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Politique Publié le vendredi 23 janvier 2009 | Fraternité Matin

Gbagbo: “À César, ce qui est à César. Et à Dieu, ce qui est à Dieu”

La deuxième et dernière journée de cérémonie de présentation de vœux de nouvel an au Président de la République, au Palais présidentiel, a débuté hier avec les religieux. Puis ont suivi certains corps constitués, des syndicats et des représentants de la société civile.
Seuls les religieux ont fait une adresse au Président dans laquelle, ils ont attiré l’attention du Chef de l’état, sur la paupérisation avancée de la population. Visiblement bien au fait de la situation socio-économique de ses concitoyens, le Président de la République leur a expliqué à nouveau, que cette situation est une conséquence de la guerre. D’où la nécessité de s’éloigner de ce fléau, selon lui: «la pauvreté s’accroît toujours avec la guerre. Des études faites par d’éminents historiens le montrent. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut éviter la guerre. Quels que soient les problèmes, il faut préférer un traitement politique à un traitement militaire. Dans tous les pays du monde, la guerre amène la paupérisation».
Les conséquences de la guerre sont parfois si dramatiques qu’elles créent des situations d’exception. «Dans certains pays, le commerce de chiens devient florissant parce que les gens n’ont plus rien à manger. On cherche les chiens et les chats pour les vendre. Donc la guerre entraîne partout dans le monde la pauvreté. La guerre est un excellent outil d’enrichissement d’un petit nombre, parce que ceux qui vendent les chiens et les chats, ce n’est pas tout le monde, mais un petit groupe. Au total, la guerre est un phénomène d’injustice sociale. Parmi les leçons qu’il nous faut tirer, celle-là est, au plan social, la plus importante».
Laurent Gbagbo qui affirme être en train de préparer son témoignage après la guerre, a invité les religieux à prier et surtout faire preuve de patience. «Priez et regardez les choses telles qu’elles sont. Ne jugez pas votre pays à l’aune de votre vie mais à celle du temps de Dieu».
Ainsi qu’il l’a fait au cours de la première journée, le Président a salué la démocratie au Ghana et aux Etats-unis, dotés de nouveaux présidents, avant d’inviter l’assistance à s’opposer à l’usage des armes. S’appuyant sur des paroles fortes tirées de la Bible et du Coran, il a demandé à ses hôtes de demeurer dans la logique religieuse. «Que les problèmes religieux ne prennent pas le pas sur les problèmes de foi…On peut ne pas aimer un Président, mais il ne faut pas prendre les armes…Il est dit dans le Coran que Dieu donne le pouvoir à qui il veut et quand il veut… Dans la Bible, rendez à César, ce qui est à César », toujours pour insister sur les conséquences de la guerre.
Le Président Gbagbo a rassuré ses hôtes quant au caractère passager de toute crise. Il les a exhortés à prendre leur mal en patience et surtout à garder confiance en la Côte d’Ivoire, qui demeure « un pays solide ». « Même pendant la crise, les syndicats réclament des augmentations de salaire et ils les obtiennent. Ça aussi, c’est la Côte d’Ivoire. De grands corps comme le corps préfectoral, celui des diplomates, des policiers ont vu leur statut changé et amélioré pendant la guerre ».
Pour Laurent Gbagbo, il s’agit aujourd’hui de sortir de la crise et surtout de l’oublier.
Il leur a fait comprendre que la crise fait partie du cours normal de la vie. «Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, c’est ce qui se passe dans la vie des peuples heureux et tranquilles. Qn oublie que la vie est d’abord un combat, donc Dieu vous secoue de temps en temps, pour vous montrer qu’il faut combattre pour vivre. Regardez l’Afrique de l’ouest. C’était un miracle, que nous soyons les seuls à être épargnés. Le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée Bissau, le Sénégal, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger ont eu des problèmes ». Il a affirmé ne ménager aucun effort, pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise. D’où l’Accord de Ouaga et ses accords complémentaires que d’aucuns jugent excessifs, selon lui. Le Président a insisté sur les avantages de ces accords qui permettent à la Côte d’Ivoire d’engranger des avancées. Il s’agit, entre autres, du redéploiement de 4000 gendarmes et policiers, de même que des magistrats. Sur dix prisons, six sont prêtes.
En ce qui concerne la lenteur du processus d’identification, le Chef de l’Etat en appelle à l’indulgence des populations afin que personne ne se sente exclu.
Marcelline Gneproust
Option : Le symbole Obama
L’élection de Barack Obama comme premier Président noir des Etats-unis continuera encore longtemps d’alimenter les réflexions. Hier, le Président Laurent Gbagbo y a fait allusion comme symbole de patience et d’endurance. «On lutte et si ton combat est reconnu par le peuple, il te choisit un jour», a dit Laurent Gbagbo. Ajoutant qu’aux Etats-unis, «les Noirs ont lutté, lutté, lutté et aujourd’hui Dieu leur a donné Obama. Ils n’ont pas pris les armes». Pour le Chef de l’Etat, «si nous pouvons au moins tirer cette leçon de la crise, la Côte d’Ivoire sera sauvée et sera le pays le plus grand».
Ce même exemple de patience et d’endurance peut être pris avec le cas ghanéen où le nouveau Président, John Atta-Mills, accède à la magistrature suprême après un long passé de lutte et d’expérience politique.
En citant ces deux derniers cas sur l’échiquier politique international, le Président Gbagbo entend inviter ses concitoyens à faire comme eux en s’armant de patience et de courage pour accepter d’attendre leur heure afin d’accéder au pouvoir. C’est pourquoi, s’inspirant du Coran, le Président de la République fera remarquer: «c’est Dieu qui donne le pouvoir. Et il le donne à qui il veut, quand il veut et où il veut».
Dès lors, poursuit-il, un homme oint du pouvoir de Dieu doit pouvoir bénéficier de la compréhension et surtout de la soumission de tous. Là également, le président s’appuiera sur la parabole du Christ qui, dans un esprit de justice, demandera que «soit rendu à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu».
En clair, ce n’est pas parce que nous ne portons pas dans nos cœurs le tenant du pouvoir que nous allons contester son autorité. Nous devons reconnaître cette autorité et nous y soumettre parce qu’émanant de Dieu comme le pouvoir de César à qui il fallait payer les impôts.
Autant de symboles et d’anecdotes qui devraient servir de leçons à tous ceux qui, en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire, s’arrogent le droit de s’opposer à l’autorité de ceux qui, pour eux, ne méritent pas d’être là où ils sont.
«Dura lex, ced lex», (la loi est dure mais c’est la loi) dixit une maxime latine. Cela veut dire que ce n’est pas parce que les règles établies dans la société ne vous plaisent pas que vous n’allez pas reconnaître leur force et leur caractère impersonnel. Aux Etats-unis, les textes mis en place et régissant les élections, depuis les primaires jusqu’au scrutin présidentiel à proprement parler du 4 novembre dernier, ont donné Obama vainqueur.
Et depuis, tous les Américains (Blancs, Noirs, célèbres, anonymes, etc.) l’ont reconnu comme leur Président, leur porte-étandard, qu’ils écoutent désormais religieusement, prêts à le porter en triomphe tant l’espoir qu’il suscite en eux est grand.
Au Ghana voisin, le parti au pouvoir a perdu les élections et au terme du scrutin, gagnants et perdants se sont donné la main pour sauver la démocratie. Et préserver la bonne réputation de ce pays de quelque 23,5 millions d’habitants reconnu comme un bon élève des institutions financières internationales et des adeptes de la démocratie.
Ce faisant, les perdants de ces différents scrutins se conforment à une célèbre philosophie des Rotariens qui estiment que «celui qui veut servir et non se servir, n’a pas à rougir lorsqu’il perd une élection». Il n’a qu’à se préparer pour une prochaine fois ou à aller servir à d’autres fonctions.
par Abel Doualy
Réactions de quelques participants
M. Jean-Louis Billon
Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire
“Ses propos si forts nous rassurent”
Nous avons souhaité bonne année au Chef de l’Etat et surtout beaucoup de courage dans sa mission. Il a lui-même dit quelque chose d’important, c’est qu’il souhaite une bonne et heureuse année à l’ensemble du monde économique, parce qu’il a besoin du secteur économique. C’est par son économie que le pays tient. Ses propos si forts nous rassurent et nous donnent du courage pour préparer la relance et la sauvegarde des entreprises ivoiriennes.
Pasteur Jean Baptiste Nielbien(Président du Haut Conseil protestant et évangélique)
“Nous sommes en train d’avancer”
Nous souhaitons les meilleurs vœux à toute la nation, au Président de la République. Nous lui souhaitons bon courage dans le processus de sortie de crise. Ce n’est pas facile, mais nous sommes en train d’avancer. Il y a certainement des obstacles, mais avec la bonne volonté de tous, nous irons jusqu’au terme, et nous prions, pour le Chef de l’Etat et pour le gouvernement, afin que tout se passe bien en 2009.
M. Koueyou Christophe
Président de la chambre des métiers de Côte d’Ivoire.
“La chambre peut aider à la réinsertion des jeunes”
Nous sommes venus, au nom de tous les artisans de Côte d’Ivoire, présenter les vœux au Président de la République. La Chambre est une institution de l’Etat. Nous lui avons dit qu’elle peut contribuer énormément au développement économique et social de la Côte d’Ivoire. La Chambre peut aider à la réinsertion des jeunes dans le tissu économique. Par exemple dans le secteur de l’artisanat qui est composé de 244 corps de métier.
Blé Goudé
Président de l’Alliance des jeunes patriotes
“En 2009, nous allons faire de l’éducation politique”
Il s’agit d’une tradition. Mais en plus, cette cérémonie intervient au lendemain de l’investiture de Barack Obama. Cela veut dire que nous devons comprendre, qu’il nous faut nous approprier les leçons de l’élection de cet homme. Nous avons vu autour de lui tous les anciens Présidents américains comme pour lui dire : va, nous te soutenons. J’ai vu George Bush, Dick Cheney, assis même dans une chaise roulante. Ils n’ont pas boudé la cérémonie. Tout cela est une autre leçon à notre classe politique et à la jeunesse.
En 2009, nous allons faire beaucoup de social et surtout de l’éducation politique.
Nos amis apprécient déjà les projets d’insertion sociale que nous avons engagés. Certains ont commencé à travailler dans les garbadromes, à fabriquer leurs chaussures, le savon qu’ils vendent. Dans les prochains jours, vous verrez.
Révérend pasteur Ekoué Henri, Président du ministère spirituel des soldats de Dieu.
“Cette cérémonie a un sens divin”
Cette cérémonie a un sens divin parce que la Côte d’Ivoire a besoin de la paix de Dieu. Celle que Jésus donne aux hommes sur la terre. Et comme il est le seul capable de résoudre ce problème, nous sommes venus dans l’esprit, soutenir celui que Dieu a choisi pour la Côte d’Ivoire, pour que cette paix arrive, et que son peuple soit libéré de toutes les souffrances que nous avons vécues. Elles ont été voulues par Dieu pour donner un nouvel esprit à son peuple qui l’aime bien. Le Président de la République a interpellé les religieux sur leur rôle. Nous avons bien saisi. C’est notre rôle et nous allons le jouer.
Révérend Manou
Présidente fondatrice de la mission le Rocher
“Nous prions pour le relèvement du pays”
La présentation de vœux au Président de la République a un sens particulier pour nous, en tant qu’hommes et femmes mandatés par le seigneur. Nous sommes les gardiens de la maison. A cet effet, venir un jour comme celui-ci présenter nos vœux au Président de la République, c’est en même temps lui réitérer notre soutien dans la prière. Nous prions pour le relèvement du pays, afin que tous les accords et tout ce qui est mis en place pour une issue heureuse de la crise soient effectifs.
En ce qui concerne notre rôle dans l’apaisement de la Côte d’Ivoire, nous le jouons. C’est vrai qu’il n’est pas perçu, mais dans les temples qui sont nos endroits de réserve, nous n’arrêtons pas de travailler pour la Côte d’Ivoire. Nous interpellons même les consciences en temps de crise. Ainsi, lors de la hausse des prix, nous avons appelé au calme. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Irié Lou Colette
Présidente de coopérative
«Nous voulons nourrir les Ivoiriens avec des produits moins chers»
Il est tout à fait normal que nous venions chaque année présenter nos vœux au Président de la République de Côte d’Ivoire, parce qu’il est le patron du pays. Nous devons prier pour lui et lui confirmer notre adhésion. Nous lui avons dit que nous sommes prêtes à travailler avec lui et que nous voulons nourrir les Ivoiriens avec des produits vivriers très moins chers. Très satisfait du travail que nous faisons, le Président a affirmé nous avoir félicitées à la Télévision.



Propos recueillis au Palais Présidentiel par
Marcelline Gneproust
et Marie-Adèle Djidjé
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