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Société Publié le mardi 17 mars 2009 | Notre Voie

Enseignement privé laïc-Babo Kosso, président de la convention pour une nouvelle école privée : "La tutelle doit soutenir la création d’écoles sociales"

La création d’une école sociale privée laïque à Port Bouet, baptisée Lycée Simone Ehivet Gbagbo, dérange certains fondateurs d’établissement. Babo Kosso, le fondateur de cet établissement, soutient que la politique sociale du président Laurent Gbagbo doit être soutenue par la tutelle.
Notre Voie : Que renferme la convention pour une nouvelle école ivoirienne que vous venez de créer?

Babo Kosso : C’est un protocole d’accord signé par des fondateurs dont les écoles privées fonctionnent avec des codes provisoires, et des fondateurs dont les écoles sont autorisées, mais qui n’ont pas la reconnaissance c'est-à-dire qui ne reçoivent pas des affectés de l’Etat.


N.V. : Quel objectif réel vise cette convention ?

B.K. : Faire des propositions pour la nouvelle école ivoirienne.


N.V. : Vous êtes en train de promouvoir en Côte d’Ivoire les lycées sociaux privés. La création du lycée social Simone Ehivet Gbagbo à Port-Bouët répond-elle à cet objectif?

B.K. : Tout à fait. En faisant du social, nous voulons soutenir la politique sociale du président de la République. En Côte d’Ivoire, il est difficile de trouver un établissement comme le Lycée Simone Ehivet Gbagbo qui pratique 35 mille FCFA de la 6ème à la 4ème et 40 mille FCFA de la 3ème à la Terminale. En plus de cela, des centaines et des centaines d’élèves sont chaque année pris en charge totalement par le lycée social Simone Ehivet Gbagbo, toutes classes confondues.


N.V. : Quel bilan faites-vous de cette phase pilote, puisque ce lycée est le premier d’une série?

B.K. : Le bilan est largement positif. Beaucoup de parents pauvres envoient leurs enfants dans ce lycée. Cet établissement occupe un bon rang au niveau des résultats scolaires. En 2006-2007, dans cette commune, nous avons été classés premier au Baccalauréat, second au BEPC, au niveau des établissemennts privés et publics.


N.V. : Avez-vous les moyens pour résister aux puissants fondateurs qui craignent que leurs empires s’effondrent à cause des prix que vous pratiquez ?

B.K. : C’est à ce problème que nous sommes confrontés. Des fondateurs nous déclarent la guerre et brandissent la concurrence déloyale. Ils font feu de tout bois pour nous empêcher de fonctionner parce qu’ils ne veulent pas d’écoles sociales dans ce pays. Qu’ils sachent que notre projet vient en soutien à la politique du président Laurent Gbagbo. Notre mission, c’est de permettre aux parents économiquement faibles de scolariser leurs enfants sans difficulté, et traduire en actes concrets la politique sociale du président Laurent Gbagbo. La tutelle doit s’approprier ce projet ambitieux. Ce projet mérite d’être soutenu. Partout dans ce pays, il faut des lycées sociaux Simone Ehivet Gbagbo.


N.V. : Alors que d’autres fondateurs créent leurs écoles pour s’enrichir, le profit vous importe peu…

B.K. : L’éducation, n’est pas un business mais un sacerdoce. Le lycée que je dirige s’inscrit dans cette logique.


N.V. : Pourquoi avoir choisi le nom de la Première Dame pour nbaptiser ce lycée et de tous les établissements sociaux à venir ?

B.K. : Nous voulons rendre hommage à une grande combattante de la liberté, de la dignité humaine. Depuis l’opposition elle s’est battue pour les défavorisés sociaux.


N.V. : Le ministre de l’Education nationale vient de prendre un arrêté qui crée une brigade de lutte contre les écoles clandestines. Pourquoi vous vous opposez à une telle mesure qui n’est pas mauvaise en soi ?

B.K. : La convention ne conteste pas la création de cette brigade mais nous disons que ce n’est pas la bonne méthode pour mettre de l’ordre dans l’enseignement privé. La création de cette brigade n’est pas la solution. La force physique n’est pas le meilleur moyen pour régler les problèmes.


N.V. : Que proposez-vous en lieu et place de cette brigade ?

B.K. : L’Etat a formé des techniciens de l’éducation, c’est-à-dire des inspecteurs, des conseillers habilités à aller sur le terrain pour corriger les imperfections. On ne peut pas les contourner pour créer une brigade pour détruire des écoles privées.


N.V. : Donc, vous cautionnez l’existence des écoles clandestines ?

B.K. : La Côte d’Ivoire souffre d’un manque criant d’infrastructures scolaires. Le privé ou le public fonctionnent avec un sureffectif. La moyenne normale par classe est de 45 élèves. Certaines classes vont jusqu’à plus de 100 élèves. Il n’y a pas suffisamment d’infrastructures scolaires. Si de jeunes Ivoiriens soutiennent la politique scolaire du président de la République, il faut les encourager et ne pas détruire les écoles qu’ils ont créées. Les parents d’élèves ne se sont jamais plaints. Les élèves savent faire le choix entre une bonne et une mauvaise école. La mission du SAPEP, c’est de soutenir ces écoles et non de les traquer. Sa mission, c’est de ne pas détruire l’existant.


N.V. : Que dites-vous des écoles qui ont des codes provisoires et qui refusent de se mettre à jour ?

B.K. : Même les écoles privées qui ont la reconnaissance n’ont pas toutes les infrastructures exigées du SAPEP.


N.V. : Comment allez-vous combattre le plan arraignée de Bleu Lainé qui consiste à mettre fin à la création d’écoles de fortune ?

B.K. : Nous avons trouvé des financiers prêts à injecter 3 milliards FCFA pour équiper les écoles qui ont des codes provisoires. Mais avec la créaion de cette brigade, ils craignent de voir des écoles fermées après avoir investi.


N.V.: Pour vous, il n’y a pas d’écoles clandestines ?

B.K. : Si une école privée paie ses impôts, déclare ses agents à la CNPS, reçoit la visite des inspecteurs de l’Education nationale, peut-on dire qu’elle est clandestine ? Même si elle a un code provisoire, ce n’est pas une raison suffisante pour la détruire. On ne propose même pas une autre alternative. Avoir un code, c’est être reconnu par le ministère de l’Education nationale. Il y a dans ces écoles des affectés de l’Etat. S’ils sont des élèves clandestins pourquoi l’Etat les affecte? Quand le ministère de l’Education nationale demande une rallonge financière auprès des bailleurs de fonds, on tient compte de ces écoles “clandestines”.


N.V. : Allez-vous vous contentez d’un code provisoire au lieu de chercher à régulariser votre situation ?

B.K. : Que Bleu Lainé nous accorde un sursis de cinq ans pour nous mettre en règle. Nous voulons un cahier de charges. Si au bout de cinq ans, un fondateur ne peut pas remplir les conditions exigées, l’Etat peut nommer un administrateur. Plus de 80% des écoles veulent avoir des codes définitifs. Il y a une sorte de marchandage autour du maintien de ces écoles dans une sorte d’irrégularité. Nous voulons un statut particulier pendant ces cinq ans. Que chaque année, le ministère de l’Education nationale nous évalue pour voir si nous nous équipons progressivement ou pas.


N.V. : Selon la tutelle, la nouvelle carte scolaire a pour but de combattre l’installation anarchique des écoles privées. Pourquoi vous combattez cette nouvelle carte scolaire ?

B.K. : Dans un diamètre de 3km, il ne peut exister désormais qu’une seule école privée. A-t-on apprécié la densité de la population d’un quartier précaire comme Adjouffou par exemple ? Dans les petites agglomérations, c’est le comble. Trois km de rayon soit 6 km de diamètre. A-t-on également penser à la densité de la population ? Par ces mesures, on veut décourager les jeunes à investir dans l’école. Le SAPEP est le maître d’œuvre de tout cela. Ce sont les premiers fondateurs d’écoles de ce pays qui ont peur de la concurrence. La nouvelle carte scolaire nous ramène à la colonisation et au début de l’indépendance de notre pays où les enfants parcouraient des kilomètres et des kilomètres pour aller à l’école. L’arrêté qui crée cette nouvelle carte scolaire doit être retiré.


N.V. : Aux yeux des spécialistes de l’éducation, la nouvelle carte scolaire va stimuler l’excellence à l’école...

B.K. : La seule condition pour stimuler l’excellence, c’est la concurrence. Ce n’est pas en séparant les écoles de plusieurs kilomètres que les enseignants seront bien payés, les élèves bien formés. L’école ivoirienne a besoin d’appui financier. Il faut un fonds de soutien à l’enseignement privé en Côte d’Ivoire. Il faut une banque de l’école.


N.V.: Votre dernier point de discorde avec le ministre Bleu Lainé est la constitution des membres de la commission nationale technique de l’enseignement privé…

B.K. : Ce que nous dénonçons c’est que des fondateurs siègent au sein de cette commission. Ils sont juges et partie. Cette commission donne les pleins pouvoirs à des fondateurs de décider du sort des autres fondateurs. La convention s’oppose à la présence d’associations de fondateurs. Cette commission ne peut que travailler sous injonction. Le souci premier des fondateurs qui siègent dans cette commission est de préserver leurs intérêts en éliminant les dossiers des candidats à la création d’écoles, et qui peuvent leur livrer la concurrence.

Entretien réalisé par Charles Bédé
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