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Société Publié le vendredi 6 février 2009 | Nord-Sud

Islam, sexe, hygiène… : Les conseils intimes d`une femme

Ancienne secrétaire à Air Afrique devenue enseignante de français en Arabie Saoudite, Adaï Marie-Agnès Karidjat, Ivoirienne vivant à Djedda vient de publier un livre dans lequel elle touche du doigt les difficultés des musulmanes en matière de purification.


•Pourquoi avez-vous décidé d'écrire un livre sur la pratique de l'Islam?

C'est pour moi une manière d'aider mes frères et sœurs musulmans. J'ai constaté que les femmes ont beaucoup de lacunes dans la connaissance de leur religion. Les hommes sont aussi concernés, mais le cas des femmes est plus criant. Je me suis demandé : pourquoi ne pas faire des recherches sur les problèmes spécifiques à la femme musulmane et trouver des solutions. C'est d'ailleurs pour cela que le livre est sous la forme questions-réponses.


•Quels sont les principaux problèmes que vous avez découverts?

Lors des différents prêches, quand on pose certaines questions touchant l'intimité des femmes, les maîtres islamiques n'arrivent pas à répondre avec exactitude. Par pudeur, ils tournent autour du fond de la question. Pourtant, il n'y a pas de sujet tabou en Islam. Le livre parle de la purification qui est la clé de l'adoration. Sans ablution, la prière n'est pas exaucée. Dieu le dit dans le Coran et le Prophète en parle. Quand j'allais assister à des mariages, à mon grand étonnement, je voyais des femmes prendre la mariée pour l'amener dans les toilettes afin de lui montrer la grande ablution. Je leur disais que ce n'est pas le jour du mariage qu'il faut commencer cette grande ablution. Depuis la puberté, ces mariées devaient savoir faire leur grande ablution pour pouvoir faire leurs prières après leurs menstrues. Effectivement, beaucoup de ces jeunes filles ne savaient pas faire la grande ablution. J'ai été sidérée de le découvrir. Ce qui m'a amenée à me poser d'autres questions. Un moment, je rencontrais des femmes mariées à Cocody. En parlant de la grande ablution avec elles, j'ai découvert que certaines d'entre elles pensaient que cette ablution ne concernait pas les personnes mariées. Pour elles, seuls les non mariées étaient obligées de faire cette ablution après des rapports sexuels. Je leur ai dit que ce n'était pas exact et qu'il faut obligatoire la faire après toute relation sexuelle avant de célébrer une prière que l'on soit marié ou pas. Elles ne le savaient pas. Depuis leur mariage, elles ne faisaient donc pas de grande ablution après les rapports. On peut se poser des questions sur la validité des prières qu'elles ont faites pendant tout ce temps. Heureusement, Dieu est miséricordieux. Si effectivement elles ne le savaient pas, Dieu peut pardonner, mais dans le cas contraire, c'est toute autre chose. Une d'entre elles m'a dit qu'elle ne faisait pas la grande ablution parce qu'elle ne voulait pas mouiller ses cheveux pour se rendre au bureau. C'était triste.


•Vous avez centré le livre autour de la purification de la femme. Est-ce parce que la purification est le principal problème des femmes musulmanes ?

La purification est très complexe chez les femmes. Il est très important de savoir ce qu'il faut faire après les menstrues et les lochies (Ndlr : écoulement utérin pendant les deux ou trois semaines qui suivent l'accouchement) ou en temps de métrorragie (hémorragie anormale d'origine utérine). Chez certaines femmes, les menstrues s'arrêtent puis reviennent. Il faut savoir ce que faire en temps d'écoulement, à l'arrêt et au nouvel écoulement pour ne pas faire des prières inutiles. Mais dans le livre, vous avez dû constater que je parle également des ablutions en général pour les hommes comme pour les femmes. J'explique les trois types d'ablution : la petite, la grande et l'ablution sèche (en cas de manque d'eau).


•Où avez-vous tiré les enseignements que vous communiquez dans ce livre ?

J'ai d'abord demandé la grâce de Dieu et je sais que c'est lui qui a voulu que je fasse ce travail. Après avoir énuméré les questions, je leur ai apporté des réponses en faisant des recherches. Dans mes réponses j'aborde des détails que seul des femmes peuvent bien connaître et expliquer avec justesse. Ensuite, j'ai approché des savants avec mes manuscrits pour qu'ils vérifient si mes réponses sont conformes au Coran et aux enseignements du Prophète Mohamed. Pour trancher une affaire islamique, il faut toujours s'en référer à ces deux sources. A partir du moment où mes réponses sont conformes au Coran et à la sunna, il n'y a plus de doute à se faire.


•Quels sont les savants qui ont travaillé sur votre livre ?

J'ai beaucoup travaillé avec l'imam Mohamed Lamine Kaba qui a préfacé l'ouvrage.


•Comment s'est passée l'édition ?

Elle a été très difficile parce que je n'ai pas eu d'aide. Certaines personnes m'ont promis leur appui, mais cela n'est jamais venu. L'année dernière (en 2007), j'ai été voir des guides qui ont demandé qu'on traduise le texte en arabe. Celui qui devait conduire ce projet s'est volatilisé plus tard. Dieu seul sait s'il a eu les fonds ou pas. J'ai fini par faire l'édition sur fonds propres. Dans l'établissement où j'enseigne, je participe à une tontine. Quand mon tour est arrivé et que j'ai été payée, le 19 novembre dernier, je suis allée immédiatement faire l'impression.


•Combien cela vous a coûté ?

12.000 riyals. (1,5 million Fcfa)


•Comment l'ouvrage a-t-il été accueilli?

Je suis heureuse parce que l'information s'est répandue de bouche à oreille. J'ai été voir les responsables de la délégation ivoirienne pour que je puisse mettre le livre à la disposition de mes frères et sœurs. Plusieurs pèlerins se le sont procuré. Il coûte 10 riyals (Environ 1.500 Fcfa). La satisfaction que j'ai, ce sont les témoignages qui me reviennent. Des personnes qui ont lu le livre viennent vers moi pour me remercier et m'encourager. Je n'ai pas fait ce livre pour des retombées matérielles. J'ai voulu, à travers ce travail, apporter ma modeste contribution à la meilleure connaissance de l'Islam. Les retombées spirituelles me suffisent. Si j'avais obtenu une aide, je l'aurais distribué gratuitement.


•Votre livre est-il disponible en Côte d'Ivoire ?

Il sera disponible à Abidjan (L'interview a été réalisée le 14 décembre à Djedda). Beaucoup de pèlerins ont demandé des quantités importantes pour les envoyer à leurs parents. Je leur ai demandé de rentrer et que je ferais venir des stocks par conteneur, et qu'ils sauront où s'en approprier.


•Avez-vous d'autres projets dans ce domaine ?

J'avais déjà publié un livre qui n'est pas sous la forme questions-réponses. Il portait sur les réalités du pèlerinage. Il expliquait les réalités du pèlerinage à La Mecque depuis la formulation de l'intention jusqu'aux rites en passant par les préparatifs. C'est un genre de guide. Je l'avais publié à Abidjan, et comme en son temps j'avais un peu de moyens, je l'avais distribué gratuitement aux candidats. Le prochain ouvrage que j'aimerais faire paraître, si Dieu le veut, parlera de l'habillement de la femme musulmane. Parce qu'il est grave de voir nos femmes s'habiller cher tout en restant nues.


•A Abidjan ou en Arabie Saoudite ?

Même ici. Si vous vous rendez à des cérémonies de réjouissances de la communauté ivoirienne ou ouest-africaine, vous tomberez des nues devant certains accoutrements. C'est inimaginable en Arabie Saoudite.


Cissé Sindou
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