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Politique Publié le samedi 14 mars 2009 | Nord-Sud

Présidentielle en Côte d’Ivoire : Mais où sont passées les femmes ?

Sur la dizaine de candidats déclarés en piste pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, une seule femme : Enise Kanaté. Les hérauts du beau sexe ont encore du pain sur la planche.

Pour la défense de leurs droits, les Ivoiriennes, à l’instar de leurs sœurs des autres horizons, étaient le 8 mars à l’honneur au cours de la Journée internationale de la femme. « L’heure est à la saisie responsable et éclairée de toutes les opportunités qui permettront de consolider durablement la paix à partir d’élections ouvertes à toutes les populations et notamment aux femmes. » A Abengourou, ville choisie pour commémorer cette journée, la ministre de la Famille, de la Femme et des Affaires sociales, Jeanne Peuhmond, a placé les Ivoiriennes au cœur du processus de sortie de crise. Les femmes du Fpi (Offpi), parti au pouvoir, le représentant du système des Nations unies en Côte d’Ivoire, Philippe Delane et le président du conseil général d’Abengourou, Amoakon Edjempan Tiémélé, ont tous plaidé pour « une plus grande représentativité des femmes dans les sphères de décision et pour l’application des textes régissant les actions de violences à l’égard de la femme. »


On cherche candidate avec torche

Depuis plusieurs années, c’est désormais un rituel. Les journées de la femme sont célébrées avec leur cortège de professions de foi et d’ode à la cause féminine. Que reste-t-il après toutes ces commémorations ? En tout cas, pas grand-chose en Côte d’Ivoire. Pour ne pas dire rien du tout. Mais à qui la faute si le statut de citoyen pour le sexe dit faible reste un horizon lointain dans notre pays? Un coup d’œil sur la liste des prétendants à la magistrature suprême suffit à comprendre qu’il faudra sans doute encore beaucoup de 8 mars à célébrer avant de voir le maximun de citoyennes ivoiriennes à se bousculer aux portes de la course au pouvoir. Car personne ne peut comprendre qu’au moment où les hommes se manifestent, la gent féminine soit, pour l’heure, sans porte fanion ou pas suffisamment représentée pour faire la promotion des nombreuses ‘‘sans voix’’ qui continuent d’être victimes de viols, de discrimination, bref qui continuent d’être des citoyennes de seconde zone dans les villes, villages et hameaux. Sur la carte électorale, on aperçoit déjà dans le starting-block, Laurent Gbagbo (candidat à sa propre succession), Henri Konan Bédié (Pdci Rda), Alassane Ouattara (Rdr), Francis Wodié (Pit), Mabri Toikeusse (Udpci), Gnamien Konan (Mire), Mamadou Diomandé (Rdp), le révérend pasteur Pascal Nynsemon (indépendant), Félix Akoto Yao (indépendant), Martial Ahipeaud (Udl)… Depuis des années pour les uns et des mois pour les autres, ils défrichent le terrain à la pêche de voix. Tous ces candidats sont conscients que pour occuper le palais présidentiel au Plateau, il leur faut le soutien des jeunes mais aussi et surtout celui du beau sexe (49% de la population ivoirienne). Alors question: où sont passées les femmes ? Qu’attendent les « dames de fer » ivoiriennes : Mme Mariam Dao Gabala (coalition des femmes leaders), Constance Yaï (experte en genre et développement), Jacqueline Lohoues Oble (juriste) et bien d’autres « femmes actives » pour faire leur entrée en lice pour le futur scrutin qui se veut ouvert et crédible ?
Dans le cadre de ses activités, la Coalition des femmes leaders avait préparé les esprits à l’approche de 2006, à voir des candidates à l’élection présidentielle à travers son programme-pour favoriser l’émergence des femmes dans les instances de décisions politiques, sociales et culturelles-baptisé : « Pourquoi pas une femme ». Mme Dao Gabala, présidente de cette coalition a dit à qui voudra l’entendre que les citoyens ivoiriennes étaient prêtes à se jeter dans la ‘‘mare aux crocodiles’’. « Nous avons un challenge. C’est celui des élections à venir. Nous nous sommes dit qu’il fallait plus de femmes au Parlement, plus de femmes maires et que les femmes soient promues en politique et qu’elles s’expriment. Les élections à venir nous donnent l’occasion de travailler techniquement pour que ces femmes puissent exploser (…) Pourquoi le pays serait uniquement gouverné par des hommes ? Le parti qui va accepter de faire la promotion des femmes à l’intérieur et de présenter des femmes aux élections, ce parti aura l’assurance de l’emporter », confiait-elle en 2006 à un confrère. Mme Dao va plus loin pour révéler qu’il y a au moins deux ou trois femmes candidates à l’élection présidentielles pour, assure-t-elle, corriger cette « injustice culturelle et sociale. » Mme Constance Yaï, consultante internationale en parité et droits humains, abonde dans le même sens que la présidente de la Coalition des femmes leaders. L’ancienne ministre persiste et signe que les hommes trouveront en face des concurrents prêtes à relever le défi. A une seule condition. « Il faudrait qu’on sache quand est-ce que l’élection aura lieu. Nous sommes dans une situation anormale. Vous savez, les femmes sont très observatrices. Elles observent toutes les agitations. Le moment venu, elles se déclareront », promet-elle. Pour Constance Yaï, l’élection présidentielle n’aura aucun sens s’il n’y a pas de candidatures féminines. « Les femmes, explique-t-elle, sont celles qui ont le plus souffert de la crise (…) En dehors de la Journée internationale de la femme, elles n’ont jamais été écoutées. C’est pourquoi il y aura des candidatures féminines autour desquelles les femmes ivoiriennes vont exprimer leurs aspirations légitimes », confie l’ancienne ministre. Avant de donner rendez-vous aux candidats des principaux partis politiques. « S’il y a élection demain, je peux être élue. Car les militants des partis politiques sont fatigués des trahisons. Ils sont prêts à voter pour une candidate féminine indépendante. Les femmes pensent pour toute la société et non pour leur portefeuille », soutient Constance Yaï.

Si Simone Gbagbo (Première dame), Henriette Konan Bédié (épouse du candidat du Pdci), Henriette Diabaté (n°2 du Rdr), Angèle Gnonsoa (vice-présidente du Pit), pour ne citer que ces femmes, ont l’excuse du soutien à leur époux ou collective candidat officiel de leur parti, au nom de la discipline de leur, on comprend difficilement le silence des hérauts de la cause du sexe faible en Côte d’Ivoire. Qui mieux que ces amazones pour lutter contre l’écart salarial entre hommes et femmes, la discrimination à l’embauche ? Les nombreux reports du scrutin suffisent-ils à expliquer que les femmes ne semblent pas pressées de se mettre en piste pour le palais présidentiel, la plus haute sphère de prise de décision ? On veut bien se laisser convaincre par leur stratégie (sic) mais…


Enise Kanaté, la seule hirondelle

Beaucoup de femmes ne se font guère d’illusion. C’est le cas de L. C, membre de la direction du Pdci Rda. « Ces avocates de la cause féminine ne peuvent jamais se faire élire dans leur circonscription. Elles font le boucan pour plaire à la communauté internationale », confie-t-elle. La surprise viendra-t-elle du Nord ? Pour l’heure, Enise Kanaté Namizata (député-maire de Mankono), est la première femme à oser se jeter dans cet univers impitoyable. La présidente du Congrès démocratique de Côte d’Ivoire (Codemci) a déclaré, le 19 avril 2008 à Abobo, sa candidature à l’élection présidentielle pour, dit-elle, « reconstruire et consolider la nation ivoirienne déchirée par une décennie de crise ». La transfuge du Rdr sera-t-elle l’hirondelle qui fera le printemps ? La présidente de ce parti centriste se croit, en cette année électorale, capable de porter haut les couleurs de la défense des droits des femmes. Presqu’un demi siècle de « dictature des hommes », ponctuée par une décennie de crise, une touche féminine pour calmer les ardeurs belliqueuses du sexe dit fort serait la bienvenue à la tête de l’Etat ivoirien. Tout proche de nous, l’exemple libérien devait pouvoir motiver les Ivoiriennes qui hésitent encore à briser le tabou. Mme Ellen Johnson-Sirleaf devenue, en janvier 2006, la première femme du continent africain à présider les destinées de son pays est un motif supplémentaire. « Pour moi, c’est une source de motivation d’être le porte-étendard des femmes du Liberia, de l’Afrique et du reste du monde. Je n’ai pas droit à l’échec », lançait-elle aux lendemains de son élection. Ellen Johnson-Sirleaf a la lourde tâche de réunifier et reconstruire un pays dévasté par un quart de siècle de coups d’État et une guerre civile qui a fait 200.000 morts. De passage à Abidjan, Laurent Gbagbo n’a pas caché son admiration pour la dame de fer libérienne. «Je vous admire, pas parce que vous êtes une femme, mais parce que vous êtes élue. Pour moi, c’est la valeur la plus importante en Afrique», a salué le n° 1 ivoirien. Plus loin de nous, Margaret Thatcher qui fut Premier ministre de la Grande-Bretagne de 1979 à 1990 a laissé une marque indélébile sur l’Europe en transformant radicalement les structures économiques du royaume. Elle a incarné les valeurs néo-libérales plus que plusieurs de ses contemporains masculins. A quand une Ellen Johnson-Sirleaf ou une Margaret Thatcher en Côte d’Ivoire ? Quand se réveilleront les femmes, elles feront, les observateurs avisés en sont convaincus, bouger la mare aux crocodiles jalousement gardée par le sexe fort.

Jean Roche Kouamé


Les femmes au pouvoir


Elles sont onze. Un club sélect de onze femmes élues à la tête de leurs pays respectifs, sur les 191 Etats membres de l’Onu, à marcher sur les traces des Margaret Thatcher, Indira Gandhi ou Golda Meir. Les États européens affichent quatre femmes élues à leur tête, l’Afrique en compte trois (toutes des économistes formées à l’étranger), l’Océanie une, et l’Amérique Latine, pourtant considérée machiste, une également. Ce sont :

Allemagne : Angela Merkel
Bangladesh : Khaleda Zia
Chili : Michelle Bachelet
Finlande : Tarja Halonen
Irlande: Mary Micaleese
Lettonie: Vaira Vike-Freiberga
Liberia: Ellen Johnson-Sirleaf
Mozambique: Luisa Diogo
Nouvelle-Zélande: Helen Clark
Philippines : Gloria Macapagal-Arroyo
Sào Tomé et Principe : Maria Do Carno Silveira

Source : www.canada-ca
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