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Art et Culture Publié le vendredi 6 mars 2009 | Le Temps

Interview avec Bile Didier - “Le zouglou est reconnu à l’Académie française”

Bilé Didier, lead vocal des Parents du Campus. Groupe zouglou des années 1990. Aujourd'hui, il est basé à Paris où il continue de mener sa vie d'artiste toujours dans le style zouglou. Il était récemment à Abidjan. Nous l'avons rencontré.

Ça fait quand même longtemps que tu n'as pas donné de spectacle ici ?
Je suis maintenant basé à Paris où je donne des spectacles. En fin d'année, j'étais à Manchester et à Nice. Ces derniers jours, j'ai fait beaucoup de spectacles mais plutôt du côté de l'Europe. Vous savez, Magic Système n'a pas le temps de faire des spectacles ici, c'est plutôt à l'extérieur. Donc, ce n'est pas que j'ai laissé le podium abidjanais. Je fais des spectacles mais plutôt à l'extérieur.

Que deviennent les autres membres du groupe les “parents du campus” ?
Les parents du campus étaient un groupe estudiantin. Qui dit estudiantin dit étudiants. C'étaient des jeunes qui voulaient finir leur cursus universitaire et avoir un avenir dans la vie civile. Les Parents du campus sont là. On a gardé de très bons rapports. J'ai de très bons rapports avec Sanwi, aujourd'hui administrateur aux impôts. Waka, commissaire de police, Papi's enseignant à Anyama. Alliali, qu'on appelle commissaire Loubet et Moses Djinko, rédacteur en chef de Life. Pour eux, la musique était de la distraction. Or pour moi, c'était une passion et un métier.

Le Zouglou à ses débuts, dénonçait les problèmes estudiantins…
Vous savez, chacun décrit le problème qui lui tient à coeur. Vous n'allez pas voir quelqu'un qui ne sait pas ce qu’est un amphi, chanter que les professeurs ne viennent pas aux cours, ils ont bloqué les copies. On est en plein rêve, dans le fantasme moral. Moi, je pense franchement que le Zouglou n'était pas seulement une création estudiantine. Les problèmes ne sont pas typiquement réservés aux étudiants .Si les étudiants avaient aujourd'hui un groupe qui assurait la relève des “Parents du campus”, on aurait encore des Gbogro Koffi. Quoi qu'on dise, de 1990 à aujourd'hui, les problèmes n'ont pas été résolus. On a essayé de les déplacer

Quoi !?
Ah oui, je pense même qu'ils se sont empirés. Vous voyez la détresse des étudiants. Cela frise la violence. Je ne dis pas que je comprends ou j'excuse la violence. Je dis simplement que nous vivons dans un monde de désarrois. Et ce qui était vrai à Gbogro Koffi en 1990, l'est encore aujourd'hui. Ce n'est plus le temps de Big Sat, où c'était une histoire de "groto" et étudiante. Maintenant, on est passé à des étapes où j'ai appris des choses qui m'ont sidéré

Qu'est-ce que tu as appris ?
Nous avons appris par exemple que les étudiantes face à certaines difficultés, sont obligés de se prostituer. Je peux vous dire que ça me fait très mal.

Es-tu prêt à chanter les problèmes estudiantins ?
Bien sûr, dans mon prochain album, je chanterai les problèmes estudiantins. Pas parce que je suis étudiant, mais je suis resté étudiant dans l'âme.

Quel est ton regard sur le parcours du zouglou ?
L'évolution du zouglou est simple. C'est comme si, vous me demandez ce que je pensais de Pokou quand il jouait au foot et aujourd'hui, de Drogba quand il joue. C'est toujours le foot. Maintenant, forcément il y a des techniques nouvelles, des évolutions et puis, attendez le prochain album vous verrez. Je pense que le zouglou tient toujours la barre. Quand on a commencé, il y a des gens qui pensaient que le zouglou n'allait pas perdurer.

On a pourtant l'impression que le zouglou a perdu ses pas de danse.
Non, non. Ce n'est pas ça du tout. La sonorité musicale a un peu bougé. Ça, c'est vrai. Mais les sonorités zougloutiques sont toujours les mêmes. Sur le zouglou, on a dansé le kpakro, le Gnakpa, on a dansé beaucoup de choses. Mais le zouglou n'est pas une mode. C'est devenu une institution, une identité culturelle musicale ivoirienne. Ecoutez la salsa, elle se danse de la même manière. Avec les mêmes pas depuis sa création. Le zouglou est rentré dans le dictionnaire le Robert.

A quand le nouvel album ?
Vous savez, ce qui est bien en musique, c'est que ce n'est pas une denrée périssable. L'album peut être prêt au moment où je vous parle, mais quand ce n'est pas la bonne période, on ne le lance pas. Et ce n'est pas au moment où les mélomanes savourent l'album qu'ils ont l'impression qu'il vient de sortir. Vous savez, une musique, elle est atemporelle.

Entretien réalisé par
Renaud Djatchi
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