Foua Ernest de Saint Sauveur n'est pas content. Le président de l'Association des Ecrivains de Côte d'Ivoire (AECI) dénonce ici les pirates, tous ceux qui au lieu d'acheter les livres préfèrent, les photocopier. Dans cette interview, il évoque également les problèmes des écrivains dans l'épanouissement de leur art.
Président, quand a été créée votre structure ?
L'AECI est née en 1987. Aujourd'hui, c'est une association qui a 20 ans. Elle est née de la fusion de deux (02) entités. D'abord l'association des poètes de Côte d'Ivoire et ensuite l'association ivoirienne des genres de lettres.
Qu'est-ce qui a motivé cette création ?
Il s'agit de défendre les intérêts de tous les écrivains, les créateurs littéraires.
Qui peut-être écrivain ?
On entend par écrivain, d'abord des gens qui ont publié. Quand vous avez publié, vous êtes au mieux un auteur. Quand vous n'avez pas publié encore, vous n'êtes pas un écrivain. Vous avez des manuscrits, vous vous intéressez à la littérature, vous êtes un animateur. On peut dire un écrivain en herbe. Mais vous êtes écrivain quand vous avez publié un ouvrage dans le registre des genres qu'on considère comme des genres littéraires. Les genres sont la poésie, le roman, la nouvelle l’essai, le théâtre et tout ce qui s'apparente au genre dramatique.
A combien peut-on estimer aujourd'hui le nombre de ceux qui sont considérés comme des écrivains ?
Nous sommes plus de 200, parce que les Ivoiriens écrivent beaucoup. Les maisons d'éditions n'existent pas en grand nombre mais en nombre suffisant. Ce qui leur faut, c'est les moyens pour publier tous les manuscrits qu'ils reçoivent.
Est-ce que vous vivez de votre art ?
En Côte d'Ivoire, c'est malheureusement pas le cas. Parce qu'il y a ici et là, des lourdeurs, des handicaps.
Il y a donc des problèmes réels. Quels sont vos rapports avec les maisons d'édition ?
Pour publier un livre, il faut se faire agréer par une maison d'édition. Il faut déposer un manuscrit dans une maison d'édition pour qu'un comité de lecture lise et trouve votre ouvrage intéressant et qu'il en propose l'édition à la maison dont il relève. Quand cela est fait, vous êtes publiés. Mais encore, il faut que la maison d'édition ait les moyens de vous publier. Parce que la maison publie à compte d'éditeur c'est-à-dire que c'est elle qui finance la production de l'ouvrage depuis la mise en page jusqu'à l'impression. Il faut donc qu'elle ait les moyens. Or ce n'est pas toujours le cas. En Côte d'Ivoire, les maisons d'édition font des bénéfices sur les livres scolaires. Et c'est par rapport à ces bénéfices qu'elles font des productions dans le domaine de la littérature générale. Il y a donc cet handicap-là. Mais quand vous avez du talent, cet handicap n'en est pas un.
Dans votre domaine, on parle de droit d'auteur, expliquez-nous un peu cela.
Si votre ouvrage est vendu à un prix public de 1000 francs, il n'y a que 100 francs seulement qui vous reviennent en tant que créateur, les 10% représentent ce qu'on appelle le droit d'auteur. Et ce droit d'auteur qui nous est consenti, est statique depuis des années, depuis des conventions internationales qui existent et qui le fixent autour de 10%. Avec 100 francs, vous êtes d'accord avec moi que vous ne pouvez pas décemment vivre. Il y a également des problèmes qui sont liés à ce que le public considère comme étant la cherté du livre. C'est-à-dire les taxes qui interviennent pour gérer les coûts de production. Il faut faire en sorte que tous les intrants soient détaxés. Or ce n'est pas encore le cas.
Combien doit disposer un écrivain pour publier un livre?
En fait, si vous avez bien compris le mécanisme, l'écrivain, au départ, n'a que son manuscrit. Ce qu'il a dû dépenser, c'est l'argent pour saisir son texte, le présenter bien et le proposer à l'éditeur. Au premier abord, il ne fait pas une mise de fonds. C'est l'éditeur qui finance, c'est ce qu'on appelle l'édition à compte d'éditeur. Donc l'éditeur finance et réserve à l'auteur 10% sur le prix de vente public. Il y a la possibilité pour l'écrivain de financer lui-même son ouvrage. C'est-à-dire de prendre en charge tous les frais depuis la mise en page jusqu'à l'impression. Quand c'est le cas, il a des possibilités de vendre lui-même ses ouvrages. Alors, il a évidemment beaucoup plus de gain de droit d'auteur. Il y a aussi la possibilité que l'éditeur finance pour 50% et que l'auteur finance pour 50% alors les droits sont rétablis en fonction de la mise de chacun.
Il y a aussi l'avènement de l'Internet qui accentue les problèmes des écrivains.
Je ne pense que ce soit un handicap vraiment. Il y a des gens qui trouveront toujours l'avantage de lire un livre sur le Net que de l'acheter, ceux-là existent mais ne sont pas majoritaires. A mon sens, ils ne constituent pas un danger pour le livre en tant que tel. Ceux qui aiment le livre trouvent toujours du plaisir à posséder un livre, à le toucher, à pouvoir le garder par devers eux et à discuter avec l'auteur.
Face à tous ces problèmes, quelles sont les solutions que peut apporter l'AECI ?
En fait, il y a un problème majeur auquel nous sommes confrontés. C'est la piraterie. C'est la copie privée. Vous savez que l'université s'est singularisée comme étant un pôle de développement de cette piraterie, c'est-à-dire la photocopie d'ouvrage. Aucun étudiant n'achète vraiment un livre à l'université. On photocopie et cela est au désavantage de l'auteur qui a produit l'ouvrage. C'est là qu'il faut jouer, conscientiser les gens pour que cela cesse.
A l'occasion de la nouvelle, année, quels sont vos vœux ?
J'ai un vœu essentiel : c'est bien évidemment que la Côte d'Ivoire retrouve la paix. La crise a fortement perturbé les écrivains, les créateurs. Nous avons besoin d'un environnement serein pour créer. Que l'AECI ait l'oreille des autorisés. Parce que depuis que nous sommes à la tête de cette association, nous n'avons jamais été reçu par le chef de l'Etat qui est lui-même un écrivain.
Interview réalisée par Djè KM
Président, quand a été créée votre structure ?
L'AECI est née en 1987. Aujourd'hui, c'est une association qui a 20 ans. Elle est née de la fusion de deux (02) entités. D'abord l'association des poètes de Côte d'Ivoire et ensuite l'association ivoirienne des genres de lettres.
Qu'est-ce qui a motivé cette création ?
Il s'agit de défendre les intérêts de tous les écrivains, les créateurs littéraires.
Qui peut-être écrivain ?
On entend par écrivain, d'abord des gens qui ont publié. Quand vous avez publié, vous êtes au mieux un auteur. Quand vous n'avez pas publié encore, vous n'êtes pas un écrivain. Vous avez des manuscrits, vous vous intéressez à la littérature, vous êtes un animateur. On peut dire un écrivain en herbe. Mais vous êtes écrivain quand vous avez publié un ouvrage dans le registre des genres qu'on considère comme des genres littéraires. Les genres sont la poésie, le roman, la nouvelle l’essai, le théâtre et tout ce qui s'apparente au genre dramatique.
A combien peut-on estimer aujourd'hui le nombre de ceux qui sont considérés comme des écrivains ?
Nous sommes plus de 200, parce que les Ivoiriens écrivent beaucoup. Les maisons d'éditions n'existent pas en grand nombre mais en nombre suffisant. Ce qui leur faut, c'est les moyens pour publier tous les manuscrits qu'ils reçoivent.
Est-ce que vous vivez de votre art ?
En Côte d'Ivoire, c'est malheureusement pas le cas. Parce qu'il y a ici et là, des lourdeurs, des handicaps.
Il y a donc des problèmes réels. Quels sont vos rapports avec les maisons d'édition ?
Pour publier un livre, il faut se faire agréer par une maison d'édition. Il faut déposer un manuscrit dans une maison d'édition pour qu'un comité de lecture lise et trouve votre ouvrage intéressant et qu'il en propose l'édition à la maison dont il relève. Quand cela est fait, vous êtes publiés. Mais encore, il faut que la maison d'édition ait les moyens de vous publier. Parce que la maison publie à compte d'éditeur c'est-à-dire que c'est elle qui finance la production de l'ouvrage depuis la mise en page jusqu'à l'impression. Il faut donc qu'elle ait les moyens. Or ce n'est pas toujours le cas. En Côte d'Ivoire, les maisons d'édition font des bénéfices sur les livres scolaires. Et c'est par rapport à ces bénéfices qu'elles font des productions dans le domaine de la littérature générale. Il y a donc cet handicap-là. Mais quand vous avez du talent, cet handicap n'en est pas un.
Dans votre domaine, on parle de droit d'auteur, expliquez-nous un peu cela.
Si votre ouvrage est vendu à un prix public de 1000 francs, il n'y a que 100 francs seulement qui vous reviennent en tant que créateur, les 10% représentent ce qu'on appelle le droit d'auteur. Et ce droit d'auteur qui nous est consenti, est statique depuis des années, depuis des conventions internationales qui existent et qui le fixent autour de 10%. Avec 100 francs, vous êtes d'accord avec moi que vous ne pouvez pas décemment vivre. Il y a également des problèmes qui sont liés à ce que le public considère comme étant la cherté du livre. C'est-à-dire les taxes qui interviennent pour gérer les coûts de production. Il faut faire en sorte que tous les intrants soient détaxés. Or ce n'est pas encore le cas.
Combien doit disposer un écrivain pour publier un livre?
En fait, si vous avez bien compris le mécanisme, l'écrivain, au départ, n'a que son manuscrit. Ce qu'il a dû dépenser, c'est l'argent pour saisir son texte, le présenter bien et le proposer à l'éditeur. Au premier abord, il ne fait pas une mise de fonds. C'est l'éditeur qui finance, c'est ce qu'on appelle l'édition à compte d'éditeur. Donc l'éditeur finance et réserve à l'auteur 10% sur le prix de vente public. Il y a la possibilité pour l'écrivain de financer lui-même son ouvrage. C'est-à-dire de prendre en charge tous les frais depuis la mise en page jusqu'à l'impression. Quand c'est le cas, il a des possibilités de vendre lui-même ses ouvrages. Alors, il a évidemment beaucoup plus de gain de droit d'auteur. Il y a aussi la possibilité que l'éditeur finance pour 50% et que l'auteur finance pour 50% alors les droits sont rétablis en fonction de la mise de chacun.
Il y a aussi l'avènement de l'Internet qui accentue les problèmes des écrivains.
Je ne pense que ce soit un handicap vraiment. Il y a des gens qui trouveront toujours l'avantage de lire un livre sur le Net que de l'acheter, ceux-là existent mais ne sont pas majoritaires. A mon sens, ils ne constituent pas un danger pour le livre en tant que tel. Ceux qui aiment le livre trouvent toujours du plaisir à posséder un livre, à le toucher, à pouvoir le garder par devers eux et à discuter avec l'auteur.
Face à tous ces problèmes, quelles sont les solutions que peut apporter l'AECI ?
En fait, il y a un problème majeur auquel nous sommes confrontés. C'est la piraterie. C'est la copie privée. Vous savez que l'université s'est singularisée comme étant un pôle de développement de cette piraterie, c'est-à-dire la photocopie d'ouvrage. Aucun étudiant n'achète vraiment un livre à l'université. On photocopie et cela est au désavantage de l'auteur qui a produit l'ouvrage. C'est là qu'il faut jouer, conscientiser les gens pour que cela cesse.
A l'occasion de la nouvelle, année, quels sont vos vœux ?
J'ai un vœu essentiel : c'est bien évidemment que la Côte d'Ivoire retrouve la paix. La crise a fortement perturbé les écrivains, les créateurs. Nous avons besoin d'un environnement serein pour créer. Que l'AECI ait l'oreille des autorisés. Parce que depuis que nous sommes à la tête de cette association, nous n'avons jamais été reçu par le chef de l'Etat qui est lui-même un écrivain.
Interview réalisée par Djè KM