x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Sport Publié le mardi 27 janvier 2009 | Le Patriote

Football: CAN Juniors Rwanda 2009 - Interview/ Alain Gouaméné (Entraineur des Eléphanteaux): “Je ne démissionnerai pas”

Trois buts à zéro face au Nigéria, on ne peut pas dire que vous vous attendiez à une telle déculottée ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Mieux, je m’attendais à réaliser un petit miracle. Je pense que sur le plan du jeu, je n’ai rien à leur reprocher. La seule chose que je regrette et que je peux reprocher à mon équipe, c’est la finition. On se créé plus d’occasions que les autres mais on ne marque pas. Cela ne pardonne pas au football. Sinon, on tue le match en première mi-temps comme on l’aurait fait contre l’Afrique du sud et contre l’Egypte.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette inefficacité devant les buts et surtout cette frilosité défensive qui fait que votre équipe a encaissé six buts pour un seul inscrit?
Ce qui est frustrant, c’est que dans le fond on ne mérite pas ce résultat. On a eu du mal à produire notre jeu habituel. Cela peut être dû à l’arrêt du championnat ou à autre chose. Je ne cherche pas d’excuse, mais je veux dire que nous avons manqué de chance.
Vous veniez à Kigali avec un double objectif. Vous qualifier pour le mondial et si possible remporter la CAN. On peut dire que vous avez échoué sur toute la ligne ?
Quand tu fais trois matches pour trois défaites, c’est un échec forcément. Si c’était en équipe nationale de Côte d’Ivoire sénior, c’est serait un gros échec. Mais il faut se demander si, malgré les trois défaites, six buts encaissés pour un seul marqué, la Côte d’Ivoire a produit du jeu ? Y a t-il une possibilité qu’on retrouve ces jeunes dans un ou deux ans en espoirs ou chez les A ? Quand on regarde bien, je dis oui. Sur ce plan, il n’y a pas d’échec parce que je sais que ces jeunes peuvent avancer avec d’autres entraîneurs. C’est dommage qu’ils n’aient pas conclu leur passage en juniors par un succès.
A chaque match vous changiez votre onze de départ. Faut-il comprendre que vous aviez des difficultés pour asseoir une équipe type ?
Quand on fait des matches amicaux avant la compétition, il y a des joueurs qui donnent et d’autres pas. Et dans la compétition, on aligne des joueurs qui parfois ne rendent pas ce qu’on attend d’eux, donc on les change. Ce qui nous amène à faire des changements. Mais ces changements nous ont permis d’améliorer notre niveau de jeu. Malheureusement, en attaque, Tiézan s’est blessé, N’Gossan, N’Dieffi, Cyriac et Koro sont à la traîne. Quand tu as quatre joueurs à la traîne au niveau de l’attaque, tu ne peux pas jouer. Ecoutez, je ne peux pas mettre Abdoulaye Traoré dit Ben Badi pour me marquer des buts. Je suis obligé de me contenter de ce que j’ai et de continuer à jouer. La Côte d’Ivoire, contrairement au Ghana et au Nigéria qui ont participé au tournoi de l’UFOA, semblait courte physiquement ?
Oui ! Même le Nigéria et le Ghana ont changé la plupart des joueurs qui était à l’UFOA. Nous avons pu récupérer certains joueurs qui ont haussé leur niveau de jeu au tournoi UFOA comme Topio, Laglais mais le groupe était déjà formé. Ce qui a été peut-être préjudiciable pour nous, c’est l’arrêt du championnat national. Mais quand on perd, on cherche tellement d’explications qu’au finish, on a du mal à savoir ce qui s’est réellement passé. Avez-vous senti que vos joueurs faisaient la grosse tête parce que vous ne cessiez de leur répéter qu’ils ne sont pas encore professionnels ?
C’est le propre des Ivoiriens et ce n’est pas nouveau. Ces joueurs veulent tous partir faire des carrières professionnelles. Mais ils ont oublié qu’un joueur n’est meilleur que dans un collectif. Et le résultat est là. Il y a certains joueurs qui ont manqué de lucidité. Ils devaient se dire qu’ils sont encore juniors et qu’ils devaient jouer d’abord pour l’équipe. Cela a joué des tours à certains qui retourneront en Côte d’Ivoire et qui auront peut-être du mal à trouver un club.
Cette compétition était-il un challenge personnel ?
Le plus important chez les jeunes, c’est qu’ils puissent monter en équipe A. Dans trois ou quatre ans, on doit trouver dix joueurs au moins en équipe olympique. Koné Tiégbè et moi l’avons fait au Bénin en 2005. On avait perdu au premier tour en juniors et tout le monde avait crié au scandale. Mais après, on a retrouvé douze joueurs en équipe olympique. C’est une satisfaction pour Koné Tiégbè. Parce qu’en formation c’est le long terme et non le résultat immédiat. Cette équipe joue bien au football mais à la fin, elle ne marque pas. A nous de rechercher encore des attaquants quelque part et de travailler avec les entraîneurs de clubs. Mais, si on nous dit au niveau de la fédération que malgré que nous soyons en formation que nous avons échoué et qu’il faut dégager, en ce moment on dégagera. En tout cas moi, je ne dirai pas que je démissionne parce j’ai échoué avec les juniors. Ça sera un peu bête. Je suis en formation et quand on regarde le jeu produit, on peut être fier de la Côte d’Ivoire même s’il n’y a pas les buts au bout.
Le message passe-t-il entre les joueurs et vous ?
Il n’y a pas de problème de communication. Ce n’est pas un problème de message. Il y a eu un problème de comportement qui est propre aux joueurs cadets et juniors. Ils pensaient déjà être professionnels alors qu’ils ne le sont pas. Il n’y a pas de guéguerre mais quand nous devons taper sur la table, on le fait. Je suis un compétiteur et je leur ai dit qu’ils ne peuvent pas réussir tout seul. Nous n’avons eu aucun problème avec les enfants.
Vous êtes déçus du rendement de certains joueurs très attendus à cette CAN ?
Evidemment ! Je suis moi-même déçu de la compétition.
Je veux parler des joueurs comme Gohi Bi, meilleur joueur et buteur de la ligue 1, de N’Gossan, N’Dieffi,…?
Ce sont mes enfants ou mes petits-frères. Ce sont mes gamins et je les connais depuis en cadets. Au lieu d’être déçu, j’ai plutôt mal pour eux. Je sais qu’ils ne le font pas exprès. Ils essaient de donner le meilleur d’eux-mêmes et c’est ce qui est frustrant. Je sais qu’ils peuvent se tuer sur le terrain pour moi mais ils n’y arrivent pas. Ça me fait de la peine pour eux.
De façon générale comment vous jugez la première phase de cette compétition?
On peut être fier de notre équipe nationale sur le plan de la jeunesse par rapport aux autres pays que vous avez vus. C’est pratiquement un championnat d’adultes. Nous avons vraiment emmené des jeunes. Et je peux vous confier que le président de la fédération m’avait déjà prévenu qu’on jouerait contre des vieux. Il n’a pas eu tort. C’est dommage pour la CAF qui laisse passer certaines choses. Elle n’a peut -être pas le choix parce que les pays présentent des passeports. Sinon il y a des pays comme le Mali, le Cameroun, le Nigéria ou le Rwanda qui n’ont pas le droit d’être à cette compétition. Parce que ce ne sont pas des juniors. Au niveau du jeu, j’ai aimé l’Afrique du Sud avec un football de jeunesse. J’aurais aimé que nos enfants jouent comme eux avec enthousiasme et insouciance. Mais vous allez voir que les Sud-Africains seront barrés par les adultes au final.

Koné Lassiné
Envoyé spécial à Kigali
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Sport

Toutes les vidéos Sport à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ