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Sport Publié le vendredi 13 mars 2009 | Le Patriote

Interview. Bamba Cheick Daniel (candidat à la FIT): "Me Siaka a mis la barre haut"

Le Patriote : Monsieur le ministre, quel commentaire faites-vous du dernier festival de Taekwondo?

Bamba Cheick Daniel : Il y a eu plusieurs générations de Taekwondo in, de 1972 à 2009. Et quand nous faisons un peu le bilan, cela fait 37 ans. Mais de mémoire de tækwondo in, il n’y a pas eu de panache, il n’y a pas eu d’éclat, de rassemblement digne de ce que nous avons vu, dernièrement, au Palais de la culture. Le grand maître Siaka (Coulibaly Siaka Minayaha, président sortant, ndlr) est sorti avec panache. Il est sorti par la grande porte du tækwondo ivoirien. Je peux vous dire que ce festival a mis la barre, très haut. Il nous appartient donc d’être à la hauteur de cet héritage, de ce bien que Me Siaka nous laisse.

LP : Cela vous interpelle particulièrement d’autant que vous êtes le seul candidat à sa succession. N’êtes-vous pas effrayé par la charge qui vous attend ?
BCD : Effectivement, quand vous voyez le développement qu’a connu le tækwondo aujourd’hui, la tâche ne sera pas aisée. Sur le plan international, le taekwondo est devenu désormais un sport olympique avec presque 200 clubs, une vingtaine de ligues et des pratiquants multipliés par 100. C’est de cette même façon qu’il faut continuer de préserver et je dirai même de codifier l’idéal du travail. Et faire en sorte pour qu’il soit un enjeu. C’est faire preuve de courage et s’armer pour l’enjeu. Mais je peux compter sur ma carrière de tækwondo in et de gestionnaire de club prestigieux comme l’AUC (Abidjan université club, ndlr). Je suis également membre actif de la Fédération ivoirienne de tækwondo depuis plusieurs années et gestionnaire de services publics de l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est suffisant pour pouvoir me prévaloir d’être suffisamment étoffé pour assurer cette gestion.

LP : Ceux qui connaissent votre passé dans ce sport seraient un peu tentés de se demander pourquoi c’est maintenant que vous briguez la présidence de la Fédération ivoirienne de Tækwondo?
BCD: Vous avez raison. Mais nous sommes au tækwondo et donc dans une école d’art martial. Il y a le respect des maîtres, des cadets. C’est un passage de témoin de génération en génération. Donc, il faut aller en douceur. Il y a aussi l’approche africaine et les aînés. Et tout cela mis ensemble et ma foi aussi en Dieu, je sais que tout est œuvre de Dieu, il n’y a pas de hasard, il ne faut pas brusquer le destin. Je puis vous dire que cette candidature a été suscitée par des aînés notamment maître Bamba Emmanuel, maître Yao Koudougnon, Me Coulibaly Daouda qui ont 65 ans de moyenne d’âge. Ces aînés ont demandé à mon épouse d’autoriser que leur petit Bamba Cheick Daniel vienne prendre en main leur tækwondo. Ça a été un choix, une onction des aînés. J’ai également l’onction de plusieurs maîtres de salle et la quasi-unanimité des présidents de ligue, qui sont venus me voir pour me suggérer la prise en main du tækwondo ivoirien. Et je crois que Bamba Cheick Daniel, même s’il est resté en hauteur, n’a pas du tout boudé son plaisir. J’ai donc accepté leur proposition.

LP : On connaît les arts martiaux pour la discipline interne. Comment expliquez-vous tous ces bruits qui s’apparentent à un manque de respect aux maîtres?
BCD : Chacun a sa lecture de ce qu’on appelle les arts martiaux. Je ne suis pas de la vieille école mais je pense que je suis de ceux qui ont connu le tækwondo où le maître et les anciens étaient respectés. Les temps changent et les temps tanguent. J’aurais été heureux, j’ai même mal de ne pas pouvoir aller en compétition ouverte et démocratique. C’est pour cela que j’ai fait le pari de ne jamais demander à mes adversaires de se désister en ma faveur. Je n’ai pas investi mon honneur et ma dignité dans cette compétition. J’aurais été perdant, je partirai. J’étais même prêt à remettre mon programme d’action au vainqueur pour l’appuyer comme je l’ai toujours fait. Malheureusement, pour des gens qui ont été secrétaire permanent de la fédération et vice-président, donc au fait des statuts, avoir péché sur leur propre terrain, m’a un peu surpris. Je suis malheureux parce qu’on va croire qu’étant ministre, même si ce n’est pas inédit car d’autres ministres avant moi ont été présidents de fédération, j’ai joué de mon influence. Non. Pour la première fois, le ministère du Sport a mis trois semaines avant de se prononcer au niveau du comité de validation des candidatures. D’ordinaire, c’est le même jour qu’on se prononce. Mais cette fois-ci, les candidats ont eu le temps de faire des objections et de revoir leur dossier. Je dirai qu’à son corps défendant, le ministère a dû trancher.

LP : Dans quelques heures, vous serez certainement élu à la tête de la fédération. Peut-on savoir le projet que vous avez pour le tækwondo ivoirien ?
BCD : Mon projet, c’est d’abord sauver les acquis. Maintenir les acquis de l’héritage de tous les présidents qui se sont succédé à la tête du tækwondo ivoirien. Et surtout le travail colossal abattu par maître Siaka. Ce travail ne doit pas passer en pertes et profits. Il nous faut une administration pointue, digne d’un sport de masse, d’un sport qui aujourd’hui est olympique. J’ai dit que ce n’est pas un rêve pour que le tækwondo ivoirien remporte une médaille au prochain jeu olympique. Cela suppose en amont tout un travail transparent. Tout un travail d’encadrement et de détection des valeurs, et recherche de sponsoring et surtout, je dirai de contact permanent avec l’international. Nous avons les hommes, la Côte d’Ivoire s’honore d’avoir un Ivoirien nominé le meilleur coach des Etats-Unis. Nous avons de grands maîtres et nous avons un passé glorieux au niveau du tækwondo international. Nous sommes un sport olympique, l’un des sports olympiques qui coûte moins cher aujourd’hui en Côte d’Ivoire et qui remporte le plus de trophées. Voici là mon cap, avoir au moins une médaille olympique en 2012.

LP : L’un des gros soucis du sport ivoirien reste le problème des préparations pour les compétitions internationales. Comment comptez-vous vous prendre pour que le tækwondo puisse bénéficier du soutien de l’Etat et viser une médaille olympique ?
BCD: Il faut d’abord compter sur nous-mêmes en mobilisant les Tækwondo in. Nous sommes entre 8000 et 10000 pratiquants. Si nous avons besoin de mobiliser un financement, il faut mettre à contribution tout ce monde. Nous envisageons construire un siège pour le tækwondo ivoirien. Si nous, les tækwondo in, donnons chacun 10.000 FCFA, nous pouvons déjà, à partir de cette base, faire une maquette et avoir un terrain. Mais il faut surtout convaincre l’Etat de Côte d’Ivoire et les potentiels mécènes que c’est l’un des sports les moins coûteux. La sortie de l’équipe nationale de tækwondo, c’est entre 15 millions et 20 millions FCFA. Cette somme représente la prime d’un seul athlète dans certains sports. Or c’est le même drapeau que nous défendons tous lors des compétitions internationales. Je crois que certains Etats ont fait le choix. Je vous assure, il faut que les mécènes, les sponsors et les média comprennent qu’on n’a pas besoin de beaucoup de choses pour faire du taekwondo.

Par Koné Lassiné
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