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Sport Publié le mercredi 4 mars 2009 | Nuit & Jour

Football - Zoom sur les échecs répétés des Sélections nationales - Eléphants : favoris sur le papier, derniers à l`arrivée

5 milliards de Fcfa dépensés pour le Chan, 3 matches joués, 2 défaites, un match nul, aucun but marqué, 4 buts encaissés et derniers de la poule. Les Eléphants, favoris sur le papier, sont les derniers de la classe du championnat d’Afrique des nations de football qui se joue en ce moment à Abidjan et à Bouaké. Depuis cet autre échec, les regards se tournent (encore !) vers la Fédération ivoirienne de football et l’encadrement technique dont le coaching et les choix sont décriés. Ce « Changate » devrait ouvrir les yeux aux autorités des sports pour un diagnostic en profondeur qui irait au-delà des séminaires pompeux et sans effets sur la compétitivité du football ivoirien. Ce football est confronté à un problème de gouvernance.


De nombreux observateurs se demandent pourquoi des joueurs auréolés de titres sous-régionaux n’ont-ils pas été sélectionnés ? Pourquoi ce sont de jeunes joueurs inconnus au bataillon, sans carte de visite, qui ont été propulsés comme des météorites sur le gazon du Félicia ?

L’échec des Eléphants au Chan était prémédité si l’on s’en tient à la médiocrité qui règne dans le milieu sportif depuis le triomphe de Sénégal 92. On surfe sur des pré-acquis, des qualités individuelles et les campagnes organisées dans la presse pour monter en épingles des petits joueurs qui ne valent pas un clou sur le marché international. Pour des prébendes, des montres Rolex achetées dans des magasins en solde à Londres ou à Paris, des encadreurs sont prêts à tout. Copinage, indiscipline, paresse. Les joueurs refusent bien souvent de mettre le pied à l’étrier, se contentant de danser sur les stades ou dans les boîtes de nuit le coupé-décalé, «yobi yobi » et autres rythmes à la mode. De vrais pros de la nuit où le talent côtoie allègrement le vice. Qui parlent à ces joueurs qui n’en font qu’à leur tête ? Qui travaille véritablement à mettre en place une politique de détection et de suivi des jeunes pouces ? La sélection nationale est dévenue un grand bazar.

Certains y dénoncent aujourd’hui un marché organisé où des encadreurs acceptent, contre forte récompense, de placer ou sélectionner des poulains en équipe nationale. Ce deal devrait leur permettre d’être visibles ou d’augmenter éventuellement leur valeur marchande dans le mercato des joueurs africains. En effet, ces rencontres de haut niveau international sont des occasions pour les agents Fifa et autres marchands de joueurs de faire leurs …emplettes. Les Eléphants se sont mal préparés pour ce Chan. Hormis quelques stages externes, saupoudrés de quelques matches amicaux contre des équipes de seconde zone, l’équipe d’encadreurs a fait preuve d’amateurisme. Les joueurs en vacances depuis novembre n’ont pas eu beaucoup de compétitions, de fraîcheur dans les jambes. Que rapporte à notre équipe de jouer avec l’Athlétic d’Adjamé ou l’ASPAA du Bénin ? L’équipe d’encadrement a manqué de choix et d’ambitions orientés vers l’intérêt national. Pourquoi Ahmed Hervé, l’un des meilleurs défenseurs de la saison écoulée, Tra Bi et Tanoh Alain, les deux meilleurs fusils de cette sélection étaient-ils sur le banc de touche lors de la rencontre contre la Zambie ?

Dans la prise en main de l’équipe des Eléphants, il y a eu une démission de la Fif et de l’encadrement technique qui semblent, tous deux, avoir d’autres objectifs, d’autres enjeux que l’efficacité et la performance de l’équipe.

Les Eléphants ont pris rendez-vous avec l’échec depuis la formidable épopée de Sénégal 92. Pour le reste, les campagnes africaines et mondiales se suivent et se ressemblent. Sans succès, sans le sérieux propre à certaines sélections, comme le Cameroun ou l’Egypte, qui ont compris que le sport est un important levier du développement.

Les différentes expéditions qui se sont soldées par des échecs permettent d’appréhender une tradition et des habitudes qui ont la vie dure. En 1994, les Ivoiriens terminent meilleure équipe de la Coupe d’Afrique des Nations, 3e de la compétition. Les Éléphants, échoueront à nouveau sauvés par un quart de finale de la CAN 1998. Bref, les Ivoiriens ne passeront pas le 1er tour des éditions 96, 2000 et 2002. En 2004, en Tunisie, la Côte d’Ivoire n’était même pas présente.
En 2007, les Ivoiriens retrouvent une bonne équipe au niveau international. Forts d’un titre de vainqueur des 5èmes Jeux de la Francophonie en 2005, les éléphants entraînés par Henri Michel vont s’imposer comme une des meilleures équipes du continent africain en se qualifiant pour leur première coupe du monde (Allemagne 2006) aux dépens du Cameroun et en atteignant la finale de la CAN 2006 (défaite face à l’Égypte aux tirs au but). La Côte d’Ivoire, tombée dans le « groupe de la mort » en Allemagne, n’est pas parvenue à franchir le premier tour, notamment en raison de deux courtes défaites (2-1) contre l’Argentine et les Pays-Bas mais une victoire historique contre la Serbie-Monténégro (3-2). Une consolation bien timide pour une équipe donnée favorite au Ghana et qui s’est révélée par la suite comme un tigre en papier. Elle échouera à la CAN 2008.
Le fiasco des juniors au mois de janvier 2009 au Rwanda aurait dû donner l’alerte. Trois matches et trois défaites. Une douche froide pour ceux qui attendaient beaucoup de cette pépinière. Depuis la finale de la CAN U-20 à Ouagadougou en 2003, les Eléphanteaux n’ont plus jamais passé le premier tour du tournoi final. Pourtant, les autorités ne ménagent aucun effort pour saluer dans la presse les mérites d’un football vacillant dont on a cru que la politique de formation, avec l’exemple de l’académie Mimosifcom et la création de plus de deux centaines de centres football-de formation, était l’une des plus performantes de l’Afrique de l’Ouest. Que non. Les Eléphants et leur encadrement se bercent de leurs succès antérieurs et des prouesses de quelques stars ivoiriennes dans les championnats européens. Des icônes qui confèrent de façon surfaite à notre équipe nationale le statut de favorite.

Entre 2003 et 2006, les équipes des jeunes (cadettes et juniors) ont essuyé des échecs cuisants. Après la Can junior de Gambie et du Burkina Faso, Alain Gouaméné qui avait remplacé Bohé Norbert perd le nord. Koné Tiégbé échoue au Togo en 2005 et Michel Troin est hors jeu au Congo en 2007.

Alain Gouaméné, le héros de Sénégal 92 fait de nouveau choux blanc à la CAN U-20 qui s’est déroulée à Kigali, au Rwanda, du 18 Janvier 2008 au 1er Février 2009. Trois matches, trois défaites, six buts encaissés, un seul inscrit. Seul Kouadio Georges réussissait parmi les coaches nationaux à gagner quelques compétitions sous régionales (Jeux de la Francophonie et l’UFOA des nations). Depuis ce Chan, il a rejoint le club des loosers. Un échec qui aura montré que le football ivoirien n’est pas compétitif.

Les clubs les plus titrés du pays, notamment l’ASEC Mimosas et l’Africa sont gagnés par le signe indien. Rien ne leur réussit en ce moment en compétitions africaines. Les derniers triomphes des clubs ivoiriens remontent à 1998 pour les Jaune et Noir et à 1999 pour les Aiglons. Depuis lors, les rendez-vous sportifs des clubs ivoiriens se suivent et se ressemblent. Après on viendra se plaindre que les Ivoiriens ne vont pas au stade. Mais qui irait au stade pour un championnat de quartier, insipide, sans quelques talents qui vous feraient penser à Youssouf Fofana, Koffi Koffi, Kouassi Kouadio Lucien ?

Par : Jacques Lemarchand
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