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International Publié le mardi 13 janvier 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Il y a 12 ans, Barack Obama annonçait : "Au-delà des clivages de race, je vais ramener les vrais valeurs"

Il y a douze (12) ans de cela, réalisant un livre sur ‘’les couples en Amérique’’, une photographe s’est entretenue avec le jeune couple Obama. Mais, l’éditeur s’était montré peu intéressé à l’époque par leur histoire et l’entretien n’est jamais paru. Dans notre édition précédente, nous avons écouté Michelle, l’épouse de celui qui sera investi dans une semaine Président des Etats-Unis d’Amérique. Aujourd’hui, nous publions la deuxième partie de cette interview où, c’est Barack Hussein Obama qui parle de sa vie, du Kenya et de ses aspirations dans la vie. Signes prémonitoires d’un destin exceptionnel, au-delà de l’imaginable.

Le projet s'appelle "Des couples en Amérique". Donc, j'essaye d'établir des relations personnelles avec des couples américains et je ne sais pas trop comment m'y prendre, il n'y a pas de méthode, mais j'essaye de faire un portrait de ce pays.


Cela ne vous ennuie pas de parler un peu de vos origines ? De qui vous êtes ?

Puis vous me poserez des questions.

Oui, c'est ça.

Vous me relancerez.


Oui.

J'ai une histoire un peu particulière parce que comme, je l'ai déjà dit, mon père était un Africain noir et ma mère une Américaine blanche. Leurs relations n'ont duré que deux ans, à Hawaï, quand ils étaient étudiants, et ils se sont séparés. Je n'ai donc pas connu de vie de famille traditionnelle. Ensuite, ma mère s'est remariée et j'ai vécu pendant un temps en Indonésie, puis je suis retourné à Hawaï.


Vos parents ont-ils été mariés ?

Oui, pendant deux ans, puis ils ont divorcé. Je crois que d'une certaine façon j'ai toute ma vie essayé de me fabriquer une famille à travers des histoires, des souvenirs, des amis ou des idées. Le contexte familial de Michelle était différent, très stable avec deux parents, une mère au foyer, un frère, un chien, ce genre de décor. Ils ont vécu dans la même maison toute leur vie. Et je crois que d'une certaine façon nous sommes complémentaires, nous représentons deux modèles courants de vie de famille dans ce pays. Un très stable et solide, et un autre qui s'affranchit des contraintes de la famille traditionnelle, voyage, se sépare, est très mobile.



Etiez-vous attiré par l'idée de former une famille stable ?

Une partie de moi se demandait à quoi ressemblerait une vie de famille solide, sécurisante. Alors que Michelle, d'une certaine façon, avait envie de rompre avec ce modèle. D'une certaine façon seulement, parce qu'elle tient beaucoup aux valeurs familiales, mais je crois que parfois elle voit en moi un mode de vie plus aventureux, plus exotique, et dans ce sens, nous sommes complémentaires.


Quel genre de métier exerçait votre père ?

Il était économiste et il a pas mal travaillé pour le gouvernement.



Le gouvernement des Etats-Unis?

Non, le gouvernement kényan. Il est retourné au Kenya et a fini par se retrouver dans une situation difficile. Il appartenait à cette génération d'Africains noirs qui étaient venus ici pour faire des études avant de retourner chez eux.



Il a étudié l'économie ?

Il a étudié l'économie aux Etats-Unis, à l'université d'Hawaï et à Harvard. Il se voyait contribuant au développement du Kenya et, pour finir, il a été très déçu, il s'est retrouvé impliqué dans les difficultés politiques et le gouvernement l'a inscrit sur une liste noire parce qu'il s'insurgeait contre le népotisme et le tribalisme. Il a eu une vie amère et il est mort jeune. Le père de Michelle a lui aussi relevé quelques défis et il a été frappé par la sclérose en plaques. Lui aussi est mort jeune, mais je pense qu'il avait une vie plus régulière et mieux établie.



Votre mère était anthropologue?

Pas quand mes parents se sont mariés. Elle l'est devenue par la suite et a déménagé en Indonésie. Elle est morte récemment, il y a environ un an.



J'en suis désolée. Elle devait être assez jeune…

Oui, elle n'avait que 53 ans. Et quand vous appartenez à une petite famille dont tous les membres vous sont très proches... cela a été une période difficile pour moi.



Vous avez des frères et sœurs ?

J'ai une sœur du côté de ma mère, elle est à moitié indonésienne comme le second mari de ma mère, et j'ai aussi des frères et sœurs du côté kényan. Ils sont très dispersés, certains vivent en Allemagne, d'autres au Kenya, d'autres ici, aux Etats-Unis.


Qu'avez-vous ressenti quand vous avez rencontré Michelle pour la première fois ? Qu'avez-vous pensé ?

Eh bien, j'ai trouvé qu'elle avait beaucoup d'allure, ça me plaisait. Et puis Michelle est une personne forte, elle sait qui elle est et d'où elle vient. Mais si vous la regardez au fond des yeux, vous y lirez une certaine vulnérabilité. En tout cas, moi, je la vois même si la plupart des gens ne s'en doutent pas : elle arpente le monde, grande, belle, sûre d'elle, très compétente... Il y a une part d'elle-même qui est fragile, jeune, effrayée parfois, et je crois que ce sont ces contradictions qui m'ont attiré chez elle. Et puis elle me rend très heureux. Elle m'est très familière et donc je peux être moi-même avec elle, elle me connaît bien, je lui fais entièrement confiance, mais en même temps, par certains côtés, elle demeure un mystère pour moi. Parfois, lorsque nous sommes couchés, je la regarde et je suis saisi d'un vertige en réalisant qu'ici est étendue une personne distincte de moi, qui possède des souvenirs, des origines, des pensées, des sentiments différents des miens. Cette tension entre la familiarité et le mystère tisse quelque chose de solide entre nous. Même si vous construisez une vie basée sur la confiance, l'attention et l'entraide, je crois que c'est important que l'autre continue de vous étonner et de vous surprendre.


Qu'attendez-vous de l'avenir et de votre vie commune ?

Les enfants sont une priorité importante. Nous les attendons avec impatience. Je pense que le problème sera de trouver un équilibre entre la vie publique et la vie privée, qui contrebalancera mon tempérament davantage porté sur la prise de risque et l'ambition que celui de Michelle, qui a un instinct pour la stabilité, la famille et les valeurs sûres. La façon dont nous aborderons ces questions sera cruciale.



Qu'espérez-vous accomplir quand vous entrerez en politique ? Je ne voudrais pas... mais vous devez avoir des projets ou une qualité de vie à...

Vous voulez parlez des autres. Vous savez, je crois que j'aimerais... ce qui me préoccupe le plus, ce sont les enfants et la façon dont ils sont traités. En tant qu'Africain-Américain, je suis très inquiet pour les enfants dans les quartiers défavorisés, les difficultés qu'ils traversent, le manque total de cadre stable qui leur permette de grandir et de se développer. Cela tient beaucoup à l'économie, aux chances et aux possibilités qui leur sont offertes, à eux et à leurs parents. Cela tient aussi aux valeurs, par exemple aux valeurs familiales dont on parle sans arrêt, les politiciens ne cessent de s'y référer. Mais les valeurs ne sont pas qu'individuelles, elles sont collectives. Les valeurs, les enfants les trouvent autour d'eux, et s'ils constatent que la vie de leurs parents et de leur communauté n'est pas valorisée, si leurs écoles et leurs foyers s'effondrent, de même que la vie des gens parce qu'ils n'ont pas de travail ou d'opportunités intéressantes, comment voulez-vous que des enfants créent des valeurs à partir de rien ? Ma priorité est de ramener les valeurs publiques ou collectives au centre du débat, car nous formons tous une grande famille, au-delà des clivages de races ou de classes sociales, et nous avons des obligations et des responsabilités les uns envers les autres. C'est peut-être là que le public et le privé se rencontrent quand on en vient aux couples, aux relations, à la famille ou aux tribus. La priorité, c'est l'empathie, la conscience des responsabilités partagées, la capacité de vous mettre à la place de l'autre. C'est ainsi que mon mariage avec Michelle reste vivant, parce que nous sommes capables d'imaginer les espoirs, les douleurs ou les combats des autres, et le défi pour tous est de faire passer cela d'une cellule familiale au domaine public.
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