Ils n’ont pas la chance comme tous les enfants de leur âge d’aller à l’école. Les enfants bouviers méritent aujourd’hui qu’on porte sur eu un autre regard.
Il se nomme Koné Yaya. Il a à peine six ans. Cet enfant qui sent encore l`amour maternel n`est pas en classe comme ses camarades, pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Il est 8h, ce vendredi 6 février quand nous le rencontrons au sortir de Benguébougou, son village situé à plus de vingt kilomètres de Korhogo sur l`axe Korhogo-Boundiali. Comme tous les jours, il tient une paire de bœufs en laisse. «Je vais avec les bœufs au champ les matins et les soirs je les ramène au village», bredouille-t-il en malinké. Koné Yaya n`est que la face visible de l`iceberg. Ils sont nombreux, les enfants en âge de scolarisation qui ont pour activité principale la conduite des bœufs. Pendant que nous échangeons, arrivent Fofana Lanzéni 12 ans et Coulibaly Yaya 10 ans avec des bœufs. A leur âge, ils errent en pleine brousse, exposés aux reptiles et aux dangers de toutes sortes. On les nomme les enfants bouviers.
Un nombre effrayant
A cet âge-là, ils sont commis à des tâches rudes : conduire les bœufs dans les champs ou les accompagner pour leur breuvage. Le phénomène est flagrant dans la région des savanes. On rencontre ces enfants à tout bout de champ, parfois luttant désespérément avec ces animaux pour les maîtriser. Sur la route de Ferké, de Boundiali, de Dikodougou et dans plusieurs sous-préfectures de Korhogo, ils sont là, dépenaillés. Dans leurs haillons, ils ne savent pas par exemples l`existence du père Noël et beaucoup d`autres choses. Agés de 5 à 10 ans et plus, ils sont généralement un à deux enfants pour une paire de bœufs. Les chiffres sont effrayants. Dramatiques même. Ce sont de milliers d`enfants qui vivent cette situation dans la région des savanes. A en croire Coulibaly Kassoum responsable d`éducation de l`Animation rurale de Korhogo (ARK), on peut dénombrer plus de 1.000 enfants bouviers dans le département. A Boundiali, précisément dans le Niéné (Kolia, Gbon, Kouto), on avoisine le même chiffre. Ce sont des chiffres approximatifs, dit M. Gbarachogo Koné, conseiller pédagogique d`inspection à l`Iep de Boundiali. Sinon la réalité est autre. Ces milliers d`enfants dont l`avenir semble assassiné n`en sont même pas conscients. Ils se délectent, très contents de suivre les bœufs. Ils expliquent au besoin avec passion ce qu`ils font comme activité. «Je me sens bien avec les bœufs. C`est moi qui les accompagne partout. Je suis leur guide. C`est un bon travail » dit innocemment un autre enfant bouvier rencontré sur le tronçon Korhogo-Karakoro (Route de l`aéroport). Fort heureusement, cet avis n`est pas partagé par tous les petits bouviers. Il y en a qui rechignent à suivre les bêtes. « Je ne sais pas pourquoi mon père ne m`a pas scolarisé. Sinon je n`aime pas ce travail» s`est confié Coulibaly Yaya. Et le petit de poursuivre : «On est tout le temps en brousse. Le soir on rentre fatigué et on n`a pas le temps de s`amuser un peu comme ceux qui vont à l`école». Ces enfants ne semblent plus vivre dans le paradis que chaque enfant se construit. Répondant à notre préoccupation de savoir s`il joue quelque fois au football avec ses camarades, la réponse de Koné Yaya est sans appel « Non. Je vais jouer quand je vais grandir. » Le phénomène apparemment semble n`émouvoir personne. Ni les cadres de ces différentes régions, ni les organisations des droits des enfants. Vu la tâche qu`ils exécutent, ailleurs on parlerait d`enfants esclaves. Ici c`est réellement différent. C`est une forme d`éducation.
Les raisons évoquées sont de plusieurs ordres. Il y en a qui évoquent des problèmes d`argent et d`autres parlent autre chose. « Au Nord ici, il est difficile pour nous les parents de mettre tous nos enfants à l`école. On n`a pas les moyens. L`anacarde ne s`achète pas à bon prix. Vous savez aussi que la culture du coton a diminué à cause des arriérés et des problèmes d`intrants. Où on va avoir l`argent pour scolariser ces enfants. Mais il faut qu`ils servent à quelque chose. J`ai six enfants. Trois sont à l`école et trois sont avec moi et s`occupent des bœufs» soutient M. Soro dont le village est situé sur l`axe Korhogo Ferké.
Raisons d`éducation
À en croire Koné Gbaratchogo, conseiller pédagogique d`inspection à Kolia, dans le département de Boundiali, le phénomène des enfants bouviers est né avec l`introduction de la culture attelée dans la région des savanes. «Ils sont nombreux les paysans qui ont acquis au minimum deux bœufs pour la culture. Cette évolution notable a cependant eu des conséquences. Un phénomène nouveau a été créé. Celui de l`entretien des bœufs : les faire paître, les conduire au marigot ou au barrage. Surtout les tenir en laisse lors des cultures » a longuement expliqué M. Koné. Et le conseiller d`ajouter : « Dans l`entendement de nos parents paysans, ces activités sont du ressort exclusif des enfants de cette classe d`âge. Les activités les plus pénibles, selon eux, étant réservées aux adultes et aux adolescents en fonction du partage des activités basées sur l`âge et le sexe.» Pour Brahima Fofana, frère aîné de Fofana Lanzéni, au-dessus de la majorité, « cela fait partie de l`éducation de l`enfant.» « Ce n`est pas pour un problème d`argent, c`est le choix que notre père a fait. D`ailleurs Lanzéni que vous voyez est d`abord passé par l`école coranique. Aujourd`hui, notre père l`a retiré pour qu`il vienne apprendre la culture » a-t-il indiqué. Et de s`empresser d`ajouter : « On les a inscrits en son temps au cours du soir. Mais les enseignants ont découragé les parents. On paye l`argent mais les maîtres ne donnent pas les cours. C`est pourquoi on a arrêté.» Selon Coulibaly Kassoum de l`Ark, il faut ajouter d`autres motifs. « Les parents disent aussi qu`ils n`ont qu`un seul enfant, alors ils préfèrent l`emmener au champ. Ou alors, ils disent que s`il y a trois garçons, il faut envoyer un au champ grâce au travail duquel on peut scolariser les deux autres » a expliqué M. Coulibaly. Le frère aîné de Koné Yaya, la trentaine, en l`absence du père, apporte de l`eau au moulin du responsable de l`Ark. « Moi je n`ai pas été à l`école. Je travaille au côté de mon père pour qu`il s`occupe de mes deux petits frères qui sont à l`école. Celui que suit Yaya est à l`école primaire ici même (Ndlr Benguébougou), et celui qui me suit est à Korhogo et il est au collège. Notre père a décidé que le dernier fasse les travaux avec nous pour pouvoir nous occuper des deux autres qui sont à l`école» s`explique-t-il. A la question de savoir pourquoi ils n`attendent pas que l`enfant grandisse d`abord, notre interlocuteur a fait savoir que si celui-ci s`habitue tôt aux travaux champêtres, il sera bon travailleur. Quelles que soient les raisons invoquées, il importe d`agir réellement pour arracher ces enfants de cet enfer.
Mazola Correspondant régional
De bonnes volontés s`organisent
En attendant que les pouvoirs publics prennent des décisions courageuses pour ramener les enfants bouviers dans les salles de classe, de bonnes volontés ont commencé à organiser des cours à leur intention. Dans le Niéné par exemple (Kolia, Gbon et Kouto), un comité a été institué pour sauver ces petits par des cours du soir. L`initiative est venue de l`inspecteur de l`enseignement primaire de Kolia, selon Gbaratchogo Koné. « En accord avec les parents des enfants, après bien entendu des séances de sensibilisation, on organise des cours du soir qui à la longue aboutiront à l`intégration de ces enfants dans les cours normaux » explique M. Koné. « Il nous est apparu normal, a-t-il poursuivi, d`entreprendre des actions dans le but d`arracher ces enfants à l`illettrisme et à l`analphabétisme.» Il a révélé que le comité qui a été mis sur pied a travaillé pour le choix des matières au programme. Ainsi donc, dans le Niéné, on enseigne certaines matières : « Lecture », « Langage », « Maths ». Une fois rentrés des champs à 18h, les petits bouviers passent 2 heures par jour dans les salles de classe soit 10 heures par semaine. Selon lui, l`engouement est réel. De sorte que ce sont plus de 300 enfants qui reçoivent des cours.
Dans le département de Korhogo, l`Ark a mis en place pour sa part des centres d`éducation. Dix villages parmi lesquels Kassoubarga, Fapaha, Kortiéri Nalourgokaha bénéficient de ce programme d`enseignement. Selon Coulibaly Kassoum chargé d`éducation et de protection à l`Ark, des moniteurs ont été formés à cet effet. Au total 1.084 enfants bouviers profitent de ces cours. Au finish ces enfants, comme à Kolia, sont reversés dans le circuit formel du système éducatif. Ces actions commencent à porter leurs fruits. En effet, au cours de l`année scolaire 2008-2009, ce sont au total 400 enfants suivis par l`Ark qui ont pris pour la première fois le chemin de l`école, abandonnant les bœufs.
Mazola
Correspondant régional
Le manque de moyens
La seule bonne volonté des encadreurs ne suffira certainement pas à sauver les enfants bouviers. En effet, il faut des moyens aux comités d`encadrement, notamment matériels (didactiques) et financiers (désintéressement des moniteurs) pour un suivi efficace et efficient de ces écoliers. Des moniteurs encadrent les enfants sans percevoir une contrepartie. De sorte qu`il est difficile de leur exiger des résultats. Dans certaines localités, les moniteurs sont pris en charge directement par les parents. Par exemple, a expliqué M. Coulibaly Kassoum les parents sont souvent contraints d`abandonner leurs propres champs pour, en contre partie, donner des coups de main aux moniteurs dans leurs plantations. Mais ces parents également sont tenus de faire face aux fournitures scolaires et manuelles. Ce qui peut à la longue émousser leur enthousiasme et condamner ces enfants à retourner auprès des bœufs. Venu participer à la troisième session normale du conseil municipal de Kolia le 27 décembre 2008, M. Gbaratchogo Koné n`a pas manqué de revenir sur ce problème de moyens. Sensible au phénomène des enfants bouviers, Koné Sourou, maire de Kolia a souhaité l`élaboration d`un projet à cet effet pour qu`il puisse le soumettre à des bailleurs de fonds. En attendant, ces enfants sont en brousse tous les matins.
Mazola
Correspondant régional
Il se nomme Koné Yaya. Il a à peine six ans. Cet enfant qui sent encore l`amour maternel n`est pas en classe comme ses camarades, pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Il est 8h, ce vendredi 6 février quand nous le rencontrons au sortir de Benguébougou, son village situé à plus de vingt kilomètres de Korhogo sur l`axe Korhogo-Boundiali. Comme tous les jours, il tient une paire de bœufs en laisse. «Je vais avec les bœufs au champ les matins et les soirs je les ramène au village», bredouille-t-il en malinké. Koné Yaya n`est que la face visible de l`iceberg. Ils sont nombreux, les enfants en âge de scolarisation qui ont pour activité principale la conduite des bœufs. Pendant que nous échangeons, arrivent Fofana Lanzéni 12 ans et Coulibaly Yaya 10 ans avec des bœufs. A leur âge, ils errent en pleine brousse, exposés aux reptiles et aux dangers de toutes sortes. On les nomme les enfants bouviers.
Un nombre effrayant
A cet âge-là, ils sont commis à des tâches rudes : conduire les bœufs dans les champs ou les accompagner pour leur breuvage. Le phénomène est flagrant dans la région des savanes. On rencontre ces enfants à tout bout de champ, parfois luttant désespérément avec ces animaux pour les maîtriser. Sur la route de Ferké, de Boundiali, de Dikodougou et dans plusieurs sous-préfectures de Korhogo, ils sont là, dépenaillés. Dans leurs haillons, ils ne savent pas par exemples l`existence du père Noël et beaucoup d`autres choses. Agés de 5 à 10 ans et plus, ils sont généralement un à deux enfants pour une paire de bœufs. Les chiffres sont effrayants. Dramatiques même. Ce sont de milliers d`enfants qui vivent cette situation dans la région des savanes. A en croire Coulibaly Kassoum responsable d`éducation de l`Animation rurale de Korhogo (ARK), on peut dénombrer plus de 1.000 enfants bouviers dans le département. A Boundiali, précisément dans le Niéné (Kolia, Gbon, Kouto), on avoisine le même chiffre. Ce sont des chiffres approximatifs, dit M. Gbarachogo Koné, conseiller pédagogique d`inspection à l`Iep de Boundiali. Sinon la réalité est autre. Ces milliers d`enfants dont l`avenir semble assassiné n`en sont même pas conscients. Ils se délectent, très contents de suivre les bœufs. Ils expliquent au besoin avec passion ce qu`ils font comme activité. «Je me sens bien avec les bœufs. C`est moi qui les accompagne partout. Je suis leur guide. C`est un bon travail » dit innocemment un autre enfant bouvier rencontré sur le tronçon Korhogo-Karakoro (Route de l`aéroport). Fort heureusement, cet avis n`est pas partagé par tous les petits bouviers. Il y en a qui rechignent à suivre les bêtes. « Je ne sais pas pourquoi mon père ne m`a pas scolarisé. Sinon je n`aime pas ce travail» s`est confié Coulibaly Yaya. Et le petit de poursuivre : «On est tout le temps en brousse. Le soir on rentre fatigué et on n`a pas le temps de s`amuser un peu comme ceux qui vont à l`école». Ces enfants ne semblent plus vivre dans le paradis que chaque enfant se construit. Répondant à notre préoccupation de savoir s`il joue quelque fois au football avec ses camarades, la réponse de Koné Yaya est sans appel « Non. Je vais jouer quand je vais grandir. » Le phénomène apparemment semble n`émouvoir personne. Ni les cadres de ces différentes régions, ni les organisations des droits des enfants. Vu la tâche qu`ils exécutent, ailleurs on parlerait d`enfants esclaves. Ici c`est réellement différent. C`est une forme d`éducation.
Les raisons évoquées sont de plusieurs ordres. Il y en a qui évoquent des problèmes d`argent et d`autres parlent autre chose. « Au Nord ici, il est difficile pour nous les parents de mettre tous nos enfants à l`école. On n`a pas les moyens. L`anacarde ne s`achète pas à bon prix. Vous savez aussi que la culture du coton a diminué à cause des arriérés et des problèmes d`intrants. Où on va avoir l`argent pour scolariser ces enfants. Mais il faut qu`ils servent à quelque chose. J`ai six enfants. Trois sont à l`école et trois sont avec moi et s`occupent des bœufs» soutient M. Soro dont le village est situé sur l`axe Korhogo Ferké.
Raisons d`éducation
À en croire Koné Gbaratchogo, conseiller pédagogique d`inspection à Kolia, dans le département de Boundiali, le phénomène des enfants bouviers est né avec l`introduction de la culture attelée dans la région des savanes. «Ils sont nombreux les paysans qui ont acquis au minimum deux bœufs pour la culture. Cette évolution notable a cependant eu des conséquences. Un phénomène nouveau a été créé. Celui de l`entretien des bœufs : les faire paître, les conduire au marigot ou au barrage. Surtout les tenir en laisse lors des cultures » a longuement expliqué M. Koné. Et le conseiller d`ajouter : « Dans l`entendement de nos parents paysans, ces activités sont du ressort exclusif des enfants de cette classe d`âge. Les activités les plus pénibles, selon eux, étant réservées aux adultes et aux adolescents en fonction du partage des activités basées sur l`âge et le sexe.» Pour Brahima Fofana, frère aîné de Fofana Lanzéni, au-dessus de la majorité, « cela fait partie de l`éducation de l`enfant.» « Ce n`est pas pour un problème d`argent, c`est le choix que notre père a fait. D`ailleurs Lanzéni que vous voyez est d`abord passé par l`école coranique. Aujourd`hui, notre père l`a retiré pour qu`il vienne apprendre la culture » a-t-il indiqué. Et de s`empresser d`ajouter : « On les a inscrits en son temps au cours du soir. Mais les enseignants ont découragé les parents. On paye l`argent mais les maîtres ne donnent pas les cours. C`est pourquoi on a arrêté.» Selon Coulibaly Kassoum de l`Ark, il faut ajouter d`autres motifs. « Les parents disent aussi qu`ils n`ont qu`un seul enfant, alors ils préfèrent l`emmener au champ. Ou alors, ils disent que s`il y a trois garçons, il faut envoyer un au champ grâce au travail duquel on peut scolariser les deux autres » a expliqué M. Coulibaly. Le frère aîné de Koné Yaya, la trentaine, en l`absence du père, apporte de l`eau au moulin du responsable de l`Ark. « Moi je n`ai pas été à l`école. Je travaille au côté de mon père pour qu`il s`occupe de mes deux petits frères qui sont à l`école. Celui que suit Yaya est à l`école primaire ici même (Ndlr Benguébougou), et celui qui me suit est à Korhogo et il est au collège. Notre père a décidé que le dernier fasse les travaux avec nous pour pouvoir nous occuper des deux autres qui sont à l`école» s`explique-t-il. A la question de savoir pourquoi ils n`attendent pas que l`enfant grandisse d`abord, notre interlocuteur a fait savoir que si celui-ci s`habitue tôt aux travaux champêtres, il sera bon travailleur. Quelles que soient les raisons invoquées, il importe d`agir réellement pour arracher ces enfants de cet enfer.
Mazola Correspondant régional
De bonnes volontés s`organisent
En attendant que les pouvoirs publics prennent des décisions courageuses pour ramener les enfants bouviers dans les salles de classe, de bonnes volontés ont commencé à organiser des cours à leur intention. Dans le Niéné par exemple (Kolia, Gbon et Kouto), un comité a été institué pour sauver ces petits par des cours du soir. L`initiative est venue de l`inspecteur de l`enseignement primaire de Kolia, selon Gbaratchogo Koné. « En accord avec les parents des enfants, après bien entendu des séances de sensibilisation, on organise des cours du soir qui à la longue aboutiront à l`intégration de ces enfants dans les cours normaux » explique M. Koné. « Il nous est apparu normal, a-t-il poursuivi, d`entreprendre des actions dans le but d`arracher ces enfants à l`illettrisme et à l`analphabétisme.» Il a révélé que le comité qui a été mis sur pied a travaillé pour le choix des matières au programme. Ainsi donc, dans le Niéné, on enseigne certaines matières : « Lecture », « Langage », « Maths ». Une fois rentrés des champs à 18h, les petits bouviers passent 2 heures par jour dans les salles de classe soit 10 heures par semaine. Selon lui, l`engouement est réel. De sorte que ce sont plus de 300 enfants qui reçoivent des cours.
Dans le département de Korhogo, l`Ark a mis en place pour sa part des centres d`éducation. Dix villages parmi lesquels Kassoubarga, Fapaha, Kortiéri Nalourgokaha bénéficient de ce programme d`enseignement. Selon Coulibaly Kassoum chargé d`éducation et de protection à l`Ark, des moniteurs ont été formés à cet effet. Au total 1.084 enfants bouviers profitent de ces cours. Au finish ces enfants, comme à Kolia, sont reversés dans le circuit formel du système éducatif. Ces actions commencent à porter leurs fruits. En effet, au cours de l`année scolaire 2008-2009, ce sont au total 400 enfants suivis par l`Ark qui ont pris pour la première fois le chemin de l`école, abandonnant les bœufs.
Mazola
Correspondant régional
Le manque de moyens
La seule bonne volonté des encadreurs ne suffira certainement pas à sauver les enfants bouviers. En effet, il faut des moyens aux comités d`encadrement, notamment matériels (didactiques) et financiers (désintéressement des moniteurs) pour un suivi efficace et efficient de ces écoliers. Des moniteurs encadrent les enfants sans percevoir une contrepartie. De sorte qu`il est difficile de leur exiger des résultats. Dans certaines localités, les moniteurs sont pris en charge directement par les parents. Par exemple, a expliqué M. Coulibaly Kassoum les parents sont souvent contraints d`abandonner leurs propres champs pour, en contre partie, donner des coups de main aux moniteurs dans leurs plantations. Mais ces parents également sont tenus de faire face aux fournitures scolaires et manuelles. Ce qui peut à la longue émousser leur enthousiasme et condamner ces enfants à retourner auprès des bœufs. Venu participer à la troisième session normale du conseil municipal de Kolia le 27 décembre 2008, M. Gbaratchogo Koné n`a pas manqué de revenir sur ce problème de moyens. Sensible au phénomène des enfants bouviers, Koné Sourou, maire de Kolia a souhaité l`élaboration d`un projet à cet effet pour qu`il puisse le soumettre à des bailleurs de fonds. En attendant, ces enfants sont en brousse tous les matins.
Mazola
Correspondant régional