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Politique Publié le lundi 2 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Côte d`Ivoire - Enfin la présidentielle ?

La date reste toujours inconnue, la campagne ne démarre pas, et une pléthore de candidats plus ou moins déclarés attendent leur heure. Pendant ce temps, les citoyens s`impatientent.

Quand aura donc lieu cette fameuse élection présidentielle ivoirienne que tout le monde attend depuis 2005, année censée marquer la fin du mandat de Laurent Gbagbo ? Bien malin qui saura y répondre. La Commission électorale indépendante (CEI), priée par le quatrième accord complémentaire de Ouagadougou de fixer, avant la fin de l`année 2008, un planning pour l`organisation de l`élection, n`a pas été en mesure de le faire. Elle a invoqué des problèmes techniques et financiers qui retarderaient le processus d`identification des populations. Notamment de celles vivant à l`étranger qui doivent, selon les textes, participer aussi à l`élection. Le processus d`identification, " l`enrôlement ", comme on dit en Côte d`Ivoire, s`est achevé à Abidjan et se poursuit à l`intérieur du pays. Personne ne sait encore quand il prendra fin, et quand les cartes d`électeurs seront distribuées. Personne ne sait donc quand aura lieu l`élection présidentielle, qui doit mettre fin à la crise politico-militaire qui divise le pays depuis le 19 septembre 2002. Les Ivoiriens, eux, oscillent entre le fatalisme et la révolte contre une classe politique qui leur donne le sentiment de manigancer pour se maintenir au pouvoir, sans passer par la voie des urnes. Tandis que la situation économique se dégrade chaque jour davantage. Outre le président, les députés, les maires, les conseillers généraux et les conseillers économiques et sociaux ont aussi tous vu leurs mandats prorogés, de facto. Les rebelles des Forces nouvelles, de leur côté, ne donnent aucune indication sur leur volonté réelle de déposer les armes. Jusqu`à présent, les hommes de Guillaume Soro contrôlent toutes les ressources des zones du centre, du nord et de l`ouest, qui sont sous leur coupe. L`unicité des caisses de l`État avait été annoncée pour le 15 janvier de cette année. Elle n`a pas eu lieu à la date indiquée. La première tentative, lancée il y a six mois pour placer des douaniers à la frontière entre la Côte d`Ivoire et le Burkina, avait échoué après seulement quelques jours. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne? A la vérité, nombreux sont les Ivoiriens qui ne croient plus beaucoup en l`organisation de l`élection dans un futur prévisible.

Il n`empêche. Pendant ce temps, dans les différentes écuries politiques, les chevaux de la course présidentielle se préparent, selon leurs tempéraments et leurs moyens. Presque tous sillonnent le pays et tiennent des meetings. Le nombre de rassemblements et de tournées dépend des moyens et des stratégies. À l`heure actuelle, neuf chevaux de course, pardon, neuf candidats, se sont signalés. D`autres, encore tapis dans l`ombre, attendent le moment propice, ou peut-être les moyens, pour se déclarer. Parmi ceux qui sont déjà connus, on peut distinguer, comme au PMU, les favoris, les outsiders qui peuvent créer la surprise, et les super-outsiders qui n`ont aucune chance de gagner. Et pour qui l`essentiel est, peut-être, de participer...


Les favoris

LAURENT GBAGBO

Il dirige son pays depuis son élection en 2000, qu`il a lui-même qualifiée de calamiteuse. Malgré une tentative de coup d`État en 2002, qui visait à l`éloigner du pouvoir, il a réussi à s`y maintenir et, même, à prolonger son mandat, qui devait prendre fin en octobre 2005. Ses opposants l`accusent de chercher des artifices pour rester à la tête de l`État sans passer par les urnes, pendant que lui proclame qu`il veut aller "vite, vite, vite" aux élections. Celui que l`on a surnommé "le boulanger" - pour sa propension avérée ou supposée à rouler ses adversaires dans la farine - invoque la coupure du pays en deux, des raisons techniques et financières, ainsi que la mauvaise foi de ses adversaires (qui auraient peur d`une défaite) pour justifier la non organisation du scrutin à ce jour. À 64 ans, détenteur d`un pouvoir quasi-absolu, vu que l`Assemblée nationale ne légifère presque plus, ayant la mainmise totale sur les finances de l`État (son budget de souveraineté dépasse les 70 milliards de francs CFA), sur les forces de défense et de sécurité, et sur des milices privées qui ne se cachent pas, Laurent Gbagbo part largement favori dans la prochaine course à la présidence. Mais la mauvaise situation économique et sociale du pays, des soupçons de détournements d`argent dans plusieurs secteurs, ainsi que des violations des droits de l`homme pourraient le desservir. Si, pendant longtemps, l`argument de la guerre a été utilisé pour justifier certaines dérives, quelques voix, notamment celles de prêtres et d`évêques catholiques, et même de certains de ses proches tels que Mamadou Koulibaly, le président de l`Assemblée nationale, affirment que la guerre ne saurait désormais tout justifier. Le parti qui l`a porté au pouvoir en 2000 est le FPI (Front populaire ivoirien), parti dont les membres appartiennent majoritairement au groupe bété, son ethnie. Mais la base politique de Laurent Gbagbo s`est quelque peu élargie, avec des partis créés par des transfuges du PDCI (Parti démocratique de Côte d`Ivoire) tels que Laurent Dona Fologo, Danielle Boni Claverie, Djibo Aya Martine, Théodore Mel Eg, ou Aimé Kabran Appia, transfuge du PIT (Parti ivoirien des travailleurs) de Francis Wodié. Mais ces personnalités ne pèsent pas bien lourd. L`écurie du FPI n`a pas de cheval de rechange, au cas où... même si l`on prête à Simone Gbagbo, l`épouse du chef de l`État, la furieuse envie de remplacer un jour son mari à la tête de la Côte d`Ivoire.


HENRI KONAN BÉDIÉ

Il aura 75 ans cette année. L`âge limite de candidature, selon la Constitution ivoirienne. Une limite levée cependant par l`accord de Pretoria, l`un de ceux qui ont émaillé le long chemin pour trouver une fin à la crise que traverse la Côte d`Ivoire depuis 2002. L`ancien chef d`État, qui a régné entre 1993 et 1999, avant d`être balayé par un coup d`État militaire, a affirmé qu`il livrait là sa dernière bataille. Depuis plusieurs mois, il sillonne la Côte d`Ivoire pour rallier ses partisans et les déçus du régime Gbagbo. Président du PDCI (Parti démocratique de Côte d`Ivoire), le plus vieux parti ivoirien et le mieux implanté, issu du plus grand groupe ethnique du pays, le groupe akan, le Sphinx, comme on l`appelle, a de sérieux atouts pour inquiéter Laurent Gbagbo. Même si sa gestion du pouvoir fut pour le moins contestée, le peuple ivoirien assimile son règne à une période de paix et de relative prospérité, en le comparant à la période actuelle. Ses handicaps sont son âge, le concept d`ivoirité, dont il fut le père, et qui est accusé d`être à l`origine de la crise ivoirienne, et certains scandales financiers qui ont éclaboussé son passage au pouvoir. L`écurie du PDCI a un cheval, pardon, un candidat de rechange: Charles Konan Banny, l`ancien gouverneur (de la Banque centrale des États de l`Afrique de l`Ouest) et Premier ministre de la transition. Si ce dernier ne cachait pas son ambition de briguer la présidentielle, au moment où il a accédé au poste de Premier ministre, il s`est rangé derrière Henri Konan Bédié depuis qu`il a quitté la primature. Mais il se pose comme un candidat de secours, au cas où. . .


ALASSANE DRAMANE OUATTARA

La prochaine élection présidentielle sera la première à laquelle il sera autorisé à participer. En 1995, sous Henri Konan Bédié, et en 2000, sous Robert Gueï, il avait été écarté pour cause de " nationalité ivoirienne douteuse ". L`accord de Pretoria l`autorise à se présenter cette fois-ci, malgré la clause constitutionnelle qui l`en écarte. Alassane Dramane Ouattara, que ses partisans appellent le "bravetchè", est connu pour être un brillant économiste. C`est à lui qu`Houphouët-Boigny avait fait appel en 1990 pour redresser son pays, durement frappé par la crise économique. Ancien directeur général adjoint du FMI, il est crédité d`un carnet d`adresses épais et de très bonnes relations avec le monde de la haute finance internationale, et avec de nombreux chefs d`État influents dans le monde. Son parti, le RDR (Rassemblement des républicains), composé en majorité par les populations du Nord, sa région d`origine, est l`un des plus importants du pays. Ce dernier a d`ailleurs remporté les dernières élections municipales. Les handicaps d`Alassane Dramane Ouattara sont sa propension à vivre beaucoup à l`extérieur du pays et certaines erreurs politiques, comme le retrait de ses candidats aux élections législatives en 2000, après qu`il eut été empêché d`être candidat. Et toujours le soupçon de n`être pas totalement ivoirien, qui n`a pas entièrement quitté l`esprit de bon nombre de ses compatriotes. Il est le seul candidat parmi les favoris, et même les outsiders, à ne pas s`être encore lancé dans la campagne électorale. Il n`a jusqu`alors tenu aucun meeting, ni effectué de tournée à l`intérieur du pays. Cela ne manque pas d`intriguer bon nombre d`observateurs de la vie politique ivoirienne. L`écurie du RDR n`a pas de candidat de secours, au cas où.


Les outsiders

FRANCIS WODIÉ

À 74 ans, le professeur Francis Wodié est l`un des opposants historiques d`Houphouët-Boigny, qui le contraignit à l`exil pendant de longues années. Cet éminent juriste et brillant intellectuel fut l`un des premiers à fonder un parti d`opposition, le PIT (Parti ivoirien des travailleurs), en 1990, après la restauration du multipartisme. Cette élection sera la troisième à laquelle il participera. Mais son score n`a jamais dépassé les 3 %. Est -il trop intellectuel pour être un bon politicien? Manque-t-il de charisme? Ou est il handicapé par la petite taille de son ethnie, les Abourés ? On lui reconnaît cependant une certaine rigueur, ainsi que de la constance, et il pourrait créer la surprise.


GNAMIEN KONAN

Jusqu`à l`année dernière, il était le directeur des douanes, nommé par Laurent Gbagbo, après un appel à candidatures, et l`on ne tarissait pas d`éloges à son égard devant ses bons résultats. Mais il a été limogé lorsqu`il a annoncé son intention de briguer la présidence de la République. Longtemps taxé de rouler pour Gbagbo, cet homme de 55 ans, issu du groupe akan, a fini par affirmer son indépendance d`esprit. Son mouvement, le MIRE (Mouvement ivoirien pour la renaissance et l`espoir), qu`il veut transformer en parti politique, enregistre chaque jour de nouveaux adhérents, séduits par sa franchise. Il peut, lui aussi, créer la surprise.


Les super-outsiders

MABRI TOIKEUSSE

Ce jeune médecin est le président de l`UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire), le parti fondé par feu Robert Gueï, le chef de la junte qui dirigea le pays après le coup d`État de 1999. Son parti n`a pas réussi à dépasser les limites de sa petite ethnie des Yacoubas, et ses références à Robert Gueï, dont le bilan à la tête de l`État est loin d`être flatteur, ne lui attirent pas beaucoup de sympathisants.


FÉLIX AKOTO YAO

Frère de Paul Akoto Yao, ministre de l`Éducation du temps d`Houphouët-Boigny, il est député et président du conseil général de Sakassou, dans le centre du pays. Militant du PDCI, issu du groupe akan, il a décidé de se présenter contre le candidat officiel de son parti. Il est totalement inconnu, en dehors de sa région d`origine.


SIMÉON KONAN KOUADIO

Lui aussi issu du groupe akan, cet homme totalement inconnu du grand public se veut le" neutre stabilisateur " : celui qui, n`appartenant à aucun parti, est le mieux à même de stabiliser le pays.


ZÉMOGO FOFANA

Sénoufo du Nord, cet ancien cadre du RDR d`Alassane Dramane Ouattara a créé son propre parti, l`ANCI (Alliance nouvelle pour la Côte d`Ivoire), sur lequel il compte pour accéder à la présidence de la République. Un parti qui a beaucoup de mal à se faire voir et entendre sur la scène politique.

PAR VENANCE KONAN
CORRESPONDANT PERMANENT
Am 281 - FEVRIER 2009
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