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International Publié le jeudi 5 mars 2009 | Nord-Sud

Langues étrangères : L`anglais, l`handicap des diplomates ivoiriens ?

De nombreux diplomates ivoiriens, semble-t-il ne parlent pas couramment plusieurs langues étrangères, un outil indispensable dans le métier. Ils attendent d’être affectés à l’extérieur pour apprendre l’anglais, l’espagnol, le portugais etc.


Salle d’attente du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, un mardi après-midi. Des hommes d’affaires attendent d’être reçus en audience par le maître des lieux. L’un d’eux engage une discussion en anglais avec l’ambassadeur chargé de les introduire chez le patron de la diplomatie ivoirienne. Il essaie d’obtenir de son hôte quelques informations économiques sur la Côte d’Ivoire. S’informer sur les opportunités d’affaires dans la reconstruction post-crise, présente son groupe etc. L’ambassadeur a recours chaque fois à un traducteur pour répondre aux préoccupations de l’homme d’affaires qui continue son ‘’speech’’ avec des interlocuteurs ne parlant que le français. Etonné par cette situation, nous interrogeons une source proche du cabinet du ministre des Affaires étrangères (Minae) pour savoir pourquoi des ambassadeurs ivoiriens ne sont pas polyglottes. Là-bas, on ne s’offusque guère qu’un diplomate ne parle pas la langue de Shakespeare. «Le français est la langue officielle de la Côte d’Ivoire. C’est une langue internationale qui est utilisée à l’ONU. Je ne suis pas choqué qu’un diplomate ne parle pas anglais. De toutes les manières, il y a un service de traduction qui est là pour cette tâche», nous répond-il. Puis de poursuivre que ce n’est pas un handicap pour un plénipotentiaire de ne parler que sa langue officielle. «Des ambassadeurs affectés à Abidjan ne parlent pas la langue de Molière mais cela n’empêche pas que nous entretenions de bons rapports avec leurs pays respectifs », soutient notre source. Nous lui faisons remarquer que par exemple en France, les diplomates parlent tous l’anglais en plus d’une autre langue étrangère. Par exemple, l’actuel représentant de l’Elysée à Abidjan, SEM André Janier, à en croire un membre de l’ambassade qui s’est rendu dans nos locaux, parle correctement l’arabe sous toutes ses formes. «Si c’est une obligation chez les Français que les diplomates soient polyglottes, ce n’est pas le cas chez nous. Ce n’est pas un critère de recrutement, sinon seuls ceux qui ont étudié les langues étrangères à l’université allaient être admis au concours de l’ENA. Ce qui n’est pas le cas », rétorque notre interlocuteur. Par le passé, se souvient-il, des diplomates ont été envoyés pour prendre des cours intensifs au moment de leur départ pour la mission diplomatique.

Seulement 40 heures d’anglais

Mais une fois rentrés au pays, ils ont fui les Affaires étrangères et le salaire mensuel de 173.000FCFA pour s’installer à leur propre compte. «Ils ont ouvert des cabinets où une traduction de 4 pages peut rapporter au bas mot 80.000 FCFA ; imaginez ce que cela rapporte quand c’est une centaine de pages qu’ils doivent traduire», explique un des collaborateurs du ministre Youssouf Bakayoko. Il reconnait cependant que le métier exige qu’un diplomate, pour être «efficace» et réussir sa mission, sache parler plusieurs langues étrangères. «Etre polyglotte en diplomatie vous ouvre plusieurs portes dans ce corps. Quand vous recevez un étranger qui parle votre langue, automatiquement cela vous rapproche et les négociations sont plus faciles», soutient notre informateur. Il explique que lors de la rencontre des Consuls honoraires de la Côte d’Ivoire du 17 au 22 septembre 2007 à Abidjan, le Directeur général de la Société pour le développement des mines (Sodemi) a fait son exposé en anglais. «Cela a épaté l’assistance», affirme une autre source. La formation en langues étrangères de nos diplomates reste limitée, reconnait un autre plénipotentiaire joint au téléphone. Selon lui, ils ne reçoivent que 40 heures de cours en anglais et 40 autres heures en espagnol et quelques heures d’arabe depuis peu. «Ce n’est pas suffisant. On se débrouille à la sortie de l’école. Pour parler couramment l’anglais, il faut forcement aller dans un centre de formation avec casques et tout le matériel nécessaire. Normalement le ministère devait posséder un tel cabinet», regrette le diplomate. Beaucoup attendent d’être en poste à l’extérieur pour améliorer leur niveau de langue. «Quand on sort de l’ENA, on n’y pense plus. On se dit qu’en poste, nous allons nous mettre à niveau», espère-t-il. Mais la partie n’est pas souvent gagnée. Surtout quand le diplomate est porteur d’un message de son président pour son homologue et qu’il doit partager l’information avec un interprète. Les déperditions dans le message sont multipliées par 3. Là où quelques fondamentaux dans la langue anglaise permettraient de s’entretenir en tête-à-tête avec le destinataire du message. Un accent doit être mis sur les langues étrangères lors de la formation des diplomates. Diplomatiquement.


Nomel Essis
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