Richard Secré est député de Bondoukou et DDC de Laurent Gbagbo à Bondoukou. Il évoque dans cette interview, la gestion de la compagne de son candidat et la situation sociopolitique.
Notre Voie : Vous êtes à la tête du seul conseil général que le FPI a gagné, dans le grand pays akan. Quelle a été votre stratégie pour la conquête des électeurs ?
Richard Kouamé Secré : Ça été une stratégie de lutte permanente ; compte tenu des difficultés rencontrées dans la région, nous nous sommes mis au travail. Sans relâche pour avoir le résultat que vous savez.
N.V. : Mais vous avez battu le PDCI sur un terrain qui lui était favorable.
R.K.S. : Oui le PDCI a été battu. Mais il y avait le RDR qui avait une liste aussi. De 90 à 2002, nous avons travaillé régulièrement sans relâche pour atteindre l’objectif fixé par le parti et par nous-mêmes.
N.V. : Ne pensez-vous pas que l’élection du président de la Répu-blique a déterminé le choix des électeurs en votre faveur ?
R.K.S. : Mais si. C’est cela aussi. Si nous avions échoué à la présidentielle, je ne suis pas sûr que le FPI gagnerait. Mais il faut aussi remarquer que le président de la République a été élu, mais les autres régions akan n’ont pas voté les listes FPI.
N.V. : Alors ce Conseil général particulier, a-t-il une gestion aisée ?
R.K.S. : La gestion est difficile. Puisque nous sommes entourés par nos adversaires qui cherchent toujours à nous déstabiliser. Mais je crois que la réponse à ces actions de se montrer correct dans la gestion. Si nous sommes transparents, les adversaires ne pourront pas réussir à nous déstabiliser. Nos comptes sont là. Chacun peut aller les vérifier. Cela déroute nos adversaires.
N.V. : Vous insistez sur les actes de vos adversaires, pourtant au sein même de votre parti ici, il y a eu des dissensions. Etait-ce un problème de communication, parce que vous parlez de transparence dans la gestion ?
R.K.S. : Non, ce n’est pas un problème de communication. Puisque le problème est parti des membres de mon bureau. L’idéologie et la transparence que le responsable prône, ne sont pas toujours compris par tout le monde.
Tout le monde n’accepte pas la rigueur dans le travail. Certains ont acquis des déformations professionnelles avant de venir. Compte tenu de l’environnement politique, des difficultés que nous avons, des pressions de l’extérieur, il a fallu être rigoureux avec nous-mêmes. Malheu-reusement certains pensaient se faire de l’argent. C’est pourquoi nous ne nous sommes pas entendus. Il y a eu clash. Bien entendu, des arguments ont été trouvés pour créer les problèmes. Comme la loi nous l’autorise, nous avons pensé qu’à ce stade de la gestion, il n’était plus possible de gérer ensemble le conseil. Nous nous sommes donc séparés.
N.V. : Les choses sont-elles rentrées dans l’ordre ?
R.K.S. : Oui la paix est revenue. La preuve, nous travaillons sereinement. Depuis que cette crise a connu un dénouement grâce à la première dame, le conseil se tient régulièrement et de façon correcte.
N.V. : Les conseils généraux évoquent régu-lièrement un problème de trésorerie. Est-ce le cas à Bondoukou ?
R.K.S. : Notre conseil général n’a pas d’argent parce que notre principal et seul bailleur de fonds, l’Etat n’a pas d’argent. L’Etat a d’autres préoccupations qui sont la gestion de la sortie de crise et la reprise des relations avec les institutions internationales. Les caisses de l’Etat sont en difficulté. Et les cobayes c’est nous.
N.V. : Mais le chef de l’Etat vous incite à rechercher des finances à l’extérieur.
R.K.S. : Nous sommes sortis près de 5 fois. Nous avons eu des accords de principe. Mais compte tenu de la situation sociopolitique, personne ne veut investir dans notre pays. Les partenaires remettent tout à l’après-crise. Mais comme la guerre dure, nous sommes restés au stade du statu quo. Les partenaires nous opposent aussi un problème de texte. Or depuis que la loi sur la décentralisation a été votée, les textes d’application qui sont du ressort du gouvernement ne sont pas encore pris.
N.V. : Tous les accords demandent la réunification du pays par le redéploiement de l’administration. Or des lenteurs sont constatées dans leur application.
R.K.S. : En tant que citoyen, la situation de la Côte d’Ivoire interpelle tous les Ivoiriens. Parce que c’est le seul Etat que nous avons. Les fils du pays ne doivent pas mettre en péril la vie de la Nation. Il faut faire en sorte que les textes que nous prenons soient appliqués. Depuis la survenue de la guerre, la Côte d’Ivoire souffre énormément. Une partie des caisses n’est pas recouvrée. L’Etat est obligé de faire face à tout, en même temps. Voyez dans la sous-région, les autres pays profitent de la crise en Côte d’Ivoire pour se développer. Nous ne devons pas persister dans cette situation.
N.V. : Monsieur le député, il y a aujourd’hui des remous sociaux dans tous les secteurs. Pensez-vous que la situation s’y prête ?
R.K.S. : Moi-même, avant d’être politicien, j’étais syndicaliste de revendication. Et ce syndicalisme a permis d’atteindre le niveau de démocratisation aujourd’hui dans notre pays. Mais nous ne le faisons pas comme ça. Les gens ont la possibilité de revendiquer. Bloquer le fonctionnement de l’Etat, c’est mettre l’Etat en danger. Surtout que la situation du pays n’est pas stable. Les gens ont le droit de revendiquer. Et l’Etat qui est l’employeur a l’obligation de discuter avec les travailleurs qui luttent pour l’amélioration des conditions de vie de leurs adhérents. Mais là où il y a problème, c’est que nous sommes dans une situation difficile.
Nous marchons sur une lame de rasoir.
Nous devons savoir tenir. Le président de la République le dit souvent. Il a été syndicaliste. Ce n’est donc pas lui qui s’opposera à la lutte des syndicats.
N.V. : N’est-il pas juste de dire aux syndicats que la situation économique ne permet pas d’augmenter les salaires en ce moment ?
R.K.S. : Je pense qu’il y a un problème de communication qui se situe au niveau des ministres. Le président a fait des promesses. Et ces promesses arrivent à leur terme, les ministres devraient se mettre en branle, s’il n’y a pas de possibilité de payer, parce que le chef de l’Etat ne gère pas le ministère de l’Economie et des Finances. Donc les ministres devraient anticiper en disant aux travailleurs, certes nous avons pris des engagements, mais compte tenu de la crise actuelle, les caisses de l’Etat sont asséchées. Dire aux travailleurs qu’il n’est pas possible de respecter la date promise. Il faut discuter avec les syndicats. Il ne faut pas attendre que la grève soit syndicaliste. Ils doivent savoir qu’on ne se lève pas du jour au lendemain pour se mettre en grève. Il y a une procédure à respecter.
N.V. : Il y a certainement une éducation de la masse à faire…
R.K.S. : Je suis d’accord qu’il faut éduquer. Mais cela ne se fait pas en un jour. Surtout que les priorités de maintenant ne permettent pas de s’asseoir pour éduquer. C’est après les élections qu’il faudra s’atteler à l’éducation des masses.
N.V. : Parlons alors des élections. Vous êtes chargé de l’élection du candidat Gbagbo à Bondukou. Quelle est votre politique de communication ?
R.K.S. : La campagne a commencé depuis long-temps. Dès l’élection du président Gbagbo. La sensibilisation est permanente à Boudoukou. Nous avons une équipe formidable qui réfléchit sans moi. La DDC est une équipe. La fédération et le CNRD aussi. Toutes ces équipes sont des machines pour faire gagner le président de la République Laurent Gbagbo.
N.V. : Ailleurs les mouvements de soutien à la candidature de Laurent Gbagbo se plaignent des responsables locaux du FPI. Qu’en est-il à Boudoukou ?
R.K.S. : Nous travaillons en parfaite intelligence avec les mouvements de soutien qui sont sur le terrain. La DDC a toujours soutenu les mouvements de soutien dès que nous avons les mêmes objectifs.
N.V. : La population est-elle sensible au discours de votre candidat ?
R.K.S. : C'est ce que nous asseyons de faire chaque jour. Notre travail, c'est de dire aux parents ce que le président de la République fait. Quand vous leur expliquez clairement et que vous leur donnez le temps de vous poser toute sorte de question, à la fin, ils vous comprennent très facilement. Et ils s'engagent. Chez nous, quand les gens s'engagent, c'est sans état d'âme. Après les réticences, après les hésitations, après les difficultés que nous avons sur le terrain, aujourd'hui chacun se libère. Chacun comprend de plus en plus la politique que le président de la République mène. Il reste quelques petits îlots. Mais nous avons une stratégie pour atteindre notre objectif.
N.V. : Vous dites que les populations s'engagent. Nous sommes au terme de l'opération d'enrôlement. Les parents ont-ils les documents nécessaires à l'enrôlement ?
R.K.S. : Le problème d'extrait de naissance se pose avec acuité. Il est le même à Daloa, Gagnoa et partout ailleurs. L'analphabétisme fait que certaines personnes considèrent les extraits de naissance de leurs enfants comme les leurs. D'autres ont des extraits détruits par les cafards. D'autres encore n'ont que les photocopies. Et puis malgré l'audience foraine, un nombre important de nos populations a négligé l'opération. Pour tous ces problèmes, nous avons mobilisé des camarades qui sont sur le terrain et qui font le porte-à-porte. Nous avons mis en place un bureau pour faire les photocopies de tous ceux qui arrivent des villages.
N.V. : Comment trouvez-vous la gestion de l’opération par la CEI ?
R.K.S. : Je crois que les responsables de la CEI sont mal organisés. Ils naviguent à vue. Ils ont fait des déclarations à l'Etat pour dire que tel nombre de matériel va aller sur le terrain. Mais il n'y a rien de tout cela. Ils n'ont pratiquement rien préparer. Nous discutons souvent avec les agents qui sont sur le terrain. Ils sont laissés pour compte. Les superviseurs manquent de carburant. Les agents recenseurs ne trouvent même pas à manger. Ils ont donc recours aux populations pour manger. Si donc ce sont les populations qui doivent prendre en charge les agents recenseurs, pourquoi l'Etat a-t-il investi tant d'argent ?
N.V. : Pourquoi n'invitez-vous pas à l'Assemblée nationale, le président de la CEI, Robert Mambé pour débattre de l’opération d'enrôlement ?
R.K.S. : Pendant la session ordinaire, les députés ont appelé Robert Mambé. Il n'est pas venu. Il n'a même pas eu la courtoisie de dire pourquoi il ne venait pas. Nous voulions simplement qu'il vienne expliquer comment l'enrôlement se ferait. Les gens refusent de communiquer. Il aurait pu proposer une autre date pour l'information des députés. Les élus de la Nation sont donc informés au même moment que le peuple par les médias. Mais c'est cela aussi les effets de la guerre. Des gens aiment jouer dans le cafouillage. Chacun fait ce qui lui plaît. Il y a des gens qui ne trouvent pas nécessaire de s'inscrire dans les règles de la République. C'est tout cela qui rend la gestion de la crise difficile. Je plains le président de la République qui est obligé de faire tout pour colmater les brèches.
N.V. : Quelles sont les chances du candidat du FPI à Bondoukou ?
R.K.S. : Mon parti place mon département dans les départements favoris. Je ne sous-estime pas nos adversaires, mais je n'ai pas peur d'eux non plus. Nous faisons l'effort de mériter la confiance de la population. Si nous sommes favoris, cela dépend du travail que nous faisons sur le terrain. Et les multiples sollicitations du président de la République à chaque fois qu'on l'a sollicité pour aller dans le zanzan, nous aident. Il est venu, chaque fois que nous l'avons sollicité. Il a satisfait à nos besoins chaque fois que nous l'avons approché au nom des populations. Toutes ces actions nous mettent à l'aise pour travailler en son nom.
Interview réalisée par Délon's Zadé
Notre Voie : Vous êtes à la tête du seul conseil général que le FPI a gagné, dans le grand pays akan. Quelle a été votre stratégie pour la conquête des électeurs ?
Richard Kouamé Secré : Ça été une stratégie de lutte permanente ; compte tenu des difficultés rencontrées dans la région, nous nous sommes mis au travail. Sans relâche pour avoir le résultat que vous savez.
N.V. : Mais vous avez battu le PDCI sur un terrain qui lui était favorable.
R.K.S. : Oui le PDCI a été battu. Mais il y avait le RDR qui avait une liste aussi. De 90 à 2002, nous avons travaillé régulièrement sans relâche pour atteindre l’objectif fixé par le parti et par nous-mêmes.
N.V. : Ne pensez-vous pas que l’élection du président de la Répu-blique a déterminé le choix des électeurs en votre faveur ?
R.K.S. : Mais si. C’est cela aussi. Si nous avions échoué à la présidentielle, je ne suis pas sûr que le FPI gagnerait. Mais il faut aussi remarquer que le président de la République a été élu, mais les autres régions akan n’ont pas voté les listes FPI.
N.V. : Alors ce Conseil général particulier, a-t-il une gestion aisée ?
R.K.S. : La gestion est difficile. Puisque nous sommes entourés par nos adversaires qui cherchent toujours à nous déstabiliser. Mais je crois que la réponse à ces actions de se montrer correct dans la gestion. Si nous sommes transparents, les adversaires ne pourront pas réussir à nous déstabiliser. Nos comptes sont là. Chacun peut aller les vérifier. Cela déroute nos adversaires.
N.V. : Vous insistez sur les actes de vos adversaires, pourtant au sein même de votre parti ici, il y a eu des dissensions. Etait-ce un problème de communication, parce que vous parlez de transparence dans la gestion ?
R.K.S. : Non, ce n’est pas un problème de communication. Puisque le problème est parti des membres de mon bureau. L’idéologie et la transparence que le responsable prône, ne sont pas toujours compris par tout le monde.
Tout le monde n’accepte pas la rigueur dans le travail. Certains ont acquis des déformations professionnelles avant de venir. Compte tenu de l’environnement politique, des difficultés que nous avons, des pressions de l’extérieur, il a fallu être rigoureux avec nous-mêmes. Malheu-reusement certains pensaient se faire de l’argent. C’est pourquoi nous ne nous sommes pas entendus. Il y a eu clash. Bien entendu, des arguments ont été trouvés pour créer les problèmes. Comme la loi nous l’autorise, nous avons pensé qu’à ce stade de la gestion, il n’était plus possible de gérer ensemble le conseil. Nous nous sommes donc séparés.
N.V. : Les choses sont-elles rentrées dans l’ordre ?
R.K.S. : Oui la paix est revenue. La preuve, nous travaillons sereinement. Depuis que cette crise a connu un dénouement grâce à la première dame, le conseil se tient régulièrement et de façon correcte.
N.V. : Les conseils généraux évoquent régu-lièrement un problème de trésorerie. Est-ce le cas à Bondoukou ?
R.K.S. : Notre conseil général n’a pas d’argent parce que notre principal et seul bailleur de fonds, l’Etat n’a pas d’argent. L’Etat a d’autres préoccupations qui sont la gestion de la sortie de crise et la reprise des relations avec les institutions internationales. Les caisses de l’Etat sont en difficulté. Et les cobayes c’est nous.
N.V. : Mais le chef de l’Etat vous incite à rechercher des finances à l’extérieur.
R.K.S. : Nous sommes sortis près de 5 fois. Nous avons eu des accords de principe. Mais compte tenu de la situation sociopolitique, personne ne veut investir dans notre pays. Les partenaires remettent tout à l’après-crise. Mais comme la guerre dure, nous sommes restés au stade du statu quo. Les partenaires nous opposent aussi un problème de texte. Or depuis que la loi sur la décentralisation a été votée, les textes d’application qui sont du ressort du gouvernement ne sont pas encore pris.
N.V. : Tous les accords demandent la réunification du pays par le redéploiement de l’administration. Or des lenteurs sont constatées dans leur application.
R.K.S. : En tant que citoyen, la situation de la Côte d’Ivoire interpelle tous les Ivoiriens. Parce que c’est le seul Etat que nous avons. Les fils du pays ne doivent pas mettre en péril la vie de la Nation. Il faut faire en sorte que les textes que nous prenons soient appliqués. Depuis la survenue de la guerre, la Côte d’Ivoire souffre énormément. Une partie des caisses n’est pas recouvrée. L’Etat est obligé de faire face à tout, en même temps. Voyez dans la sous-région, les autres pays profitent de la crise en Côte d’Ivoire pour se développer. Nous ne devons pas persister dans cette situation.
N.V. : Monsieur le député, il y a aujourd’hui des remous sociaux dans tous les secteurs. Pensez-vous que la situation s’y prête ?
R.K.S. : Moi-même, avant d’être politicien, j’étais syndicaliste de revendication. Et ce syndicalisme a permis d’atteindre le niveau de démocratisation aujourd’hui dans notre pays. Mais nous ne le faisons pas comme ça. Les gens ont la possibilité de revendiquer. Bloquer le fonctionnement de l’Etat, c’est mettre l’Etat en danger. Surtout que la situation du pays n’est pas stable. Les gens ont le droit de revendiquer. Et l’Etat qui est l’employeur a l’obligation de discuter avec les travailleurs qui luttent pour l’amélioration des conditions de vie de leurs adhérents. Mais là où il y a problème, c’est que nous sommes dans une situation difficile.
Nous marchons sur une lame de rasoir.
Nous devons savoir tenir. Le président de la République le dit souvent. Il a été syndicaliste. Ce n’est donc pas lui qui s’opposera à la lutte des syndicats.
N.V. : N’est-il pas juste de dire aux syndicats que la situation économique ne permet pas d’augmenter les salaires en ce moment ?
R.K.S. : Je pense qu’il y a un problème de communication qui se situe au niveau des ministres. Le président a fait des promesses. Et ces promesses arrivent à leur terme, les ministres devraient se mettre en branle, s’il n’y a pas de possibilité de payer, parce que le chef de l’Etat ne gère pas le ministère de l’Economie et des Finances. Donc les ministres devraient anticiper en disant aux travailleurs, certes nous avons pris des engagements, mais compte tenu de la crise actuelle, les caisses de l’Etat sont asséchées. Dire aux travailleurs qu’il n’est pas possible de respecter la date promise. Il faut discuter avec les syndicats. Il ne faut pas attendre que la grève soit syndicaliste. Ils doivent savoir qu’on ne se lève pas du jour au lendemain pour se mettre en grève. Il y a une procédure à respecter.
N.V. : Il y a certainement une éducation de la masse à faire…
R.K.S. : Je suis d’accord qu’il faut éduquer. Mais cela ne se fait pas en un jour. Surtout que les priorités de maintenant ne permettent pas de s’asseoir pour éduquer. C’est après les élections qu’il faudra s’atteler à l’éducation des masses.
N.V. : Parlons alors des élections. Vous êtes chargé de l’élection du candidat Gbagbo à Bondukou. Quelle est votre politique de communication ?
R.K.S. : La campagne a commencé depuis long-temps. Dès l’élection du président Gbagbo. La sensibilisation est permanente à Boudoukou. Nous avons une équipe formidable qui réfléchit sans moi. La DDC est une équipe. La fédération et le CNRD aussi. Toutes ces équipes sont des machines pour faire gagner le président de la République Laurent Gbagbo.
N.V. : Ailleurs les mouvements de soutien à la candidature de Laurent Gbagbo se plaignent des responsables locaux du FPI. Qu’en est-il à Boudoukou ?
R.K.S. : Nous travaillons en parfaite intelligence avec les mouvements de soutien qui sont sur le terrain. La DDC a toujours soutenu les mouvements de soutien dès que nous avons les mêmes objectifs.
N.V. : La population est-elle sensible au discours de votre candidat ?
R.K.S. : C'est ce que nous asseyons de faire chaque jour. Notre travail, c'est de dire aux parents ce que le président de la République fait. Quand vous leur expliquez clairement et que vous leur donnez le temps de vous poser toute sorte de question, à la fin, ils vous comprennent très facilement. Et ils s'engagent. Chez nous, quand les gens s'engagent, c'est sans état d'âme. Après les réticences, après les hésitations, après les difficultés que nous avons sur le terrain, aujourd'hui chacun se libère. Chacun comprend de plus en plus la politique que le président de la République mène. Il reste quelques petits îlots. Mais nous avons une stratégie pour atteindre notre objectif.
N.V. : Vous dites que les populations s'engagent. Nous sommes au terme de l'opération d'enrôlement. Les parents ont-ils les documents nécessaires à l'enrôlement ?
R.K.S. : Le problème d'extrait de naissance se pose avec acuité. Il est le même à Daloa, Gagnoa et partout ailleurs. L'analphabétisme fait que certaines personnes considèrent les extraits de naissance de leurs enfants comme les leurs. D'autres ont des extraits détruits par les cafards. D'autres encore n'ont que les photocopies. Et puis malgré l'audience foraine, un nombre important de nos populations a négligé l'opération. Pour tous ces problèmes, nous avons mobilisé des camarades qui sont sur le terrain et qui font le porte-à-porte. Nous avons mis en place un bureau pour faire les photocopies de tous ceux qui arrivent des villages.
N.V. : Comment trouvez-vous la gestion de l’opération par la CEI ?
R.K.S. : Je crois que les responsables de la CEI sont mal organisés. Ils naviguent à vue. Ils ont fait des déclarations à l'Etat pour dire que tel nombre de matériel va aller sur le terrain. Mais il n'y a rien de tout cela. Ils n'ont pratiquement rien préparer. Nous discutons souvent avec les agents qui sont sur le terrain. Ils sont laissés pour compte. Les superviseurs manquent de carburant. Les agents recenseurs ne trouvent même pas à manger. Ils ont donc recours aux populations pour manger. Si donc ce sont les populations qui doivent prendre en charge les agents recenseurs, pourquoi l'Etat a-t-il investi tant d'argent ?
N.V. : Pourquoi n'invitez-vous pas à l'Assemblée nationale, le président de la CEI, Robert Mambé pour débattre de l’opération d'enrôlement ?
R.K.S. : Pendant la session ordinaire, les députés ont appelé Robert Mambé. Il n'est pas venu. Il n'a même pas eu la courtoisie de dire pourquoi il ne venait pas. Nous voulions simplement qu'il vienne expliquer comment l'enrôlement se ferait. Les gens refusent de communiquer. Il aurait pu proposer une autre date pour l'information des députés. Les élus de la Nation sont donc informés au même moment que le peuple par les médias. Mais c'est cela aussi les effets de la guerre. Des gens aiment jouer dans le cafouillage. Chacun fait ce qui lui plaît. Il y a des gens qui ne trouvent pas nécessaire de s'inscrire dans les règles de la République. C'est tout cela qui rend la gestion de la crise difficile. Je plains le président de la République qui est obligé de faire tout pour colmater les brèches.
N.V. : Quelles sont les chances du candidat du FPI à Bondoukou ?
R.K.S. : Mon parti place mon département dans les départements favoris. Je ne sous-estime pas nos adversaires, mais je n'ai pas peur d'eux non plus. Nous faisons l'effort de mériter la confiance de la population. Si nous sommes favoris, cela dépend du travail que nous faisons sur le terrain. Et les multiples sollicitations du président de la République à chaque fois qu'on l'a sollicité pour aller dans le zanzan, nous aident. Il est venu, chaque fois que nous l'avons sollicité. Il a satisfait à nos besoins chaque fois que nous l'avons approché au nom des populations. Toutes ces actions nous mettent à l'aise pour travailler en son nom.
Interview réalisée par Délon's Zadé