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Politique Publié le vendredi 27 février 2009 | Le Repère

Engagements non tenus, gestion décriée, services lents… : Les fonctionnaires et agents de l`Etat fuient-ils la Mugefci ?

La Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de Côte d'Ivoire, (Mugefci), pourrait-elle être classée parmi les structures les plus contestées du pays ? Les fonctionnaires et agents de l'Etat, membres, n'évoquent pas le nom de cette structure "sans amertume". Le mal, selon eux, est réel : "la mutuelle est malade de ses pratiques" qui trancheraient avec sa mission.

Créée sous la forme d'une direction du ministère de la Fonction publique en août 1973, la Mutuelle générale des Fonctionnaires et Agents de Côte d'Ivoire (Mugefci), à la demande générale des syndicats de fonctionnaires, a été confiée à ceux-ci par l'Etat ivoirien en octobre 1989. Sa mission essentielle, à sa naissance, est de "contribuer à l'amélioration des conditions de ses membres et de leurs familles au moyen d'un système d'entraide et de solidarité tendant à réparer les risques sociaux", selon l'article 5 des Statuts de la Mugefci. Ainsi "les membres et bénéficiaires sont, aux termes de l'article 1er complété par l'article 6 desdits statuts : l'ensemble des fonctionnaires et agents de l'Etat (tous corps confondus, magistrats, policiers, militaires, préfets et sous-préfets, instituteurs…) ; les bénéficiaires d'une pension ou d'une allocation viagère de réversion de l'Etat ; les enfants mineurs orphelins de bénéficiaires d'une pension ou d'une allocation viagère de réversion de l'Etat. Bénéficiaires des prestations de la Mugefci, ces catégories sont rejointes, selon l'article 32 par le conjoint du membre ; le concubin ou la concubine ; les enfants (légitimes, naturels ou adoptés) âgés de moins de 21 ans ; les enfants (légitimes, naturels ou adoptés) âgés de 26 ans au plus et poursuivant leurs études ou handicapés majeurs non salariés et les enfants (légitimes, naturels ou adoptés) âgés de 26 ans au plus mis en apprentissage", In Diagnostic juridique des mutuelles de santé en Côte d'Ivoire, Félix Tano, juin 2006. La cotisation est fixée depuis 1973 à 3% du traitement de base. Un taux toujours en vigueur, nonobstant une décision de l'Assemblée générale de le porter à 4%. Mais comment fonctionne la mutuelle ?


Les prestations…

L'article 19 des Statuts indique que la Mugefci prend en compte 70% du prix de vente autorisé par les pouvoirs publics, (les 30% étant à la charge de l'adhérent); les soins et prothèses dentaires ; les verres correcteurs et leurs montures. Sont aussi concernés les secours, toutes les prestations découlant des différents contrats maladies, épargne retraite complémentaire et décès : ce sont les consultations, les frais d'hospitalisation et les actes médicaux sans omettre les actes des spécialistes, de laboratoire, de radiologie et de maternité. A l'évidence, les prestations de la mutuelle sont d'importance et si elles étaient effectives, les adhérents n'en seraient qu'heureux. Hélas !


Le cauchemar ?

"Nous ne pouvons plus continuer à donner notre argent à une mutuelle défaitiste, qui ne tient pas ses engagements vis-à-vis des instituteurs, c'est pourquoi, les instituteurs quittent la Mugefci pour créer leur mutuelle", tels sont les propos tenus par le secrétaire général du Mouvement des Instituteurs pour la défense de leurs droits, Midd, Mesmin Comoé, en octobre 2008. Chose promise chose due, la Mutuelle des Instituteurs de Côte d'Ivoire, Mici, est née. Et ne constitue pas la résultante de la réflexion inspirée à cette corporation par les désagréments à elle causée par les dysfonctionnements de la Mugefci. La Mici, selon, Mesmin Comoé démarre ses activités à la fin du mois de mars. Il déclare ne pas comprendre que "la Mugefci refuse que le Midd soit membre de l'Assemblée générale. Nous sommes la plus grande organisation, il n'est pas normal qu'on n'appartienne pas à l'Ag. La mutuelle ne nous reconnaît pas ce droit…Nous avons créé notre mutuelle parce que les services de la Mugefci sont limités ; par ailleurs, elle prend en compte 70% des frais pharmaceutiques, des actes médicaux. Mais cela ne peut se faire sans actes médicaux…Nous ne pouvons accepter que la mutuelle cherche plutôt à faire des bénéfices." Le secrétaire général du Midd note que "la Mugefci est gérée par des affairistes plutôt que par des syndicalistes. Est-il acceptable qu'un fonctionnaire se rende à la pharmacie à 4 heures pour espérer se faire servir avec son bon de mutuelle ?"

Les pharmacies agréées par la Mugefci ne sont pas elles non plus satisfaites des prestations de celle-ci. Selon certains responsables, le délai de 40 jours fixé dans le contrat les liant à cette structure n'est pas respecté. "Nous attendons toujours au-delà de l'échéance convenue ; cela nous pénalise. Depuis des mois, nous n'avons perçu d'argent de la Mugefci et pourtant nous continuons de prendre les bons. Si cela perdure, nous allons suspendre nos services", relate cette responsable de pharmacie, à Abobo. Pour notre interlocutrice, "Depuis août 2008, nous n'avons encore rien eu de la Mugefci. Mais nous continuons de respecter notre quota de 2,2 millions Fcfa de produits à servir. Evidemment, c'est un sérieux problème pour la pharmacie". Les médecins ne sont pas en reste. Ils ne sont pas satisfaits de la gestion de la Mugefci. Dr Alain Aka dénonce les pratiques de la mutuelle. Car, pour lui, il n'est pas indiqué qu'on commence à faire une ponction sur le salaire des fonctionnaires dès leur prise de fonction. Ils sont pénalisés par cette façon de procéder. Il faut corriger cela. On n'attend pas l'avis des fonctionnaires, on les prélève. Et aujourd'hui les médecins ne se sentent pas intéressés par la mutuelle. Les bons signés ne sont pas tous pris en compte. Les quotas posent souvent problème et l'argent dû aux pharmaciens n'est pas versé. Le constat, c'est que les médecins se détournent de la Mugefci et c'est vraiment dommage !". Nous sommes en droit de nous interroger : "La Mugefci serait-elle un jour conduit aux grands brûlés ?" Le mal semble en tout cas profond et les témoignages susmentionnés n'en disent pas moins long.

P. Tadjau
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