CHAN : Kouadio Georges, coach de la Côte d’Ivoire: "Je crains énormément le Sénégal"

Lobservateur.sn - Vainqueur en titre du tournoi de l’Uemoa, l’entraîneur de la Côte d’Ivoire a signé samedi une victoire contre le Burkina en match amical en vue du Chan. Mais, il ne s’enflamme pas pour autant. Kouadio Georges a beaucoup de respect pour ses adversaires, surtout le Sénégal. L’entraîneur ivoirien, joint hier au téléphone, estime aussi que le Championnat d’Afrique des nations (Chan) va davantage appauvrir les championnats locaux.

Avec quel état d’esprit attendez-vous vos adversaires, parmi lesquels le Sénégal ?

Je respecte les adversaires, surtout le Sénégal, une très grande équipe. Nous n’allons pas penser que le football sénégalais est mort. Au contraire, il est très bon. Cette équipe que nous avons rencontrée au tournoi de l’Uemoa a des qualités, et je sais qu’elle a été renforcée par des joueurs qui sont venus du Golfe. Des joueurs partis faire des essais à Nantes sont aussi revenus au pays. Quelqu’un qui va faire des essais, c’est qu’il a un minimum à prouver. Le Sénégal est donc une grande équipe, l’une des équipes que je crains énormément.

Vous prenez le Sénégal très au sérieux….

Oui, très au sérieux, c’est une très grande équipe. Je respecte Koto, ses joueurs et l’histoire du football sénégalais. C’est un pays à respecter énormément, ce n’est pas pour les flatter, mais en réalité, c’est un grand pays de football, il peut rebondir à tout moment.

Pour ce tournoi, quelles sont les équipes favorites, selon vous ?

Dans la poule B, le Ghana part favori. Les pays comme le Sénégal et la Zambie sont aussi à respecter. Toutes les équipes partent avec la même égalité de chance, mais celles qui ont un passé historique, comme la Zambie, il faut les respecter. Une formation comme la RDC, il faut s’en méfier énormément. Ils sont très mobiles et savent jouer au ballon. La Tanzanie de même.

Et la Côte d’Ivoire, le pays organisateur ?

Nous avons organisé la coupe d’Afrique en 1984 et nous n’avons même pas été en demi-finale. Je respecte l’histoire. Je ne peux pas me vanter pour dire que nous sommes un grand pays de football nous allons automatiquement…(Il ne termine pas sa phrase). Nous avons un petit respect pour toutes ces nations qui arrivent. Le Sénégal et les autres sont des équipes fortes. Cependant, nous allons en guerre, nous allons nous battre avec les petites armes que nous avons. Nous allons nous battre avec nos mains nues. Progressivement, nous sommes en train de peaufiner notre préparation.

Pensez-vous que le Chan va réellement booster le football local ?

Je n’abonde pas dans le même sens que ceux qui pensent que c’est une très bonne chose. Il est vrai que c’est une bonne chose que les entraîneurs aient l’occasion de coacher leurs joueurs. Mais vu qu’il n’y a pas d’argent au niveau national, et les meilleurs joueurs iront toujours à l’étranger monnayer leur talent, c’est une compétition qui va permettre aux recruteurs de prendre davantage les meilleurs et d’appauvrir encore le football local.

Que préconisez-vous pour un développement du football local ?

Que les Africains prennent exemple sur l’Egypte en mettant de l’argent afin retenir les joueurs sur place. Il met suffisamment de sous dans son football et cela lui permet de retenir ses meilleurs éléments. Aujourd’hui, les clubs égyptiens sont composés de joueurs professionnels.

Pour retenir les meilleurs joueurs et les meilleurs entraîneurs, il faut mettre de l’argent. Ce n’est pas le Chan qui va les empêcher de partir. En revanche, il viendra appauvrir davantage les championnats locaux. Il faut revoir le football au niveau local en faisant en sorte que les entreprises puissent venir investir.

Compte tenu des éliminatoires, pouvons-nous nous attendre à un niveau élevé ?

Comme c’est une première édition, il y aura de l’engouement. Les équipes qualifiées vont se battre, mais il faudra attendre trois ans pour voir quel sera le niveau du Chan.

Par Saliou GACKOU,