Geneviève Bro Grébé à propos des dates de la CEI : "On ne peut pas se précipiter pour bâcler les élections"

La coordination des femmes patriotes a battu le rappel de ses troupes hier à son siège à Cocody les II-Plateaux pour donner de la voix sur les questions qui minent le pays et dégager une position sur le processus électoral. Ainsi, à l’occasion de la rencontre de nouvel an avec la presse, la présidente de la coordination des femmes patriotes, Mme Geneviève Bro Grébé, a tranché en faveur du temps nécessaire qui doit être consacré au processus électoral pour, selon elle, offrir des élections acceptables. «Nous sommes de ceux qui sont pessimistes par rapport aux dates que donne la CEI. Nous disons qu’il faut donner le temps au temps. On annonce la fin de l’opération d’enrôlement pour le 28 février et c’est aujourd’hui qu’on débute la reconstitution des registres d’état civil. Est-ce que tous les milliers de personnes concernées par cette reconstitution pourront avoir leurs extraits pour se faire enrôler ?», s’est préoccupée l’ancienne ministre Bro Grébé. Avant de dire : «On ne peut pas se précipiter sous la pression de la communauté internationale pour bâcler les élections. Nous ne croyons pas à la date, du 28 février pour la fin de l’enrôlement».

Pour la présidente de la coordination des femmes patriotes, ceux qui ont pris les armes ont justifié leur acte par le fait que des Ivoiriens n’avaient pas de papiers. Et de s’interroger si l’allure qu’imprime la CEI au processus électoral peut permettre à ces Ivoiriens d’avoir leurs pièces. Selon elle il faut faire en sorte que le processus se déroule normalement à la satisfaction de tous. Partant, elle a souligné de façon subtile que les élections n’auront pas lieu en 2009. Aussi a-t-elle fait remarquer que la paix que les Ivoiriens attendent viendra seulement des élections. Car, pour Bro Grébé, des gens ont pris les armes pour tuer et ce n’est donc pas l’organisation des élections qui effacera ces drames.

Interrogée sur le déroulement actuel de l’opération d’identification et d’enrôlement dans les zones CNO et sur les cas de fraude signalés, elle a dit ne pas comprendre que l’identification se fasse en zone CNO pendant que les armes circulent et troublent la quiétude des populations. «Ils ne sont des ex-rebelles tant qu’ils n’ont pas désarmé. C’est c’est pour édulcorer le terme rébellion alors nous demandons qu’ils désarment», a-t-elle rétorqué.

Parlant de la fraude à l’enrôlement, Bro Grébé a crié son indignation face à l’ampleur du fléau et s’en est prise à ceux qui en sont les commanditaires. «Il y a la fraude partout, on établit de faux extraits de naissance dans l’arrière-cour, on fabrique des gens à but électoral. Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous fabrique des Ivoiriens pour voter. Ceux qui fabriquent ces fraudeurs ne mesurent pas les conséquences. C’est le pays où on fabrique facilement de fausses cartes d’identité et de faux extraits de naissance», a fait savoir l’ancienne ministre. Qui a révélé que 2500 copies d’actes de naissance vierges et signées en partance pour Korhogo ont été saisies par la police. Selon Bro Grébé, ceux qui encouragent cette fraude ignorent qu’au-delà du vote, ces étrangers auront droit aux terres et tous les droits réservés aux nationaux. Remontée contre les fraudeurs, elle a aussi déploré le recul de la morale et des valeurs. Pour la présidente de la coordination des femmes patriotes, la corruption, la tricherie et le racket qui minent l’Etat est un mal préoccupant. «Dès que la Banque mondiale donne de l’argent, on crée des ONG pour escroquer l’Etat. On s’organise dans tous les ministères pour escroquer l’Etat. J’ai été ministre donc je sais ce qui se passe», a témoigné Bro Grébé qui annonce qu’elle va lutter pour un nouveau type d’Ivoirien.


Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr