La vie est dure, comme on a coutume de le dire. Pour gagner son pain, il faut se battre, il faut se lever tôt le matin. Cependant, les réalités sont différentes. Il y a certaines personnes qui s`épanouissent en pratiquant des métiers assez nobles. C`est-à-dire qui travaillent dans un environnement viable qui respecte les normes de l`hygiène et de la salubrité. Or, souvent la rémunération de ces derniers est en déça de l`estime qui leur est portée. Pour d`autres, c`est le travail physique à outrance. Il faut prendre des risques, se salir, voire ternir son image et ignorer le regard de l`autre pour pouvoir survivre. A quel prix le font-ils ? A quelles difficultés sont-ils confrontés ? Arrivent-ils à subvenir aux besoins de leurs familles ? (…). Bref, voici quelques interrogations auxquelles nous essayerons de répondre pendant notre randonnée dans l`univers de quelques "métiers salissants".
Les charbonniers
Dans la plupart de nos ménages, nous trouvons le charbon qui, généralement, vient en supplément au gaz. En effet, ce produit provient de la carbonisation du bois, brûlé sans air pendant un certain temps. Cela implique plusieurs risques pour les fabricants à cause de la combustion qui se fait à haute chaleur. Les vendeurs qui encourent aussi des risques, arborent toujours des haillons dans l`exercice de leur métier. Toujours est-il qu`il y a une motivation quelque part. "L`argent n`a pas d`odeur. Et j`arrive à me dépanner et à subvenir à mes besoins. C`est ça l`essentiel (…) " lance Doumbia V., vendeur de charbon au détail à Yopougon. Concernant la rentabilité du commerce, il nous rassure en ces termes "Par jour, je peux vendre cinq (5) sacs, les jours fériés et les week-ends, je vends six (6) à sept (7) sacs. Sur chaque sac, je peux gagner au moins 2500 FCFA à 3.000 FCFA ". Ce qui fait un bénéfice quotidien de 12.500 FCFA à 17.500 FCFA. Soit au minimum 375.000 FCFA par mois. M. Doumbia nous confie que cette marge bénéficiaire est due exclusivement à la fidélité que ses clients lui accordent depuis ses 9 ans d`exercice. Cependant, les propos sont différents selon les lieux. M. Fofana B, vendeur dans la même commune, pour sa part, avoue ne pas pouvoir vendre au-delà de quatre (4) sacs par jour. Aussi se réjouit-il d`aller au-delà de ce quota certains jours. Une chose est sûre, chacun tire profit à son niveau.
Les bouchers
Nous sommes tous unanimes sur le fait que l`abattoir, lieu réservé exclusivement au pâturage et à la vente du bétail, n`est pas exempt de critiques quant au non respect des normes d`hygiène et de santé publique qu`offrent ses locataires. Pourtant, cela n`empêche guère la consommation de la viande par les populations. Ainsi sur nos différents marchés, pouvons-nous remarquer que le stand du boucher présente généralement le même aspect avec son habituelle présence de sang provoquant souvent des odeurs suffocantes. Ce métier est plutôt considéré pour certains comme une tradition qui se transmet de génération en génération, et pour d`autres, comme une profession rémunératrice. C`est-à-dire qui fait vivre son homme. En témoignent les propos de M. Sylla Bakary, boucher aux ménages à Adjamé marché. "La boucherie m`a tout donné" a-t-il avoué. Selon lui, la marge bénéficiaire a considérablement baissé à cause de la crise socio-économique qui perdure. "Les années précédentes, je pouvais vendre à peu près un bœuf par jour, même plus que ça" a-t-il confié. Cependant, notre interlocuteur s`est toutefois montré très réservé quand il s`est agi de parler de gain. "Ça ne marche plus comme avant, mais on fait avec. Et si par jour, j`arrive à vendre un demi-bœuf, c`est bon. Parce que c`est mon travail. Et c`est ce que je prends pour m`occuper de ma famille".a-t-il fait savoir. Pour sa part, M. Yao Konan Joseph, Secrétaire général adjoint du Syndicat national des bouchers et assimilés de Côte d`Ivoire (SYNABOA), nous donne les détails de ladite activité suivant le circuit du marchand de bétail (l`importateur) aux vendeurs des ménages c`est-à-dire ceux qui vendent sur nos différents marchés. Evidemment, à chaque étape où un intermédiaire intervient, le prix subit une variation. C`est dans ce contexte que le marchand de bétail approvisionne le grossiste. Les prix des bêtes varient selon leur forme. Les prix se situent entre 150.000f et 700.000f voire 800.0000 f quand la bête est bien engraissée. A son tour, le grossiste vend au boucher chevillard. Celui-ci livre la viande par carcasses. C`est-à-dire divisée en deux à raison de 1200f ou 1300f/Kg au boucher détaillant. Ce dernier fournit au boucher des ménages pour 1500F/Kg. Avant de le trouver dans nos marchés au prix de 1750 à 1800F. D’ailleurs, il précise que la qualité de la viande est un facteur important dans la fixation du prix au kilogramme. Les grosses bêtes de 400 à 500 kg sont vendues à 1600f au boucher chevillard. Mais, cette qualité extra de viande est exclusivement réservée aux grandes surfaces. Ces derniers la proposent dans les super marchés entre 3000 et 6000f/Kg. A vrai dire, chacun à son niveau trouve son compte dans cette activité. De même, des activités comme la vente de poissons, le métier de mécanicien, (…) pour ne citer que ceux-là sont porteurs de richesse.
Ramassage d`ordures ménagères
Quartier Plateau-Dokui, la senteur d`un regard ouvert rend la respiration quasi-impossible. Constant, un jeune homme bien connu dans le secteur, s`active à remettre en état l`ouvrage endommagé.
Celui-ci n`a pas de métier fixe, il est à dire vrai un véritable bricoleur. Sa devise, l`argent n`a pas d`odeur. Son slogan l`amène à extraire les déchets qui bouchent les toilettes du quartier, à entrer dans les cours communes et certaines villas d`Angré à la recherche de saleté réputée répugnante. Du coup, l`éboueur devient pré collecteur. Il a acheté son pousse-pousse à 22.000F Fca. Quand il fait le plein de "l`appareil", il fait un gain de 2.500F Fca par chargement. Ce professionnel des métiers dits sales exerce son activité depuis plus de cinq ans. Si aujourd`hui, Constant regrette l`interruption prématurée de ses études primaires, il éprouve tout de même une satisfaction par rapport à son activité .L`homme dit à ce propos "Je n`envie personne-là où je suis. Il est certain que je ne suis pas rémunéré mensuellement mais je mène mon petit bonhomme de chemin. La preuve, je loue une pièce salon à Aboboté où je vis avec ma femme et notre fille qui va à l`école. "
La maçonnerie et le peintre bâtiment
En sortant de chez lui tous les matins, Patrice qui a quitté sa ville natale de Katiola pour Abidjan, est bien propre comme les gens bien éduqués qui se lavent avant de sortir de chez eux. Son métier ne le mène pas aux vices, mais il est obligé de l`exercer tout sale. Avec des habits appropriés à son travail de maçonnerie, il est prêt à accueillir le ciment mouillé, à être trempé d`eau, et de sueur provoquée par le soleil. Il n`a pas le choix parce qu`il doit gagner son pain dans cet état. Depuis quand pratique-t-il ce job ? Pourquoi le fait-il? Gagne-t-il sa vie ? Autant de questions auxquelles le maçon, Patrice a répondu. "Je suis arrivé du village à cause de la guerre. Là-bas, j`étais paysan, mais puisque rien ne marchait véritablement, j`ai donc décidé de venir à Abidjan chez un frère qui était déjà maçon. Donc j`ai commencé avec lui en tant qu`apprenant. C`est ainsi que j`ai entamé ce métier. Je n`avais pas le choix dans la mesure où il fallait que je gagne ma vie. A ce jour, je gagne honnêtement mon pain. C`est vrai, les gens trouvent que c`est un boulot salissant et que le ciment ronge les doigts. Dans tous les cas de figure, pour faire des omelettes, il faut casser les œufs. L`entrepreneur nous pointe 5000F Fca la journée. C`est souvent en fin de semaine ou deux semaines après que nous recevons nos paies. Avec cet argent, nous essayons d`épargner pour régler les factures de fin de mois (le logement, l`électricité et l`eau) un peu comme un fonctionnaire" a-t-il affirmé dans un français approximatif. Après une dure journée de labeur, le jeune maçon prend un bain sur place avant de regagner son domicile à Abobo Samaké où il va se rendre bien propre. Sur le même chantier où travaille le déplacé de guerre, se trouve un peintre dont les habits ont été touchés par la peinture telle une fresque de Picasso. Drissa, c`est de lui qu`il s`agit, n`en a cure. Au contraire, il arbore sa tenue de travail avec fierté. Il était conscient qu`en choisissant ce "job" il devrait s`attendre à cet état très peu commode au regard du sens commun. Mais l`essentiel pour lui est de travailler de ses dix doigts et gagner son pain quotidien à la sueur de son front. Drissa reconnaît que si son boulot nourrit son homme, il convient d`affirmer que l`obtention de contrat est un parcours de combattant. Selon lui, le secteur de la peinture est envahi par de nouveaux peintres du fait du chômage, et par la rareté des marchés. "En dépit de cet état de fait, j`arrive à m`en sortir et à survenir à mes besoins personnels et familiaux. Lorsque tout marche bien, je peux me retrouver avec un peu plus de 100.000FR mensuellement. "
Morgan Ekra et Foumséké Coulibaly
Les charbonniers
Dans la plupart de nos ménages, nous trouvons le charbon qui, généralement, vient en supplément au gaz. En effet, ce produit provient de la carbonisation du bois, brûlé sans air pendant un certain temps. Cela implique plusieurs risques pour les fabricants à cause de la combustion qui se fait à haute chaleur. Les vendeurs qui encourent aussi des risques, arborent toujours des haillons dans l`exercice de leur métier. Toujours est-il qu`il y a une motivation quelque part. "L`argent n`a pas d`odeur. Et j`arrive à me dépanner et à subvenir à mes besoins. C`est ça l`essentiel (…) " lance Doumbia V., vendeur de charbon au détail à Yopougon. Concernant la rentabilité du commerce, il nous rassure en ces termes "Par jour, je peux vendre cinq (5) sacs, les jours fériés et les week-ends, je vends six (6) à sept (7) sacs. Sur chaque sac, je peux gagner au moins 2500 FCFA à 3.000 FCFA ". Ce qui fait un bénéfice quotidien de 12.500 FCFA à 17.500 FCFA. Soit au minimum 375.000 FCFA par mois. M. Doumbia nous confie que cette marge bénéficiaire est due exclusivement à la fidélité que ses clients lui accordent depuis ses 9 ans d`exercice. Cependant, les propos sont différents selon les lieux. M. Fofana B, vendeur dans la même commune, pour sa part, avoue ne pas pouvoir vendre au-delà de quatre (4) sacs par jour. Aussi se réjouit-il d`aller au-delà de ce quota certains jours. Une chose est sûre, chacun tire profit à son niveau.
Les bouchers
Nous sommes tous unanimes sur le fait que l`abattoir, lieu réservé exclusivement au pâturage et à la vente du bétail, n`est pas exempt de critiques quant au non respect des normes d`hygiène et de santé publique qu`offrent ses locataires. Pourtant, cela n`empêche guère la consommation de la viande par les populations. Ainsi sur nos différents marchés, pouvons-nous remarquer que le stand du boucher présente généralement le même aspect avec son habituelle présence de sang provoquant souvent des odeurs suffocantes. Ce métier est plutôt considéré pour certains comme une tradition qui se transmet de génération en génération, et pour d`autres, comme une profession rémunératrice. C`est-à-dire qui fait vivre son homme. En témoignent les propos de M. Sylla Bakary, boucher aux ménages à Adjamé marché. "La boucherie m`a tout donné" a-t-il avoué. Selon lui, la marge bénéficiaire a considérablement baissé à cause de la crise socio-économique qui perdure. "Les années précédentes, je pouvais vendre à peu près un bœuf par jour, même plus que ça" a-t-il confié. Cependant, notre interlocuteur s`est toutefois montré très réservé quand il s`est agi de parler de gain. "Ça ne marche plus comme avant, mais on fait avec. Et si par jour, j`arrive à vendre un demi-bœuf, c`est bon. Parce que c`est mon travail. Et c`est ce que je prends pour m`occuper de ma famille".a-t-il fait savoir. Pour sa part, M. Yao Konan Joseph, Secrétaire général adjoint du Syndicat national des bouchers et assimilés de Côte d`Ivoire (SYNABOA), nous donne les détails de ladite activité suivant le circuit du marchand de bétail (l`importateur) aux vendeurs des ménages c`est-à-dire ceux qui vendent sur nos différents marchés. Evidemment, à chaque étape où un intermédiaire intervient, le prix subit une variation. C`est dans ce contexte que le marchand de bétail approvisionne le grossiste. Les prix des bêtes varient selon leur forme. Les prix se situent entre 150.000f et 700.000f voire 800.0000 f quand la bête est bien engraissée. A son tour, le grossiste vend au boucher chevillard. Celui-ci livre la viande par carcasses. C`est-à-dire divisée en deux à raison de 1200f ou 1300f/Kg au boucher détaillant. Ce dernier fournit au boucher des ménages pour 1500F/Kg. Avant de le trouver dans nos marchés au prix de 1750 à 1800F. D’ailleurs, il précise que la qualité de la viande est un facteur important dans la fixation du prix au kilogramme. Les grosses bêtes de 400 à 500 kg sont vendues à 1600f au boucher chevillard. Mais, cette qualité extra de viande est exclusivement réservée aux grandes surfaces. Ces derniers la proposent dans les super marchés entre 3000 et 6000f/Kg. A vrai dire, chacun à son niveau trouve son compte dans cette activité. De même, des activités comme la vente de poissons, le métier de mécanicien, (…) pour ne citer que ceux-là sont porteurs de richesse.
Ramassage d`ordures ménagères
Quartier Plateau-Dokui, la senteur d`un regard ouvert rend la respiration quasi-impossible. Constant, un jeune homme bien connu dans le secteur, s`active à remettre en état l`ouvrage endommagé.
Celui-ci n`a pas de métier fixe, il est à dire vrai un véritable bricoleur. Sa devise, l`argent n`a pas d`odeur. Son slogan l`amène à extraire les déchets qui bouchent les toilettes du quartier, à entrer dans les cours communes et certaines villas d`Angré à la recherche de saleté réputée répugnante. Du coup, l`éboueur devient pré collecteur. Il a acheté son pousse-pousse à 22.000F Fca. Quand il fait le plein de "l`appareil", il fait un gain de 2.500F Fca par chargement. Ce professionnel des métiers dits sales exerce son activité depuis plus de cinq ans. Si aujourd`hui, Constant regrette l`interruption prématurée de ses études primaires, il éprouve tout de même une satisfaction par rapport à son activité .L`homme dit à ce propos "Je n`envie personne-là où je suis. Il est certain que je ne suis pas rémunéré mensuellement mais je mène mon petit bonhomme de chemin. La preuve, je loue une pièce salon à Aboboté où je vis avec ma femme et notre fille qui va à l`école. "
La maçonnerie et le peintre bâtiment
En sortant de chez lui tous les matins, Patrice qui a quitté sa ville natale de Katiola pour Abidjan, est bien propre comme les gens bien éduqués qui se lavent avant de sortir de chez eux. Son métier ne le mène pas aux vices, mais il est obligé de l`exercer tout sale. Avec des habits appropriés à son travail de maçonnerie, il est prêt à accueillir le ciment mouillé, à être trempé d`eau, et de sueur provoquée par le soleil. Il n`a pas le choix parce qu`il doit gagner son pain dans cet état. Depuis quand pratique-t-il ce job ? Pourquoi le fait-il? Gagne-t-il sa vie ? Autant de questions auxquelles le maçon, Patrice a répondu. "Je suis arrivé du village à cause de la guerre. Là-bas, j`étais paysan, mais puisque rien ne marchait véritablement, j`ai donc décidé de venir à Abidjan chez un frère qui était déjà maçon. Donc j`ai commencé avec lui en tant qu`apprenant. C`est ainsi que j`ai entamé ce métier. Je n`avais pas le choix dans la mesure où il fallait que je gagne ma vie. A ce jour, je gagne honnêtement mon pain. C`est vrai, les gens trouvent que c`est un boulot salissant et que le ciment ronge les doigts. Dans tous les cas de figure, pour faire des omelettes, il faut casser les œufs. L`entrepreneur nous pointe 5000F Fca la journée. C`est souvent en fin de semaine ou deux semaines après que nous recevons nos paies. Avec cet argent, nous essayons d`épargner pour régler les factures de fin de mois (le logement, l`électricité et l`eau) un peu comme un fonctionnaire" a-t-il affirmé dans un français approximatif. Après une dure journée de labeur, le jeune maçon prend un bain sur place avant de regagner son domicile à Abobo Samaké où il va se rendre bien propre. Sur le même chantier où travaille le déplacé de guerre, se trouve un peintre dont les habits ont été touchés par la peinture telle une fresque de Picasso. Drissa, c`est de lui qu`il s`agit, n`en a cure. Au contraire, il arbore sa tenue de travail avec fierté. Il était conscient qu`en choisissant ce "job" il devrait s`attendre à cet état très peu commode au regard du sens commun. Mais l`essentiel pour lui est de travailler de ses dix doigts et gagner son pain quotidien à la sueur de son front. Drissa reconnaît que si son boulot nourrit son homme, il convient d`affirmer que l`obtention de contrat est un parcours de combattant. Selon lui, le secteur de la peinture est envahi par de nouveaux peintres du fait du chômage, et par la rareté des marchés. "En dépit de cet état de fait, j`arrive à m`en sortir et à survenir à mes besoins personnels et familiaux. Lorsque tout marche bien, je peux me retrouver avec un peu plus de 100.000FR mensuellement. "
Morgan Ekra et Foumséké Coulibaly