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Société Publié le vendredi 13 mars 2009 | Le Temps

Invasion des chenilles a la frontière libérienne / Dr Ochou Ochou G. (Chercheur Cnra) “Il n’y a pas lieu d’alarmer les populations, mais…”-

Docteur Ochou Ochou Germain, chercheur-enthomolgiste au Cnra (Centre national de Recherche agronomique), dans cet entretien, parle de l'invasion et des menaces des chenilles signalées au Liberia et dans la région de Danané.

On parle de plus en plus d'une invasion de chenilles à la frontière ivoiro-libérienne. Qu'en est-il exactement ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de donner une brève définition sur l'enthomologie. C'est celui qui étudie les insectes et les méthodes de gestion des populations d'insectes. Je suis chercheur et coordonnateur scientifique des programmes de recherches dans la région de Bouaké (Centre) et à Korhogo (Nord) de même que les régions montagneuses de l'Ouest de la Côte d'Ivoire. Pour le compte du Cnra. C'est à ce titre, que nous avons effectué récemment, une mission au Liberia et à Danané, dans la région de Gbinta, en compagnie d'une équipe d'experts de la Fao et du ministère ivoirien de l'Agriculture en vue d'enquêter sur l'existence des chenilles ravageuses. Effectivement, depuis environ un mois, la presse fait écho de cet état de fait au Liberia, de ces chenilles qu'on a appelées les toutes premières semaines, les chenilles légionnaires. Nous avons été donc dépêchés, à la demande de la Fao, sur le terrain, pour voir ce qui en était et prendre connaissance de ce fléau et par la même occasion, nous imprégner de la méthode de gestion de ce problème parasitaire par nos collègues du liberia. En plus du Liberia, il fallait venir à la frontière ivoirienne, pour voir, si ces chenilles existaient dans les localités frontalières.

Vous êtes donc allés sur le terrain et qu'avez-vous constaté ?
Durant notre séjour et pendant notre visite de terrain, nous avons constaté que le problème parasitaire avait été atténué. En ce sens que ce pays voisin a déployé toute une équipe d'experts avec les moyens adéquats pour lutter contre ces insectes ravageurs. Précisons que, contrairement à ce qui avait été dit, cette chenille, n'est pas celle appelée la " chenille légionnaire ". Mais de l'achaea chatochaloides. Elle est nuisible tout comme ces papillons. Parce que ces derniers piquent les fruits et les agrumes. Il convient de préciser que contrairement à ce qui avait été annoncé, ils ne sont pas aussi ravageurs que les légionnaires qui se déplacent en masse et dévorent tout sur leur passage. Au moment où nous arrivions au Liberia, cette chenille avait fini son cycle de développement, c'est-à-dire qu'elle a traversé le stade de larve pour donner des nymphes dans le but de donner des papillons. Mais ce qu'il fallait craindre, c'est la naissance d'une deuxième génération née de la première.

Ces chenilles sont-elles comestibles comme le " Zéglé " bien prisé dans certaines régions de la Côte d'Ivoire ?
Je ne le pense pas. Beaucoup de gens ne consomment pas ces chenilles. Je ne suis pas très au fait des habitudes culinaires des libériens donc je ne peux pas dire qu'on consomme ces chenilles. Mais en Côte d'Ivoire, je ne pense pas. C'est le constat qui se dégage à l'issue de notre visite de terrain à Gbinta (Liberia) qui est située à 30 km de Danané. Les villages situés sur cet axe, n'ont pas connaissance de ces chenilles. Toutefois, certains ont affirmé qu'elle pouvait se retrouver dans la réserve du Mont Nimba. Un peu plus haut au Nord, c'est-à-dire à Yaleu, à environ 15 Km de la frontière libérienne. Les populations que nous avons interrogées, ont dit avoir connaissance de ces insectes. Nous y avons trouvé des traces, sur des arbres qu'elles (chenilles) avaient défoliés. Egalement, les eaux des marigots avaient été souillées.

La Côte d'Ivoire est-elle menacée par l'existence de ces chenilles ?
A partir du moment où, nous partageons la même frontière avec le Liberia et la Guinée où ces bêtes ont été observées dans la partie forestière, nous avons le devoir de nous intéresser à ce problème. Le phénomène peut ne pas être observé cette année. Il faut chercher à anticiper une éventuelle évasion. Car, nous avons beaucoup à perdre, si nous avions affaire à une chenille poliphage. L'économie de la Côte d'Ivoire reposant encore sur le cacao et le café. N'oublions pas que la région des Montagnes en est grande productrice. Mais, il n'y a pas lieu d'alarmer les populations.

Comment expliquez-vous cette invasion ?
Il faut expliquer les pilulations des insectes scientifiquement par plusieurs phénomènes. Comme je le dis, cet insecte vit en équilibre avec le milieu naturel et son environnement. Cet insecte se retrouve sur un arbre en Côte d'Ivoire, qu'on appelle le Dabema. Qui est bien prisé en ébénisterie. Comment se fait-il que cette année, les populations de ces insectes se sont développées à grande échelle ? En science, on peut expliquer cela, par la rupture de la pression écologiste. Si cela a été le cas, certainement, qu'il y a eu peut-être, une modification des conditions climatologiques et au niveau de la végétation. Sans oublier la disparition des ennemies naturels de l'insecte en question. Citons entre autres, les prédateurs ou les parasites, voire même l'homme par exemple. Facteurs qui, l'un dans l'autre, pourraient expliquer cette explosion massive.

Ceux que vous avez rencontrés, vous ont-ils parlé quelque part, de la colère d'un génie protecteur ?
Nous sommes en Afrique. Quand il y a aussi les perturbations atmosphériques ou pluviométriques, on attribue cela à la colère d'un être protecteur. Tout peut arriver.

Ailleurs, dans la sous-région, avez -vous entendu parler de ces fameux insectes ?
Ces chenilles sont connues dans des pays comme le Gabon et le Bénin. Des publications scientifiques nous ont confirmé cela.

Vous avez parlé de prévention que fait concrètement le Cnra sur le terrain ?
En envoyant déjà des experts sur le terrain, avec ceux de la Fao et ceux du ministère ivoirien de l'agriculture, le Cnra est déjà au travail. Puis, dès que nous sommes revenus de notre mission, le Cnra a demandé à ce qu'on mette en place, un plan d'action dans lequel, il va se retrouver en premier plan, au niveau des activités de recherches à conduire. Aussi, nous allons chercher à comprendre non seulement l'explosion de ces insectes mais aussi les relations de ceux-ci par rapport au milieu. dans le deuxième axe de recherche, nous aurons à réaliser des travaux sur la biologie de cet insecte et les méthodes de lutte à mettre en œuvre. (…) Dans un autre domaine, le Cnra doit aider dans la formation et information des populations. Pour y parvenir, il faut des moyens. Si d'aventure la pillulation devenait importante.

Réalisée par Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
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