Assamala Amoi est une jeune ivoirienne résidant à Brazzaville où elle est en fonction. De passage à Abidjan pour la présentation de son œuvre ‘’Le deuil des Emeraudes’’, cette dame à la peau d’ébène a accepté sans condition de se prêter à notre micro. Dans cet entretien libre, Assamala a levé un coin de voile sur le désintéressement de la jeunesse quant à la littérature…
Dites nous exactement qui est Assamala Amoi ?
Pour ceux qui ne me connaissent pas, Assamala c’est mon prénom et Amoi, mon nom de famille. Je suis écrivain plus précisément écrivain d’œuvre de fiction. C’est-à-dire d’histoires imaginées. J’ai écrit des romans, des livres pour les enfants et des poèmes. Et depuis combien d’année écrivez-vous ?
Mon premier ouvrage qui est un recueil de nouvelles a été publié en 1987. Mais bon, vous pouvez bien imaginer que j’avais commencé à écrire bien avant cette date. On écrit pendant un certain temps avant d’être publié. C’est quoi exactement votre style d’écriture ?
C’est difficile de définir mon style. On va dire que c’est du style un peu réaliste. Et donc j’essaie de retranscrire certaines histoires imaginées qui, bien sûr ressemblent un tout petit peu à la réalité. Un peu des contes de fée à l’africaine ?
Pas du tout. Ça n’a rien à voir avec les contes de fée. Les contes de fée en général se terminent bien, décrivent une image un peu romanesque, ‘’arrangée’’. C’est assez rose, ce qui n’est le cas en général de mes écrits. Dites-nous pourquoi avoir fait un tel choix ?
Le choix de l’écriture, ne s’explique pas. C’est assez difficile. C’est quelque chose qu’on fait. Et en ce qui me concerne, quand on est écrivain, je pourrais avoir du mal à expliquer pourquoi j’écris. Tout ce que je peux dire c’est que c’est pour moi peut être la forme d’expression, la plus adaptée. Je pense que pour certaines personnes, c’est le chant, pour d’autre la sculpture et ainsi de suite. Et croyez-vous que ce choix véhicule mieux les messages que vous voulez transmettre
Je dirais que ça aide à véhiculer les messages que je veux transmettre. Mais je pense qu’il n’existe pas de moyens de communication parfait. Donc, je me dis ce qui était à ma portée c’était l’écriture et je continue de m’en servir. A part l’écriture que faites-vous d’autres comme activité ?
Je travaille pour une institution internationale dont le siège pour l’Afrique se trouve à Brazzaville.
Arrivez-vous à concilier les deux activités ?
Arriver, je pense que oui. Puis que j’arrive à faire mon travail correctement. Et que j’arrive à écrire. Mais, c’est au prix d’une certaine discipline personnelle, c’est également au prix d’une organisation un peu rigoureuse, de se dire qu’on a des heures pour le travail même quand on a des heures supplémentaires et c’est de trouver dans le temps qui me reste en dehors du travail le temps pour écrire. Je le fais le soir après le travail, pendant le week-end. J’ai quand même besoin de me détendre donc ça ne prend un peu plus de temps. C’est assez difficile mais c’est assez riche comme activité. Et puis avoir deux activités parallèles c’est assez enrichissant.
Malgré votre programme chargé vous avez du temps pour écrire. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ce déclic en vous ?
J’avoue que c’est encore une fois une question à la quelle il m’est très difficile de répondre. Je ne parlerais pas de déclic cependant, dans la mesure où depuis l’adolescence j’écris. C’est simplement la suite de ce que j’ai commencé depuis toute jeune. Donc, je n’ai pas conscience d’avoir eu à un moment donné de ma vie un déclic. Simplement ce que je peux dire, je vais plutôt parler de motivation et dire que ce qui me pousse à écrire c’est le désir très fort de partager mes idées avec les autres. Et sans prétention essayer d’en voir un petit peu les effets dans mon entourage si c’est possible. Mais en même temps c’est un peu comme une bouteille à la mer. On la lance et on ne sait pas si quelqu’un la trouvera. Mais le désir d’écrire étant plus fort je continue d’écrire. ‘’Le désir d’écrire étant plus fort’’… Et pourtant on constate que la jeunesse s’intéresse de moins en moins à la littérature. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a plusieurs facteurs. Je me contenterais d’en citer quelques uns, parce que c’est juste ce que j’ai pu constater. Je pense que des études sérieuses doivent être menées si on veut changer cet état de choses. Je dirais par exemple que si un enfant ne l’est pas c’est premièrement de la responsabilité des parents qui n’achètent pas ou qui n’empruntent pas de livres pour les enfants. Lorsqu’un enfant est petit et que la mère ou le père ou un adulte de la famille à l’habitude de lui lire des histoires par exemple, il aura, je pense, à l’âge adulte le désir de prendre lui-même un livre et de le lire. Parce que le livre fait partie de ses distractions au même titre que le jeu avec les petits camarades, les frères ou même les sœurs, que regarder la télévision. Mais si l’enfant n’a pas du tout été en contact avec le livre, il est un peu difficile subitement à l’adolescence ou à l’âge adulte qu’on lui demande de lire. Ce n’est pas un exercice naturel pour lui. D’autant plus que la lecture est une activité solitaire. Les gens préfèrent être avec les autres, là où il y a du bruit : La musique, la télévision etc. Ce sont des distractions qui sont facilement accessibles. Mais lire c’est beaucoup plus difficile parce que même si c’est un plaisir, il faut s’asseoir, il faut déchiffrer des mots. Alors si pour cette personne l’exercice intellectuel n’est pas un jeu ça devient assez ardu comme exercice. L’autre facteur que je pourrais citer c’est que les gens disent que le livre est cher. C’est vrai. Mais en même temps, il est difficile de changer cet état de chose. Cependant ça parait difficile dans la mesure où tout ce qui entre dans la fabrication du livre a un coût. Le papier, l’impression etc. La confection de la couverture et après une fois que le livre est en librairie, le libraire, il loue son espace, il paie quelque chose à la fin du mois. Donc après, au moment de se retrouver à la caisse forcement, le client trouvera que le livre coûte cher. Mais en même temps ceci est relatif. Parce que voir certaines personnes qui appartiennent disons à la classe moyenne de la société achètent des jouets qui coûtent beaucoup plus cher qu’un livre ou des vêtements ou des pagnes pour nos activités sociales (baptême – mariage) et là on ne ronchonne pas à aller acheter un pagne qui va coûter très cher. Je pense que, parfois pour bien sûr, en dehors des extrêmes, c’est simplement une question de priorité. Quand on tient à quelque chose, cette chose n’a pas de prix. On est même capable de se priver dans d’autre domaine pour pouvoir acquérir cela. Mais quand ça ne figure pas au haut de la liste de nos priorités on trouve que cela coûte cher. Disons que les jeunes ne lisent pas, je peux continuer en disant que après avoir été habitués à des exercices faciles tel que écouter la radio, regarder la télé où tout est déjà préparé, je dirais que le cerveau du jeune n’est pas préparé à lire. Parce que lire exige une discipline au niveau du cerveau et de concentration etc. Et si la personne n’a pas l’habitude de rester immobile pendant quelques heures pour lire un ouvrage c’est sûr que le jeune va se désintéresser de la lecture. Par ailleurs, il n’y a pas de politique dans les pays africains en général pour rendre le livre intéressant. On peut rendre le livre vivant en créant autour des activités ludiques. Il n’y a pas de concours de lecture, il n’y a pas de mise en scène d’ouvrage déjà publié. Comment voulez-vous que les jeunes s’y intéressent ?
Que peut rapporter comme avantage la littérature dans l’économie d’un pays ?
C’est un vaste sujet. Je pense que le domaine du livre d’ailleurs on en parle en disant l’industrie du livre. Elle fait vivre quelques citoyens, il y a des librairies et avant cela il y a tous ceux qui fabriquent le livre. Les maisons d’édition, les imprimeries. Donc, je pense que ça fait partie intégrante de l’économie d’un pays. Et ce serait dommage qu’on mette ça de côté. Mais au-delà de l’économie, ça fait partie de l’identité d’un pays. Parce qu’il y a des pays dans lesquels nous ne sommes jamais allés mais nous les connaissons un petit peu à travers les écrivains.
Parlez nous de votre œuvre ‘’Le deuil des Emeraudes’’
Ce qu’on pourrait retenir c’est un message je dirais pluriel parce que le livre aborde différents thèmes. Il y a le thème des relations entre l’économie et la politique, il y a aussi l’incidence de l’économie, du développement sur les vies individuelles. C’est-à-dire la vie d’individu en particulier. Et ceci est lié. Chaque entité a un effet sur l’autre. Est-ce possible alors que par l’écriture, les Autorités fassent attention à certaines tares qui nuisent à notre société ?
Encore une fois je reprends l’image de la bouteille à la mer. On écrit des messages et on espère que ces messages inspireront les uns et les autres. Et au-delà de l’inspiration que cela pousse à l’action. Mais en tant que écrivain, c’est tout ce que je peux faire. Ecrire et essayer de transmettre un message avec l’espoir que ce message portera et se traduira par des actes concrets. Bon, on regarde et on espère toujours.
Diane Jorelle
Dites nous exactement qui est Assamala Amoi ?
Pour ceux qui ne me connaissent pas, Assamala c’est mon prénom et Amoi, mon nom de famille. Je suis écrivain plus précisément écrivain d’œuvre de fiction. C’est-à-dire d’histoires imaginées. J’ai écrit des romans, des livres pour les enfants et des poèmes. Et depuis combien d’année écrivez-vous ?
Mon premier ouvrage qui est un recueil de nouvelles a été publié en 1987. Mais bon, vous pouvez bien imaginer que j’avais commencé à écrire bien avant cette date. On écrit pendant un certain temps avant d’être publié. C’est quoi exactement votre style d’écriture ?
C’est difficile de définir mon style. On va dire que c’est du style un peu réaliste. Et donc j’essaie de retranscrire certaines histoires imaginées qui, bien sûr ressemblent un tout petit peu à la réalité. Un peu des contes de fée à l’africaine ?
Pas du tout. Ça n’a rien à voir avec les contes de fée. Les contes de fée en général se terminent bien, décrivent une image un peu romanesque, ‘’arrangée’’. C’est assez rose, ce qui n’est le cas en général de mes écrits. Dites-nous pourquoi avoir fait un tel choix ?
Le choix de l’écriture, ne s’explique pas. C’est assez difficile. C’est quelque chose qu’on fait. Et en ce qui me concerne, quand on est écrivain, je pourrais avoir du mal à expliquer pourquoi j’écris. Tout ce que je peux dire c’est que c’est pour moi peut être la forme d’expression, la plus adaptée. Je pense que pour certaines personnes, c’est le chant, pour d’autre la sculpture et ainsi de suite. Et croyez-vous que ce choix véhicule mieux les messages que vous voulez transmettre
Je dirais que ça aide à véhiculer les messages que je veux transmettre. Mais je pense qu’il n’existe pas de moyens de communication parfait. Donc, je me dis ce qui était à ma portée c’était l’écriture et je continue de m’en servir. A part l’écriture que faites-vous d’autres comme activité ?
Je travaille pour une institution internationale dont le siège pour l’Afrique se trouve à Brazzaville.
Arrivez-vous à concilier les deux activités ?
Arriver, je pense que oui. Puis que j’arrive à faire mon travail correctement. Et que j’arrive à écrire. Mais, c’est au prix d’une certaine discipline personnelle, c’est également au prix d’une organisation un peu rigoureuse, de se dire qu’on a des heures pour le travail même quand on a des heures supplémentaires et c’est de trouver dans le temps qui me reste en dehors du travail le temps pour écrire. Je le fais le soir après le travail, pendant le week-end. J’ai quand même besoin de me détendre donc ça ne prend un peu plus de temps. C’est assez difficile mais c’est assez riche comme activité. Et puis avoir deux activités parallèles c’est assez enrichissant.
Malgré votre programme chargé vous avez du temps pour écrire. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ce déclic en vous ?
J’avoue que c’est encore une fois une question à la quelle il m’est très difficile de répondre. Je ne parlerais pas de déclic cependant, dans la mesure où depuis l’adolescence j’écris. C’est simplement la suite de ce que j’ai commencé depuis toute jeune. Donc, je n’ai pas conscience d’avoir eu à un moment donné de ma vie un déclic. Simplement ce que je peux dire, je vais plutôt parler de motivation et dire que ce qui me pousse à écrire c’est le désir très fort de partager mes idées avec les autres. Et sans prétention essayer d’en voir un petit peu les effets dans mon entourage si c’est possible. Mais en même temps c’est un peu comme une bouteille à la mer. On la lance et on ne sait pas si quelqu’un la trouvera. Mais le désir d’écrire étant plus fort je continue d’écrire. ‘’Le désir d’écrire étant plus fort’’… Et pourtant on constate que la jeunesse s’intéresse de moins en moins à la littérature. Comment l’expliquez-vous ?
Il y a plusieurs facteurs. Je me contenterais d’en citer quelques uns, parce que c’est juste ce que j’ai pu constater. Je pense que des études sérieuses doivent être menées si on veut changer cet état de choses. Je dirais par exemple que si un enfant ne l’est pas c’est premièrement de la responsabilité des parents qui n’achètent pas ou qui n’empruntent pas de livres pour les enfants. Lorsqu’un enfant est petit et que la mère ou le père ou un adulte de la famille à l’habitude de lui lire des histoires par exemple, il aura, je pense, à l’âge adulte le désir de prendre lui-même un livre et de le lire. Parce que le livre fait partie de ses distractions au même titre que le jeu avec les petits camarades, les frères ou même les sœurs, que regarder la télévision. Mais si l’enfant n’a pas du tout été en contact avec le livre, il est un peu difficile subitement à l’adolescence ou à l’âge adulte qu’on lui demande de lire. Ce n’est pas un exercice naturel pour lui. D’autant plus que la lecture est une activité solitaire. Les gens préfèrent être avec les autres, là où il y a du bruit : La musique, la télévision etc. Ce sont des distractions qui sont facilement accessibles. Mais lire c’est beaucoup plus difficile parce que même si c’est un plaisir, il faut s’asseoir, il faut déchiffrer des mots. Alors si pour cette personne l’exercice intellectuel n’est pas un jeu ça devient assez ardu comme exercice. L’autre facteur que je pourrais citer c’est que les gens disent que le livre est cher. C’est vrai. Mais en même temps, il est difficile de changer cet état de chose. Cependant ça parait difficile dans la mesure où tout ce qui entre dans la fabrication du livre a un coût. Le papier, l’impression etc. La confection de la couverture et après une fois que le livre est en librairie, le libraire, il loue son espace, il paie quelque chose à la fin du mois. Donc après, au moment de se retrouver à la caisse forcement, le client trouvera que le livre coûte cher. Mais en même temps ceci est relatif. Parce que voir certaines personnes qui appartiennent disons à la classe moyenne de la société achètent des jouets qui coûtent beaucoup plus cher qu’un livre ou des vêtements ou des pagnes pour nos activités sociales (baptême – mariage) et là on ne ronchonne pas à aller acheter un pagne qui va coûter très cher. Je pense que, parfois pour bien sûr, en dehors des extrêmes, c’est simplement une question de priorité. Quand on tient à quelque chose, cette chose n’a pas de prix. On est même capable de se priver dans d’autre domaine pour pouvoir acquérir cela. Mais quand ça ne figure pas au haut de la liste de nos priorités on trouve que cela coûte cher. Disons que les jeunes ne lisent pas, je peux continuer en disant que après avoir été habitués à des exercices faciles tel que écouter la radio, regarder la télé où tout est déjà préparé, je dirais que le cerveau du jeune n’est pas préparé à lire. Parce que lire exige une discipline au niveau du cerveau et de concentration etc. Et si la personne n’a pas l’habitude de rester immobile pendant quelques heures pour lire un ouvrage c’est sûr que le jeune va se désintéresser de la lecture. Par ailleurs, il n’y a pas de politique dans les pays africains en général pour rendre le livre intéressant. On peut rendre le livre vivant en créant autour des activités ludiques. Il n’y a pas de concours de lecture, il n’y a pas de mise en scène d’ouvrage déjà publié. Comment voulez-vous que les jeunes s’y intéressent ?
Que peut rapporter comme avantage la littérature dans l’économie d’un pays ?
C’est un vaste sujet. Je pense que le domaine du livre d’ailleurs on en parle en disant l’industrie du livre. Elle fait vivre quelques citoyens, il y a des librairies et avant cela il y a tous ceux qui fabriquent le livre. Les maisons d’édition, les imprimeries. Donc, je pense que ça fait partie intégrante de l’économie d’un pays. Et ce serait dommage qu’on mette ça de côté. Mais au-delà de l’économie, ça fait partie de l’identité d’un pays. Parce qu’il y a des pays dans lesquels nous ne sommes jamais allés mais nous les connaissons un petit peu à travers les écrivains.
Parlez nous de votre œuvre ‘’Le deuil des Emeraudes’’
Ce qu’on pourrait retenir c’est un message je dirais pluriel parce que le livre aborde différents thèmes. Il y a le thème des relations entre l’économie et la politique, il y a aussi l’incidence de l’économie, du développement sur les vies individuelles. C’est-à-dire la vie d’individu en particulier. Et ceci est lié. Chaque entité a un effet sur l’autre. Est-ce possible alors que par l’écriture, les Autorités fassent attention à certaines tares qui nuisent à notre société ?
Encore une fois je reprends l’image de la bouteille à la mer. On écrit des messages et on espère que ces messages inspireront les uns et les autres. Et au-delà de l’inspiration que cela pousse à l’action. Mais en tant que écrivain, c’est tout ce que je peux faire. Ecrire et essayer de transmettre un message avec l’espoir que ce message portera et se traduira par des actes concrets. Bon, on regarde et on espère toujours.
Diane Jorelle