Man : Bleu Lainé-Blon Baise - La bataille de positionnement a commencé

Qui de Bleu Lainé, ministre de l’éducation nationale, et de Siki Blon Blaise, président du Conseil général de Man aura le contrôle de la ville de Man ? Bien malin qui pourra répondre à cette interrogation. Tant la bataille fait rage dans la cité des Montagnes. Meetings par ci ; meetings par là ! Ce sont des démonstrations de force à n’en plus finir. Chacun des deux camps essaient de montrer sa force de mobilisation. Si il est vrai que le ministre et député de Man /commune n’a pas officiellement fait acte de candidature au poste de président de conseil général, il n’en demeure pas moins que les bruits se font de plus en plus récurrents dans son entourage. Et à en juger par ces fréquentes visites à Man, chaque week end. Cette volonté d’évincer le président actuel du conseil général, Siki Blon Blaise, est un défi personnel pour le député de Man pour asseoir définitivement son hégémonie dans d le département. Une autre tâche que s’est assigné également le ministre, ce qui explique son retour en Côte d’Ivoire après avoir occupé le poste d’ambassadeur en Inde, c’est de rallier les populations des Montagnes à la cause du chef de l’état, Laurent Gbagbo. Et le président du conseil général qui n’entend pas croiser les bras est lui aussi à la manœuvre. Cependant pour les élections du conseil général à venir, quels sont les chances et les atouts des deux hommes ?
Atouts
Bleu Lainé est membre du gouvernement. De surcroît ministre de l’éducation nationale, un poste qui lui permet de supporter la concurrence au plan financier. Les nombreux travaux de réhabilitation d’écoles dans le département le mettent au premier plan. Aussi de par sa position de membre du gouvernement, il a négocié et initié nombre de projets en faveur de sa région. Les nombreux investisseurs étrangers chinois qui ont visité la ville au mois de novembre sont à mettre à son actif. Quand au président du conseil général, il est un « un enfant du peuple » comme il aime à le répéter lui-même. La guerre il l’a presque vécu avec les populations (87 voyages sur Man depuis le déclenchement de la crise). Les populations le créditent d’une grande « générosité ». Pendant la crise, il n’a pas trahi cette réputation. Siki Blon Blaise a soutenu « ces » populations aussi bien sur le plan financier que sur le plan moral.
Faiblesses
Les populations de l’oust et particulièrement celles de Man vouaient au général Guéi Robert une profonde admiration. Tant il suscitait un espoir de développement certain. La disparition brutale de ce dernier un certain 19 septembre, leur est restée au travers de la gorge. Et le coupable tout désigné par celles ci de sa mort est le chef de l’état Laurent Gbagbo dont le premier ministre d’alors et président actuel du Front Populaire Ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan avait annoncé la mort dès les premières heures de la crise avec pour prétexte qu’il se rendait à la télévision pour une déclaration. C’est pour quoi les populations n’ont jamais pardonné au ministre Bleu Lainé sa collaboration avec Laurent Gbagbo. Un autre reproche fait au ministre, ce sont les « airs aristocratiques » qu’elles lui trouvent. La non maîtrise de sa langue maternelle ne fait que renforcer cette conviction auprès de celles-ci. En outre l’URD et le FPI semblent faire chorus pour combattre l’UDPCI. Mais cette union résistera t elle au choc des ambitions des uns et des autres ? Car les structures officielles du FPI à Man ont déjà leur candidat tout désigné au poste de président du conseil général. En la personne de Lucie Douaty, épouse du ministre Alphonse Douaty. Un autre fait qui mérite d’être souligné, c’est que le CNRD est dirigé de main ferme par la première dame Simone Ehivet Gbagbo. En cas de candidature unique celle-ci milite pour le positionnement les candidats sortis des officines de son parti le FPI. Or il est de notoriété que l’homme de Madame le député d’Abobo à Man, c’est le président du conseil d’administration de la SODEMI, Francis Guéi. Alors Simone Gbagbo dans ce cas d’espèce lâchera-t-elle « son » homme pour le ministre ? Réponse nous sera donnée aux élections. S’agissant du président Blon sa dernière brouille avec le président de son parti, Albert Mabri Toikeusse, a fait décroître considérablement l’estime que les populations, parmi lesquels se recrute un nombre important de militants de l’UDPCI, lui portaient. Même si les deux hommes ont scellé la réconciliation par la suite, la fracture reste encore visible. Si on ajoute à cela les suspicions dont il est victime quand à son rapprochement avec le chef de l’état. Vrai ou faux ? La question reste posée. En tout cas l’homme dément. Du fait de cette situation, le maire Albert Flindé incarne aujourd’hui la tendance pure Mabri. Aussi la conduite cavalière du président Blon Blaise risque de lui jouer des tours. Un comportement dont supportent mal ses collaborateurs de l’UDPCI. Au sport on dirait qu’il domine partenaires et adversaires. Si cela semble bien vu en sport, ce n’est pas le cas en politique.
L’énigme Franck Guéi
Dans tous les meetings du ministre, Franck Guéi, fils aîné du général Guéi, apparaît à ses cô tés. De même, on voit le ministre aux côtés de ce dernier lors de ses sorties. Ainsi les deux hommes s’épaulent mutuellement. Le ministre mettant à la disposition de Franck, sa fortune. Ce dernier l’aidant à peser dans la balance auprès des populations. Mais Franck Guéi est elle la personne la mieux indiquée ? Car la même faute qui est reprochée a ministre à savoir sa collaboration avec le chef de l’état, lui est également reprochée. Pire, l’enterrement de son père à Abidjan contre la volonté de ses parents de Kabakouma qui aurait souhaité l’enterrer au village, a installé le voile de la discorde entre lui et ceux-ci. Il est vrai que Franck Guéi peut se rendre à Kabakouma ou à Gouessesso sans être inquiété. Est-ce pour autant que l’on peut affirmer qu’entre lui et ses parents c’est le parfait amour ? On ne peut également pas dire qu’ils sont toujours en désaccord. Puisqu’il faut compter avec les tractations souterraines. La réconciliation avec les parents biologiques n’est qu’une étape. Un retour du corps de Guéi pourra considérablement faire bouger les lignes dans le sens de la réconciliation avec les populations. Ce qui pour l’instant n’est pas exclu. Encore cela suffira t il pour faire disparaître les nombreuses dissensions. Non ! Car la famille politique naturelle du général Guéi Robert reste sans doute l’UDPCI. Or Franck Guéi n’est pas non plus en odeur de sainteté avec les responsables de ce parti qu’il suspecte même de la mort de son père. Alors la question qu’on se pose est : Franck Guéi, une bénédiction ou une malédiction pour le ministre ? Rahoul Sainfort (Correspondant )