Propos irrévérencieux envers le Chef de l`Etat et la Côte d`Ivoire : L`ATCI interpelle la direction d`Orange-CI

Les relations entre l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI) et la société de téléphonie mobile, Orange Côte d’Ivoire, sont moroses depuis le mois de janvier. Et pour cause. Dans un courrier daté du 16 janvier 2009, signé de M. Sylvanus Kla, directeur général de l’ATCI et ayant pour objet : “Protestation pour comportement irrévérencieux”, la structure de régulation des télécommunications en Côte d’Ivoire interpelle, sur un ton mêlé d’indignation, la direction générale d’Orange Côte d’Ivoire, appendice de la société Orange de France Télécom, au sujet des déclarations irrespectueuses tenues par Charles Gueret, directeur commercial d’Orange Côte d’Ivoire, vis-à-vis de la République de Côte d’Ivoire et son chef, le Président Laurent Gbagbo. “En effet, ces propos tenus devant les autres opérateurs, dont je vous épargne les détails, visent manifestement à contester l’autorité de l’ATCI et surtout, dénotent d’un manque total de respect de nos institutions, y compris la Présidence de la République. L’ATCI qui ne saurait tolérer plus longtemps ces faits d’une extrême gravité, vous invite en conséquence à prendre les dispositions idoines diligentes pour faire cesser ces frasques verbales”, écrit l’ATCI dans son courrier de protestation adressé au directeur général d’Orange Côte d’Ivoire, M. Jean Jacques de Pins. Selon des sources crédibles et concordantes, M. Gueret représentait Orange Côte d’Ivoire aux différentes rencontres initiées par l’ATCI avec les opérateurs du secteur de la téléphonie mobile afin de mettre en application les dispositions de l’article 5.1.2 des cahiers de charges relatives à la tenue du fichier nominatif des abonnés. En d’autres termes, l’Etat de Côte d’Ivoire, pour des raisons de sécurité nationale, veut connaître l’identité des différents abonnés des compagnies de téléphonie mobile. “Faut-il le souligner, étant donné les difficultés que vous pourriez rencontrer dans la mise en œuvre de cette obligation, l’ATCI a entrepris ces réunions de travail dans le souci d’une collaboration devant permettre la prise de décisions consensuelles”, précise d’ailleurs à ce propos l’ATCI dans son courrier. Réfractaire à cette initiative de l’Etat ivoirien, le directeur commercial d’Orange Côte d’Ivoire qui agissait, assurément au nom de sa direction, a ponctué son intervention de propos abjects à l’égard du Président Laurent Gbagbo et de la souveraineté de la Côte d’Ivoire.
En réponse à la lettre d’interpellation de l’ATCI, la direction générale d’Orange Côte d’Ivoire a présenté ses excuses. Le courrier daté du 6 février 2009, portant la référence : OCI/DG /09.02.048/djr et signé de Jean-Jacques de Pins, directeur général, constitue un aveu implicite des graves dérapages verbaux dont Charles Gueret a été l’auteur. “Il m’appartient, au nom de la société Orange Côte d’Ivoire, de vous demander de bien vouloir accepter nos plus sincères excuses pour ces agissements”, écrit le DG d’Orange Côte d’Ivoire à l’endroit de son homologue de l’ATCI. Avant d’ajouter que sa compagnie est prête à travailler avec les autres opérateurs de téléphonie mobile, “pour la réussite de ce projet d’identification des abonnés de téléphonie mobile”.
Fait curieux, dans la crise qui oppose depuis plusieurs semaines, la direction générale d’Orange Côte d’Ivoire à son personnel, les agents d’Orange Côte d’Ivoire exigent le départ du DG, Jean-Jacques de Pins, du directeur commercial, Charles Gueret, et du directeur financier par intérim, François Couturier. “Il a détérioré l’image de marque de notre entreprise aussi bien vis-à-vis des autorités politiques et administratives de la Côte d’Ivoire que des différents cercles d’influence de notre pays. Il n’a aucun respect et aucune considération pour notre pays, ses lois et ses habitants…”, écrivent, au sujet de leur DG, les délégués du personnel d’Orange-CI dans un courrier adressé le 9 mars dernier à M. Marc Rennard, PCA d’Orange-CI et directeur exécutif d’Orange Afrique et Moyen Orient. Un constat qui corrobore l’indignation de l’ATCI.

Didier Deprydepry@hotmail.com