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Économie Publié le jeudi 22 janvier 2009 | Notre Voie

Crise économique : les pays pauvres vont-ils payer pour les pays riches ?

A l’origine, un besoin simple. Des millions de ménages de la classe moyenne américaine cherchent à acquérir un logement sans en avoir les moyens financiers. Les courtiers proposent alors des crédits, qui, à première vue, semblent très alléchants. Les taux d’emprunts sont "raisonnables" pendant les premières années, mais sont ensuite amenés à augmenter. Ce sont en fait les organismes prêteurs qui fixent le taux de remboursement. Mais ce dernier point n’est pas expliqué en détail aux ménages qui souscrivent à ces crédits en masse, parfois plusieurs à la fois. Ces prêts à taux variables, les fameux "subprimes", sont ensuite revendus à des fonds d’investissement. Les crédits sont ensuite disséqués par les financiers, et intégrés par "petits morceaux" dans des paquets financiers, qui incluent également d’autres actifs de crédits moins risqués. A partir de fin 2006, les ménages qui avaient souscrits aux "subprimes" sont victimes de la brutale augmentation des taux d’emprunts et ne peuvent plus rembourser leurs banques. Leurs maisons sont alors saisies pour être revendues. Première conséquence : les fonds qu’ils avaient massivement investis dans les "subprimes" se retrouvent pris au piège. En juillet 2007, deux fonds de la banque d’investissement Bear Stearns ferment. C’est le début d’une réaction en chaîne qui va toucher des banques dans le monde entier. NorthernRock, établissement spécialisé dans le crédit immobilier au Royaume-Uni, sera nationalisé en février 2008, faute de repreneur, après que les images des longues files d’épargnants venus retirer leur argent en catastrophe aient fait le tour du monde. En France, BNP-Paribas est obligé de fermer plusieurs de ses fonds. La Société Générale, en pleine affaire Kerviel, annonce une dépréciation de 2 milliards d’euros suite à la crise des "subprimes". Pour faire face à cette situation qui s’est muée progressivement en crise économique mondiale, des solutions ont fusé de partout. Outre la nationalisation totale ou partielle de certaines banques, les gouvernements et les banques centrales des grandes puissances économiques sont également intervenus directement sur les marchés financiers. Début septembre, les banques centrales américaine, européenne et japonaise ont injecté des milliards de dollars.


Les pays pauvres à la rescousse

Première conséquence immédiate : la panique sur le marché du travail des traders et la diminution de leur considérable pouvoir d’achat. La crise va jusqu’à ébranler les fondements de l’économie d’un pays tel que l’Islande, dont les caisses sont à sec. Après avoir placé deux des plus grandes banques du pays sous sa tutelle, le gouvernement islandais a fait appel à la Russie, début octobre, pour un prêt de 4 milliards d’euros. Autre fait qui pourrait advenir inéluctablement durant cette année 2009, il s’agit de la ruée de pays développés vers les pays en voie de développement afin de juguler la crise économique mondiale. Une crise qui frappera durement en Europe et aux Etats-Unis en dépit des solutions de replâtrage trouvées ça et là. Que faut-il donc faire ? Les pays développés en crise économique se pencheront vers l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine pour y puiser des ressources capables de régénérer leurs économies en récession. En retour, ce sont les pauvres qui paieront les dures conséquences. Avec en prime une paupérisation plus accrue et la réduction de l’aide au développement. Même si sur ce dernier point, un pays comme la France clame, la main sur le cœur, qu’il n’en sera rien. La crise économique se déclenche ailleurs, sur Wall Street, dans les pays riches et ce sont les populations des pays pauvres qui doivent payer. Alors que, paradoxalement, la gestion de l’économie mondiale n’est pas de la responsabilité de ces pays pauvres. Comme le souligne à juste titre, le Professeur Biaka Zasseli, doyen de la faculté des sciences de l’Homme et de la société de l’Université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) : “Les agences internationales sont à 99% des agences internationales. Elles sont dirigées par qui ? Par les mêmes qui détiennent l’économie mondiale”. Si l’économie mondiale est en crise, sa restauration devrait être l’unique fait de ceux qui en sont les auteurs. Et les ressources pour permettre cette restauration devraient provenir des caisses des auteurs de la crise. L’on ne comprend donc pas que ce sont les victimes collatérales de cette crise qui sont sollicitées pour payer les factures. Cela, à travers divers procédés. Notamment la manipulation des prix des matières premières et le contrôle de l’économie des pays pauvres par le biais de la mainmise sur leurs monnaies. C’est le cas, par exemple, du FCFA qui demeure sous la coupole de la France. Ces factures douloureuses auront à coup sûr des conséquences à moyen et long terme sur les économies déjà sinistrées de ces pays pauvres ou en voie de développement, ou encore émergents. Conscient de cette triste réalité, le Professeur Biaka Zasseli estime que “le moment est propice parce que l’Occident est en crise. Nous devons en profiter pour trouver les moyens de sauver nos Etats, parce que plus les riches sont en crise, plus ils sont dangereux pour les pays vassaux (…) En Afrique, nous sommes placés dans la situation où le continent pourrait mourir si nous ne nous révoltons pas comme l’Amérique du Sud, comme l’Asie, pour construire nos pays, pour commencer à penser autrement, nous allons être exclus du monde. Evidemment cette révolte ne peut pas être militaire parce que l’Occident et ses alliés détiennent la puissance militaire. Elle doit être, avant tout, une éducation au patriotisme. Il faut que les hommes aiment leur pays comme eux-mêmes”. La crise économique mondiale a dévoilé, à tous, la nécessité de reconstruire l’architecture financière mondiale.

Georges Touré
Citoyen ivoirien vivant en Allemagne
georgetoure@hotmail.com

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