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Art et Culture Publié le samedi 28 février 2009 | Nord-Sud

Souleymane Koly à propos de la cérémonie d`ouverture du Chan : "Il y a eu un problème de son"

Maître d’œuvre de la cérémonie d’ouverture du Chan, Souleymane Koly explique le spectacle qu’il a proposé au public.


•Comment expliquez-vous le spectacle de la cérémonie d’ouverture ?

Vous savez, c’est un exercice qui n’est pas toujours simple, parce que c’est une cérémonie qui est juste un avant-goût du plat principal qui est un match de football. Il y a un certain nombre de contraintes dont la première est la contrainte de temps, je veux parler de la durée du spectacle. De plus il y a la contrainte de respect de la pelouse puisque les gens vont s’y produire. On ne pourra pas utiliser un certain nombre d’accessoires, pas de décor. C’est dans ce contexte que nous avons eu à intervenir. Je crois qu’il faut que les Ivoiriens évitent de comparer l’ouverture qui s’est faite ici à d’autres types d’ouvertures grandioses, parce que tout le monde a en mémoire ce qui s’est passé à Pékin. Pékin c’est un autre siècle devant, c’est un événement beaucoup plus important. Il faut éviter de comparer parce qu’en général, lorsque la cérémonie d’ouverture va se faire sur un site et que les épreuves vont se faire plus tard ou le lendemain, c’est différent. Dans notre cas, il y avait des épreuves tout de suite, du coup il y avait ces contraintes qui nous ont amené à limiter un peu nos ambitions au plan du spectacle. L’autre volet, je crois que nous avons eu à échanger là-dessus, a été la contrainte temps. A commencer par le président du comité d’organisation du Chan jusqu’aux agents de base que nous sommes, je crois que nous étions soumis à un certain nombre de pressions d’urgence qui font que pour le spectacle d’ouverture, nous avons été confirmé grosso modo quatre semaines avant la date, c’est-à-dire en début février.


•Pour le professionnel que vous êtes, le temps vous a-t-il suffi pour proposé un spéctacle de qualité ?

Je ne veux pas faire la langue de bois et je ne suis pas du genre à faire des déclarations lyriques, de patriotique ou d’engagement, mais je crois que quand on doit faire quelque chose pour la maison, on accepte. C’est-à-dire que mon nom était déjà lancé et j’ai accepté avec les contraintes. Pour le professionnel que je suis, c’est limité mais, pour le citoyen que je suis, je me bats dans mes limites pour être à la hauteur de la mission qui m’a été confiée et je pense que les Ivoiriens ont été témoins, la mission a été quelque part remplie. Pourquoi c’est limite ? Parce que ceux qui ne sont pas du monde du spectacle oublient souvent et surtout pour un effectif comme celui-là, qu’il faut le temps de repérage et de casting pour choisir 225 à 230 personnes. Cela ne se fait pas en un jour. Donc nous avons passé deux semaines pour permettre de voir un maximum de personnes, à faire le casting, ensuite à apprendre à connaître les gens avant de leur faire la distribution des rôles. Ce qui veut dire que nous avons eu en réalité deux autres semaines pour monter ce qui a été vu. Et c’est quand vous êtes confirmés que vous faites votre casting que vous commencez à travailler. C’est au moment où vous voyez la morphologie des gens que vous commandez vos costumes et fabriquez les choses. Et les délais de fabrication sont parfois incompressibles. Donc c’était vraiment une urgence urgente mais il fallait le faire et nous l’avons fait. Qu’est-ce que j’ai essayé de montrer ? A partir des contraintes que j’ai, je l’ai dit, je ne vais pas entrer dans une narration, parce que la durée ne me permet pas de raconter, mais j’ai fait plutôt un travail impressionniste. C’est-à-dire des images symboles qui évoquent pour tous les Ivoiriens quelque chose. La première, c’est l’akwaba qui a été chanté et décliné dans les différentes langues des différentes régions du pays. Ensuite l’objet de notre rencontre, ce qui fait que nous étions là avec nos frères venus de l’étranger, qui est le ballon. Donc, ballon, symbole de rencontre, symbole de fusion, symbole de convoitise aussi. Donc c’est ce ballon géant porté sur l’épaule des gaillards qui l’emmènent avec des chants appropriés, des chants qui appellent dans différentes langues à se battre loyalement, à créer et à être fort autour de ce ballon. But marqué ou encaissé peu importe, c’est le Chan qui gagne, l’Afrique qui gagne. Voilà un peu le thème de cette deuxième partie. Quand le ballon est là, on appelle autour de cet objet qui nous unit, toutes les diversités nationales avec une narration. Une fois, l’unité retrouvée autour de ce symbole de fusion, le narrateur dit à présent que mon peuple est uni, nous nous mettons au travail. Troisième tableau, c’est la Côte d’Ivoire au travail dans toute sa diversité. Le dernier est plus festif mais qui donne aussi une couleur du pays pluriel dans son enracinement et son ouverture.


•Les téléspectateurs ont constaté qu’il n’y avait pas d’harmonie entre les différentes scènes et n’ont pas vu de mouvements gymniques. Partagez-vous cet avis ?

Normalement lorsque tout est bien réglé, tout le monde peut parler et qu’on s’entende. Prenons l’exemple d’une musique, il peut avoir une voix lead pendant que les chœurs et si le mix est fait, on entend les deux. Il y a eu vraiment ce jour-là un problème de son qu’il va falloir résoudre avant la clôture. Je pense que ceux qui ont fait le déplacement aux répétitions où c’était une sono de base dans un espace réduit ont bien vu la différence. Mais à partir du moment où on arrive dans un stade et qu’on n’a pas tout ce qu’il faut, ça devient difficile. Il était prévu que par exemple les voix lead continuent à chanter pendant qu’il y a les chœurs. Mais s’il n’y a pas de mix, on ne sait pas qui couvre qui. Il était prévu que le texte se dit pendant que la musique se joue. Mais si la musique est trop forte ça couvre les voix. Je pense que c’était lié à cela. Sinon que c’est un choix qui a été délibérément fait. Je crois que ceux qui connaissent le Kotéba, puisque c’est moi qui ai signé le spectacle, savent qu’on fait souvent ce travail où il y a un texte qui est dit avec une musique derrière mais c’est une question de mix et de dosage qu’il faut. Je crois qu’il y a eu une petite défaillance à ce niveau du son. Dans les délais, ça aurait été difficile de faire des mouvements gymniques. Ensuite, je ne suis pas un spécialiste des mouvements gymniques. Il y a des gens spécialisés là-dedans. Généralement ce sont nos frères qui viennent soit des anciens pays de l’Est, soit de la Chine.



•Pourquoi vous n’avez pas pris de disposition sur le plan technique au moment du filage pour éviter ce genre de désagrément?

A notre niveau, nous avons pris les dispositions. Dans une manifestation comme celle-là, l’artiste mentionne ses besoins techniques dans une fiche et transmet à l’organisateur. Maintenant comment elle a été exécutée, c’est là le problème. Et j’espère qu’elle sera respectée au moment de la clôture.


•Qu’est-ce qui est prévu pour la cérémonie de clôture ?

Il est prévu une partie musicale essentiellement pour démarrer et une conclusion dans ce que nous avons appelé «Foot en fête.» Nous en avons donné un extrait au moment du tirage au sort. C’est un match de football donc il y aura des joueurs sur le terrain qui sont des danseurs et qui vont exprimer tout le gestuel, les ingrédients et les-à-côtés du football à travers la danse et la musique.

Interview réalisée par Issa T.Yéo
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