A la fin de la cérémonie de présentation de vœux du nouvel an, le Chef de l'Etat s'est ouvert à la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), pour aborder les grandes questions de l'heure. Nous vous proposons la première partie de cet entretien au cours de laquelle, S.E.M. Laurent Gbagbo a parlé aux Ivoiriens, de l'état de la Nation ; des grandes actions futures qui en engageront l'avenir ; et des perspectives heureuses qui attendent la Côte d'Ivoire.
Excellence, vous êtes historien et Chef d'Etat ; que vous inspire l'élection du Président Barack Obama ?
S.E.M. Laurent Gbagbo : Je suis heureux et je l'ai déjà écrit. Dans l'article publié dans Fraternité Matin, je suis heureux, parce que cette élection marque la fin de l'Apartheid électoral. A part cela, c'est une autre fierté légitime du peuple noir, peuple qui a été certainement le plus opprimé de la planète.
Il y a que Barack Obama est un Président américain, qui est élu par les Américains et pour les Américains, et il ne faut pas rêver. Comme les Etats-Unis ont la clé de beaucoup de problèmes dans le monde, et qu'il est un Président de gauche - la gauche démocrate américaine -, je souhaite et j'espère qu'il va faire progresser beaucoup de dossiers, et je me réjouis qu'il ait déjà pris des décisions dans le sens de la suspension des procès de Guantanamo.
J'espère qu'il va continuer dans le même sens sur les problèmes du Moyen-Orient. L'épine dorsale de tous les problèmes du monde aujourd'hui, c'est le problème entre les Palestiniens et les Israéliens. J'espère que sur ce dossier aussi, il va avancer. Comme je l'ai écrit, je souhaite qu'il ait les meilleures relations avec l'Europe, avec la Russie, et avec le monde musulman. S'il a ces bonnes relations avec ces mondes-là, je pense qu'on pourra avoir beaucoup de satisfactions pour la paix dans le monde.
M. le Président, les Etats-Unis viennent de nous donner une belle leçon de démocratie, mais malheureusement, ce n'est pas le cas sur notre continent. Au Ghana ; il y a eu des élections qui nous honorent, en Mauritanie et en Guinée, ce sont des coups d'Etat qui font l'actualité. L'UA est impuissante. Comment renforcer la Démocratie sur notre continent?
C'est avec le temps que cela va s'opérer. La Démocratie, on ne l'imposera jamais de l'extérieur à aucun peuple. Et, ce ne sont pas les résolutions votées à l'Union Africaine, à la CEDEAO ou aux Nations Unies qui vont amener la Démocratie dans les pays. La Démocratie, c'est la culture de chaque peuple qui doit évoluer jusqu'à arriver à cette conclusion-là. Telle est la première remarque que je voulais faire. La seconde, c'est que vous êtes pessimistes vis-à-vis de l'Afrique. Pourtant, en Afrique, les élections qui réussissent sont plus nombreuses que les élections où il y a des problèmes.
On a l'impression, Excellence, qu'on fait un pas en avant et un pas en arrière.
Mais non ! Dans les mêmes pays, on ne fait pas un pas en arrière et un autre avant. Au Ghana, on a fait des pas en avant. Dans chaque pays, on fait des pas en avant ; mais tous les pays n'ont pas les mêmes niveaux de développement politique et culturel. Il ne faut pas croire que tous les pays sont la Guinée, le Kenya, la Mauritanie et le Zimbabwe. En dehors de ces pays-là, regardez les autres. Les gens font les élections et les choses avancent tranquillement. En Afrique du Sud, au Burkina, en Sierra Leone, au Liberia…, dans tous les autres pays, on fait les élections et on avance. Mais, il y a des pays où on n'est pas encore arrivé à ce niveau de culture démocratique ; on y arrivera.
Comment appréciez-vous aujourd'hui l'application de l'Accord de Ouagadougou?
Je suis très heureux de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou et de son application. Cela montre l'ampleur des problèmes qui existaient. Parce qu'il ne faut pas croire qu'on peut décider d'appliquer un accord dans la précipitation. C'est parce qu'il y avait des problèmes qu'il y a eu la crise. Ce sont les problèmes qui se sont accumulés depuis 40 ans que nous réglons avec l'Accord de Ouagadougou. Prenons, par exemple, l'identification. Phase dans laquelle nous sommes aujourd'hui. J'avais proposé que l'on fasse plutôt la mise à jour des listes électorales. Les préfets et sous-préfets auraient parcouru les villages, rayé les noms des morts, ajouté ceux des nouveaux majeurs. Si cela avait été fait, on aurait eu les élections depuis longtemps. Ce qui a prévalu est que l'une des justifications de la lutte armée était qu'il y avait des exclus, des personnes sans identité. Pour ce faire, il fallait faire l'opération d'identification en incluant les jeunes de 16 ans et les vieilles personnes. Nous en avons sous-estimé les conséquences au plan financier temporel et autres. Des gens se retrouvent aujourd'hui être à découverts parce qu'ils ont des identités qui ne sont pas les leurs. Des gens ont pris les pièces de leur petit-frère pour aller à l'école. Avec ce que nous faisons aujourd'hui, nous découvrons tout cela. C'est pourquoi ça n'avance pas. Vous avez trois personnes avec la même pièce. Des personnes avec trois identités différentes. Il faudra changer cela. Vous avez des personnes qui n'ont aucune pièce administrative et qui ne se sont jamais présentées aux audiences foraines. Et lorsqu'elles vont en voyage, elles prennent les papiers de leurs amis. Lorsque les policiers leur posent des questions, elles présentent les pièces de leurs amis ou cousins. C'est tout cela que l'identification est en train de régler. Ne vous étonnez pas que cette opération n'aille pas aussi vite que nous l'avons tous souhaité. Elle ne va pas vite car elle est une identification de fond.
Quand le président de la Commission électorale indépendante fixe la fin de l'identification au 28 février, pensez-vous que cela soit réalisable?
Je n'en sais rien. Dans ce pays, il y a des institutions, c'est lui le président de la Commission. Il ne m'a pas encore donné un texte pour que je signe un décret sur la date des nouvelles élections. Selon le rythme de travail, le président de la Cei pense que l'identification va s'achever le 28 février. Si ce n'est pas fini, on continuera. Puisque nous sommes tous engagés, nous ne pouvons pas faire une identification à moitié. Tant mieux, si tout cela finit. Il y a une différence fondamentale entre la mise à jour des listes électorales et l'identification en profondeur. Demandez aux statisticiens, ils vous le diront.
Justement M. le Président, cette opération est attaquée de toutes parts. On parle de fraude. Comment faire pour dissiper tout cela? Car si l'on n'y prend garde, l'opération risque de prendre un coup.
L'opération ne prendra aucun coup. Elle va avancer normalement. Dans une opération de ce genre, il y a toujours des coups. Et dans tous les pays du monde, il y a des cas de fraude sur l'identité. Avons-nous les moyens d'enrayer ces fraudes. C'est cela le problème. Que les voleurs s'adonnent au vol c'est normal, c'est leur travail. Le pays a-t-il les moyens de les arrêter, les juger et les condamner?
En avons-nous les moyens?
Nous avons les moyens techniques. C'est cela qu'il faudra prendre en compte. A la fin de l'identification, les techniciens vont vérifier tous les noms. Et présenter une liste de tous ceux qui ont fait du faux. Vous verrez tout comme la Cei. Et alors, une décision sera prise.
Cela nous rassure M. le Président. Cependant, la crise perdure et les conséquences sont là, les Ivoiriens s'appauvrissent. On sent vraiment ses effets avec les déchets ménagers dans les rues. Comment faites-vous pour juguler cette crise?
Ne mélangez pas les deux choses. Il y a les déchets ménagers et la paupérisation. Il faut les séparer.
Premièrement, c'est normal qu'on devienne pauvre dans un pays en guerre. Des livres sont écrits sur la guerre, il faut les lire. La guerre rend les gens pauvres. J'écoute certains dire qu'une minorité devient riche. C'est aussi cela la guerre. Dans cette situation, il y a toujours un petit noyau qui devient riche. Parce qu'il vend ce dont on a besoin. Je disais tantôt aux religieux que certains se sont enrichis au Nigeria grâce au commerce de chiens. Ils les cherchaient à travers l'Afrique de l'Ouest. Et les vendaient au Nigeria pour se faire de l'argent. Pendant la 2è guerre mondiale, en France, certains se sont enrichis grâce au commerce avec l'Allemagne. La guerre crée un petit groupe de nouveaux riches. Le plus grand nombre s'appauvrit. Le tout est d'en savoir la proportion. Toutefois, je ne connais pas un pays au monde où tous les habitants ont le même niveau de richesse. Tous les traités d'économie ont été écrits parce qu'il y a des riches et des pauvres. Un essai a même été intitulé, la pauvreté, richesse des nations. Ce sont les riches qui ont les moyens pour capitaliser, accroître leur richesse et les pauvres sont des employés. Mais le problème pour un gouvernement, c'est de faire en sorte que ceux qui sont les moins nantis aient droit au minimum vital; qu'ils aient les moyens d'avoir accès à l'école, aux soins de santé, au travail. Et que leurs enfants puissent rêver aussi à un avenir prometteur. Comme nous. Enfant de pauvre. Sinon, nous ne serions pas arrivé à ce stade. C'est cela la politique d'un Etat. Il ne s'agit donc pas de supprimer les riches. Aucun pays ne l'a fait. Vous avez vu les résultats des pays qui ont tenté de les supprimer. Ils se sont écroulés.
Qu'est-ce qu'on fait alors?
C'est pourquoi, nous avons lancé la politique de l'école gratuite, l'assurance maladie universelle, pour que tous ceux qui habitent en Côte d'Ivoire aient accès à un médecin si leur état de santé l'exige. C'est pourquoi, nous avons lancé la décentralisation pour que dans chaque région, les gens puissent jouir de ce dont ils ont besoin. D'où également la politique d'électrification et d'adduction d'eau. Or cette politique a été freinée par la guerre. C'est pourquoi, il faut vite y mettre fin. Je voudrais insister sur le fait qu'il ne faut pas rêver en pensant qu'il y a des pays où il n'y a pas de pauvres.
Il y a des pauvres et des riches certes, mais le problème c'est que les Ivoiriens se demandent comment ces nouveaux riches ont fait pour acquérir des biens alors que le peuple s'appauvrit. Vous qui avez décidé, en homme de gauche, de combattre ces enrichissements illicites, les détournements d'argent. Où en êtes-vous avec ce combat?
On continue. Vous êtes Ivoiriens, journalistes, vous observez. On ne combat pas l'enrichissement. Je ne le ferai jamais. Ceux qui peuvent devenir riches par leur travail, qu'ils le fassent.
Cependant, on combat l'enrichissement frauduleux. Je ne peux pas, sous prétexte de ce combat, aller arrêter des justes et les jeter en prison. Mais quand dans un secteur, ou un domaine donné, on me montre des preuves qu'il y a des malversations, je saisis le tribunal, le procureur, qui lance une procédure. C'est cela mon rôle.
C'est ce que vous avez fait dans la filière café-cacao. Mais des proches de ceux qui sont en prison disent que ces responsables ont largement contribué à l'effort de paix en achetant des armes pour l'Etat, et qu'ils sont aujourd'hui mal récompensés. Qu'en dites-vous?
Je n'en dis rien. Puisque c'est une affaire qui est devant la justice. Ce n'est pas mon rôle de commenter les affaires qui sont en cours. Sur ce point, je voudrais vous dire que les producteurs ont effectivement donné 10 milliards pour l'achat des armes et nous les avons effectivement achetées. Mais cela n'est pas une assurance contre ce qui va suivre. Il faut qu'on soit clair. Au niveau d'un Etat, on ne s'assure pas pour pouvoir voler. Je ne dis pas qu'ils ont volé. Il ne me revient pas de le dire. C'est le tribunal qui y est habilité.
S'il est vrai que les proches des responsables le disent, c'est qu'ils ont tort. Si la filière café-cacao a donné 10 milliards de francs pour l'achat des armes, cela est inscrit dans les livres. Il faut que toutes les dépenses de l'Etat soient tracées. Cette dépense l'est donc. Ce n'est pas ce qu'on leur reproche. Ce que les juges qui les ont mis aux arrêts leur reprochent, c'est certainement autre chose que nous attendons de voir.
M. le Président, êtes-vous en train de dire que ces personnes ont été incarcérées parce qu'elles ont détourné de l'argent?
Non. Je dis qu'on m'a signalé des cas de détournement. J'ai demandé au procureur de la République de faire un rapport. Et s'il pense qu'il y a des raisons de poursuites, qu'il le fasse.
Vos adversaires disent que ce combat est restrictif dans ce pays, qu'il y a d'autres qui sont en liberté. Pouvez-nous dire s'il y a des gens qui, aujourd'hui, se livrent à ce genre de chose? Et le jour où vous aurez les preuves, iront-ils en prison?
Le combat est forcément restrictif. Ce que je reproche à mes prédécesseurs, c'est de ne l'avoir pas mené. S'ils l'avaient fait, on serait bien loin. Je le commence, il faut qu'ils m'applaudissent au moins. Pour qu'ils jurent qu'un jour si, par hasard, ils reviennent au pouvoir, ils continueront mon œuvre.
Forcément, il y a des gens qui ont volé et qui sont en liberté. On ne peut pas arrêter des personnes sur la base des soupçons. Le Chef de l'Etat saisit la justice s'il a des soupçons dans un secteur donné. Les citoyens peuvent aussi le faire. Il ne faut pas que les gens attendent seulement que le Chef de l'Etat le fasse. La justice existe pour tous les citoyens qui vivent en Côte d'Ivoire.
Vous êtes Président de la République depuis 2000 et nous sommes en guerre depuis 2002, vous êtes allé à Bouaké où vous avez dit à l'occasion de la flamme de la paix, "allons vite vite aux élections". Et pourtant, on a l'impression que nous sommes au point de départ. Tout le monde parle de manque de moyens. Quelle est la réalité?
Si vous pensez que nous sommes au point de départ, c'est que vous pensez mal. Si vous voyez que nous sommes au point de départ, vous voyez mal. Parce que nous évoluons. Avant la signature de l'Accord politique de Ouagadougou, on ne parlait même pas d'identification. Aujourd'hui, nous sommes au dernier stade. Si nous passons ce cap de l'identification, il ne restera plus qu'à aller voter. On ne peut pas en voyant cela dire qu'on n'évolue pas. Le dernier accord complémentaire de Ouagadougou, l'accord 4 règle les problèmes qui étaient en suspens. C'est-à-dire, les problèmes militaires. Il ne faut pas que par des discussions politiciennes, on cesse de voir le vrai. On évolue bien. Même si l'on ne peut pas courir plus vite que son ombre.
Et le manque de moyens dont on parle souvent.
Nous avons les moyens dont nous disposons. Il est vrai que souvent dans tel ou tel secteur, nous souffrons du manque de moyens. Par exemple, j'avais proposé, dans l'Accord de Ouagadougou, de faire le service civique. On n'en a pas eu les moyens. Donc on passe à l'essentiel. Nous prenons ce que nous avons. Mais je n'ai pas voulu que dans cet essentiel, nous plombions l'avenir de la Côte d'Ivoire. Parce qu'on aurait pu dire, utilisons le peu d'argent dont on dispose pour régler les problèmes de sortie de crise. Si après on n'a plus de relation avec les institutions internationales, les pays étrangers, ce sera la catastrophe. Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, la Côte d'Ivoire n'avait plus de rapport avec le FMI, la Banque mondiale, la Bad. Cela doit être su. Je ne veux pas laisser, après les élections un pays dans une telle situation. Nous avons remboursé la part que la Banque mondiale nous a réclamée à hauteur de 118 milliards de francs. Nous sommes en train de rembourser celle de la Bad qui s'élève à 100 milliards.
C'est tout cela qui pèse lourd dans la sortie de crise. C'est parce que je ne veux pas que la Côte d'Ivoire soit libérée de la guerre, mais bloquée dans l'économie après les élections. C'est pourquoi nous prenons des mesures d'austérité afin que demain soit heureux pour ce pays.
Etes-vous prêt pour les élections? Parce que l'on dit en ville que cela vous arrange d'être dans cette situation.
Non. Cela ne m'arrange pas. Ceux qui le disent, qu'ils se regardent. Est-ce qu'ils sont dans une situation où quelqu'un peut dire qu'il n'est pas prêt pour les affronter ? Regardez les candidats. N'en parlez pas.
C'est entre vous les candidats.
Oui, mais n'en parlez pas. Parlez plutôt des problèmes que nous rencontrons dans la sortie de crise. Il faut payer la Banque mondiale et la Bad. Pour que nous soyons bien après les élections. Nous allons sortir de la crise. Je refuse d'être dans une situation anticonstitutionnelle. Tant que je suis dans une situation constitutionnelle, je n'ai pas de problème. Ni avec moi, ni avec le pays.
Etes-vous sûr d'avoir bien compris M. le Président? Tout récemment le président de la Cei disait "Donnez-moi les moyens pour que j'organise tout ce que j'ai à faire". A-t-il aujourd'hui ces moyens?
On vient de lui donner un peu d'argent. Parce que nous avons beaucoup de dépenses. Et surtout que nous ne voulons pas plomber l'avenir de la Côte d'Ivoire. Bientôt, nous allons finir avec les problèmes de la Bad. Avec elle, nous avons demandé un crédit relais. Nous avions 17 milliards de francs à payer pour que des amis à qui nous avons demandé des crédits relais payent 80 milliards de francs afin qu'on puisse avancer. Nous avons payé les 17 milliards. Nous attendons que nos amis décaissent les 80 milliards. Si tout cela est bouclé, nous ferons encore un grand pas.
M. le Président, je voudrais qu'on dise un mot sur les ordures ménagères. Abidjan, la perle des lagunes, est aujourd'hui une poubelle à ciel ouvert.
Vous avez raison. Et j'ai souligné en Conseil des ministres que cela peut favoriser des maladies. Mais j'ai écouté un maire qui disait au temps d'un tel, il n'y avait pas d'ordures. Ce sont des histoires. Nous sommes tous à Abidjan. Nous connaissons son évolution. Ce n'est pas bon de mentir et de se cacher les problèmes. Le maire qui l'a dit a menti à la population. Je ne suis pas d'accord avec les menteurs. Abidjan est une poubelle à ciel ouvert. Vous avez raison. Il nous faut régler le problème. Cette semaine, j'ai une réunion avec tous les opérateurs et nous allons avancer. Mais c'est une question d'argent. Les ramasseurs d'ordures disent qu'ils n'ont pas été payés.
Je vais tout faire pour qu'on trouve les moyens pour débloquer la situation. Si l'on n'agit pas vite, ça risque de se transformer en problème sanitaire. Nous allons donc nous réunir pour trouver une solution.
Nous arrivons au terme de notre entretien. Un mot d'espoir à l'adresse des Ivoiriens en début d'année.
Je souhaite évidemment bonne année à toute la Côte d'Ivoire. A tous les Ivoiriens, à toutes leurs familles. Une bonne année à tous ceux qui ont la vie difficile. La bonne nouvelle à annoncer aux Ivoiriens est que nous sortons sûrement de la crise. Tous les observateurs honnêtes le disent. L'Onu qui s'est singularisée par des résolutions en notre défaveur, s'est réunie récemment et a constaté qu'on évolue. Qu'on avance certes lentement mais sûrement. Il n'y a pas de doute là-dessus ; que les Ivoiriens ne se fassent pas de doute. Nous avançons. Bientôt nous sortirons de la crise. Mais la sortie de crise conditionne beaucoup d'autres choses, notamment la reprise des activités scolaires, sociales, économiques. Il faut que les gens nous apportent leurs appuis pour qu'on sorte vite, vite, vite. Pour qu'on aille aux élections, vite, vite, vite.
Source: macotedivoire.info
Excellence, vous êtes historien et Chef d'Etat ; que vous inspire l'élection du Président Barack Obama ?
S.E.M. Laurent Gbagbo : Je suis heureux et je l'ai déjà écrit. Dans l'article publié dans Fraternité Matin, je suis heureux, parce que cette élection marque la fin de l'Apartheid électoral. A part cela, c'est une autre fierté légitime du peuple noir, peuple qui a été certainement le plus opprimé de la planète.
Il y a que Barack Obama est un Président américain, qui est élu par les Américains et pour les Américains, et il ne faut pas rêver. Comme les Etats-Unis ont la clé de beaucoup de problèmes dans le monde, et qu'il est un Président de gauche - la gauche démocrate américaine -, je souhaite et j'espère qu'il va faire progresser beaucoup de dossiers, et je me réjouis qu'il ait déjà pris des décisions dans le sens de la suspension des procès de Guantanamo.
J'espère qu'il va continuer dans le même sens sur les problèmes du Moyen-Orient. L'épine dorsale de tous les problèmes du monde aujourd'hui, c'est le problème entre les Palestiniens et les Israéliens. J'espère que sur ce dossier aussi, il va avancer. Comme je l'ai écrit, je souhaite qu'il ait les meilleures relations avec l'Europe, avec la Russie, et avec le monde musulman. S'il a ces bonnes relations avec ces mondes-là, je pense qu'on pourra avoir beaucoup de satisfactions pour la paix dans le monde.
M. le Président, les Etats-Unis viennent de nous donner une belle leçon de démocratie, mais malheureusement, ce n'est pas le cas sur notre continent. Au Ghana ; il y a eu des élections qui nous honorent, en Mauritanie et en Guinée, ce sont des coups d'Etat qui font l'actualité. L'UA est impuissante. Comment renforcer la Démocratie sur notre continent?
C'est avec le temps que cela va s'opérer. La Démocratie, on ne l'imposera jamais de l'extérieur à aucun peuple. Et, ce ne sont pas les résolutions votées à l'Union Africaine, à la CEDEAO ou aux Nations Unies qui vont amener la Démocratie dans les pays. La Démocratie, c'est la culture de chaque peuple qui doit évoluer jusqu'à arriver à cette conclusion-là. Telle est la première remarque que je voulais faire. La seconde, c'est que vous êtes pessimistes vis-à-vis de l'Afrique. Pourtant, en Afrique, les élections qui réussissent sont plus nombreuses que les élections où il y a des problèmes.
On a l'impression, Excellence, qu'on fait un pas en avant et un pas en arrière.
Mais non ! Dans les mêmes pays, on ne fait pas un pas en arrière et un autre avant. Au Ghana, on a fait des pas en avant. Dans chaque pays, on fait des pas en avant ; mais tous les pays n'ont pas les mêmes niveaux de développement politique et culturel. Il ne faut pas croire que tous les pays sont la Guinée, le Kenya, la Mauritanie et le Zimbabwe. En dehors de ces pays-là, regardez les autres. Les gens font les élections et les choses avancent tranquillement. En Afrique du Sud, au Burkina, en Sierra Leone, au Liberia…, dans tous les autres pays, on fait les élections et on avance. Mais, il y a des pays où on n'est pas encore arrivé à ce niveau de culture démocratique ; on y arrivera.
Comment appréciez-vous aujourd'hui l'application de l'Accord de Ouagadougou?
Je suis très heureux de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou et de son application. Cela montre l'ampleur des problèmes qui existaient. Parce qu'il ne faut pas croire qu'on peut décider d'appliquer un accord dans la précipitation. C'est parce qu'il y avait des problèmes qu'il y a eu la crise. Ce sont les problèmes qui se sont accumulés depuis 40 ans que nous réglons avec l'Accord de Ouagadougou. Prenons, par exemple, l'identification. Phase dans laquelle nous sommes aujourd'hui. J'avais proposé que l'on fasse plutôt la mise à jour des listes électorales. Les préfets et sous-préfets auraient parcouru les villages, rayé les noms des morts, ajouté ceux des nouveaux majeurs. Si cela avait été fait, on aurait eu les élections depuis longtemps. Ce qui a prévalu est que l'une des justifications de la lutte armée était qu'il y avait des exclus, des personnes sans identité. Pour ce faire, il fallait faire l'opération d'identification en incluant les jeunes de 16 ans et les vieilles personnes. Nous en avons sous-estimé les conséquences au plan financier temporel et autres. Des gens se retrouvent aujourd'hui être à découverts parce qu'ils ont des identités qui ne sont pas les leurs. Des gens ont pris les pièces de leur petit-frère pour aller à l'école. Avec ce que nous faisons aujourd'hui, nous découvrons tout cela. C'est pourquoi ça n'avance pas. Vous avez trois personnes avec la même pièce. Des personnes avec trois identités différentes. Il faudra changer cela. Vous avez des personnes qui n'ont aucune pièce administrative et qui ne se sont jamais présentées aux audiences foraines. Et lorsqu'elles vont en voyage, elles prennent les papiers de leurs amis. Lorsque les policiers leur posent des questions, elles présentent les pièces de leurs amis ou cousins. C'est tout cela que l'identification est en train de régler. Ne vous étonnez pas que cette opération n'aille pas aussi vite que nous l'avons tous souhaité. Elle ne va pas vite car elle est une identification de fond.
Quand le président de la Commission électorale indépendante fixe la fin de l'identification au 28 février, pensez-vous que cela soit réalisable?
Je n'en sais rien. Dans ce pays, il y a des institutions, c'est lui le président de la Commission. Il ne m'a pas encore donné un texte pour que je signe un décret sur la date des nouvelles élections. Selon le rythme de travail, le président de la Cei pense que l'identification va s'achever le 28 février. Si ce n'est pas fini, on continuera. Puisque nous sommes tous engagés, nous ne pouvons pas faire une identification à moitié. Tant mieux, si tout cela finit. Il y a une différence fondamentale entre la mise à jour des listes électorales et l'identification en profondeur. Demandez aux statisticiens, ils vous le diront.
Justement M. le Président, cette opération est attaquée de toutes parts. On parle de fraude. Comment faire pour dissiper tout cela? Car si l'on n'y prend garde, l'opération risque de prendre un coup.
L'opération ne prendra aucun coup. Elle va avancer normalement. Dans une opération de ce genre, il y a toujours des coups. Et dans tous les pays du monde, il y a des cas de fraude sur l'identité. Avons-nous les moyens d'enrayer ces fraudes. C'est cela le problème. Que les voleurs s'adonnent au vol c'est normal, c'est leur travail. Le pays a-t-il les moyens de les arrêter, les juger et les condamner?
En avons-nous les moyens?
Nous avons les moyens techniques. C'est cela qu'il faudra prendre en compte. A la fin de l'identification, les techniciens vont vérifier tous les noms. Et présenter une liste de tous ceux qui ont fait du faux. Vous verrez tout comme la Cei. Et alors, une décision sera prise.
Cela nous rassure M. le Président. Cependant, la crise perdure et les conséquences sont là, les Ivoiriens s'appauvrissent. On sent vraiment ses effets avec les déchets ménagers dans les rues. Comment faites-vous pour juguler cette crise?
Ne mélangez pas les deux choses. Il y a les déchets ménagers et la paupérisation. Il faut les séparer.
Premièrement, c'est normal qu'on devienne pauvre dans un pays en guerre. Des livres sont écrits sur la guerre, il faut les lire. La guerre rend les gens pauvres. J'écoute certains dire qu'une minorité devient riche. C'est aussi cela la guerre. Dans cette situation, il y a toujours un petit noyau qui devient riche. Parce qu'il vend ce dont on a besoin. Je disais tantôt aux religieux que certains se sont enrichis au Nigeria grâce au commerce de chiens. Ils les cherchaient à travers l'Afrique de l'Ouest. Et les vendaient au Nigeria pour se faire de l'argent. Pendant la 2è guerre mondiale, en France, certains se sont enrichis grâce au commerce avec l'Allemagne. La guerre crée un petit groupe de nouveaux riches. Le plus grand nombre s'appauvrit. Le tout est d'en savoir la proportion. Toutefois, je ne connais pas un pays au monde où tous les habitants ont le même niveau de richesse. Tous les traités d'économie ont été écrits parce qu'il y a des riches et des pauvres. Un essai a même été intitulé, la pauvreté, richesse des nations. Ce sont les riches qui ont les moyens pour capitaliser, accroître leur richesse et les pauvres sont des employés. Mais le problème pour un gouvernement, c'est de faire en sorte que ceux qui sont les moins nantis aient droit au minimum vital; qu'ils aient les moyens d'avoir accès à l'école, aux soins de santé, au travail. Et que leurs enfants puissent rêver aussi à un avenir prometteur. Comme nous. Enfant de pauvre. Sinon, nous ne serions pas arrivé à ce stade. C'est cela la politique d'un Etat. Il ne s'agit donc pas de supprimer les riches. Aucun pays ne l'a fait. Vous avez vu les résultats des pays qui ont tenté de les supprimer. Ils se sont écroulés.
Qu'est-ce qu'on fait alors?
C'est pourquoi, nous avons lancé la politique de l'école gratuite, l'assurance maladie universelle, pour que tous ceux qui habitent en Côte d'Ivoire aient accès à un médecin si leur état de santé l'exige. C'est pourquoi, nous avons lancé la décentralisation pour que dans chaque région, les gens puissent jouir de ce dont ils ont besoin. D'où également la politique d'électrification et d'adduction d'eau. Or cette politique a été freinée par la guerre. C'est pourquoi, il faut vite y mettre fin. Je voudrais insister sur le fait qu'il ne faut pas rêver en pensant qu'il y a des pays où il n'y a pas de pauvres.
Il y a des pauvres et des riches certes, mais le problème c'est que les Ivoiriens se demandent comment ces nouveaux riches ont fait pour acquérir des biens alors que le peuple s'appauvrit. Vous qui avez décidé, en homme de gauche, de combattre ces enrichissements illicites, les détournements d'argent. Où en êtes-vous avec ce combat?
On continue. Vous êtes Ivoiriens, journalistes, vous observez. On ne combat pas l'enrichissement. Je ne le ferai jamais. Ceux qui peuvent devenir riches par leur travail, qu'ils le fassent.
Cependant, on combat l'enrichissement frauduleux. Je ne peux pas, sous prétexte de ce combat, aller arrêter des justes et les jeter en prison. Mais quand dans un secteur, ou un domaine donné, on me montre des preuves qu'il y a des malversations, je saisis le tribunal, le procureur, qui lance une procédure. C'est cela mon rôle.
C'est ce que vous avez fait dans la filière café-cacao. Mais des proches de ceux qui sont en prison disent que ces responsables ont largement contribué à l'effort de paix en achetant des armes pour l'Etat, et qu'ils sont aujourd'hui mal récompensés. Qu'en dites-vous?
Je n'en dis rien. Puisque c'est une affaire qui est devant la justice. Ce n'est pas mon rôle de commenter les affaires qui sont en cours. Sur ce point, je voudrais vous dire que les producteurs ont effectivement donné 10 milliards pour l'achat des armes et nous les avons effectivement achetées. Mais cela n'est pas une assurance contre ce qui va suivre. Il faut qu'on soit clair. Au niveau d'un Etat, on ne s'assure pas pour pouvoir voler. Je ne dis pas qu'ils ont volé. Il ne me revient pas de le dire. C'est le tribunal qui y est habilité.
S'il est vrai que les proches des responsables le disent, c'est qu'ils ont tort. Si la filière café-cacao a donné 10 milliards de francs pour l'achat des armes, cela est inscrit dans les livres. Il faut que toutes les dépenses de l'Etat soient tracées. Cette dépense l'est donc. Ce n'est pas ce qu'on leur reproche. Ce que les juges qui les ont mis aux arrêts leur reprochent, c'est certainement autre chose que nous attendons de voir.
M. le Président, êtes-vous en train de dire que ces personnes ont été incarcérées parce qu'elles ont détourné de l'argent?
Non. Je dis qu'on m'a signalé des cas de détournement. J'ai demandé au procureur de la République de faire un rapport. Et s'il pense qu'il y a des raisons de poursuites, qu'il le fasse.
Vos adversaires disent que ce combat est restrictif dans ce pays, qu'il y a d'autres qui sont en liberté. Pouvez-nous dire s'il y a des gens qui, aujourd'hui, se livrent à ce genre de chose? Et le jour où vous aurez les preuves, iront-ils en prison?
Le combat est forcément restrictif. Ce que je reproche à mes prédécesseurs, c'est de ne l'avoir pas mené. S'ils l'avaient fait, on serait bien loin. Je le commence, il faut qu'ils m'applaudissent au moins. Pour qu'ils jurent qu'un jour si, par hasard, ils reviennent au pouvoir, ils continueront mon œuvre.
Forcément, il y a des gens qui ont volé et qui sont en liberté. On ne peut pas arrêter des personnes sur la base des soupçons. Le Chef de l'Etat saisit la justice s'il a des soupçons dans un secteur donné. Les citoyens peuvent aussi le faire. Il ne faut pas que les gens attendent seulement que le Chef de l'Etat le fasse. La justice existe pour tous les citoyens qui vivent en Côte d'Ivoire.
Vous êtes Président de la République depuis 2000 et nous sommes en guerre depuis 2002, vous êtes allé à Bouaké où vous avez dit à l'occasion de la flamme de la paix, "allons vite vite aux élections". Et pourtant, on a l'impression que nous sommes au point de départ. Tout le monde parle de manque de moyens. Quelle est la réalité?
Si vous pensez que nous sommes au point de départ, c'est que vous pensez mal. Si vous voyez que nous sommes au point de départ, vous voyez mal. Parce que nous évoluons. Avant la signature de l'Accord politique de Ouagadougou, on ne parlait même pas d'identification. Aujourd'hui, nous sommes au dernier stade. Si nous passons ce cap de l'identification, il ne restera plus qu'à aller voter. On ne peut pas en voyant cela dire qu'on n'évolue pas. Le dernier accord complémentaire de Ouagadougou, l'accord 4 règle les problèmes qui étaient en suspens. C'est-à-dire, les problèmes militaires. Il ne faut pas que par des discussions politiciennes, on cesse de voir le vrai. On évolue bien. Même si l'on ne peut pas courir plus vite que son ombre.
Et le manque de moyens dont on parle souvent.
Nous avons les moyens dont nous disposons. Il est vrai que souvent dans tel ou tel secteur, nous souffrons du manque de moyens. Par exemple, j'avais proposé, dans l'Accord de Ouagadougou, de faire le service civique. On n'en a pas eu les moyens. Donc on passe à l'essentiel. Nous prenons ce que nous avons. Mais je n'ai pas voulu que dans cet essentiel, nous plombions l'avenir de la Côte d'Ivoire. Parce qu'on aurait pu dire, utilisons le peu d'argent dont on dispose pour régler les problèmes de sortie de crise. Si après on n'a plus de relation avec les institutions internationales, les pays étrangers, ce sera la catastrophe. Quand je suis arrivé au pouvoir en 2000, la Côte d'Ivoire n'avait plus de rapport avec le FMI, la Banque mondiale, la Bad. Cela doit être su. Je ne veux pas laisser, après les élections un pays dans une telle situation. Nous avons remboursé la part que la Banque mondiale nous a réclamée à hauteur de 118 milliards de francs. Nous sommes en train de rembourser celle de la Bad qui s'élève à 100 milliards.
C'est tout cela qui pèse lourd dans la sortie de crise. C'est parce que je ne veux pas que la Côte d'Ivoire soit libérée de la guerre, mais bloquée dans l'économie après les élections. C'est pourquoi nous prenons des mesures d'austérité afin que demain soit heureux pour ce pays.
Etes-vous prêt pour les élections? Parce que l'on dit en ville que cela vous arrange d'être dans cette situation.
Non. Cela ne m'arrange pas. Ceux qui le disent, qu'ils se regardent. Est-ce qu'ils sont dans une situation où quelqu'un peut dire qu'il n'est pas prêt pour les affronter ? Regardez les candidats. N'en parlez pas.
C'est entre vous les candidats.
Oui, mais n'en parlez pas. Parlez plutôt des problèmes que nous rencontrons dans la sortie de crise. Il faut payer la Banque mondiale et la Bad. Pour que nous soyons bien après les élections. Nous allons sortir de la crise. Je refuse d'être dans une situation anticonstitutionnelle. Tant que je suis dans une situation constitutionnelle, je n'ai pas de problème. Ni avec moi, ni avec le pays.
Etes-vous sûr d'avoir bien compris M. le Président? Tout récemment le président de la Cei disait "Donnez-moi les moyens pour que j'organise tout ce que j'ai à faire". A-t-il aujourd'hui ces moyens?
On vient de lui donner un peu d'argent. Parce que nous avons beaucoup de dépenses. Et surtout que nous ne voulons pas plomber l'avenir de la Côte d'Ivoire. Bientôt, nous allons finir avec les problèmes de la Bad. Avec elle, nous avons demandé un crédit relais. Nous avions 17 milliards de francs à payer pour que des amis à qui nous avons demandé des crédits relais payent 80 milliards de francs afin qu'on puisse avancer. Nous avons payé les 17 milliards. Nous attendons que nos amis décaissent les 80 milliards. Si tout cela est bouclé, nous ferons encore un grand pas.
M. le Président, je voudrais qu'on dise un mot sur les ordures ménagères. Abidjan, la perle des lagunes, est aujourd'hui une poubelle à ciel ouvert.
Vous avez raison. Et j'ai souligné en Conseil des ministres que cela peut favoriser des maladies. Mais j'ai écouté un maire qui disait au temps d'un tel, il n'y avait pas d'ordures. Ce sont des histoires. Nous sommes tous à Abidjan. Nous connaissons son évolution. Ce n'est pas bon de mentir et de se cacher les problèmes. Le maire qui l'a dit a menti à la population. Je ne suis pas d'accord avec les menteurs. Abidjan est une poubelle à ciel ouvert. Vous avez raison. Il nous faut régler le problème. Cette semaine, j'ai une réunion avec tous les opérateurs et nous allons avancer. Mais c'est une question d'argent. Les ramasseurs d'ordures disent qu'ils n'ont pas été payés.
Je vais tout faire pour qu'on trouve les moyens pour débloquer la situation. Si l'on n'agit pas vite, ça risque de se transformer en problème sanitaire. Nous allons donc nous réunir pour trouver une solution.
Nous arrivons au terme de notre entretien. Un mot d'espoir à l'adresse des Ivoiriens en début d'année.
Je souhaite évidemment bonne année à toute la Côte d'Ivoire. A tous les Ivoiriens, à toutes leurs familles. Une bonne année à tous ceux qui ont la vie difficile. La bonne nouvelle à annoncer aux Ivoiriens est que nous sortons sûrement de la crise. Tous les observateurs honnêtes le disent. L'Onu qui s'est singularisée par des résolutions en notre défaveur, s'est réunie récemment et a constaté qu'on évolue. Qu'on avance certes lentement mais sûrement. Il n'y a pas de doute là-dessus ; que les Ivoiriens ne se fassent pas de doute. Nous avançons. Bientôt nous sortirons de la crise. Mais la sortie de crise conditionne beaucoup d'autres choses, notamment la reprise des activités scolaires, sociales, économiques. Il faut que les gens nous apportent leurs appuis pour qu'on sorte vite, vite, vite. Pour qu'on aille aux élections, vite, vite, vite.
Source: macotedivoire.info