Le procès du scandale des agents fictifs qui secoue la plus haute institution du pays s’est ouvert hier au tribunal de première instance du Plateau. Appelé à la barre pour dire sa part de vérité, Dely Lucas, principal prévenu dans cette affaire qui fait trembler la République a tout déballé, à la stupeur générale. Son mode opératoire, ses moyens, sa technique pour récupérer l’argent au nom de ses victimes, bref, celui qu’on peut désormais appeler le Bernard Madoff ivoirien a, dans un calme olympien et une surprenante froideur d’esprit, reconnu tous les faits qui lui sont reprochés. « Oui, Monsieur le président je reconnais avoir intégré par le circuit normal certains de mes proches à la présidence. Au fait, je prends des anciennes vraies décisions d’engagement et des certificats de prise de service que je photocopie afin d’y insérer les noms des personnes que je veux intégrer. Je transmets ensuite ces documents à la comptabilité et chaque fin de mois, je récupère moi-même le salaire de mes cas. J’ai ainsi monté sept dossiers dont les salaires de six me reviennent chaque mois. J’aimerais aussi préciser monsieur le président que les personnes dont j’utilise les noms ne savent pas qu’elles travaillent à la présidence», a avoué Dely Lucas. Ses victimes sont pour la plupart des filles avec qui il entretient des relations amoureuses. Usant de son statut de militaire, il garde des photocopies des pièces d’identité de ses «copines ». Ce sont ces photocopies qu’il utilise par la suite pour monter ses dossiers au palais. En Don Juan impénitent, Dely Lucas a intégré ainsi quatre de ses amantes à la présidence. Inculpées pour faux dans l’établissement d’actes administratif, écriture par superposition de personnes, faux et usage de faux usant de fausse qualité et complicité d’escroquerie, plus d’une dizaine de prévenues ont comparu devant le tribunal présidé par le juge Yapi Tobo pour répondre de leurs actes. De hauts responsables du palais ont été également entendus en vue de situer les responsabilités dans ce scandale et de faire éclater la vérité. il s’agit de Gnékré Lezou Joseph, directeur administratif du palais, Mme Kambou, responsable de la paie, M. Amouri, responsable de la solde, en service au palais présidentiel depuis 1988 et Mme Nebavi chef du personnel du palais. En tout état de cause, c’est ce matin, sur le coup de 10 heures que le tribunal correctionnel va rendre sa décision sur cette affaire qui éclate quelques semaines après le scandale des 65 millions de Fcfa de Mtn.
Kra Bernard (Stagiaire)
Kra Bernard (Stagiaire)
