à l’issue du colloque sur les machines tournantes, l’un des principaux participants présente le domaine d’activité.
Qu’est-ce qui va changer à la Sir après le colloque sur les machines tournantes qui vient de réunir les raffineurs africains à Abidjan?
C’est la méthode de travail. L’objectif de ce colloque était d’échanger avec les autres raffineries pour avoir un retour d’expériences en matière de politique de maintenance au niveau des machines tournantes. Il faut savoir que ces machines sont le nerf de la raffinerie. Ce sont elles qui permettent d’évacuer les produits. Leur arrêt implique forcément celui du fonctionnement d’une partie ou de l’ensemble de la raffinerie. Il était donc important, en ce qui concerne la maintenance, qu’au niveau de toutes les raffineries, on s’asseye pour voir quelle est la bonne orientation et les expériences vécues pour pouvoir en tirer profit.
Y a-t-il eu déjà des défaillances à ce niveau?
Par les exposés, on a su qu’il y en a eues. Les installations n’ont pas les mêmes taux de performance, de fiabilité. Le meilleur exemple, c’est le Maroc avec la Samir où, on a constaté que le temps moyen de bon fonctionnement est autour de 53 à 60 mois par machine, soit cinq ans pratiquement avant que la machine ne tombe en panne, alors que dans la majorité des raffineries, on n’est même pas à 12 mois. Il y a forcément des leçons à tirer par rapport à cela. Certaines entreprises ne font même pas de maintenance conditionnelle, c’est-à-dire tout ce qui est basé sur les mesures de vibration et autres. C’est maintenant qu’elles essaient de s’y mettre. Or, avec la maintenance conditionnelle, vous sauvez les équipements. Elle avertit qu’il va y avoir un problème et permet d’anticiper. Elle évite aussi la maintenance préventive systématique qui a aussi un coût. En tout cas, les échanges ont été très fructueux.
La Société ivoirienne de raffinage pratique-t-elle ce type de maintenance?
Oui, nous faisons la maintenance conditionnelle. La Sir a la chance d’avoir une cellule vibration en son sein où nous avons un expert qui fait partie des meilleurs sur la place. Nous avons du matériel sophistiqué pour pouvoir diagnostiquer. En matière de vibration, tous les diagnostics fait par notre spécialiste n’ont jamais été contredits.
De façon concrète, ce colloque vous a-t-il apporté quelque chose?
Oui, au niveau de l’organisation, notamment. Au niveau des assureurs, notre attention avait déjà été attirée sur la fonction d’inspecteur électricité des machines tournantes. Cela existe au Maroc. Nous menons la réflexion, depuis ce colloque, pour voir comment insérer cette fonction dans notre nouvelle organisation. Nous avons déjà des inspecteurs des équipements statiques qui s’occupent des tuyauteries, capacités physiques… La fonction d’inspecteur électricité est, certes, remplie au niveau de la cellule Méthode, mais le fait d’avoir des inspecteurs type, indépendants et détachés, leur donne plus de poids. Il s’agira de les sortir du quotidien pour qu’ils soient indépendants. Ainsi, leurs recommandations auront une valeur impérative. Pour ce qui est de la Sir, c’est l’un des bénéfices de ce colloque.
S’il fallait résumer ce colloque, que diriez-vous?
Il a ressorti des problèmes communs : un premier problème d’organisation et un second de compétences. Les raffineries africaines sont en train de perdre leurs compétences et celles-ci ne sont pas remplacées. Personnellement, j’ai été heureux de voir que ce problème a été soulevé par le Gabon, le Congo et par la plupart des raffineries. On a essayé de le résoudre dans certaines raffineries en cherchant à externaliser mais il reste qu’on perd les compétences. Pour être une place importante, incontournable, il faut avoir toutes les compétences en son sein. Si vous dépendez d’un tiers, il suffit d’un rien et l’usine peut s’arrêter de tourner. L’externalisation peut-être, mais les grandes compétences doivent être en interne.
Dans notre métier particulièrement, l’expérience compte beaucoup. Et il faut du temps pour l’acquérir. Or les gens qui ont une grosse expérience, qui ont 25 ans voire 30 ans de métier s’en vont à la retraite. L’embauche n’a pas forcément suivi. Le résultat des courses, c’est que ce sont des compétences qui sont perdues, surtout que leurs remplaçants ne peuvent pas être aussi compétents qu’eux du jour au lendemain… Il y a donc une période de flottement. Dans les métiers de la technique, il faut le souligner, l’expérience découle des problèmes personnellement vécus. Ici plus que partout ailleurs, il faut malheureusement des incidents pour acquérir de l’expérience. Ceux qui ont cette expérience sont partis et n’ont pas été remplacés à temps ou pas du tout.
Cela voudrait-il dire que la maintenance est reléguée au second plan dans les raffineries africaines?
En introduction des travaux, M. Eric Fenet, notre responsable de la maintenance, avait justement touché le problème du doigt. La maintenance a toujours été reléguée au second plan. On ne voit que l’exploitation. Or, sans maintenance, on ne peut produire. Aujourd’hui, les mentalités changent. On se rend compte que le nerf d’une usine, ce n’est pas la raffinerie ; ce sont les machines. Sans elles, on ne peut pas produire.
Interview réalisée par Elvis Kodjo
Qu’est-ce qui va changer à la Sir après le colloque sur les machines tournantes qui vient de réunir les raffineurs africains à Abidjan?
C’est la méthode de travail. L’objectif de ce colloque était d’échanger avec les autres raffineries pour avoir un retour d’expériences en matière de politique de maintenance au niveau des machines tournantes. Il faut savoir que ces machines sont le nerf de la raffinerie. Ce sont elles qui permettent d’évacuer les produits. Leur arrêt implique forcément celui du fonctionnement d’une partie ou de l’ensemble de la raffinerie. Il était donc important, en ce qui concerne la maintenance, qu’au niveau de toutes les raffineries, on s’asseye pour voir quelle est la bonne orientation et les expériences vécues pour pouvoir en tirer profit.
Y a-t-il eu déjà des défaillances à ce niveau?
Par les exposés, on a su qu’il y en a eues. Les installations n’ont pas les mêmes taux de performance, de fiabilité. Le meilleur exemple, c’est le Maroc avec la Samir où, on a constaté que le temps moyen de bon fonctionnement est autour de 53 à 60 mois par machine, soit cinq ans pratiquement avant que la machine ne tombe en panne, alors que dans la majorité des raffineries, on n’est même pas à 12 mois. Il y a forcément des leçons à tirer par rapport à cela. Certaines entreprises ne font même pas de maintenance conditionnelle, c’est-à-dire tout ce qui est basé sur les mesures de vibration et autres. C’est maintenant qu’elles essaient de s’y mettre. Or, avec la maintenance conditionnelle, vous sauvez les équipements. Elle avertit qu’il va y avoir un problème et permet d’anticiper. Elle évite aussi la maintenance préventive systématique qui a aussi un coût. En tout cas, les échanges ont été très fructueux.
La Société ivoirienne de raffinage pratique-t-elle ce type de maintenance?
Oui, nous faisons la maintenance conditionnelle. La Sir a la chance d’avoir une cellule vibration en son sein où nous avons un expert qui fait partie des meilleurs sur la place. Nous avons du matériel sophistiqué pour pouvoir diagnostiquer. En matière de vibration, tous les diagnostics fait par notre spécialiste n’ont jamais été contredits.
De façon concrète, ce colloque vous a-t-il apporté quelque chose?
Oui, au niveau de l’organisation, notamment. Au niveau des assureurs, notre attention avait déjà été attirée sur la fonction d’inspecteur électricité des machines tournantes. Cela existe au Maroc. Nous menons la réflexion, depuis ce colloque, pour voir comment insérer cette fonction dans notre nouvelle organisation. Nous avons déjà des inspecteurs des équipements statiques qui s’occupent des tuyauteries, capacités physiques… La fonction d’inspecteur électricité est, certes, remplie au niveau de la cellule Méthode, mais le fait d’avoir des inspecteurs type, indépendants et détachés, leur donne plus de poids. Il s’agira de les sortir du quotidien pour qu’ils soient indépendants. Ainsi, leurs recommandations auront une valeur impérative. Pour ce qui est de la Sir, c’est l’un des bénéfices de ce colloque.
S’il fallait résumer ce colloque, que diriez-vous?
Il a ressorti des problèmes communs : un premier problème d’organisation et un second de compétences. Les raffineries africaines sont en train de perdre leurs compétences et celles-ci ne sont pas remplacées. Personnellement, j’ai été heureux de voir que ce problème a été soulevé par le Gabon, le Congo et par la plupart des raffineries. On a essayé de le résoudre dans certaines raffineries en cherchant à externaliser mais il reste qu’on perd les compétences. Pour être une place importante, incontournable, il faut avoir toutes les compétences en son sein. Si vous dépendez d’un tiers, il suffit d’un rien et l’usine peut s’arrêter de tourner. L’externalisation peut-être, mais les grandes compétences doivent être en interne.
Dans notre métier particulièrement, l’expérience compte beaucoup. Et il faut du temps pour l’acquérir. Or les gens qui ont une grosse expérience, qui ont 25 ans voire 30 ans de métier s’en vont à la retraite. L’embauche n’a pas forcément suivi. Le résultat des courses, c’est que ce sont des compétences qui sont perdues, surtout que leurs remplaçants ne peuvent pas être aussi compétents qu’eux du jour au lendemain… Il y a donc une période de flottement. Dans les métiers de la technique, il faut le souligner, l’expérience découle des problèmes personnellement vécus. Ici plus que partout ailleurs, il faut malheureusement des incidents pour acquérir de l’expérience. Ceux qui ont cette expérience sont partis et n’ont pas été remplacés à temps ou pas du tout.
Cela voudrait-il dire que la maintenance est reléguée au second plan dans les raffineries africaines?
En introduction des travaux, M. Eric Fenet, notre responsable de la maintenance, avait justement touché le problème du doigt. La maintenance a toujours été reléguée au second plan. On ne voit que l’exploitation. Or, sans maintenance, on ne peut produire. Aujourd’hui, les mentalités changent. On se rend compte que le nerf d’une usine, ce n’est pas la raffinerie ; ce sont les machines. Sans elles, on ne peut pas produire.
Interview réalisée par Elvis Kodjo