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Santé Publié le vendredi 23 janvier 2009 | Le Repère

Pourquoi les femmes meurent-elles en couche ? -Voici les principales causes...

En Afrique, lorsqu'une femme part en travail, c'est-à-dire va accoucher, on dit qu'elle est entre la vie et la mort. Cette psychose partagée par beaucoup de personnes dans nos sociétés africaines fait que les femmes enceintes attendent avec beaucoup d'anxiété ce moment fatidique de l'accouchement. Mais à vrai dire, personne ne s'est véritablement posé la question de savoir ce qui peut bien causer le décès d'une future mère en couche. Ou encore pourquoi de plus en plus de femmes décèdent en couche.


La césarienne est-elle la solution pour éviter des complications lors de l'accouchement par voie basse?

Il y a bien longtemps, la césarienne n'était pas connue dans nos sociétés. Nos mères accouchaient sans jamais avoir recours à cette méthode. Dans les villages les plus reculés, où il n'y avait ni hôpital, ni sage-femme, les femmes accouchaient sans problème dans nos cases et rarement on parlait de décès en couche. Elles étaient suivies par des accoucheuses pour la plupart analphabètes, mais qui avaient le secret des plantes. Mme Aya véronique, une sexagénaire que nous avons rencontrée nous livre ici son témoignage. "J'ai eu 6 enfants qui sont tous nés au campement. Je n'ai pas eu recours à une sage-femme, ni à l'hôpital. Mes enfants sont nés sans problème et en bonne santé"


Les causes des décès en couche?

L'une des raisons qui pourrait occasionner les décès en couche serait la négligence des premières consultations chez certaines femmes lorsqu'elles contractent une grossesse. En effet, pour des raisons diverses, les femmes mettent du temps à se décider à aller à l'hôpital. D'autres ont des maladies, qui très souvent, ne sont pas détectées tôt ou qu'elles ne signalent pas lors des premiers mois de leur prise de forme. A côté de cela, il y a ce qu'on appelle les grossesses prématurées contractées par des filles qui ont à peine franchi la puberté. D'autres, en âge avancé, veulent forcément prendre en main leur premier enfant. Tous ces cas peuvent créer des complications lors d'un accouchement. Voici le témoignage d'une femme qui a eu des difficultés énormes à l'accouchement. " Moi je n'avais pas d'argent lorsque j'ai pris ma grossesse. Et l'homme, qui m'a enceintée, ne faisait rien non plus, donc je suis restée à la maison tout le temps, me traitant avec des plantes que m'indiquaient des copines et des parents. Au moment de l'accouchement, il y a eu des complications et j'ai failli perdre la vie. Mes parents ont été contraints à la césarienne ", nous a indiqué dame Marie Antoinette. Pour cette sage-femme qui a requis l'anonymat, " Certaines femmes, lorsqu'elles sont en travail, refusent de faire des efforts. Quand c'est ainsi, soit elles perdent leur enfant soit, ce sont elles qui succombent à l'accouchement. Dans pareille situation, nous leur indiquons simplement la césarienne pour ne pas endosser des responsabilités trop lourdes ". L'une des causes principales demeure les nombreuses pertes de sang après l'accouchement. Les hémorragies qui surviennent pendant l'accouchement sont la principale cause de décès des parturientes. Nous confirment les témoignages de nos spécialistes.


Les grossesses tardives

Si la grossesse tardive est courante aujourd'hui, elle ne doit pas être prise à la légère. Elle demande une attention toute particulière et les femmes qui l'envisagent doivent se poser les bonnes questions avant de mettre au monde leur bébé. D'où il est important que les futures mamans s'informent des risques inhérents à la grossesse tardive afin de leur permettre de planifier leurs maternités en toute connaissance de cause. Aucune grossesse n'est sûre à 100% pour la mère mais plus les futures mamans sont âgées plus les risques des complications augmentent. Selon Dr A. Modeste, médecin généraliste exerçant dans une clinique de la place, "Les femmes âgées sont moins fécondes que les femmes jeunes. Après 40 ans, les tissus vieillissent et la production des ovocytes baisse. Cette situation a une énorme influence sur le taux de fécondité sans pour autant l'anéantir. On note aussi que la quantité des ovules diminue. Avec l'âge et la majorité, des ovules sont absorbés par l'organisme faisant en sorte qu'au delà de 40 ans, la quantité est quasiment inexistante. En plus, les femmes âgées ont plus de chance d'avoir des jumeaux et une grossesse plus compliquée. Au moment de l'accouchement, les risques d'hémorragies sont plus fréquents. Plus les femmes avancent dans l'âge, plus le corps devient vulnérable. Les femmes tout comme les hommes au bout d'un certain âge, les pathologies augmentent telles que le diabète, l'hypertension, l'obésité, la vulnérabilité de la colonne vertébrale, la tendance au lumbago, l'insuffisance rénale…, des maladies qui peuvent être graves pour la femme enceinte. Dans ces cas de figure, il faut une césarienne pour éviter tout autre risque".


Les grossesses prématurées

Certains facteurs peuvent bien expliquer le fait que de nombreuses jeunes filles en grossesse, perdent la vie au moment de l'ultime délivrance. De plus en plus, elles contractent des grossesses dès qu'elles ont atteint l'âge de la puberté. Lorsqu'on les voit avec leur ventre, on peu déjà s'imaginer les difficultés auxquelles elles seront confrontées à l'accouchement. Dans bien de cas, elles sont si jeunes, frêles avec le bassin très petit. Mais en plus de cela, il y a le fait que la découverte de la grossesse se fait souvent tardivement, après le premier trimestre. En effet, plus on est jeune et plus on a des difficultés à croire qu'on peut réellement être enceinte. D'autre part, de nombreuses filles, se sachant enceintes, cachent leur état le plus longtemps possible, parfois jusqu'à l'accouchement. Cette découverte tardive est dangereuse, car, pendant ce temps, cette grossesse n'est pas suivie correctement. Normalement, une consultation médicale est indispensable tous les mois pour prévenir ou soigner toutes les anomalies liées à une grossesse. Selon Dr Niamké, Gynécologue, spécialiste, " Un dépistage pour savoir si la future maman a déjà eu une rubéole ou une toxoplasmose est nécessaire. En effet, ces maladies, si elles sont contractées pendant la grossesse, peuvent entraîner des malformations chez l'enfant. Pour la rubéole, l'idéal est d'être vaccinée avant. Pour la toxoplasmose, aucun vaccin n'existe, et si au cours du dépistage mensuel, on s'aperçoit que la future mère a attrapé la toxoplasmose, on la soigne immédiatement pour protéger son enfant. Si elle n'est pas suivie, l'enfant peut donc subir des malformations graves qui auraient été évitables ". Et d'ajouter, " La croissance de la future mère n'étant pas achevée, elle a donc besoin d'un suivi nutritionnel très sérieux. En effet, pendant cette grossesse, l'alimentation sert à la fois à assurer la croissance de la jeune fille, et celle de l'enfant. Une alimentation très équilibrée est donc capitale pour que tous deux arrivent en forme à l'accouchement ! Au total, objectivement, chez les adolescentes, on constate une augmentation du nombre de fausses couches, d'enfants prématurés, de toxémie gravidique (hypertension artérielle grave pendant la grossesse), et un faible poids de naissance pour le bébé. On peut conclure que les grossesses des adolescentes devraient être plus suivies encore que les autres grossesses ". Malheureusement, c'est le contraire qui se produit à cause du retard de découverte de la grossesse.

Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé et de l'hygiène publique, un peu plus de 22% des femmes accouchent par césarienne. Cette méthode est devenue de plus en plus fréquente en Côte d'Ivoire selon des sources médicales. Mais beaucoup des femmes ont peur de la césarienne.


Pourquoi la césarienne fait-elle peur aux femmes ?

Bien que la césarienne soit préconisée dans bien de cas pour empêcher des complications lors de l'accouchement, de plus en plus de femmes refusent de passer par cette méthode dite salvatrice. Car, selon elles, l'accouchement par césarienne réduit les chances d'enfanter. Plus grave, la stérilité peut se signaler après une opération par césarienne. Certaines vont plus loin pour dire qu'une fois une naissance est faite par césarienne, toutes les autres naissances seront-elles aussi possibles qu'en passant uniquement par cette méthode. Et c'est cette psychose qui gagne nombre de femmes au moment de faire le choix d'une césarienne.
Revenant sur les causes du décès d'une parturiente le 08 janvier 2008 à l'hôpital Houphouët Boigny d'Abobo, sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, " C'est parce que la patiente a, dans un premier temps, refusé la césarienne disant qu'elle avait toujours eu des couches normales. Or auparavant, nous lui avions clairement indiqué qu'il y aurait des complications au moment de l'accouchement. Elle nous a rétorqué qu'elle n'était pas à son premier accouchement par voie basse et refusait la césarienne ". Nous ont révélé des sources médicales à l'hôpital Houphouët Boigny d'Abobo. Comme on le constate, c'est la peur qui est à l'origine de ce refus alors que la césarienne n'empêche pas d'avoir d'autres grossesses ultérieurement. En dehors de certains cas, un accouchement par les voies naturelles peut le plus souvent être envisagé pour les grossesses à venir. Quant à savoir si cette intervention peut conduire à des risques, sur ce point, le spécialiste en gynécologie est très clair : " La césarienne est une intervention courante dont le déroulement est simple dans la majorité des cas. En cours d'opération, des lésions d'organes de voisinage de l'utérus peuvent se produire de manière exceptionnelle: blessure intestinale, des voies urinaires ou des vaisseaux sanguins, nécessitant une prise en charge chirurgicale spécifique. Dans le cas exceptionnel d'hémorragie provenant de l'utérus pouvant menacer la vie de la patiente, une transfusion sanguine ou de produits dérivés du sang peut être rendue nécessaire. Dans cette situation, si les traitements médicaux et chirurgicaux spécifiques mis en ouvre pour traiter l'hémorragie sont inefficaces, il peut s'avérer nécessaire très exceptionnellement de réaliser une hystérectomie (ablation de l'utérus pour arrêter le saignement). Dans bien de situations c'est en ces moments précis que surviennent les décès, lorsqu'il y a hémorragie, écoulement sans interruption de sang. Comme toute chirurgie, la césarienne peut comporter très exceptionnellement un risque vital ou de séquelles graves. Certains risques peuvent être favorisés par votre état, vos antécédents ou par un traitement pris avant l'opération. Il est impératif d'informer le médecin de vos antécédents (personnels et familiaux) et de l'ensemble des traitements et médicaments que vous prenez". Voilà qui est bien clair, la césarienne est appliquée lorsqu'il y a des complications au moment de l'accouchement.
Il y a peu de temps, avant que la médecine ne soit aussi développée qu'aujourd'hui, l'opération se faisait tout autrement. Elle était faite de manière verticale du haut de l'abdomen jusqu'au bas, au niveau du nombril. Aujourd'hui, cette méthode a disparu. L'opération se fait désormais juste en-dessous du nombril, de manière horizontale de la gauche vers la droite.


La césarienne comme forme de rançonnement

A côté de cela, il faut aussi noter le fait que de plus en plus de femmes accouchent par césarienne dans nos hôpitaux. Et cette progression du nombre de césarienne pour certains n'est pas le seul fait des complications mais pour d'autres causes. Notamment, le rançonnement des patientes. Lorsque des parturientes se rendent à l'hôpital pour l'accouchement, elles sont immédiatement soumises à la césarienne. Mme K. Isabelle, la trentaine révolue, vient d'avoir son premier enfant par césarienne. Elle explique ici comment elle s'est fait rançonner. "Dès que je suis arrivée à la maternité et que j'ai été admise en salle d'accouchement, c'est la sage-femme qui a dit qu'il fallait me faire accoucher par césarienne. Et pourtant, j'ai suivi tous les examens et j'étais en contact permanent avec mon gynécologue qui me suivait à chaque fois. J'ai été malheureusement admise en son absence au Chu de Yopougon où sans autre forme de procès, on m'a admise au bloc pour la césarienne. Mon mari a dû débourser près de 150.000 FCFA. Cette somme a été exigée sur place avant qu'on entame l'opération. Il a fallu l'intervention d'un cousin au CHU grâce à qui j'ai pu me faire opérer". Dans ce cas-ci, la patiente avait les moyens. Au CHR de Dimbokro, le 08 janvier 2008, une parturiente est admise en salle d'accouchement. Après le diagnostic d'une souffrance fœtale, elle doit subir une césarienne. Le médecin exige la somme de 142.500f. La parturiente ne dispose pas de tout cet argent, l'intervention est différée. La césarienne sera finalement faite trois heures plus tard, après que les parents eurent remis la somme de 50.000 f comme avance. La parturiente de 21 ans décède des suites de cette césarienne. Le mari portera plainte par la suite contre le médecin. Le 26 février 2007, une autre parturiente décède des suites d'une césarienne élective, sous anesthésie générale. Auparavant, la cliente avait payé au gynécologue traitant, la somme de cent cinquante mille (150.000 CFA) représentant le kit opératoire. Ces informations sont contenues dans le discours du ministre de la Santé et de l'hygiène publique le Dr. Allah Kouadio Remi, suite aux incidents survenus dans les formations sanitaires en février 2008. Le ministre avait tapé sur la table pour décrier le comportement des médecins un peu trop enclins à l'argent. Il avait aussi dénoncé à cette époque les fréquents rançonnements des patients particulièrement par les médecins, les infirmiers d'Etat et les sages-femmes.

Jean Prisca
Jeanprisca77@yahoo.fr
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