à l’initiative du Président Gbagbo, des scientifiques ont réfléchi aux stratégies d’adaptation des populations de la Cedeao, aux conséquences.
Les pays de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pourraient, dans les jours à venir, disposer d’un comité scientifique international de neuf membres, spécialisé dans le traitement des questions relatives aux changements climatiques, au profit de la sous-région. C’est là, l’une des conclusions majeures auxquelles ont abouti les experts et scientifiques venus d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis, pour réfléchir du 9 au 11 février derniers aux actions à mener dès à présent, contre les conséquences des changements climatiques dans l’espace Cedeao. Une rencontre initiée par le Président Laurent Gbagbo, qui entendait ainsi préparer et proposer à ses pairs de la Cedeao, une stratégie de gestion des conséquences des changements climatiques, devenues de plus en plus préoccupantes, dans les pays de la sous-région.
Le comité scientifique en question, qui apparaît comme la composante essentielle de cette stratégie, devra faire des suggestions, dans l’optique de faciliter la coordination et la promotion de toutes les activités, portant sur le sujet. Et cela, à travers la capitalisation des acquis que les institutions, les différents projets et programmes déjà existants, ont obtenus. Par ailleurs, ledit comité devra œuvrer pour combler les lacunes constatées, dans la connaissance du phénomène. Il en a la compétence, au regard de la qualité scientifique reconnue de ses membres dans les domaines que sont: océan, atmosphère et climat; ressources en eau; biodiversité; ressources naturelles et lutte contre la désertification; agriculture, élevage et pêche; érosion côtière; énergie; socio-économie; sciences juridiques de l’environnement; information, éducation, communication.
Outre ce comité scientifique, la création d’un centre de formation d’excellence aussi s’impose, estiment les participants. Ils proposent que la Côte d’Ivoire l’abrite et qu’il soit chargé de former des cadres de haut niveau sur le phénomène et son impact sur l’environnement et les ressources humaines. Le centre ne devra point fonctionner en vase clos, mais tenir compte de la contribution des autres centres existants.
Il convient également de renforcer les liens de coopération internationale, avec les partenaires les plus qualifiés, en matière de changement climatique. Aussi a-t-on relevé avec beaucoup de satisfaction «La collaboration et la disponibilité des grandes institutions scientifiques italiennes, qui ont participé au colloque et manifesté leur volonté d’établir des liens de partenariat plus étroits, avec leurs homologues d’Afrique de l’ouest, dans le domaine de la recherche scientifique et de la formation».
La coopération sous-régionale sera aussi indispensable pour le bon fonctionnement de toutes les structures créées. D’où le renforcement de celles qui fonctionnent au niveau de la Cedeao et l’entretien d’une collaboration plus étroite entre elle et l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest- africaine) et le Cilss (Comité international de lutte contre la sécheresse au sahel). A ce propos, soutient M. Paollo Sanella, président du Centre de recherche et de formation sur l’Etat en Afrique (Crea), organisateur du colloque, «il convient pour l’Afrique de parler d’une même et seule voix désormais, si elle veut se faire entendre à l’échelle internationale sur les questions relatives aux changements climatiques. Lesquelles appellent à des analyses complexes et évoluent régulièrement. A mon avis, deux choses sont donc plus que jamais essentielles pour le continent, c’est le renforcement des connaissances et celui de l’intégration africaine en la matière.»
La recherche de synergies entre les organisations non gouvernementales (Ong), les centres de recherche et autres institutions travaillant sur les changements climatiques ne devra pas être ignorée ou négligée non plus.
Au total, l’organisation de ce colloque est perçue par nombre de spécialistes des questions environnementales en Côte d’Ivoire, comme une noble initiative. «Il faut saluer cet engagement du Chef de l’Etat, dans la gestion des conséquences des changements climatiques en Afrique de l’ouest. Engagement nous ayant valu la présente rencontre, qui est d’un haut niveau scientifique. C’est une implication importante, qui encourage les spécialistes africains du sujet. Il faut que cette dynamique nouvelle soit maintenue, que les résultats soient véritablement pris en compte. Car les conséquences des changements climatiques, sont désormais une réalité quotidienne en Côte d’Ivoire et dans la sous-région», soutient avec force conviction, le directeur général de l’environnement, Pr Ochou Abé Delfin
Moussa Touré
Option : Un nouvel espoir
L’idée d’une telle rencontre avec les objectifs qui lui sont assignés, est assurément la première initiative louable à l’échelle sous-régionale, portant sur les stratégies à adopter, face aux méfaits des changements climatiques sur les Etats ouest africains. Elle peut et doit constituer pour les communautés de cet espace géographique, la naissance d’une véritable conscience écologique, qui devra avoir pour effet immédiat, de susciter l’adoption par les uns et les autres, de nouveaux comportements à l’égard de l’environnement. Ce sera assurément, le premier signe patent de l’appropriation par les populations de la Cedeao, des résultats de ce colloque. C’est aussi là, de notre point de vue, un fait qui favorisera l’intégration des idées, initiatives et actions autour de ce qu’il y a lieu de faire, par les pays au sujet de l’adaptation de leurs populations aux conséquences du phénomène qui, chaque année, inquiète un peu plus. On ne peut donc plus se contenter des décrets, arrêtés ou simples décisions pour échapper aux affres desdits changements. C’est tout dire sur l’importance de la communion des actes en la matière. Devant eux-mêmes, être sous-tendus par une certaine communion des esprits et des énergies.
Le faisant, les Etats d’Afrique de l’ouest imprimeront une dynamique nouvelle à leurs réactions contre les changements climatiques. Un fait qu’on attend depuis longtemps déjà de la part du continent tout entier, à l’échelle internationale. Précisément, au sein des différents cadres de négociations du Mécanisme du développement propre (Mdp ). En effet, ici, l’Afrique accuse un retard déconcertant sur le nombre de projets validés par le Conseil du Mdp, organe suprême du mécanisme. A ce jour, il ne revendique que 27 projets accordés contre 745 de l’Asie, sur l’ensemble des 3700 projets financés jusqu’ici par le Mécanisme de développement propre. Pourtant ce mécanisme, qui est une émanation du protocole de Kyoto, existant depuis 1997, en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, est une organisation faite pour les pays pauvres. Dans la noble optique de les amener à se développer à partir d’énergie propre surtout. Donc sans être de gros émetteurs des gaz qui sont aujourd’hui à l’origine des perturbations du climat. Aussi, la dynamique nouvelle attendue des pays de la Cedeao, devra-t-elle se traduire, entre autres faits majeurs, par le choix concerté de projets de grande envergure, remplissant à la fois les conditions d’éligibilité du Mdp et profitables aux populations de la sous-région. En cela, les besoins en énergie électrique sont encore immenses pour les ménages. Alors que les sources de sa production, à partir du solaire, de l’éolienne, du biogaz etc. demeurent tout aussi insuffisamment exploitées, faute de moyens financiers conséquents. Toutefois, un engagement sur cette voie suppose la maîtrise du montage des projets selon les normes du Mdp, de même que le financement adéquat de cette opération. Des préalables indispensables qui expliquent en partie, la faiblesse du nombre des projets financés par le Mdp au profit du continent .La correction d’une telle insuffisance devrait d’ores et déjà, préoccuper le comité scientifique qui sera constitué. Car le prochain rendez-vous sur la révision des accords de Kyoto est prévue pour décembre de cette année, à Copenhague.
par
Moussa Touré
Un mécanisme de mobilisation des ressources
Il est indéniable que tous ces engagements et dispositions contre les effets des changements climatiques, exigent de la part des Etats, la mobilisation de ressources financières pour réaliser les différentes activités qui en découlent. Dans l’immédiat, le vœu des experts et scientifiques, est de voir ces ressources destinées à combler les lacunes constatées au niveau des connaissances relatives à l’évolution des températures. Ainsi que de la maîtrise des résultats des projections faites pour l’Afrique de l’ouest, de la collecte et du traitement des données climatiques de développement de modèle climatique régional, etc. Pour le moyen et le long terme, ils recommandent la mise en place d’un mécanisme à même de mobiliser des ressources d’origine diverse, «Y compris le prélèvement communautaire, les taxes prévues par les législations environnementales». En outre, ils encouragent les pays membres de la Cedeao à créer une fondation, qu’ils pourraient, en même temps que les partenaires bilatéraux et multilatéraux, doter de moyens financiers conséquents. Une politique de communication efficace, sous-tendue par les stratégies de «l’Information éducation communication» ou Iec, s’impose également. Les Etats de la communauté devront aussi assurer le financement des actions s’y rapportant.
M.T
Focus/Dona-Fologo: “Il serait criminel pour l’Afrique de se mettre en marge des réflexions sur le phénomène”
Le président du Conseil économique et social a présidé la cérémonie de clôture du colloque international sur les conséquences des changements climatiques en Afrique de l’ouest. Et ce, au nom du Chef de l’Etat, initiateur de cette rencontre. Pour lui, l’initiative est d’autant plus noble que le phénomène n’interpelle pas que les pays développés. Même s’il est indéniable que les activités économiques de ceux-ci sont essentiellement à la base de cette situation. L’Afrique est aussi victime des méfaits des changements climatiques qui, explique le président Fologo, se traduisent, entre autres, par des assèchements des cours d’eau en milieu rural singulièrement, la désertification et l’érosion marine, comme cela est très manifeste à Abidjan et Grand Lahou notamment. Aussi, déclare-t-il avec force convictions, «Il serait imprudent, voire criminel pour l’Afrique, de se mettre en marge des réflexions relatives à la recherche de solutions aux effets néfastes des changements climatiques». Et puisque cela ne peut aller sans la recherche scientifique, il est donc bienséant pour les pays de la Cedeao, de se mettre ensemble pour mener cette recherche. Car soutient le président Fologo, « la recherche reste une œuvre coûteuse pour nos économies, prises individuellement. Voilà donc une autre raison d’être des groupements économiques régionaux et partant, de l’intégration africaine ». Il a donné la pleine assurance aux experts et scientifiques présents, quant à la détermination du Président Gbagbo à amener ses pairs de la Cedeao à s’impliquer vigoureusement dans la lutte contre les changements climatiques, sur la base des résultats de leurs travaux.
M. Touré
Ce que risque l’Afrique si rien n’est fait
On ne peut plus prétendre que les changements climatiques sont une vue de l’esprit, ou encore des élucubrations de scientifiques en mal de célébrité. Pour tout dire, la réalité du phénomène ne fait plus de doute. Comme le témoignent chaque année un peu plus, les modifications que subit le climat, marquées par des catastrophes naturelles, des déséquilibres écologiques, qui affectent les productions agricoles, les potentialités hydriques des régions de la planète, etc.
Les prévisions des experts de l’Onu révèlent que l’Afrique enregistrera, au cours de ce siècle, une hausse de sa température moyenne qui se situera entre 3°C et 4°C. Soit, une fois et demi plus qu’à l’échelle mondiale. Il en découlera une élévation du niveau des mers, suivie d’une modification des régimes pluviométriques, susceptibles de provoquer la sécheresse ou des inondations, dans plusieurs parties du continent. Mais déjà, les menaces qui pointent à l’horizon n’épargnent aucun domaine de la vie en Afrique. Au niveau de la production de l’énergie électrique à partir des barrages, les perturbations des régimes pluviométriques ont réduit considérablement en la matière les capacités des différentes infrastructures en Tanzanie, en Ouganda et au Ghana. Dans un secteur aussi essentiel que celui de l’eau, ce sont 25 pays du continent, soit la moitié de ses Etats, qui seront en proie à des pénuries d’eau et au stress hydrique, d’ici à 2025. Et 55 ans après, l’on pourra observer une croissance de 5 à 8% des superficies arides et semi-arides. Quant à l’élévation du niveau de la mer qui se produira dans le même temps, elle concernera 12 localités côtières depuis la capitale économique du Cameroun Douala, jusqu’à Dakar au Sénégal. On évalue à 4,7 milliards de Fcfa, le coût des dégâts que cela causera sur la côte ivoirienne.
Les pays de l’Afrique de l’ouest verront leur système agricole pluvial subir de sérieuses perturbations, du fait de la baisse considérable de la pluviométrie. Aussi, pourrait - on assister à une réduction des productions agricoles d’environ 28%. Le sorgho et le mil, qui constituent notamment les aliments de base des populations du Sahel, connaîtront une diminution allant de 15 à 35% au Burkina Faso et au Niger. Côté santé des populations africaines, il est à craindre la propagation du paludisme à la suite de l’élévation des températures et du degré d’humidité. Il en sera de même avec le choléra, la fièvre typhoïde, etc. que les inondations viendront favoriser…si jamais rien n’est fait dès à présent.
Moussa Touré
Des opportunités à saisir
L’Afrique n’est en réalité pas responsable des causes actuelles du réchauffement de la terre. Simplement parce qu’elle ne dispose pas d’un tissu industriel favorisant les émissions des six gaz dangereux qui sont à l’origine de la destruction de la couche d’ozone, avec en prime le Co², ou gaz carbonique. Cependant, elle reste très vulnérable aux conséquences néfastes du phénomène. Fort heureusement, les solutions préconisées contre celles-ci lui offrent des opportunités non négligeables à saisir. En ce sens que leur application vient rendre possible l’adaptation de ses populations auxdites conséquences, à partir de la valorisation de ses propres ressources naturelles.
Pr Auguste Kouassi, conseiller spécial du Président de la République sur les changements climatiques, évoque trois de ces opportunités, dont le continent et singulièrement les quinze Etats membres de la Cedeao, pourraient tirer profit. La première, indique-t-il, est relative au potentiel hydro-électrique, solaire et éolien dont jouit l’Afrique. Potentiel qu’on peut valoriser, dans le cadre du Mécanisme de développement propre, ou celui de l’investissement pour l’énergie propre et le développement. «Une approche régionale pourrait davantage attirer ces types d’investissement, ce d’autant plus que ces ressources et particulièrement les bassins fluviaux transfrontaliers, sont partagés par plusieurs pays».
La deuxième opportunité est selon le Pr Auguste Kouassi, liée au capital forestier de l’Afrique. En fait, si la forêt en tant que puits de carbone venait à être reconnue comme un bien public mondial, «un mécanisme de transition énergétique devrait être envisagé pour limiter la consommation», soutient-il
La troisième pourrait provenir du potentiel agricole dont recèle le continent, en termes de terres agricoles exploitables.
M. T
Repères
CREA. Le Centre de recherches et d’études africaines (Crea) a été créé en 2005 en Côte d’Ivoire, à la faveur des réflexions menées sur le conflit ivoirien, par un groupe de diplomates, d’hommes politiques et d’intellectuels. Cela, dans l’optique de promouvoir des réflexions, soutenir les exigences et valoriser les expériences de l’Etat en Afrique. C’est une association de droit ivoirien basée à Abidjan.
Promotion. Les objectifs spécifiques du Crea sont la promotion des réflexions sur le fonctionnement de l’Etat en Afrique, celle du dialogue entre les dirigeants africains et les hommes de science pour mieux concevoir et appliquer les politiques, en matière de services publics et de règlement des conflits. Il apporte aussi son soutien aux administrations publiques dans la réalisation des politiques de modernisation du développement. Tout comme il procède à la recherche de solutions concrètes, en vue d’améliorer les capacités de la bonne gouvernance et met en valeur les structures institutionnelles les mieux adaptées aux particularités de chaque pays.
Ministres. Le ministre des Mines et de l’Energie, Léon Emmanuel Monnet, a pris une part active aussi bien dans les préparatifs que dans l’organisation pratique de ce colloque. Ses collègues de la Fonction publique et de l’Emploi, ainsi que de l’Environnement, des Eaux et Forêts, ont également participé à cette rencontre internationale.
Les pays de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pourraient, dans les jours à venir, disposer d’un comité scientifique international de neuf membres, spécialisé dans le traitement des questions relatives aux changements climatiques, au profit de la sous-région. C’est là, l’une des conclusions majeures auxquelles ont abouti les experts et scientifiques venus d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis, pour réfléchir du 9 au 11 février derniers aux actions à mener dès à présent, contre les conséquences des changements climatiques dans l’espace Cedeao. Une rencontre initiée par le Président Laurent Gbagbo, qui entendait ainsi préparer et proposer à ses pairs de la Cedeao, une stratégie de gestion des conséquences des changements climatiques, devenues de plus en plus préoccupantes, dans les pays de la sous-région.
Le comité scientifique en question, qui apparaît comme la composante essentielle de cette stratégie, devra faire des suggestions, dans l’optique de faciliter la coordination et la promotion de toutes les activités, portant sur le sujet. Et cela, à travers la capitalisation des acquis que les institutions, les différents projets et programmes déjà existants, ont obtenus. Par ailleurs, ledit comité devra œuvrer pour combler les lacunes constatées, dans la connaissance du phénomène. Il en a la compétence, au regard de la qualité scientifique reconnue de ses membres dans les domaines que sont: océan, atmosphère et climat; ressources en eau; biodiversité; ressources naturelles et lutte contre la désertification; agriculture, élevage et pêche; érosion côtière; énergie; socio-économie; sciences juridiques de l’environnement; information, éducation, communication.
Outre ce comité scientifique, la création d’un centre de formation d’excellence aussi s’impose, estiment les participants. Ils proposent que la Côte d’Ivoire l’abrite et qu’il soit chargé de former des cadres de haut niveau sur le phénomène et son impact sur l’environnement et les ressources humaines. Le centre ne devra point fonctionner en vase clos, mais tenir compte de la contribution des autres centres existants.
Il convient également de renforcer les liens de coopération internationale, avec les partenaires les plus qualifiés, en matière de changement climatique. Aussi a-t-on relevé avec beaucoup de satisfaction «La collaboration et la disponibilité des grandes institutions scientifiques italiennes, qui ont participé au colloque et manifesté leur volonté d’établir des liens de partenariat plus étroits, avec leurs homologues d’Afrique de l’ouest, dans le domaine de la recherche scientifique et de la formation».
La coopération sous-régionale sera aussi indispensable pour le bon fonctionnement de toutes les structures créées. D’où le renforcement de celles qui fonctionnent au niveau de la Cedeao et l’entretien d’une collaboration plus étroite entre elle et l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest- africaine) et le Cilss (Comité international de lutte contre la sécheresse au sahel). A ce propos, soutient M. Paollo Sanella, président du Centre de recherche et de formation sur l’Etat en Afrique (Crea), organisateur du colloque, «il convient pour l’Afrique de parler d’une même et seule voix désormais, si elle veut se faire entendre à l’échelle internationale sur les questions relatives aux changements climatiques. Lesquelles appellent à des analyses complexes et évoluent régulièrement. A mon avis, deux choses sont donc plus que jamais essentielles pour le continent, c’est le renforcement des connaissances et celui de l’intégration africaine en la matière.»
La recherche de synergies entre les organisations non gouvernementales (Ong), les centres de recherche et autres institutions travaillant sur les changements climatiques ne devra pas être ignorée ou négligée non plus.
Au total, l’organisation de ce colloque est perçue par nombre de spécialistes des questions environnementales en Côte d’Ivoire, comme une noble initiative. «Il faut saluer cet engagement du Chef de l’Etat, dans la gestion des conséquences des changements climatiques en Afrique de l’ouest. Engagement nous ayant valu la présente rencontre, qui est d’un haut niveau scientifique. C’est une implication importante, qui encourage les spécialistes africains du sujet. Il faut que cette dynamique nouvelle soit maintenue, que les résultats soient véritablement pris en compte. Car les conséquences des changements climatiques, sont désormais une réalité quotidienne en Côte d’Ivoire et dans la sous-région», soutient avec force conviction, le directeur général de l’environnement, Pr Ochou Abé Delfin
Moussa Touré
Option : Un nouvel espoir
L’idée d’une telle rencontre avec les objectifs qui lui sont assignés, est assurément la première initiative louable à l’échelle sous-régionale, portant sur les stratégies à adopter, face aux méfaits des changements climatiques sur les Etats ouest africains. Elle peut et doit constituer pour les communautés de cet espace géographique, la naissance d’une véritable conscience écologique, qui devra avoir pour effet immédiat, de susciter l’adoption par les uns et les autres, de nouveaux comportements à l’égard de l’environnement. Ce sera assurément, le premier signe patent de l’appropriation par les populations de la Cedeao, des résultats de ce colloque. C’est aussi là, de notre point de vue, un fait qui favorisera l’intégration des idées, initiatives et actions autour de ce qu’il y a lieu de faire, par les pays au sujet de l’adaptation de leurs populations aux conséquences du phénomène qui, chaque année, inquiète un peu plus. On ne peut donc plus se contenter des décrets, arrêtés ou simples décisions pour échapper aux affres desdits changements. C’est tout dire sur l’importance de la communion des actes en la matière. Devant eux-mêmes, être sous-tendus par une certaine communion des esprits et des énergies.
Le faisant, les Etats d’Afrique de l’ouest imprimeront une dynamique nouvelle à leurs réactions contre les changements climatiques. Un fait qu’on attend depuis longtemps déjà de la part du continent tout entier, à l’échelle internationale. Précisément, au sein des différents cadres de négociations du Mécanisme du développement propre (Mdp ). En effet, ici, l’Afrique accuse un retard déconcertant sur le nombre de projets validés par le Conseil du Mdp, organe suprême du mécanisme. A ce jour, il ne revendique que 27 projets accordés contre 745 de l’Asie, sur l’ensemble des 3700 projets financés jusqu’ici par le Mécanisme de développement propre. Pourtant ce mécanisme, qui est une émanation du protocole de Kyoto, existant depuis 1997, en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, est une organisation faite pour les pays pauvres. Dans la noble optique de les amener à se développer à partir d’énergie propre surtout. Donc sans être de gros émetteurs des gaz qui sont aujourd’hui à l’origine des perturbations du climat. Aussi, la dynamique nouvelle attendue des pays de la Cedeao, devra-t-elle se traduire, entre autres faits majeurs, par le choix concerté de projets de grande envergure, remplissant à la fois les conditions d’éligibilité du Mdp et profitables aux populations de la sous-région. En cela, les besoins en énergie électrique sont encore immenses pour les ménages. Alors que les sources de sa production, à partir du solaire, de l’éolienne, du biogaz etc. demeurent tout aussi insuffisamment exploitées, faute de moyens financiers conséquents. Toutefois, un engagement sur cette voie suppose la maîtrise du montage des projets selon les normes du Mdp, de même que le financement adéquat de cette opération. Des préalables indispensables qui expliquent en partie, la faiblesse du nombre des projets financés par le Mdp au profit du continent .La correction d’une telle insuffisance devrait d’ores et déjà, préoccuper le comité scientifique qui sera constitué. Car le prochain rendez-vous sur la révision des accords de Kyoto est prévue pour décembre de cette année, à Copenhague.
par
Moussa Touré
Un mécanisme de mobilisation des ressources
Il est indéniable que tous ces engagements et dispositions contre les effets des changements climatiques, exigent de la part des Etats, la mobilisation de ressources financières pour réaliser les différentes activités qui en découlent. Dans l’immédiat, le vœu des experts et scientifiques, est de voir ces ressources destinées à combler les lacunes constatées au niveau des connaissances relatives à l’évolution des températures. Ainsi que de la maîtrise des résultats des projections faites pour l’Afrique de l’ouest, de la collecte et du traitement des données climatiques de développement de modèle climatique régional, etc. Pour le moyen et le long terme, ils recommandent la mise en place d’un mécanisme à même de mobiliser des ressources d’origine diverse, «Y compris le prélèvement communautaire, les taxes prévues par les législations environnementales». En outre, ils encouragent les pays membres de la Cedeao à créer une fondation, qu’ils pourraient, en même temps que les partenaires bilatéraux et multilatéraux, doter de moyens financiers conséquents. Une politique de communication efficace, sous-tendue par les stratégies de «l’Information éducation communication» ou Iec, s’impose également. Les Etats de la communauté devront aussi assurer le financement des actions s’y rapportant.
M.T
Focus/Dona-Fologo: “Il serait criminel pour l’Afrique de se mettre en marge des réflexions sur le phénomène”
Le président du Conseil économique et social a présidé la cérémonie de clôture du colloque international sur les conséquences des changements climatiques en Afrique de l’ouest. Et ce, au nom du Chef de l’Etat, initiateur de cette rencontre. Pour lui, l’initiative est d’autant plus noble que le phénomène n’interpelle pas que les pays développés. Même s’il est indéniable que les activités économiques de ceux-ci sont essentiellement à la base de cette situation. L’Afrique est aussi victime des méfaits des changements climatiques qui, explique le président Fologo, se traduisent, entre autres, par des assèchements des cours d’eau en milieu rural singulièrement, la désertification et l’érosion marine, comme cela est très manifeste à Abidjan et Grand Lahou notamment. Aussi, déclare-t-il avec force convictions, «Il serait imprudent, voire criminel pour l’Afrique, de se mettre en marge des réflexions relatives à la recherche de solutions aux effets néfastes des changements climatiques». Et puisque cela ne peut aller sans la recherche scientifique, il est donc bienséant pour les pays de la Cedeao, de se mettre ensemble pour mener cette recherche. Car soutient le président Fologo, « la recherche reste une œuvre coûteuse pour nos économies, prises individuellement. Voilà donc une autre raison d’être des groupements économiques régionaux et partant, de l’intégration africaine ». Il a donné la pleine assurance aux experts et scientifiques présents, quant à la détermination du Président Gbagbo à amener ses pairs de la Cedeao à s’impliquer vigoureusement dans la lutte contre les changements climatiques, sur la base des résultats de leurs travaux.
M. Touré
Ce que risque l’Afrique si rien n’est fait
On ne peut plus prétendre que les changements climatiques sont une vue de l’esprit, ou encore des élucubrations de scientifiques en mal de célébrité. Pour tout dire, la réalité du phénomène ne fait plus de doute. Comme le témoignent chaque année un peu plus, les modifications que subit le climat, marquées par des catastrophes naturelles, des déséquilibres écologiques, qui affectent les productions agricoles, les potentialités hydriques des régions de la planète, etc.
Les prévisions des experts de l’Onu révèlent que l’Afrique enregistrera, au cours de ce siècle, une hausse de sa température moyenne qui se situera entre 3°C et 4°C. Soit, une fois et demi plus qu’à l’échelle mondiale. Il en découlera une élévation du niveau des mers, suivie d’une modification des régimes pluviométriques, susceptibles de provoquer la sécheresse ou des inondations, dans plusieurs parties du continent. Mais déjà, les menaces qui pointent à l’horizon n’épargnent aucun domaine de la vie en Afrique. Au niveau de la production de l’énergie électrique à partir des barrages, les perturbations des régimes pluviométriques ont réduit considérablement en la matière les capacités des différentes infrastructures en Tanzanie, en Ouganda et au Ghana. Dans un secteur aussi essentiel que celui de l’eau, ce sont 25 pays du continent, soit la moitié de ses Etats, qui seront en proie à des pénuries d’eau et au stress hydrique, d’ici à 2025. Et 55 ans après, l’on pourra observer une croissance de 5 à 8% des superficies arides et semi-arides. Quant à l’élévation du niveau de la mer qui se produira dans le même temps, elle concernera 12 localités côtières depuis la capitale économique du Cameroun Douala, jusqu’à Dakar au Sénégal. On évalue à 4,7 milliards de Fcfa, le coût des dégâts que cela causera sur la côte ivoirienne.
Les pays de l’Afrique de l’ouest verront leur système agricole pluvial subir de sérieuses perturbations, du fait de la baisse considérable de la pluviométrie. Aussi, pourrait - on assister à une réduction des productions agricoles d’environ 28%. Le sorgho et le mil, qui constituent notamment les aliments de base des populations du Sahel, connaîtront une diminution allant de 15 à 35% au Burkina Faso et au Niger. Côté santé des populations africaines, il est à craindre la propagation du paludisme à la suite de l’élévation des températures et du degré d’humidité. Il en sera de même avec le choléra, la fièvre typhoïde, etc. que les inondations viendront favoriser…si jamais rien n’est fait dès à présent.
Moussa Touré
Des opportunités à saisir
L’Afrique n’est en réalité pas responsable des causes actuelles du réchauffement de la terre. Simplement parce qu’elle ne dispose pas d’un tissu industriel favorisant les émissions des six gaz dangereux qui sont à l’origine de la destruction de la couche d’ozone, avec en prime le Co², ou gaz carbonique. Cependant, elle reste très vulnérable aux conséquences néfastes du phénomène. Fort heureusement, les solutions préconisées contre celles-ci lui offrent des opportunités non négligeables à saisir. En ce sens que leur application vient rendre possible l’adaptation de ses populations auxdites conséquences, à partir de la valorisation de ses propres ressources naturelles.
Pr Auguste Kouassi, conseiller spécial du Président de la République sur les changements climatiques, évoque trois de ces opportunités, dont le continent et singulièrement les quinze Etats membres de la Cedeao, pourraient tirer profit. La première, indique-t-il, est relative au potentiel hydro-électrique, solaire et éolien dont jouit l’Afrique. Potentiel qu’on peut valoriser, dans le cadre du Mécanisme de développement propre, ou celui de l’investissement pour l’énergie propre et le développement. «Une approche régionale pourrait davantage attirer ces types d’investissement, ce d’autant plus que ces ressources et particulièrement les bassins fluviaux transfrontaliers, sont partagés par plusieurs pays».
La deuxième opportunité est selon le Pr Auguste Kouassi, liée au capital forestier de l’Afrique. En fait, si la forêt en tant que puits de carbone venait à être reconnue comme un bien public mondial, «un mécanisme de transition énergétique devrait être envisagé pour limiter la consommation», soutient-il
La troisième pourrait provenir du potentiel agricole dont recèle le continent, en termes de terres agricoles exploitables.
M. T
Repères
CREA. Le Centre de recherches et d’études africaines (Crea) a été créé en 2005 en Côte d’Ivoire, à la faveur des réflexions menées sur le conflit ivoirien, par un groupe de diplomates, d’hommes politiques et d’intellectuels. Cela, dans l’optique de promouvoir des réflexions, soutenir les exigences et valoriser les expériences de l’Etat en Afrique. C’est une association de droit ivoirien basée à Abidjan.
Promotion. Les objectifs spécifiques du Crea sont la promotion des réflexions sur le fonctionnement de l’Etat en Afrique, celle du dialogue entre les dirigeants africains et les hommes de science pour mieux concevoir et appliquer les politiques, en matière de services publics et de règlement des conflits. Il apporte aussi son soutien aux administrations publiques dans la réalisation des politiques de modernisation du développement. Tout comme il procède à la recherche de solutions concrètes, en vue d’améliorer les capacités de la bonne gouvernance et met en valeur les structures institutionnelles les mieux adaptées aux particularités de chaque pays.
Ministres. Le ministre des Mines et de l’Energie, Léon Emmanuel Monnet, a pris une part active aussi bien dans les préparatifs que dans l’organisation pratique de ce colloque. Ses collègues de la Fonction publique et de l’Emploi, ainsi que de l’Environnement, des Eaux et Forêts, ont également participé à cette rencontre internationale.