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Politique Publié le mercredi 11 février 2009 | Nord-Sud

Me Traoré Drissa (Président du Midh) : “Il y a une exploitation abusive de la question ethnique”

Le président du Mouvement ivoirien des droits de l’Homme recommande à la presse de dénoncer les partis qui exploitent la tribu dans leur jeu politique.

•Les hommes politiques continuent de poser des actes qui font référence à l’ethnie, cela malgré l’existence de la loi adoptée récemment. Qu’en pensez-vous ?

Au Midh, nous ne faisons pas un lien entre cette pratique et la nouvelle loi adoptée. Ce dont la loi parle, c’est une exploitation, un usage de l’ethnie pour blâmer et condamner quelqu’un. Il s’agit des jugements basés sur l’ethnie. Dans le cas de ce que les hommes politiques font en recevant des groupes ethniques qu’ils brandissent devant la nation, nous pensons qu’il y a là un problème de technique d’approche de la question tribale sur laquelle la loi n’est pas claire. Mais, dans l’absolu, on ne peut pas dire qu’il faut bannir cela. Les gens peuvent aller vers les communautés ethniques au niveau des partis politiques. Il y a aussi les organisations de la société civile qui vont aussi rencontrer ces communautés pour leur expliquer des choses.

•Pour vous la pratique qui consiste à exploiter l’ethnie dans la politique n’est pas dangereuse ?

Ce que nous, au Midh disons, c’est qu’il faut prendre garde de ne pas diviser les Ivoiriens en approchant les groupes ethniques pour les mettre à dos les unes les autres. Il ne faut pas faire croire des choses à une ethnie pour l’opposer à une autre. Il ne faut pas singulariser un groupe d’individus dans un groupe ethnique par rapport aux autres pour ne pas les exposer à leur colère. Il en est de même lorsqu’on essaie de singulariser une ethnie par rapport aux autres ethnies du pays. On expose ainsi des personnes. Mais, si c’est une approche des communautés tribales qui se fait dans le cadre de la recherche d’une cohésion nationale, ce n’est pas mauvais. Nous souhaitons que chaque acteur politique se limite à cet objectif et à rien d’autre.

•Les pratiques actuelles consistent à recevoir des groupes ethniques par exemple au palais. Le chef de l’Etat en profite généralement pour régler ses comptes avec ses adversaires - ou au sein des partis politiques - qui parlent de nouvelles adhésions. Pensez-vous qu’elles peuvent contribuer à la cohésion nationale ?

Je reconnais qu’il y a une exploitation assez abusive de la question ethnique dans ces lieux-là. Quand on donne l’impression qu’on fête un groupe ethnique qui a adhéré à un parti, cela pourrait mettre à dos de ce groupe d’autres groupes ethniques qui sont en même temps catalogués comme étant affiliés ailleurs. C’est ce qui est à dénoncer. Cela met à mal la cohésion nationale. Pour nous, il faut aller dans le sens de dire que tel nombre d’Ivoiriens ont adhéré à tel parti. Mais, on fait malheureusement référence à leur ethnie comme si c’est cela qui est important. Pourtant, dans les urnes, lorsque ces personnes voteront, il ne sera pas fait mention que ce sont des Bété qui ont voté par exemple. Ce sont des Ivoiriens. Je veux parler également des cas de regroupements ethniques à la présidence de la République. Ce n’est pas le groupe ethnique qui y est important. Si Gbagbo dit qu’il reçoit les ressortissants de Bouaké, trouverons-nous quelqu’un pour dire qu’à Bouaké ce sont seulement des Baoulé qu’on trouve dans la ville ? Tous ceux qui y résident seront concernés. Là, c’est la question spécifique de la région qui réunit tous les groupes ethniques venus des quatre coins du pays. Autochtones et allochtones se retrouvent ainsi ensemble. Sinon, la catégorisation des Ivoiriens peut être très dangereuse. Surtout dans cette phase de reconstitution du tissu social et de sortie de crise où la question de l’identité et de l’ethnie est mise en cause. Il faut faire très attention.

•Quels rôles peuvent jouer la presse et la société civile pour éviter de fragiliser le tissu social ?

Pour nous, la presse doit surtout prêter attention au discours. S’il y a une tendance à exploiter la tribu, l’ethnie à des fins bassement politiques, il faut le dénoncer. La presse, mais aussi la société civile a le devoir de dénoncer cela. Il faut interpeller les personnes qui encouragent et s’adonnent à ces pratiques. Il faut leur dire de faire attention et de mettre plutôt en avant la cohésion nationale.

Propos recueillis par Djama Stanislas
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