“Nicolas Sarkozy, relire le discours de Dakar”de Pierre Franklin Tavarès : Une invite à la réflexion objective
Une table ronde a réuni des intellectuels ivoiriens mercredi dernier au Groupe de recherche sur la tradition orale à Cocody, en vue de révéler la quintessence du discours de Nicolas Sarkozy.
Le 26 juillet 2007, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a prononcé à Dakar au sein de l’Université Cheikh Anta Diop, une allocution présidentielle qui fit tilt. Ce discours qualifié d’historique mais méchant a provoqué la réaction des intellectuels africains.
Cette réaction a fouetté l’orgueil de Pierre Franklin Tavarès, élu au Conseil municipal d’Epinay sur Seine en France. Sa démarche a suscité une table ronde sur son ouvrage, mercredi dernier, au GRTO.
Selon l’auteur de “Nicolas Sarkozy, relire le discours de Dakar”, les Africains qui ont réagi aux propos du chef de l’Etat français n’ont pas été rigoureux dans leurs différentes analyses. Ayant certainement mal écouté le discours de Nicolas Sarkozy, les intellectuels africains, dans l’entendement de Tavarès, ont fait une mauvaise lecture. Il s’en est suivi par conséquent une mauvaise appréciation et cela a entraîné des commentaires lépreux. Son ouvrage propose donc la relecture de ce fameux discours de Dakar afin que chacun s’attèle à mieux peser, observer et apprécier. Pour l’essentiel, Franklin Tavarès retient deux aspects : la critique acerbe de la place et du rôle de l’Etat en Afrique jamais énoncée par un président français ; la proclamation de l’abolition immédiate de la Françafrique dont le corollaire est la projection de nouvelles bases des relations entre la France, l’Afrique et l’Europe. Ceci donne l’EurAfrique.
Si l’on relève la substance du discours de Sarkozy, on peut noter que le chef de l’Etat français reconnaît que les conquérants blancs ont déchanté l’Afrique, mais que l’opération qui a été menée de façon brutale contre les Africains fut un mal nécessaire.
“Le colonisateur a pris, écrit Sarkozy, mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des routes, des ponts, des hôpitaux, des écoles, il a rendu fécondes des terres vierges…Tous les colons n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs… Il y avait parmi eux des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui croyaient faire le bien… La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique”.
Poursuivant sa démonstration, le chef de l’Etat français fait remarquer davantage : “La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l’Europe et le destin de l’Afrique et qui les a mêlés.
L’Afrique, “le Christ” de l’Europe
Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes.” Il fallait, pour l’auteur de “Nicolas Sarkozy, relire le discours de Dakar” que l’intelligentsia africaine dissèque froidement l’allocution du chef de l’Etat français en vue de tendre vers l’objectivité : “C’est que l’intelligentsia africaine est littéralement épuisée, note-t-il, placée devant la lourde faillite des Etats et sa propre incapacité à penser la déroute des indépendances africaines, elle ne peut plus accomplir sa fonction historique, qui est précisément de frayer les chemins d’avenir, pour la critique du présent. Aussi se raccroche-t-elle, et de façon désespérée, au passé pré colonial et colonial, avec la reprise de tous les débats typiques de ces périodes historiques ; passé dont le corollaire théorique est bien évidemment la question historique, désormais faussement cruciale, de l’existence ou non de l’histoire africaine ; débat passé et dépassé mais dans lequel elle se plaît à ressasser ou à ruminer les questions révolues ou résolues en droit, même si, en fait, ces questions furent mal posées.”
Des intellectuels ivoiriens, à l’occasion, ont trouvé que le discours de Sarkozy ne comporte rien d’extraordinaire.
Pour Maurice Bandaman, Sarkozy a dit des choses réelles qui se passent véritablement dans la nomenclature de la gestion du comportement au niveau de tous les secteurs de la société africaine. Cette appréciation a été soutenue par Tiburce Koffi et Bernard Zadi Zaourou.
Quant au professeur Logbo Gbézé (Université de Bouaké), il reprend Tavarès pour noter que Sarkozy se fait le critique implacable des institutions publiques africaines et est quasi près de proclamer publiquement leur faillite historique. A ses yeux donc, en Afrique, l’Etat ne fait plus son métier et comme il n’y a plus rien à attendre des Etats africains, Sarkozy les enjambe et s’adresse directement à la jeunesse africaine, à la société civile africaine avec laquelle il veut travailler directement. Après ce constat, Logbo Gnézé s’interroge : “Quel casuiste, quel sophiste dira que les critiques acerbes du chef de l’Etat français sont fausses ?”
Au total, l’ouvrage de Pierre Franklin Tavarès est un solide prétexte qui interpelle les intellectuels africains à tenir leur cerveau en érection à tout moment pour ne pas faillir à leur devoir. Car, “ce qui fait la valeur d’un homme, comme le disait André Gide, ce n’est pas la vérité qu’il possède ou qu’il croit posséder ; c’est l’effort sincère qu’il fait pour la conquérir”. Selon cette éminente autorité intellectuelle, l’Homme grandit ses forces et se perfectionne non pas par la possession mais par la recherche de la vérité. De ce point de vue, on peut dire que Pierre Franklin Tavarès est sur la bonne voie.
Azo Vauguy azohvauguy@yahoo.fr
Une table ronde a réuni des intellectuels ivoiriens mercredi dernier au Groupe de recherche sur la tradition orale à Cocody, en vue de révéler la quintessence du discours de Nicolas Sarkozy.
Le 26 juillet 2007, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a prononcé à Dakar au sein de l’Université Cheikh Anta Diop, une allocution présidentielle qui fit tilt. Ce discours qualifié d’historique mais méchant a provoqué la réaction des intellectuels africains.
Cette réaction a fouetté l’orgueil de Pierre Franklin Tavarès, élu au Conseil municipal d’Epinay sur Seine en France. Sa démarche a suscité une table ronde sur son ouvrage, mercredi dernier, au GRTO.
Selon l’auteur de “Nicolas Sarkozy, relire le discours de Dakar”, les Africains qui ont réagi aux propos du chef de l’Etat français n’ont pas été rigoureux dans leurs différentes analyses. Ayant certainement mal écouté le discours de Nicolas Sarkozy, les intellectuels africains, dans l’entendement de Tavarès, ont fait une mauvaise lecture. Il s’en est suivi par conséquent une mauvaise appréciation et cela a entraîné des commentaires lépreux. Son ouvrage propose donc la relecture de ce fameux discours de Dakar afin que chacun s’attèle à mieux peser, observer et apprécier. Pour l’essentiel, Franklin Tavarès retient deux aspects : la critique acerbe de la place et du rôle de l’Etat en Afrique jamais énoncée par un président français ; la proclamation de l’abolition immédiate de la Françafrique dont le corollaire est la projection de nouvelles bases des relations entre la France, l’Afrique et l’Europe. Ceci donne l’EurAfrique.
Si l’on relève la substance du discours de Sarkozy, on peut noter que le chef de l’Etat français reconnaît que les conquérants blancs ont déchanté l’Afrique, mais que l’opération qui a été menée de façon brutale contre les Africains fut un mal nécessaire.
“Le colonisateur a pris, écrit Sarkozy, mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des routes, des ponts, des hôpitaux, des écoles, il a rendu fécondes des terres vierges…Tous les colons n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs… Il y avait parmi eux des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui croyaient faire le bien… La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique”.
Poursuivant sa démonstration, le chef de l’Etat français fait remarquer davantage : “La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l’Europe et le destin de l’Afrique et qui les a mêlés.
L’Afrique, “le Christ” de l’Europe
Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains qui sont venus mourir dans les guerres européennes.” Il fallait, pour l’auteur de “Nicolas Sarkozy, relire le discours de Dakar” que l’intelligentsia africaine dissèque froidement l’allocution du chef de l’Etat français en vue de tendre vers l’objectivité : “C’est que l’intelligentsia africaine est littéralement épuisée, note-t-il, placée devant la lourde faillite des Etats et sa propre incapacité à penser la déroute des indépendances africaines, elle ne peut plus accomplir sa fonction historique, qui est précisément de frayer les chemins d’avenir, pour la critique du présent. Aussi se raccroche-t-elle, et de façon désespérée, au passé pré colonial et colonial, avec la reprise de tous les débats typiques de ces périodes historiques ; passé dont le corollaire théorique est bien évidemment la question historique, désormais faussement cruciale, de l’existence ou non de l’histoire africaine ; débat passé et dépassé mais dans lequel elle se plaît à ressasser ou à ruminer les questions révolues ou résolues en droit, même si, en fait, ces questions furent mal posées.”
Des intellectuels ivoiriens, à l’occasion, ont trouvé que le discours de Sarkozy ne comporte rien d’extraordinaire.
Pour Maurice Bandaman, Sarkozy a dit des choses réelles qui se passent véritablement dans la nomenclature de la gestion du comportement au niveau de tous les secteurs de la société africaine. Cette appréciation a été soutenue par Tiburce Koffi et Bernard Zadi Zaourou.
Quant au professeur Logbo Gbézé (Université de Bouaké), il reprend Tavarès pour noter que Sarkozy se fait le critique implacable des institutions publiques africaines et est quasi près de proclamer publiquement leur faillite historique. A ses yeux donc, en Afrique, l’Etat ne fait plus son métier et comme il n’y a plus rien à attendre des Etats africains, Sarkozy les enjambe et s’adresse directement à la jeunesse africaine, à la société civile africaine avec laquelle il veut travailler directement. Après ce constat, Logbo Gnézé s’interroge : “Quel casuiste, quel sophiste dira que les critiques acerbes du chef de l’Etat français sont fausses ?”
Au total, l’ouvrage de Pierre Franklin Tavarès est un solide prétexte qui interpelle les intellectuels africains à tenir leur cerveau en érection à tout moment pour ne pas faillir à leur devoir. Car, “ce qui fait la valeur d’un homme, comme le disait André Gide, ce n’est pas la vérité qu’il possède ou qu’il croit posséder ; c’est l’effort sincère qu’il fait pour la conquérir”. Selon cette éminente autorité intellectuelle, l’Homme grandit ses forces et se perfectionne non pas par la possession mais par la recherche de la vérité. De ce point de vue, on peut dire que Pierre Franklin Tavarès est sur la bonne voie.
Azo Vauguy azohvauguy@yahoo.fr