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Économie Publié le lundi 23 février 2009 | Notre Voie

Filière café-cacao : Bilan et recommandations du Conseil national des sages

Par décret na 2008-273 du 03 octobre 2008, le président de la République, son Excellence Monsieur Laurent Gbagbo a mis en place, le Conseil national des sages de la filière café-cacao en abrégé CNS comme prévu par l'ordonnance n° 2008-259 du 19 septembre 2008 modifiant et complétant l'ordonnance na 2000-583 du 17 août 2000 fixant les objectifs de l'action économique de l'Etat en matière de commercialisation du café et du cacao, telle que modifiée par les ordonnances n° 2001-666 du 24 octobre 2001.

Le décret respectivement en ses articles 4 et 2 stipule que le Bureau exécutif établit un rapport exhaustif de ses activités contenant les recommandations qu'il juge nécessaire pour l'amélioration et la pérennisation du revenu des producteurs de café-cacao qu'il adresse au président du Comité de gestion aux fins de sa transmission au Comité Interministériel des Matières Premières.
Ce rapport doit être rendu public.

Ainsi, ce présent bilan est un condensé des rapports des activités et recommandations des mois d'octobre, novembre et de décembre de l'année 2008 adressés au Comité de gestion.


Activités Audiences

Sous instruction du bureau exécutif dirigé par le président Blehoué Aka Georges, le secrétariat général a initié des rencontres avec des OPA (Organisations professionnelles agricoles), des syndicats et des planteurs individuels.

Au terme de ces concertations, il ressort que la sacherie brousse est utilisée à d'autres fins et que les OPA plaident pour le financement des coopératives.

Le CNS constate avec regret que les OPA ne peuvent pas se prendre en charge, alors que le fondement même d'une coopérative est de s'autofinancer.

Les bilans et les états financiers des coopératives ne sont pas connus afin d'être analysés.
De ce fait, il peut être affirmé que les OPA sont mal parties; il faut donc les organiser et les former pour qu'elles s'autogèrent.

Le CNS au cours des audiences a noté l'existence d'un nombre pléthorique de coopératives. Certains avancent même le nombre de 1 902 à 3 000.


1-2/Tournée d'information et de sensibilisation

Dans l'optique d'être proche de ses pairs producteurs, le CNS a inscrit dans son programme des tournées d'information et de sensibilisation dans les zones productrices de café cacao. Cette volonté s'est traduite par la première tournée organisée conjointement avec le Comité de Gestion en abrégé CGFCC démontrant ainsi la synergie d'actions entre les deux structures. Elle s'est déroulée en trois (3) étapes et a permis de visiter respectivement les villes de Daloa, Guiglo, M'Batto, Divo, Lakota, Gagnoa, Soubré, San Pedro et Aboisso.


Cette première tournée avait pour objectifs:

-L'explication du mécanisme de la fixation du prix d'achat bord champ aux planteurs;

- L'intérêt de produire un cacao de bonne qualité;

- Le recensement des difficultés et problèmes pratiques des producteurs tant au niveau de la production qu'au niveau de la commercialisation de leurs produits (reprofilage des routes, adduction d'eau potable, assurance maladie, construction de centre de santé...);

- La collecte des propositions de solutions des producteurs sur les problèmes de la filière et son organisation.

A l'issue de la tournée, le CNS relève les constats ci-après traduisant les préoccupations des producteurs.


a) commercialisation

non respect du prix d'achat bord champ,

concurrence déloyale des multinationales,

manque de sacs dans les magasins Cori,

mauvaise gestion des sacs qui sont détournés à d'autres fins.


b) financement des coopératives

le FGCCC mis en place pour résoudre le problème de financement après la dissolution de la BNDA a connu des faiblesses qui ont fait perdre des milliards à la filière, le non-remboursement des prêts octroyés aux coopératives ainsi que la mauvaise gestion et les détournements ont concouru à fragiliser la filière, le mécanisme de financement mis en place n'est pas compris des coopératives et des planteurs.


c) production

. la plupart des plantations de café et de cacao sont vieillissantes.

La question de leur régénération se pose avec acuité compte tenu de la baisse du rendement,

. l'apparition de parasites qui détruisent les vergers. Face à cette situation, les producteurs restent impuissants, étant donné qu'aucun système fiable

d'approvisionnement en intrants ne fonctionne,

. les initiatives de replantation ou de réhabilitation se sont souvent soldées par des échecs faute de conseil agricole régulier et de l'accès à des matériaux végétaux adaptés. .


d) piste rural et eau potable

le mauvais état des pistes de collecte est une contrainte majeure. Il contribue non seulement à enclaver davantage les populations, mais à déterminer la qualité des productions généralement stockées dans des conditions approximatives,

le manque d'eau potable dans les villages fait que les populations perdent du temps à la recherche de l'eau au lieu de s'adonner aux travaux champêtres.


e) couverture sanitaire

Les producteurs ont dénoncé l'insuffisance de l'assistance sanitaire, le manque de couverture sociale et le manque d'infrastructures (centre de santé).

Au cours de la tournée de rencontre et de sensibilisation dans les zones de production, les constats qui ont été faits sont les suivants:

De réelles préoccupations et inquiétudes ont été unanimement soulevées dans toutes les localités visitées par l'ensemble des producteurs;

Les problèmes rencontrés par les producteurs sont les mêmes dans toutes les zones de production;

Certains producteurs ont émis le souhait de revenir au prix garanti bord champ.

Fuite du cacao dans des pays tels que le Ghana, le Burkina, le Liberia. Cet état de fait constitue une énorme perte de devise pour l'économie ivoirienne car échappant au Droit Unique de Sortie;

Les producteurs placent beaucoup d'espoir dans ce que le chef de l'Etat entreprend à leur endroit.


1-3/ Actions à venir

Après l'élaboration d'un guide et d'un plan de déploiement, il est envisagé dans les jours à venir :

.le développement du CNS dans les zones de production,

.la conception et la mise en œuvre d'un programme permanent d'information de proximité sur la gestion,

.la mise en place d'un mécanisme permanent de collecte d'information sur le déroulement de la campagne cacaoyère,

.la production d'un document de réflexion sur une nouvelle réforme au profit des producteurs à la base.

A cet effet, le CNS envisage la mise en place d'une cellule de réflexion sur la réforme de la filière. L'approche de travail au niveau de la cellule est axée sur la méthode participative au travers de larges consultations et concertations auprès de tous les acteurs de la filière.


2/ Recommandations
2-1/ Sur la commercialisation

2-1-11 Le prix

Mettre en place un mécanisme viable de commercialisation permettant un prix rémunérateur;

Réduire le circuit de commercialisation;

Mettre en place une politique de protection contre les incertitudes du marché international permettant ainsi aux coopératives de faire face à leurs engagements et de dégager des bénéfices pour les actions de développement durables.


2-1-2/ La qualité

Elaboration et mise en œuvre d'un programme national de la qualité, en collaboration avec tous les acteurs de la filière;

Instauration d'un contrôle qualité au niveau des magasins départementaux ou régionaux;

Mise en place d'unité de séchage amélioré; (j] Instauration d'un prix incitant à la qualité;


2-1-3/ La sacherie

Mise en place d'un mécanisme de distribution efficace de la sacherie.


2-1-4/ La fuite de la production

Nous recommandons l'interdiction formelle de la sortie du café et du cacao du pays en direction des pays limitrophes.

A cet effet, des textes de loi doivent être pris afin de réglementer la circulation des deux produits sur le territoire ivoirien et aux différentes frontières.


2-2/ Le financement des coopératives

La mise en place d'une vraie politique de financement de l'agriculture et en particulier du cacao et du café;

Le financement de toute coopérative doit obéir à certaines règles de bonne gestion.

Toute coopérative qui demande un financement doit présenter un bilan, un état financier de l'exercice précédent, un compte bancaire et un fonds de roulement. Si ces mesures sont prises, une sélection naturelle va éliminer toutes les coopératives fictives et la filière sera assainie ; La mobilisation de l'épargne des producteurs au moyen d'une microfinance ou d'une vraie banque agricole;

Le financement des unions de coopératives au travers d'établissements financiers. Ceux-ci financeront à leur tour les coopératives de base


2-3/ La production
2-3-1/ Le verger

- Il faudra procéder au renouvellement du verger en exploitant au mieux les recherches des structures spécialisées (CNRA, ANADER, FIRCA, etc.) ;

- Assurer le financement pérenne du conseil agricole, de la recherche appliquée et de la formation des producteurs.


2-3-1/ Les intrants

.rendre les intrants accessibles aux producteurs

.mettre en place un système d'approvisionnement en intrants et équipements au profit des producteurs à la base.


2-4/ Les pistes et forages

Pour ce qui concerne l'entretien des pistes et de la construction des forages, il est préconisé la mise en place de structure locale, c'est-à-dire une décentralisation de ces activités. Cette décentralisation permettra aux producteurs de mieux ressentir l'impact et les retombées des activités de la filière.


2-5/ la couverture sanitaire

L'assurance maladie tant prônée par le chef de l'Etat, est réclamée par tous les producteurs qui y voient la solution face aux maladies et décès précoces.

A cet effet, il convient d'exploiter les expériences locales en la matière (KAVOKIV A).


2-6/ les coopératives

Un assainissement des coopératives est plus que nécessaire pour un meilleur encadrement des producteurs à travers:

-l'identification réelle des coopératives (coopératives de producteurs et coopérative fictive que nous appelons "cyber coopératives") ;

-l'identification des producteurs; Le renforcement des capacités de coopératives;

Le regroupement des coopératives en union départementale, régionale et interregionale.


2-7/ Les structures acquises

Il s'agit d'évaluer objectivement et de publier les entreprises ainsi que les autres biens acquis pour le compte des planteurs.


2-8/ Formation et encadrement des coopératives

-assurer la formation des planteurs sur les innovations techniques et renforcer le conseil agricole.

-mettre en œuvre un programme de formation adapté aux besoins spécifiques des dirigeants des coopératives.


2-9/ Ouverture des magasins SIFCA COOP

L'ouverture des magasins généraux (SIFCA COOP) avec la mise en place d'unités de transformations dans toutes les zones productrices de café et cacao.
Cela nous permettra de faire de la rétention afin d'agir sur le prix au niveau international.

Bléhoué Aka Georges, Président du Conseil national des sages.
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