La tête de M. Robert Beugré Mambé serait-elle mise à prix ? Les jours de l'institution indépendante chargée des élections sont-ils comptés ? L'information qui circule déjà dans certaines officines politiques ivoiriennes est très prise au sérieux. Elle fait état d'un bouleversement du processus de sortie de crise, en particulier du processus électoral par le régime FPI pour s'assurer les chances de triompher aux prochaines élections. L'acte 1 de ce plan diabolique consiste à discréditer la CEI actuelle et la déclarer en fin de compte inapte à organiser les élections. Et ensuite, permettre à Gbagbo de reprendre totalement la main dans le processus électoral en confiant l'organisation des élections à une structure lige, sous l'entière influence de son pouvoir. Et si toutes les difficultés financières auxquelles est confrontée la Commission Electorale Indépendante (CEI) étaient volontairement provoquées ou suscitées pour retarder et faire échouer l'opération d'identification ? Ceux qui ont entendu l'interpellation vive et directe du Chef de l'Etat au président de la CEI le 31 décembre dernier lors de son adresse à la nation ont sans doute perçu la volonté de Gbagbo de faire pression sur Mambé à vite organiser les élections. Mais de toute évidence, cette pression n'était pas saine. La preuve c'est que le chef de l'Etat savait les difficultés financières de la CEI, il entendait les cris de Mambé et de ses collaborateurs en direction du gouvernement. Mais lors de son message à la nation, il a royalement ignoré ces cris, ces suppliques. Gbagbo voudrait-il demander à la CEI de lui organiser des élections sans moyens qu'il ne se serait pas pris autrement.
Il a fallu que le président de la Commission indépendante, dépendante financièrement, enjoigne le Premier ministre Soro puis le facilitateur Compaoré pour trouver une solution à son problème. Or depuis la dernière rencontre du CPC à Ouaga le 10 novembre 2008, on croyait cette question du financement du processus électoral définitivement réglée par les recommandations contraignantes qui avaient été arrêtées. En tout état de cause, il ne faut pas se méprendre : quand le FPI et Gbagbo disent "oui", ils ne veulent en réalité pas dire toujours "oui".
Derrière le "allons aux élections vite, vite, vite" se cache "allons aux élections vite mais à nos conditions". Le parti au pouvoir est effrayé par l'opération d'identification telle qu'elle se déroule actuellement. Le FPI voit des fraudeurs partout et il ne ménage aucun effort pour alourdir l'opération de conditions aussi farfelues qu'inutiles. Non seulement, il ne fait rien pour accélérer les choses, mais en plus, le FPI exige par exemple que les candidats à l'enrôlement fournissent des photocopies de leurs extraits de naissance. Comment trouver une photocopieuse dans un village ou un campement quand certaines sous-préfectures n'en disposent pas du tout ?
Il se raconte même que l'une des missions assignées à Mme Mama Djédjé, Membre du comité central du FPI et directeur général du Trésor public, serait justement de tourner le robinet financier qui alimente le programme de sortie de crise au rythme voulu par Gbagbo et le FPI.
Le saut dans l'inconnu
C'est donc clair comme de l'eau de roche dans l'esprit du FPI. Il faut dégager la CEI et prendre les choses en main. Les journaux proches de ce parti ont déjà commencé le travail de préparation des esprits. Ils ne ratent aucune occasion de répandre l'opprobre sur l'institution électorale.
Récemment, ils ont tenté de faire croire que celle-ci avait détourné les fonds mis à sa disposition par l'Etat ivoirien. Peine perdue, Mambé n'est pas un homme d'argent. Pour autant, ils ne sont pas prêts de démordre. Balayer la CEI, dégager Soro, dissoudre le gouvernement et organiser les élections aux conditions voulues par Gbagbo. Pour justifier une telle volte-face, les arguments ne manqueront pas. On va parler de la grande souffrance du peuple ivoirien, de la nécessité d'organiser rapidement les élections. Gbagbo va mettre en avant les contraintes budgétaires de l'Etat qui ne peut plus supporter une opération trop coûteuse et infructueuse. Le plan consiste à dépoussiérer la liste électorale 2000 sous l'égide de l'INS, à mettre en congé la Sagem et les autres structures et à renvoyer l'identification générale de la population pour après les élections. Gbagbo va donc organiser ses élections après avoir obligé Soro à désarmer ses combattants. D'ailleurs, l'armée des Forces nouvelles n'est plus que l'ombre d'elle-même aujourd'hui avec ses chefs de guerre en exil ou en méforme physique. Gbagbo sait aussi que la communauté internationale va jaser puis se calmer. L'opposition, elle, sera muselée par l'armée. Après les élections, elle pourra crier, contester mais ne pourra aller au-delà. Selon des sources croisées, tout le monde connaît un peu les intentions de tout le monde au sein de la classe politique ivoirienne. Mais pour l'heure, personne n'ose dégainer le premier. Car à ce jeu, le premier à tirer qui rate est un "homme mort". Selon les mêmes sources, le deuxième trimestre 2009 serait le temps à surveiller dans la matérialisation du plan du FPI. L'atmosphère politique n'est pas saine. Elle fait même craindre le pire. Car personne ne peut parier sur la réaction de la classe politique et du peuple ivoirien.
Akwaba Saint-Clair
Il a fallu que le président de la Commission indépendante, dépendante financièrement, enjoigne le Premier ministre Soro puis le facilitateur Compaoré pour trouver une solution à son problème. Or depuis la dernière rencontre du CPC à Ouaga le 10 novembre 2008, on croyait cette question du financement du processus électoral définitivement réglée par les recommandations contraignantes qui avaient été arrêtées. En tout état de cause, il ne faut pas se méprendre : quand le FPI et Gbagbo disent "oui", ils ne veulent en réalité pas dire toujours "oui".
Derrière le "allons aux élections vite, vite, vite" se cache "allons aux élections vite mais à nos conditions". Le parti au pouvoir est effrayé par l'opération d'identification telle qu'elle se déroule actuellement. Le FPI voit des fraudeurs partout et il ne ménage aucun effort pour alourdir l'opération de conditions aussi farfelues qu'inutiles. Non seulement, il ne fait rien pour accélérer les choses, mais en plus, le FPI exige par exemple que les candidats à l'enrôlement fournissent des photocopies de leurs extraits de naissance. Comment trouver une photocopieuse dans un village ou un campement quand certaines sous-préfectures n'en disposent pas du tout ?
Il se raconte même que l'une des missions assignées à Mme Mama Djédjé, Membre du comité central du FPI et directeur général du Trésor public, serait justement de tourner le robinet financier qui alimente le programme de sortie de crise au rythme voulu par Gbagbo et le FPI.
Le saut dans l'inconnu
C'est donc clair comme de l'eau de roche dans l'esprit du FPI. Il faut dégager la CEI et prendre les choses en main. Les journaux proches de ce parti ont déjà commencé le travail de préparation des esprits. Ils ne ratent aucune occasion de répandre l'opprobre sur l'institution électorale.
Récemment, ils ont tenté de faire croire que celle-ci avait détourné les fonds mis à sa disposition par l'Etat ivoirien. Peine perdue, Mambé n'est pas un homme d'argent. Pour autant, ils ne sont pas prêts de démordre. Balayer la CEI, dégager Soro, dissoudre le gouvernement et organiser les élections aux conditions voulues par Gbagbo. Pour justifier une telle volte-face, les arguments ne manqueront pas. On va parler de la grande souffrance du peuple ivoirien, de la nécessité d'organiser rapidement les élections. Gbagbo va mettre en avant les contraintes budgétaires de l'Etat qui ne peut plus supporter une opération trop coûteuse et infructueuse. Le plan consiste à dépoussiérer la liste électorale 2000 sous l'égide de l'INS, à mettre en congé la Sagem et les autres structures et à renvoyer l'identification générale de la population pour après les élections. Gbagbo va donc organiser ses élections après avoir obligé Soro à désarmer ses combattants. D'ailleurs, l'armée des Forces nouvelles n'est plus que l'ombre d'elle-même aujourd'hui avec ses chefs de guerre en exil ou en méforme physique. Gbagbo sait aussi que la communauté internationale va jaser puis se calmer. L'opposition, elle, sera muselée par l'armée. Après les élections, elle pourra crier, contester mais ne pourra aller au-delà. Selon des sources croisées, tout le monde connaît un peu les intentions de tout le monde au sein de la classe politique ivoirienne. Mais pour l'heure, personne n'ose dégainer le premier. Car à ce jeu, le premier à tirer qui rate est un "homme mort". Selon les mêmes sources, le deuxième trimestre 2009 serait le temps à surveiller dans la matérialisation du plan du FPI. L'atmosphère politique n'est pas saine. Elle fait même craindre le pire. Car personne ne peut parier sur la réaction de la classe politique et du peuple ivoirien.
Akwaba Saint-Clair