’envol à partir du 9 juin 2007. Ce jour-là, les comédiens de Bobodiouf avec en vedette Soukey et Siriki, venus du Burkina Faso, font salle comble au Palais de la culture. La salle Anoumabo de 4.000 places s’est avérée exigüe pour la circonstance. On pouvait dénombrer au moins 7.000 personnes. L’organisateur, Claude Bassolé, à la vue des spectateurs sur les lieux plusieurs heures avant la représentation, ouvre les portes de la salle. Le bénéfice est énorme. Il s’en sort avec une vingtaine de millions comme recette. La dynamique va se poursuivre dans cet art avec Jimmy Danger dans le rôle de « Félicia » et Doh Kanon dans celui de « Manan Campès », le 17 août 2007. Le Palais de la culture explose. Plus de 8.000 personnes font le déplacement de la salle Anoumabo. Le promoteur, Sadia, qui avait fixé l’entrée à 5.000 Fcfa, s’en tire à bon compte. Il fait également une recette de plus de 20 millions Fcfa. Jimmy Danger, qui a reçu un bon pactole, profite pour s’offrir une voiture décapotable. C’est le déclic dans l’humour. Puisque le public trouve là l’occasion de fuir l’ennui quotidien. Les spectacles vont se suivre à un rythme vertigineux. Puisque Jimmy Danger et Doh Kanon récidivent en novembre 2007 au Palais de la culture avec succès. L’erreur Les représentations se suivent sans relâche. Il arrive parfois même où les spectacles se déroulent à un jour d’intervalle. Et comme le dit l’adage, l’excès nuit. Le public, qui ne se contentait que de l’humour, va commencer à prendre du recul dans l’appréciation des textes et des mises en scène. Ce qui fait que le nombre de spectateurs diminue au cours de l’année 2008. Les spectacles de Kôrô Abou, Jimmy Danger dans «Prison break» (septembre), Oméga David (décembre), Digbeu Cravate et bien d’autres sont un véritable échec. De la gloire, les organisateurs se retrouvent couverts de dettes puisque la salle Anoumabo n’arrive même plus à se remplir aux trois quarts. Pour Oméga David, la qualité de l’œuvre, le manque de sécurité et le retard dans le démarrage des spectacles sont les principales causes du désintérêt du public. «On nous a toujours reproché la qualité de nos spectacles. Puisque le public a estimé à un moment donné que les comédiens ne préparaient pas bien les spectacles. A cela s’ajoutent le manque de sécurité et le retard dans le démarrage de nos spectacles», affirme-t-il. Jimmy Danger ne dit pas autre chose. «La qualité des spectacles a pris un coup. Les comédiens montent des spectacles en deux jours pour venir jouer au Palais de la culture. Du coup, les comédiens se font entraîner par les promoteurs qui ne pensent qu’à leurs gains», indique-t-il. Et de poursuivre : «La programmation des spectacles pose un énorme problème. Les spectacles se chevauchent. Ce qui n’est pas à l’avantage des artistes. Le mieux pour nous serait que chacun d’entre nous choisisse son mois de sorte que les spectacles soient espacés et de bonne qualité. Cela nous permettrait à la fin d’année de nous trouver entre humoristes pour jouer une fresque.» Adama Dahico, lors de la 6ème édition du Fira, a attiré l’attention de ses collègues sur la mauvaise qualité des représentations. «Nous nous sommes battus pour mettre en place une dynamique et une plateforme d’expression. Mais aujourd’hui, le constat est amer, les gens proposent des spectacles de mauvaise qualité. C’est pourquoi nous essayons de rectifier le tir au cours du Fira à travers les rencontres et des débats pour l’avancée de notre art», déclare-t-il. Il ajoute : «Ce sont les mêmes comédiens qui donnent les spectacles d’humour. Et généralement, ils jouent les mêmes sketchs. Quand le public constate cela, il décroche. On peut casser le prix pour faire venir le maximum de personnes. Mais, là n’est pas le problème. Le plus important est de faire des recherches pour de bons spectacles. Il faut professionnaliser le secteur.» Mme Ekra, une spectatrice rencontrée samedi lors de la pièce de Gbi de fer ne décolère pas. «J’avoue que j’ai arrêté de venir regarder les spectacles parce que tout se ressemblait. Je suis venue aujourd’hui parce que ma fille voulait sortir. Mais, le spectacle n’était pas mal. Je pense que les humoristes gagneraient à travailler davantage.» En définitive, les artistes interrogés demandent à leurs collègues de prendre le métier au sérieux et de donner des spectacles de qualité. C’est seulement à ce prix que l’humour va retrouver ses lettres de noblesse.

Issa T.Yéo
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