La photocopie est une activité qui a pris de l’ampleur sur le campus de Cocody. Elle est devenue une source de revenus pour nombre d’étudiants et d’opérateurs économiques.
A l’entrée principale de l’université de Cocody, sont postés à différents endroits, des jeunes gens qui proposent des prestations de photocopie à moindre coût. « Grande sœur (Grand frère), il y a photocopie avec reliure cadeau ! », proposent-ils aux passants. Ces démarcheurs conduisent leurs clients dans un espace clôturé, en face de l’Ensea (Ecole nationale de statistique et d’économie appliquée). A l’intérieur, plusieurs magasins où sont installés des photocopieuses et des ordinateurs. Une cinquantaine environ. Bavardage et musique sont au rendez-vous. Devant chaque appareil, des jeunes s’activent. Ici, une photocopieuse se gère à deux. Pendant que l’un travaille, l’autre cherche des clients. A 50 mètres, se trouve un autre site. C’est un hangar. Là, se trouvent une vingtaine de photocopieuses installées pêle-mêle.
Partout sur le campus
En dehors de ces deux sites, plusieurs appareils sont installés un peu partout sur le campus de Cocody. On en trouve dans chaque département: Espagnol, lettres modernes, math-info, etc. Couloirs, alentours des escaliers, chaque petit espace disponible est mis à profit.
Les résidences universitaires hébergent également leur lot de machines. Au total, ce sont plus d’une centaine de photocopieuses qui occupent le campus. Ces « entreprises » dérangent parfois les étudiants, mais ils s’y font parce que ces petites affaires offrent des prix insignifiants. « 15 Fcfa la page, 25 F cfa recto-verso », selon D.J, un gérant, rencontré à l’entrée du campus. Les tarifs sont les mêmes sur tout le territoire de l’université. Pour D.J., les raisons de ces bas prix sont multiples. Il cite la rude concurrence qui existe au campus entre les gérants. A cela, s’ajoute le faible pouvoir d’achat des étudiants qui constituent la majorité des clients.
Les nombreux clients eux, se réjouissent de ces coûts abordables. « Ils sont accueillants, et ils n’hésitent pas à faire des réductions quand vous le leur demandez », soutient Patricia K., étudiante en lettres modernes. Ces qualités attirent beaucoup d’élèves des Grandes écoles et universités privées. Marius H., élève à Hec, une Ecole de commerce de Cocody, située non loin de l’école de gendarmerie, fait toutes ses photocopies à l’université. «Avant, je faisais mes photocopies aux II Plateaux, non loin de mon domicile. Depuis que j’ai découvert le campus, j’ai changé d’habitude», témoigne-t-il. Mme Essey, secrétaire de direction, est venue photocopier des fiches d’inscription. « C’est économique », justifie-t-elle.
Une affaire du Crou et de la Fesci
Ces prestataires qui sont en majorité des étudiants travaillent en général pour des tierces personnes et sont rémunérés à 2000 Fcfa par jour, soit 60.000 Fcfa par mois. C’est toujours bon à prendre surtout qu’ils n’ont pas de charge, selon Hyppolyte, un gérant. Les recettes journalières varient entre 20.000 et 100.000 Fcfa. D.J affirme que les propriétaires sont des civils mais aussi et des étudiants. La plupart des gérants commencent le service à 7 h et finissent à 19 h. Toutefois, ils travaillent plus longtemps lorsque la clientèle est fournie.
Le loyer varie en fonction du lieu d’installation et de l’interlocuteur.
Certains gérants (ceux qui sont installés dans les résidences universitaires) s’adressent à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour la location de l’espace ou du magasin. D’autres se tournent vers la présidence de l’université, les différents départements, le Crou-A (Centre régional des œuvres universitaires). M.F., propriétaire d’un appareil situé non loin de La Poste, loue son magasin à 30.000 Fcfa le mois, auprès de la Fesci du campus I. Yapo, installé non loin de là, paie un loyer semblable. Cette fois, c’est la Fesci du campus II qui est le logeur.
Les magasins situés en face de l’Ensea comprennent des restaurants, de petites librairies, des boutiques et des bureaux de traitement de texte. Depuis le déguerpissement de l’ancien parking de la Sotra pour la construction d’amphithéâtres, le conseil de la présidence de l’université a octroyé ce site aux commerçants. A. Laurent, Directeur général du groupe Abc (Abidjan business center), en est le gérant. Rappelons que le groupe Abc est l’entreprise qui confectionne les fascicules des professeurs de l’université. M. Laurent s’est chargé de la construction de magasins par le biais d’une entreprise du bâtiment. Les magasins (87 au total) devraient être redistribués aux commerçants. Toutefois, il s’est posé un problème. Le conseil a interdit les magasins aux tenanciers de maquis et a exigé qu’il y ait une seule boutique sur l’espace. Chaque commerçant a dû débourser 600.000 Fcfa pour un magasin. Les tenanciers de maquis et de boutiques sont alors obligés de revendre leurs magasins. Le prix est compris entre un et trois millions de Fcfa. Juste à côté de ce bâtiment, se trouve le hangar ci-dessus cité. M. Kra, opérateur économique en est le propriétaire. Il est installé depuis plus de 2 ans. Selon des sources, l’espace lui a été cédé par le Crou-A.
Ici aussi, le loyer est de 30.000 Fcfa. Il est perçu par le Crou-A (Centre régional des œuvres universitaires d’Abidjan) qui a autorisé les commerçant à s’installer.
Les rapports de ces opérateurs économiques avec la présidence ne sont pas toujours bien régis. M. Balou Bi, secrétaire général de la présidence de l’université de Cocody, suit cette activité de près. Il confirme que l’espace a été prêté aux commerçants. Ceux-ci étaient installés vers les amphithéâtres l’Ufr de sciences économiques. « Suite à leur déguerpissement, les enseignants et les étudiants se plaignaient de leur absence. Nous leur avons donc prêté cet espace. Nous ne percevons rien pour le moment, puisque le site est toujours en construction. Mais, quand toutes les activités reprendront, un loyer leur sera fixé en fonction des activités et des dimensions du magasin », prévient-il. Avant d’ajouter que l’argent recueilli ira dans les caisses de la présidence pour l’entretien des locaux. Sur la même question, M. Seka Obodji, Directeur général du Crou-A, nous a fait recevoir par son collaborateur, M. Ouattara. Le Crou-A loue effectivement des espaces à certains opérateurs économiques, selon ce dernier. Ces opérateurs payent des loyers. « Mais, nous avons débuté une campagne d’assainissement. Nous avons recensé les opérateurs économiques du campus que nous allons réinstaller en fonction de leurs activités. Ceux qui ont été déjà installés par la présidence ne sont pas concernés», explique M. Ouattara. Selon lui, l’université de Cocody doit être assainie à l’image des autres universités de la sous-région, afin de stopper l’installation anarchique des commerçants sur son territoire. « Nous allons aménager pour cela un site, non loin de l’entrée qui donne sur le boulevard de France », note-t-il. Cependant, le porte-parole du Crou-A craint la réaction de la Fesci devant cette décision. « Nous savons que nous allons nous heurter à la Fesci. Mais, nous devons le faire pour redonner une bonne image à l’université», indique-t-il. Il assure néanmoins qu’étant un établissement public national, le Crou peut produire de l’argent pour son autofinancement.
Quant à la Fesci, nous avons essayé en vain de joindre ses responsables locaux au téléphone afin d’obtenir leur avis sur la question.
A. K
A l’entrée principale de l’université de Cocody, sont postés à différents endroits, des jeunes gens qui proposent des prestations de photocopie à moindre coût. « Grande sœur (Grand frère), il y a photocopie avec reliure cadeau ! », proposent-ils aux passants. Ces démarcheurs conduisent leurs clients dans un espace clôturé, en face de l’Ensea (Ecole nationale de statistique et d’économie appliquée). A l’intérieur, plusieurs magasins où sont installés des photocopieuses et des ordinateurs. Une cinquantaine environ. Bavardage et musique sont au rendez-vous. Devant chaque appareil, des jeunes s’activent. Ici, une photocopieuse se gère à deux. Pendant que l’un travaille, l’autre cherche des clients. A 50 mètres, se trouve un autre site. C’est un hangar. Là, se trouvent une vingtaine de photocopieuses installées pêle-mêle.
Partout sur le campus
En dehors de ces deux sites, plusieurs appareils sont installés un peu partout sur le campus de Cocody. On en trouve dans chaque département: Espagnol, lettres modernes, math-info, etc. Couloirs, alentours des escaliers, chaque petit espace disponible est mis à profit.
Les résidences universitaires hébergent également leur lot de machines. Au total, ce sont plus d’une centaine de photocopieuses qui occupent le campus. Ces « entreprises » dérangent parfois les étudiants, mais ils s’y font parce que ces petites affaires offrent des prix insignifiants. « 15 Fcfa la page, 25 F cfa recto-verso », selon D.J, un gérant, rencontré à l’entrée du campus. Les tarifs sont les mêmes sur tout le territoire de l’université. Pour D.J., les raisons de ces bas prix sont multiples. Il cite la rude concurrence qui existe au campus entre les gérants. A cela, s’ajoute le faible pouvoir d’achat des étudiants qui constituent la majorité des clients.
Les nombreux clients eux, se réjouissent de ces coûts abordables. « Ils sont accueillants, et ils n’hésitent pas à faire des réductions quand vous le leur demandez », soutient Patricia K., étudiante en lettres modernes. Ces qualités attirent beaucoup d’élèves des Grandes écoles et universités privées. Marius H., élève à Hec, une Ecole de commerce de Cocody, située non loin de l’école de gendarmerie, fait toutes ses photocopies à l’université. «Avant, je faisais mes photocopies aux II Plateaux, non loin de mon domicile. Depuis que j’ai découvert le campus, j’ai changé d’habitude», témoigne-t-il. Mme Essey, secrétaire de direction, est venue photocopier des fiches d’inscription. « C’est économique », justifie-t-elle.
Une affaire du Crou et de la Fesci
Ces prestataires qui sont en majorité des étudiants travaillent en général pour des tierces personnes et sont rémunérés à 2000 Fcfa par jour, soit 60.000 Fcfa par mois. C’est toujours bon à prendre surtout qu’ils n’ont pas de charge, selon Hyppolyte, un gérant. Les recettes journalières varient entre 20.000 et 100.000 Fcfa. D.J affirme que les propriétaires sont des civils mais aussi et des étudiants. La plupart des gérants commencent le service à 7 h et finissent à 19 h. Toutefois, ils travaillent plus longtemps lorsque la clientèle est fournie.
Le loyer varie en fonction du lieu d’installation et de l’interlocuteur.
Certains gérants (ceux qui sont installés dans les résidences universitaires) s’adressent à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour la location de l’espace ou du magasin. D’autres se tournent vers la présidence de l’université, les différents départements, le Crou-A (Centre régional des œuvres universitaires). M.F., propriétaire d’un appareil situé non loin de La Poste, loue son magasin à 30.000 Fcfa le mois, auprès de la Fesci du campus I. Yapo, installé non loin de là, paie un loyer semblable. Cette fois, c’est la Fesci du campus II qui est le logeur.
Les magasins situés en face de l’Ensea comprennent des restaurants, de petites librairies, des boutiques et des bureaux de traitement de texte. Depuis le déguerpissement de l’ancien parking de la Sotra pour la construction d’amphithéâtres, le conseil de la présidence de l’université a octroyé ce site aux commerçants. A. Laurent, Directeur général du groupe Abc (Abidjan business center), en est le gérant. Rappelons que le groupe Abc est l’entreprise qui confectionne les fascicules des professeurs de l’université. M. Laurent s’est chargé de la construction de magasins par le biais d’une entreprise du bâtiment. Les magasins (87 au total) devraient être redistribués aux commerçants. Toutefois, il s’est posé un problème. Le conseil a interdit les magasins aux tenanciers de maquis et a exigé qu’il y ait une seule boutique sur l’espace. Chaque commerçant a dû débourser 600.000 Fcfa pour un magasin. Les tenanciers de maquis et de boutiques sont alors obligés de revendre leurs magasins. Le prix est compris entre un et trois millions de Fcfa. Juste à côté de ce bâtiment, se trouve le hangar ci-dessus cité. M. Kra, opérateur économique en est le propriétaire. Il est installé depuis plus de 2 ans. Selon des sources, l’espace lui a été cédé par le Crou-A.
Ici aussi, le loyer est de 30.000 Fcfa. Il est perçu par le Crou-A (Centre régional des œuvres universitaires d’Abidjan) qui a autorisé les commerçant à s’installer.
Les rapports de ces opérateurs économiques avec la présidence ne sont pas toujours bien régis. M. Balou Bi, secrétaire général de la présidence de l’université de Cocody, suit cette activité de près. Il confirme que l’espace a été prêté aux commerçants. Ceux-ci étaient installés vers les amphithéâtres l’Ufr de sciences économiques. « Suite à leur déguerpissement, les enseignants et les étudiants se plaignaient de leur absence. Nous leur avons donc prêté cet espace. Nous ne percevons rien pour le moment, puisque le site est toujours en construction. Mais, quand toutes les activités reprendront, un loyer leur sera fixé en fonction des activités et des dimensions du magasin », prévient-il. Avant d’ajouter que l’argent recueilli ira dans les caisses de la présidence pour l’entretien des locaux. Sur la même question, M. Seka Obodji, Directeur général du Crou-A, nous a fait recevoir par son collaborateur, M. Ouattara. Le Crou-A loue effectivement des espaces à certains opérateurs économiques, selon ce dernier. Ces opérateurs payent des loyers. « Mais, nous avons débuté une campagne d’assainissement. Nous avons recensé les opérateurs économiques du campus que nous allons réinstaller en fonction de leurs activités. Ceux qui ont été déjà installés par la présidence ne sont pas concernés», explique M. Ouattara. Selon lui, l’université de Cocody doit être assainie à l’image des autres universités de la sous-région, afin de stopper l’installation anarchique des commerçants sur son territoire. « Nous allons aménager pour cela un site, non loin de l’entrée qui donne sur le boulevard de France », note-t-il. Cependant, le porte-parole du Crou-A craint la réaction de la Fesci devant cette décision. « Nous savons que nous allons nous heurter à la Fesci. Mais, nous devons le faire pour redonner une bonne image à l’université», indique-t-il. Il assure néanmoins qu’étant un établissement public national, le Crou peut produire de l’argent pour son autofinancement.
Quant à la Fesci, nous avons essayé en vain de joindre ses responsables locaux au téléphone afin d’obtenir leur avis sur la question.
A. K