x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

International Publié le vendredi 23 janvier 2009 | Fraternité Matin

Désarmement avant les élections : Le soutien de l`ONU assuré - Depuis New-York, Choi fait le point du processus électoral

Le représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu a accordé à la radio des Nations unies, mercredi, à New York, une interview sur la situation en Côte d’Ivoire.

A ce jour, où en est-on avec le processus de paix en Côte d’Ivoire ? Il semblerait que cela prenne du temps pour normaliser la situation.

Comme vous le savez, les avancées sont certes lentes, mais nous ne pouvons pas nier qu’elles sont solides. Nous avons trois objectifs en Côte d’Ivoire : l’identification de la population, le désarmement et les élections. La première étape qui est l’identification, bien que lente, se passe remarquablement bien. Au moment où nous parlons, nous avons 3,5 millions de personnes identifiées. Ce qui représente plus de la moitié des objectifs à atteindre car on estime entre 6 et 7 millions le nombre de personnes à identifier.

Qui aurait pu imaginer, il y a un an, qu’on arriverait à ce stade de l’identification ? Alors si les choses continuent de cette manière, dans quelques semaines, ce processus va s’achever. C’est une réussite remarquable dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Le progrès se fait lentement mais sûrement.


Quand vous dites identification des populations, vous pensez aux Ivoiriens?

Oui. Comme vous le savez, la Côte d’Ivoire, pendant des décennies, a été un pays très riche grâce à l’agriculture. Ce qui a favorisé un flux migratoire important des populations des pays voisins vers la Côte d’Ivoire. Avec les difficultés économiques, il y a eu une division entre les Ivoiriens d’origine et ceux venus plus tard. C’est ce qui a engendré ce que l’on a appelé Ivoirité et donc de la peine au sein des populations et un désordre incroyable dans la vie politique ces vingt dernières années.


Maintenant, grâce à la sagesse de tous les protagonistes ivoiriens, avec le soutien de la communauté internationale, cette question sera résolue une fois pour toutes dans les semaines à venir. N’est-ce pas remarquable qu’en Côte d’Ivoire, il ne soit plus question d’Ivoirité, d’exclusion ?

Tout le monde sera inscrit dans le processus.


Y-a-t-il des individus identifiés comme non-Ivoiriens qui participent à ce processus d’identification?

Non, il faut être Ivoirien et vous obtiendrez dans quelques semaines, votre carte d’identité. Le processus est devenu, de ce fait, très simple, grâce à la décision historique des politiques ivoiriens dont je loue la sagesse et le courage.


Parlons maintenant de la démobilisation et de la réintégration des ex-combattants. Qu’est-ce qui se passe à ce niveau ?

Avec la signature le 22 décembre du 4e accord complémentaire à l’Accord de Ouagadougou, l’ordre a été inversé. Avant, les élections devaient se tenir avant le désarmement. Maintenant, ils veulent que le désarmement s’achève deux mois avant les élections. D’aucuns considèrent que cela rendra le processus électoral plus lourd qu’avant, mais il y a une possibilité que du fait de cette contrainte, les gens travaillent de manière plus consciencieuse avant les élections. Ce qui serait quelque chose de remarquable. Nous leur apporterons notre soutien afin que le désarmement se tienne avant les élections.


Combien de temps cela va-t-il prendre ? Tous les ex-combattants seront-ils désarmés ?

Si vous comparez la Côte d’Ivoire à la Rdc, la différence est qu’il y a, dans ce dernier pays, un groupe de rebelles, une grande armée composée de plus de 20.000 éléments à ce que j’ai entendu, qui ne se reconnaît pas dans le processus de paix. En Côte d’Ivoire, tout le monde est partant ; ce qui est un signe encourageant. L’ex-chef des rebelles est le Premier ministre et ses collègues sont aujourd’hui ministres. Le Général des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), l’armée des ex-rebelles, est presque quotidiennement en contact avec le Commandant de la Force de l’Onuci et celui des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (Fds-Ci). Nous avons donc d’excellents rapports et c’est très bon signe.


Alors tout le monde a été réintégré dans l’armée ?

Pas dans l’armée. Mais sur le plan politique, tout le monde accepte le processus électoral et l’identification. Le désarmement en lui-même et la réintégration dans la nouvelle armée ivoirienne, sont des questions discutées dans le cadre de Ouaga 4. Dans le nouveau concept, il y aura 5.000 éléments dans la police, 4 000 dans la gendarmerie et le reste des ex-combattants recevront chacun 1000 dollars US à titre de compensation. Ils retourneront dans leurs villages respectifs. C’est un schéma très simple. J’espère qu’il marchera et qu’il y aura des progrès dans le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans le nord, qui doit s’achever le 2 février 2009. Il y a des progrès, et nous espérons que très vite, nous atteindrons cet important objectif.


Qu’en est-il de la zone de confiance qui séparait le nord du sud ?

Je vous remercie pour cette importante question. Il y a dix zones et un commandant par zone (Com’ zone). Avec Ouaga 4, les zones sont appelées à disparaître. Les Com’ zone garderont leur grade mais n’exerceront plus d’autorité administrative. Ils passeront la main aux préfets, aux gouverneurs. Ils resteront seulement dans les camps, ce qui permettra le cantonnement de 5 000 soldats.


Parlons des élections tant attendues. Quand pensez-vous qu’elles auront lieu ?

Elles étaient prévues le 30 novembre 2008. Maintenant, nous ne pouvons pas les faire et les gens veulent que l’on procède d’abord à l’identification. A mon avis, le processus d’identification devrait se terminer d’ici le printemps 2009. Nous envisagerons ensuite le processus électoral, qui, selon les experts, a habituellement lieu au moins sur quatre à cinq mois, en tenant compte des cinq étapes qui sont non-compressives. Ce qui vous donne une idée du chronogramme. Mais le plus important, ce qui, à mon avis, est plus sage est d’achever l’identification d’abord.


Que font les Nations Unies pour accélérer le processus ?

L’Accord politique de Ouagadougou est d’office la propriété des Ivoiriens. Ce sont eux qui ont décidé des élections, mais ils ont besoin de notre présence pour plusieurs raisons. Premièrement, pour sécuriser l’ensemble du processus électoral. Nous avons, pour ce faire, 8000 militaires et 1000 policiers. Deuxièmement, parce que j’ai le mandat de certification. C’est la troisième fois, dans l’histoire des Nations Unies, que nous en bénéficions. Nous en avions eu un au Timor oriental, au Népal et maintenant en Côte d’Ivoire. Avec ce mandat, nous devrions éviter les scénarios regrettables qu’on a connus au Kenya et au Zimbabwe. Notre mandat, c’est de veiller à ce que les élections se déroulent dans de bonnes conditions.


Comment allez-vous garantir cela ?

Avec tous nos moyens. Nous avons 11 000 hommes en Côte d’Ivoire. Nous avons un budget de 500 000 millions par an. Nous avons également la détermination et la coopération des Ivoiriens. Et heureusement, je partage mes idées par rapport au schéma des cinq critères, à savoir la paix, l’inclusivité, les médias, la liste électorale et le résultat. Ils l’ont tous accepté, ce qui est un excellent signe. Mais, comme on le dit, le diable se trouve dans les détails. Je suis néanmoins confiant dans la culture politique raffinée des Ivoiriens. Je pense que je peux le réussir.


Avez-vous une idée du nombre de candidats qui pourraient prendre part aux élections ?

Il y aura, dit-on, plus de 15 candidats. Mais les principaux candidats sont : le Président actuel, Laurent Gbagbo, l’ex-président Henri Konan Bédié et l’ex- Premier ministre Alassane Ouattara. Ils sont tous les trois membres du Cadre permanent de concertation (Cpc) dont les rencontres ont lieu à Ouagadougou. Les deux autres membres sont le Premier ministre Soro Guillaume et le Président du Burkina-Faso, Blaise Compaoré.


Sur le plan économique, que se passe-t-il ? La Côte d’Ivoire fait-elle des progrès afin de s’assurer que l’économie profite au peuple ?

L’Etat de Côte d’Ivoire existe. Il y a un gouvernement qui fournit les besoins de base du peuple, notamment l’eau et l’électricité, beaucoup mieux que dans nombre de pays voisins. Il y a un gouvernement doté d’un solide budget et il y a une armée, une police et une gendarmerie. Le gouvernement paie les Forces de sécurité qui sont plus de 20 000. La situation économique est bonne, mais à long terme, il y a des préoccupations, notamment le taux élevé du chômage des jeunes, le problème de la stabilité des prix des denrées de première nécessité. A court terme, nous sommes sûrs qu’une fois les élections, l’identification et le désarmement achevés, nous pourrons envisager et mettre en place une stratégie de sortie de crise meilleure que dans d’autres missions de maintien de la paix.


Coopérez-vous avec d’autres missions de maintien de la paix telle la MINUL, la mission des Nations Unies au Liberia ?

Nous avons déjà établi des contacts avec la Minul parce que la Côte d’Ivoire et le Liberia partagent la même frontière. L’approche des élections suscite habituellement des passions au sein de la population, spécialement des jeunes. Alors, pour augmenter notre capacité de dissuasion, nous sommes en pourparlers avec le Liberia afin de leur emprunter du personnel ainsi que des troupes pendant la période électorale.


Alors, la Minul vous prêtera certains de ses éléments ?

Exactement. Nous avons déjà le mandat du Conseil de sécurité. Les deux missions coopèrent très bien.


Parlant du Conseil de sécurité, il se réunira cette semaine. De quoi va-t-il discuter ?

Premièrement, il y aura le renouvellement du mandat en Côte d’Ivoire pour six mois, je l’espère. Nous discuterons également de la réduction d’un bataillon, sans avoir à changer le mandat. C’est très rare dans l’histoire du maintien de la paix. Nous avons volontairement proposé la réduction d’un bataillon avant les élections, c’est-à-dire entre sept et huit cents éléments. Ceci est possible parce que la paix est largement revenue en Côte d’Ivoire, grâce à l’Accord politique de Ouagadougou.


A partir de tout ce que vous avez dit, il semble que le processus soit irréversible

Je suis convaincu que le processus est irréversible. Nous y allons doucement mais nous y serons.


Bien, je vous souhaite le meilleur et vous remercie de nous avoir accordé cette interview.

Merci.

Source : Onuci
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ