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Politique Publié le jeudi 8 janvier 2009 | Notre Voie

Processus électoral en Côte d`Ivoire : Pas de date crédible sans la reconstitution de l’état-civil détruit

A Abidjan, l’heure est aux empoignades verbales entre la Commission électorale indépendante (CEI) et la Primature quant à la responsabilité des uns et des autres sur les retards constatés actuellement dans la mise en œuvre des opérations d’identification de la population et de recensement électoral.
Sous la pression du chef de l’Etat et de son Premier ministre, l’on apprend que la CEI et son président, Robert Beugré Mambé, s’apprêtent à annoncer un nouveau chronogramme du processus électoral. Mieux, il est de plus en plus question d’annoncer une nouvelle date de l’élection présidentielle. Le hic, c’est qu’au moment où se mène le débat sur la fixation de la nouvelle date de la présidentielle, hormis les problèmes financiers, les difficultés techniques que rencontre l’opération d’identification sont royalement passées sous silence. Il s’agit notamment du non-achèvement de la reconstitution des registres d’état-civil qui prive plus de la moitié des citoyens, surtout en zone rurale, de leur extrait de naissance. Et donc de la possibilité de s’inscrire sur les listes électorales.
Cette situation qui se vit de façon dramatique sur le terrain ne semble préoccuper que très peu les responsables du processus électoral. A commencer par la CEI. De sorte qu’en l’état actuel de la situation, il n’est pas exagéré d’accuser les principaux acteurs du processus électoral de vouloir bâcler une opération stratégique pour le devenir de la Côte d’Ivoire. Sinon comment comprendre que, pour une élection que l’on veut transparente et crédible, le recensement électoral se fasse sans que plus de la moitié de la population n’ait les moyens d’y prendre part.
C’est le lieu d’interpeller les partis politiques, la société civile et, en particulier, le président de la République sur le risque d’une élection bâclée. En effet, le constat est clair. Non seulement pour des raisons qui sont inhérentes à leur fonctionnement interne, les structures en charge des opérations d’identification et de recensement électoral n’ont pas toujours donné le meilleur d’elles-mêmes, mais, en plus, l’on remarque qu’ils sont nombreux qui ont leur carte d’identité verte sans aucun extrait de naissance. En décidant de continuer tête baissée l’enrôlement là où de nombreuses populations attendent la reconstitution des registres, la CEI et ses partenaires font peser sur eux de forts soupçons de partialité. En effet, au regard des habitudes électorales, l’on sait que certains partis politiques sont plus urbains que les autres. Ceux-là seraient bien heureux que le recensement se limite aux villes. Ils savent d’avance qu’ils seront les mieux servis. Les autres sont avertis.

Guillaume T. Gbato
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