L’Obamania est devenue presqu’une seconde religion pour la forte communauté issue de l'immigration en France. Même le CDR [Cercle de la diversité culturelle], mouvement politique associé à l’UMP, n’y échappe pas. Son président, M. Dogad Dogoui, vient d’ailleurs de déposer sur la table de la Commission nationale d’investiture de son parti, une liste de neuf candidats, tous issus de la minorité visible. Une démarche politique soutenue par le slogan "la France doit changer…changeons-la ensemble" comme pour conjurer les vieilles mœurs en pratique décriées dans le principal parti de droite. Le président d’Africagora, confie dans cet entretien, qu’il place beaucoup d’espoir en cette volonté des autorités françaises d’associer les diasporas africaines aux missions officielles de la France en Afrique.
Vous avez accompagné Mme Anne-Marie Idrac, la Secrétaire d’Etat française chargée du Commerce extérieur dans le cadre d’un déplacement officiel en Côte d’Ivoire et au Ghana. Que retenez-vous de cette mission à laquelle Africagora a été associée ?
C’était une mission brève, intense mais réussie. J’en tire d’ailleurs trois enseignements. La ministre française du Commerce extérieur a associé une organisation d’entrepreneurs des diasporas africaines à une mission officielle de la France en Côte d’Ivoire et au Ghana en vue de faire passer un message très clair. Ce message est que la diversité culturelle est bel et bien en marche aussi bien dans le monde de l’entreprenariat que dans la représentation de la France à l’étranger. Le deuxième enseignement que je tire de ce voyage est la qualité des contacts noués avec les opérateurs privés, les patronats ivoiriens et ghanéens, et aussi les attentes suscitées par ce voyage auprès de ceux qui sont à la recherche de partenaires dans le domaine de l'export. Et enfin troisièmement, à titre personnel, les demandes qui m’ont été adressées suscitent en moi une obligation et le devoir d’installer un bureau de relais du Club Africagora à Abidjan.
Pensez-vous que ce signal de la France a été perçu par les autorités des deux pays visités ?
Je me prononcerai plus sur le cas de la Côte d’Ivoire, pays dont je suis natif. J’ai senti un regard de respect sans qu’il y ait eu des actes concrets. A mon sens, je ne pense pas qu’il y ait eu une marque d’intérêt particulier à mon égard de la part des autorités ivoiriennes. L’important, c’est que des opérateurs locaux ont exprimé l’intérêt d’avoir des partenaires économiques en France et en Europe pour fructifier leurs affaires.
Quelles opportunités Africagora pourra-t-elle offrir aux entrepreneurs africains ?
Nous avons eu l’avantage d’organiser un petit-déjeuner et une conférence de presse sur place. Des rencontres qui nous ont permis de recueillir les préoccupations des entrepreneurs. En retour, nous avons pu leur donner de façon concrète le cadre possible d’intervention et la recherche de partenaires financiers, techniques ou de relais commerciaux pour leurs propres activités. Dans un avenir très proche, je repartirai en Côte d’Ivoire et au Ghana dans le cadre d’une mission économique afin d’apporter, au-delà des solutions concrètes, des réponses aux demandes qui ont été portées à ma connaissance.
Y aura-t-il un effet domino à l’appui des autorités françaises à vos futures missions en Afrique ?
Le fait que le gouvernement français, en l’occurrence le ministère du Commerce extérieur, accepte de nous accueillir dans ses locaux à l’occasion du forum sanctionnant le 10ème anniversaire d’Africagora le 20 mars prochain, et le fait que Ubifrance, l’agence française pour le développement international des entreprises dans le monde, accepte aussi d’être notre partenaire, tout ceci est une marque de confiance que les autorités françaises placent en nous en associant la diaspora économique africaine aux activités du secteur privé, au commerce avec le monde et à la valorisation de l’entreprenariat. Autant de secteurs dans lesquels nous avons, semble-t-il, fait nos preuves, qui nous offrent l'opportunité de nous faire, nous-mêmes, une place.
Quelle sera la particularité de ce 10ème forum d’Africagora ?
Ce forum sera assez spécial. Il va sanctionner le 10ème anniversaire d’Africagora. La première table ronde va s’articuler autour du thème "S'investir durablement en Afrique via les diasporas" Dans ce thème, il y a la notion s’investir et non investir. Il ne s’agit pas de se rendre en Afrique pour réaliser des coûts mais pour avoir une approche où on s’implique soi-même dans un pays africain. La deuxième notion est la durée, dans le temps. Nous sommes bien dans une démarche de longue haleine qui doit se faire dans la durée. Deux autres tables rondes vont animer ce Forum autour des thèmes "Entreprendre en France dans la diversité" et "Promouvoir les talents de la diversité." Autre réflexion qui sera débattue à ce forum, c’est comment faire en sorte que les entreprises françaises en général ne cherchent plus à aller investir en Afrique sans faire appel aux compétences des diasporas africaines. L’idée est de mettre en aval comme en amont les diasporas africaines à la disposition des autorités françaises et africaines d’une part, et des entreprises françaises, européennes et africaines d’autre part. Car, nous sommes la passerelle naturelle entre les deux rives des deux continents.
Cette expérience qui date de quelques années a-t-elle déjà produit ses fruits ?
A vrai dire, nous avons commencé ces tentatives d’accompagnement de missions en Afrique entre 2001 et 2002 tout d’abord au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Nous les avons reprises en 2006. Lors de la dernière mission, dans la délégation de la ministre française du Commerce extérieur, il y avait une entreprise spécialisée dans le transfert de devises en Afrique. Il est important de savoir qu’elle a été introduite par les soins d’Africagora bien longtemps avant ce voyage. Deuxième chose à savoir, si Ubifrance a accepté d’être notre partenaire pour nous accompagner, c’est bien parce que les entreprises qui ont eu affaire aux partenaires et associés du réseau, ont compris que ce qu’elles pouvaient faire de façon individuelle, elles gagneraient mieux à les faire de façon collective. Africagora va mutualiser les actions menées par huit de nos membres en Afrique à travers leurs réseaux de clients. Il s’agit de faire en sorte que, qu’on soit expert comptable, avocat d’affaires, responsable de réseau commercial (…) nous mutualisions à l’intérieur d’Africagora cette plate-forme pour donner aux entreprises européennes et africaines nos services dans l’interrelation et l’intermédiation. Nous sommes par ailleurs invités à participer au prochain Pavillon France à une Foire internationale très importante qui aura lieu au mois de mai 2009 en Angola. Africagora disposera d’un stand où certains de nos membres qui ont ou qui sont en phase d’avoir des intérêts dans ce pays pourront y prendre part. Vous savez que l’Angola, pays riche en pétrole, a des besoins énormes en infrastructures que des PME pourraient satisfaire. C’est une manière à nous d’apporter notre contribution au développement du continent africain. Mais une contribution en partenariat avec nos pays d’origine. Au vu des opportunités que nous allons offrir à l’Afrique, l’Europe me paraît comme une chance pour l’Afrique et les diasporas africaines. A condition, bien sûr, qu’elles s’en saisissent. C’est cela que nous avons compris à Africagora. Je pense que les opérateurs privés et les entreprises ont intérêt à avoir, à travers les structures des diasporas africaines à l’instar d’Africagora, de véritables relais à leurs services en Afrique. Les prochaines missions d’Africagora en Côte d’Ivoire, au Bénin, Cameroun, en Angola et au Congo, seront suppléées par des missions Ubifrance et celles de l’Etat français. Nous sommes dans les rouages aussi bien en Europe qu’en Afrique pour servir de passerelle. Plus nous serons forts, mieux l’Afrique en tirera profit. "Aidez-nous à vous aider" c’est cet appel que je voudrais lancer.
Koné André (koneandreparis@yahoo.fr / Correspondant permanent en France
Vous avez accompagné Mme Anne-Marie Idrac, la Secrétaire d’Etat française chargée du Commerce extérieur dans le cadre d’un déplacement officiel en Côte d’Ivoire et au Ghana. Que retenez-vous de cette mission à laquelle Africagora a été associée ?
C’était une mission brève, intense mais réussie. J’en tire d’ailleurs trois enseignements. La ministre française du Commerce extérieur a associé une organisation d’entrepreneurs des diasporas africaines à une mission officielle de la France en Côte d’Ivoire et au Ghana en vue de faire passer un message très clair. Ce message est que la diversité culturelle est bel et bien en marche aussi bien dans le monde de l’entreprenariat que dans la représentation de la France à l’étranger. Le deuxième enseignement que je tire de ce voyage est la qualité des contacts noués avec les opérateurs privés, les patronats ivoiriens et ghanéens, et aussi les attentes suscitées par ce voyage auprès de ceux qui sont à la recherche de partenaires dans le domaine de l'export. Et enfin troisièmement, à titre personnel, les demandes qui m’ont été adressées suscitent en moi une obligation et le devoir d’installer un bureau de relais du Club Africagora à Abidjan.
Pensez-vous que ce signal de la France a été perçu par les autorités des deux pays visités ?
Je me prononcerai plus sur le cas de la Côte d’Ivoire, pays dont je suis natif. J’ai senti un regard de respect sans qu’il y ait eu des actes concrets. A mon sens, je ne pense pas qu’il y ait eu une marque d’intérêt particulier à mon égard de la part des autorités ivoiriennes. L’important, c’est que des opérateurs locaux ont exprimé l’intérêt d’avoir des partenaires économiques en France et en Europe pour fructifier leurs affaires.
Quelles opportunités Africagora pourra-t-elle offrir aux entrepreneurs africains ?
Nous avons eu l’avantage d’organiser un petit-déjeuner et une conférence de presse sur place. Des rencontres qui nous ont permis de recueillir les préoccupations des entrepreneurs. En retour, nous avons pu leur donner de façon concrète le cadre possible d’intervention et la recherche de partenaires financiers, techniques ou de relais commerciaux pour leurs propres activités. Dans un avenir très proche, je repartirai en Côte d’Ivoire et au Ghana dans le cadre d’une mission économique afin d’apporter, au-delà des solutions concrètes, des réponses aux demandes qui ont été portées à ma connaissance.
Y aura-t-il un effet domino à l’appui des autorités françaises à vos futures missions en Afrique ?
Le fait que le gouvernement français, en l’occurrence le ministère du Commerce extérieur, accepte de nous accueillir dans ses locaux à l’occasion du forum sanctionnant le 10ème anniversaire d’Africagora le 20 mars prochain, et le fait que Ubifrance, l’agence française pour le développement international des entreprises dans le monde, accepte aussi d’être notre partenaire, tout ceci est une marque de confiance que les autorités françaises placent en nous en associant la diaspora économique africaine aux activités du secteur privé, au commerce avec le monde et à la valorisation de l’entreprenariat. Autant de secteurs dans lesquels nous avons, semble-t-il, fait nos preuves, qui nous offrent l'opportunité de nous faire, nous-mêmes, une place.
Quelle sera la particularité de ce 10ème forum d’Africagora ?
Ce forum sera assez spécial. Il va sanctionner le 10ème anniversaire d’Africagora. La première table ronde va s’articuler autour du thème "S'investir durablement en Afrique via les diasporas" Dans ce thème, il y a la notion s’investir et non investir. Il ne s’agit pas de se rendre en Afrique pour réaliser des coûts mais pour avoir une approche où on s’implique soi-même dans un pays africain. La deuxième notion est la durée, dans le temps. Nous sommes bien dans une démarche de longue haleine qui doit se faire dans la durée. Deux autres tables rondes vont animer ce Forum autour des thèmes "Entreprendre en France dans la diversité" et "Promouvoir les talents de la diversité." Autre réflexion qui sera débattue à ce forum, c’est comment faire en sorte que les entreprises françaises en général ne cherchent plus à aller investir en Afrique sans faire appel aux compétences des diasporas africaines. L’idée est de mettre en aval comme en amont les diasporas africaines à la disposition des autorités françaises et africaines d’une part, et des entreprises françaises, européennes et africaines d’autre part. Car, nous sommes la passerelle naturelle entre les deux rives des deux continents.
Cette expérience qui date de quelques années a-t-elle déjà produit ses fruits ?
A vrai dire, nous avons commencé ces tentatives d’accompagnement de missions en Afrique entre 2001 et 2002 tout d’abord au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Nous les avons reprises en 2006. Lors de la dernière mission, dans la délégation de la ministre française du Commerce extérieur, il y avait une entreprise spécialisée dans le transfert de devises en Afrique. Il est important de savoir qu’elle a été introduite par les soins d’Africagora bien longtemps avant ce voyage. Deuxième chose à savoir, si Ubifrance a accepté d’être notre partenaire pour nous accompagner, c’est bien parce que les entreprises qui ont eu affaire aux partenaires et associés du réseau, ont compris que ce qu’elles pouvaient faire de façon individuelle, elles gagneraient mieux à les faire de façon collective. Africagora va mutualiser les actions menées par huit de nos membres en Afrique à travers leurs réseaux de clients. Il s’agit de faire en sorte que, qu’on soit expert comptable, avocat d’affaires, responsable de réseau commercial (…) nous mutualisions à l’intérieur d’Africagora cette plate-forme pour donner aux entreprises européennes et africaines nos services dans l’interrelation et l’intermédiation. Nous sommes par ailleurs invités à participer au prochain Pavillon France à une Foire internationale très importante qui aura lieu au mois de mai 2009 en Angola. Africagora disposera d’un stand où certains de nos membres qui ont ou qui sont en phase d’avoir des intérêts dans ce pays pourront y prendre part. Vous savez que l’Angola, pays riche en pétrole, a des besoins énormes en infrastructures que des PME pourraient satisfaire. C’est une manière à nous d’apporter notre contribution au développement du continent africain. Mais une contribution en partenariat avec nos pays d’origine. Au vu des opportunités que nous allons offrir à l’Afrique, l’Europe me paraît comme une chance pour l’Afrique et les diasporas africaines. A condition, bien sûr, qu’elles s’en saisissent. C’est cela que nous avons compris à Africagora. Je pense que les opérateurs privés et les entreprises ont intérêt à avoir, à travers les structures des diasporas africaines à l’instar d’Africagora, de véritables relais à leurs services en Afrique. Les prochaines missions d’Africagora en Côte d’Ivoire, au Bénin, Cameroun, en Angola et au Congo, seront suppléées par des missions Ubifrance et celles de l’Etat français. Nous sommes dans les rouages aussi bien en Europe qu’en Afrique pour servir de passerelle. Plus nous serons forts, mieux l’Afrique en tirera profit. "Aidez-nous à vous aider" c’est cet appel que je voudrais lancer.
Koné André (koneandreparis@yahoo.fr / Correspondant permanent en France