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Art et Culture Publié le mardi 3 mars 2009 | Flashafrik

Entretien avec Ousman Aledji - Auteur, Metteur en Scène et Directeur

Ousman AledjiI « L'artiste béninois vit de plus en plus mal… »
Auteur, metteur en scène, directeur d’une galerie et directeur d’un festival d’arts plastiques, Ousmane Alédji, est un acteur culturel béninois. Il se prononce sur la situation actuelle du monde culturel.
Comment se porte aujourd’hui l’univers culturel et artistique béninois ?
Plutôt mal, oui plutôt mal, j’insiste très mal, parce que quand on passe le temps à mettre le doigt sur nos faiblesses et quand on n’a pas de réponse à ce type de faiblesse, ça va mal, alors c’est ce qui fait que vous constatez des artistes qui vivent de moins en moins bien, parce que la crise, la précarité dans laquelle nous vivions avant est devenue désespérante. A force d’accepter comme état de fait de voir les artistes dans une espèce de débrouillardisme permanent ça fait que justement avec les crises et le cumul des misères, l’artiste béninois vit de plus en plus mal. Et comme il vit de plus en plus mal, il n’est plus à l’aise. Il a laissé voyager son imaginaire, à creuser à fouiller, il a été toujours sollicité pour des « 10.000 » afin de joindre les fins du mois etc. Donc c’est ça la situation des artistes béninois.

Vous êtes auteur, metteur en scène, consultant, directeur d’une galerie et directeur d’un festival. Alors comment arrivez-vous à gérer tout ceci ?
Je coupe dans le sommeil, je coupe dans le sommeil. Le sommeil a quelque chose de particulier qui n’est beau lorsqu’il nous prend. Mais quand il arrive, si on peut résister, il faut résister, parce que le temps, c’est ce qu’il y a de plus précieux et ce qu’il y a de plus difficile à conquérir. Moi j’ai le sentiment que je suis un privilégié parce que je ne suis pas difficile avec le sommeil. Quand il est là, je le combats, quand il m’emporte, je m’abandonne. Quand je peux résister, je le fais et je prends ce temps pour faire autre chose. Je pense que la nuit est une bonne chose. Moi j’aime la nuit ; j’adore la nuit, je préfère la nuit à ce soleil qui nous brûle la peau, la cervelle, qui nous fatigue, qui nous fais transpirer, qui fait qu’on court de gauche à droite avec le bruit des moteurs, des voitures, la fumée, le bavardage des uns et des autres, tout ça pollue un peu l’environnement mental et la tranquillité du créateur. Mais dans la nuit, tout est calme, vous entendez même le sifflement des oiseaux, le vent qui souffle, le clair de lune qui vous couvre, la nuit est magnifique. Donc c’est dans la nuit que je reste pour féconder ce que j’ai à féconder.

L’autre sujet qui défraie un peu la chronique ces derniers moments est la gestion du milliard culturel. Alors quel est votre avis sur la question ?
Il est difficile de répondre à votre question par l’affirmative parce que même si on a quelque sympathie pour notre chère et belle directrice (rire). Vous savez dans un environnement où il n’y a pas de critère, de règle, de principes, pas de manière de procédure où ça se fait selon l’humeur du ministre ou du patron, c’est difficile pour une directrice de savoir ce qu’il faut faire, de résister à tout moment. Elle est tout le temps chahutée, agressée et secouée de toute part par les artistes, les groupes d’intérêt, les associations d’artistes, les ministres et autres, bref tout le monde se jette sur elle. Donc parfois c’est très compliqué pour elle. Mais cela n’excuse pas le fait que le milliard ne soit géré avec beaucoup de méthodes. C’est nouveau pour l’instant, donc il faut lui laisser le temps afin de construire une charpente crédible car l’argent public, il faut quand même de la méthode pour le sortir.

Le PSICD sera bientôt au terme de sa mission. On se rappelle que vous, en tant qu’acteur culturel vous aviez adressé une lettre ouverte au ministre de tutelle et au PSICD mais aujourd’hui, on constate que cela n’a été pris en compte
Ouf ! J’ai été après approché, ça je vous le dis sincèrement à la fois par le chargé des programmes de l’Union Européenne, par la présidente de la commission de l’Union Européenne au Bénin ici et j’ai aussi écouté le coordonnateur et son équipe et le sentiment que j’ai est que c’est trop tard pour eux pour nous de tout remettre en cause parce que tout a été ficelé malgré j’insiste la présence des représentants du gouvernement béninois à savoir le ministère de l’économie et des finances, le ministère de la culture, ils étaient là et ils ont mangé des miettes sur nos têtes. Aujourd’hui, eux autres ne peuvent plus rien faire sinon excusez-moi au niveau de la structure à mettre en place, essayer d’intégrer les suggestions et les remarques que nous leur versons pour qu’à ce niveau la culture ne soit pas totalement diluée ce que nous crayons. Que n’importe qui ne se proclame pas opérateur culturel parce qu’il y a de l’argent et que la misère galopante des artistes que nous dénonçons n’ait pas de solution. Donc le sentiment que j’ai pour me résumer est que oui le PSICD disparaît mais la structure qu’ils essayent de mettre en place va capitaliser les suggestions et les remarques que nous avons faites en plus des acquis que le PSICD aurait réussi à accumuler pour que le déploiement de la structure soit au profit des artistes et des acteurs culturels béninois.
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