A Bonoua, les autorités coutumières ont décidé de rédiger des textes pour réguler la vie dans la commune. Le texte est au stade de projet et sera « présenté » aux autorités administratives et politiques. Pour le moment la population est appelée à y apporter des amendements. Nord Sud Quotidien a eu une copie de ce texte qui doit être «promulgué» le 29 mars. En voici quelques extraits.
Evolution et réadaptation des US et coutumes aux réalités sociales Dispositions Générales
1/ Pour la propreté de la ville, plus de bananiers dans les voies et aux abords des voies du village. Le non-respect de cette disposition entraîne une amende de 5.000fcfa.
2/ Il est désormais interdit tous jeux vidéos sur l’étendue du territoire de Bonoua. Le non-respect de cette disposition entraîne une amende de 15.000fcfa.
3/ Tout homme jeune ou adulte qui fait un enfant avec une fille ou une femme adulte et qui ne s’occupe pas de sa progéniture, le beau-père (père de la fille) ou la belle-mère (mère de la fille) peut le traduire à la cour royale pour répondre de son acte.
4/ Tout enfant qui atteint l’âge de 18 ans est majeur. Par conséquent, il doit s’acquitter de ses cotisations funéraires.
Jeune fille : 2.000 f CFA
Jeune homme : 4.000fcfa
5/ Le port des boucles d’oreilles par les jeunes hommes et les pantalons qui descendent laissant apparaître le postérieur des jeunes filles sont interdits. Le non respect expose à une amende de 5000 f CFA.
Classe d’âge
1/ Quiconque n’appartient pas ou refuse d’appartenir à une classe d’âge n’a pas droit à des funérailles traditionnelles officielles. Ses funérailles prendront fin à son enterrement. En cas de manquement à cette disposition, sa famille paye une amende de 160.000fca.
2/ Dans le cas où il s’est acquitté de son droit funéraire, il ne sera pas pénalisé. Ses funérailles finissent juste le lendemain. Le non respect entraîne la même amende de 160.000fcfa.
Divorce
1/ Trois mois après la séparation du couple, le divorce doit intervenir si aucune réconciliation n’est possible.
2/ Après cinq ans de mariage, aucun remboursement de dote ne peut intervenir. Cependant, l’épreuve d’infidélité doit être appliquée.
3/ Tout homme qui fait un enfant avec une fille Abouré, s’il veut s’en dégager, il doit payer une amende de 60.000fcfa au père de la femme.
4/ Tout cas de divorce doit être annoncé à l’autorité coutumière pour l’enregistrement.
Adultère
1/ Tout homme Abouré qui commet l’adultère avec la femme d’un Abouré paie une amende de 15.000 CFA.
2/ Tout étranger ou allogène qui commet l’adultère avec la femme d’un Abouré paie une amende de 30.000cfa.
3/ Tout Abouré qui commet l’adultère avec une étrangère ou une allogène paie une amende de 30.000fcfa.
Etrangers
1/ Tout étranger ou allogène coupable de délit (viol, pédophilie, assassinat, détournement de mineurs, envoûtement, trafic d’enfants et d’organes humains…) est mis à la disposition de la justice et banni du territoire Abouré après avoir payé une amende de 150.000fcfa.
2/ La mendicité est formellement interdite à Bonoua.
3/ Tout vagabondage de malades mentaux est interdit à Bonoua. Le chef de la communauté ou le chef de famille du malade doit le faire interner pour qu’il suive des soins appropriés.
4/ En cas de non-respect des dispositions su citées, les M’Man se réservent le droit d’immobiliser le malade de son père ou au domicile du chef de sa communauté d’origine.
5/ le montant du travail journalier est fixé comme suit :
sur le territoire de Bonoua : 1.500 fcfa dans la sous-préfecture : 1.800fca.
NB : cette somme inclut la nourriture
XI. PROPRIETE - ENVIRONNEMENT
1- Toute divagation d’animaux (bœufs, moutons cabris, volaille, chiens) est interdite sur le territoire du village.
Les propriétaires sont tenus de construire des enclos fermés pour les animaux.
Toute violation de cette mesure est passible d’une amende de 5.000f CFA.
2- Tout abandon de véhicule en panne ou hors d’usage en pleine chaussée ou aux abords des voies publiques au-delà de quinze jours, le propriétaire est sommé de l’enlever. Dans le cas contraire, il est passible d’une amende de 15.000f CFA.
3- Toute vente de charbon de bois aux abords des voies publiques bitumées est formellement interdite. Tout contrevenant à cette mesure est passible d’une amende de 15.000f CFA.
4- Tout déversement de bois, banane, manioc, et autres éléments pouvant causer l’insalubrité aux abords des voies publiques et des voies bitumées est interdit sur le territoire du village, et passible d’une amende de 5.000f CFA.
5- La réparation de motos, vélos et autres engins est interdite aux abords des voies publiques couvertes de bitume.
6- Il est également interdit le ramassage de sable sur les voies publiques non bitumées sauf dans les grands caniveaux et sur l’autorisation expresse des autorités villageoises. La dérogation à cette règle est passible d’une amende de 15.000f CFA et les objets ou matériels saisis.
7- Il est formellement interdit d’uriner, de déféquer et de jeter les ordures (peaux de banane, papier de cigarette) dans les rues de Bonoua. Tout contrevenant est passible d’une amende de 5.000f CFA.
XII. FONCIER RURAL
tout propriétaire terrien qui veut vendre sa terre forêt dense, jachère, plantations) se doit s’informer :
son chef de famille et deux membres de sa famille un de ses enfants au moins
la notabilité les M’Man (la génération au pouvoir).
NB : toutes les charges relatives à ce déplacement incombent au propriétaire de la terre.
sur rapport de la dégradation, la Cour Royale délivrera une attestation qui autorise alors la vente de ladite forêt.
En cas de non respect de la procédure en vigueur, le propriétaire paiera une amende de 50.000f CFA à la Cour Royale et aux M’Man accompagnée de quatre bouteilles de Gin.
XIII. TERRAIN URBAIN
Tout propriétaire de lot qui désire le vendre, doit strictement informer les M’Man.
En cas de non-respect de la procédure en vigueur, le contrevenant doit payer une amende de 50.000f CFA plus quatre bouteilles de Gin. (…)
Une sélection de Emmanuel Kanga
Ce qu’en pensent les autorités administratives
La cité de Bonoua s’est donné une « constitution ». Ce document a valeur de « loi royale » selon ses concepteurs. Il vise à modifier les us et coutumes et à « réglementer » les pratiques de la vie sociale de cette commune. Redigé par les classes d’âge du royaume, il sera présenté officiellement le 29 mars aux autorités administratives locales. Le texte couvre tous les domaines de la vie courante. Le président du conseil général du département de Grand-Bassam, M. Akoï Kacou Innocent, natif de Bonoua, apprécie l’initiative. Pour lui, le peuple Abouré veut évoluer avec ses valeurs traditionnelles et culturelles. « C’est une habitude de nos parents, liée au fonctionnement de notre société traditionnelle pour réglementer la vie entre les populations. Nous avons un roi, une classe d’âges. Pour faciliter les échanges, il y a des lois, des règles bien établies. Au départ, tout était basé sur la tradition orale. C’est pour ne pas perdre cela que nous avons décidé de parcourir ces lois traditionnelles et de les mettre par écrit. Les lois traditionnelles ont toujours existé mais l’idée de les garder par écrit est partie de la génération M’Ploussoué et a été reprise par la génération N’Nowé. Les Noudjou, la classe d’âge au pouvoir essaie de réadapter les textes aux réalités de la vie sociale», explique M. Akoï Kacou Innocent. Il souligne que « le pouvoir vient d’être cédé à la génération Noudjou il y a un an. Elle a le devoir de passer en revue les textes et de les mettre à jour. Les textes renferment les problèmes de la vie courante». Le président du conseil général de Grand-Bassam affirme que le peuple Abouré est solidaire et soucieux de l’évolution de l’autre. «Nous avons un roi, des notables. A côté, il y a les M’Man que sont la population et la classe dirigeante. Notre force, ce sont nos valeurs traditionnelles. C’est cette valeur de solidarité qui est notre souci permanent», a-t-il commenté exprimant implicitement son soutien au projet. Il a souligné que c’est après 21 ans que le pouvoir est transféré d’une génération à l’autre. Nous avons tenté d’arracher quelques mots à l’un des présidents de quartier, notamment le président de Begnery, M. Akoï Félix. Mais, ce dernier a souhaité «ne pas se prononcer». Le maire de Bonoua M. N’Guessan Bohi Faustin n’a également pas voulu se prêter à nos questions. Pour lui, «ces textes ne sont pas promulgués. Il nous faut donc attendre». Cap sur la cour royale où nos tentatives pour avoir de plus amples informations sur les fondements de ces textes sont restées vaines. Soulignons que chez les Abourés « Ehivet » de Bonoua, le roi, représente le pouvoir exécutif, les notables choisis dans chacune des sept familles sont les ministres. Les M’Man qui sont la population et la classe dirigeante ou la classe au pouvoir représentent les parlementaires.
Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale
Evolution et réadaptation des US et coutumes aux réalités sociales Dispositions Générales
1/ Pour la propreté de la ville, plus de bananiers dans les voies et aux abords des voies du village. Le non-respect de cette disposition entraîne une amende de 5.000fcfa.
2/ Il est désormais interdit tous jeux vidéos sur l’étendue du territoire de Bonoua. Le non-respect de cette disposition entraîne une amende de 15.000fcfa.
3/ Tout homme jeune ou adulte qui fait un enfant avec une fille ou une femme adulte et qui ne s’occupe pas de sa progéniture, le beau-père (père de la fille) ou la belle-mère (mère de la fille) peut le traduire à la cour royale pour répondre de son acte.
4/ Tout enfant qui atteint l’âge de 18 ans est majeur. Par conséquent, il doit s’acquitter de ses cotisations funéraires.
Jeune fille : 2.000 f CFA
Jeune homme : 4.000fcfa
5/ Le port des boucles d’oreilles par les jeunes hommes et les pantalons qui descendent laissant apparaître le postérieur des jeunes filles sont interdits. Le non respect expose à une amende de 5000 f CFA.
Classe d’âge
1/ Quiconque n’appartient pas ou refuse d’appartenir à une classe d’âge n’a pas droit à des funérailles traditionnelles officielles. Ses funérailles prendront fin à son enterrement. En cas de manquement à cette disposition, sa famille paye une amende de 160.000fca.
2/ Dans le cas où il s’est acquitté de son droit funéraire, il ne sera pas pénalisé. Ses funérailles finissent juste le lendemain. Le non respect entraîne la même amende de 160.000fcfa.
Divorce
1/ Trois mois après la séparation du couple, le divorce doit intervenir si aucune réconciliation n’est possible.
2/ Après cinq ans de mariage, aucun remboursement de dote ne peut intervenir. Cependant, l’épreuve d’infidélité doit être appliquée.
3/ Tout homme qui fait un enfant avec une fille Abouré, s’il veut s’en dégager, il doit payer une amende de 60.000fcfa au père de la femme.
4/ Tout cas de divorce doit être annoncé à l’autorité coutumière pour l’enregistrement.
Adultère
1/ Tout homme Abouré qui commet l’adultère avec la femme d’un Abouré paie une amende de 15.000 CFA.
2/ Tout étranger ou allogène qui commet l’adultère avec la femme d’un Abouré paie une amende de 30.000cfa.
3/ Tout Abouré qui commet l’adultère avec une étrangère ou une allogène paie une amende de 30.000fcfa.
Etrangers
1/ Tout étranger ou allogène coupable de délit (viol, pédophilie, assassinat, détournement de mineurs, envoûtement, trafic d’enfants et d’organes humains…) est mis à la disposition de la justice et banni du territoire Abouré après avoir payé une amende de 150.000fcfa.
2/ La mendicité est formellement interdite à Bonoua.
3/ Tout vagabondage de malades mentaux est interdit à Bonoua. Le chef de la communauté ou le chef de famille du malade doit le faire interner pour qu’il suive des soins appropriés.
4/ En cas de non-respect des dispositions su citées, les M’Man se réservent le droit d’immobiliser le malade de son père ou au domicile du chef de sa communauté d’origine.
5/ le montant du travail journalier est fixé comme suit :
sur le territoire de Bonoua : 1.500 fcfa dans la sous-préfecture : 1.800fca.
NB : cette somme inclut la nourriture
XI. PROPRIETE - ENVIRONNEMENT
1- Toute divagation d’animaux (bœufs, moutons cabris, volaille, chiens) est interdite sur le territoire du village.
Les propriétaires sont tenus de construire des enclos fermés pour les animaux.
Toute violation de cette mesure est passible d’une amende de 5.000f CFA.
2- Tout abandon de véhicule en panne ou hors d’usage en pleine chaussée ou aux abords des voies publiques au-delà de quinze jours, le propriétaire est sommé de l’enlever. Dans le cas contraire, il est passible d’une amende de 15.000f CFA.
3- Toute vente de charbon de bois aux abords des voies publiques bitumées est formellement interdite. Tout contrevenant à cette mesure est passible d’une amende de 15.000f CFA.
4- Tout déversement de bois, banane, manioc, et autres éléments pouvant causer l’insalubrité aux abords des voies publiques et des voies bitumées est interdit sur le territoire du village, et passible d’une amende de 5.000f CFA.
5- La réparation de motos, vélos et autres engins est interdite aux abords des voies publiques couvertes de bitume.
6- Il est également interdit le ramassage de sable sur les voies publiques non bitumées sauf dans les grands caniveaux et sur l’autorisation expresse des autorités villageoises. La dérogation à cette règle est passible d’une amende de 15.000f CFA et les objets ou matériels saisis.
7- Il est formellement interdit d’uriner, de déféquer et de jeter les ordures (peaux de banane, papier de cigarette) dans les rues de Bonoua. Tout contrevenant est passible d’une amende de 5.000f CFA.
XII. FONCIER RURAL
tout propriétaire terrien qui veut vendre sa terre forêt dense, jachère, plantations) se doit s’informer :
son chef de famille et deux membres de sa famille un de ses enfants au moins
la notabilité les M’Man (la génération au pouvoir).
NB : toutes les charges relatives à ce déplacement incombent au propriétaire de la terre.
sur rapport de la dégradation, la Cour Royale délivrera une attestation qui autorise alors la vente de ladite forêt.
En cas de non respect de la procédure en vigueur, le propriétaire paiera une amende de 50.000f CFA à la Cour Royale et aux M’Man accompagnée de quatre bouteilles de Gin.
XIII. TERRAIN URBAIN
Tout propriétaire de lot qui désire le vendre, doit strictement informer les M’Man.
En cas de non-respect de la procédure en vigueur, le contrevenant doit payer une amende de 50.000f CFA plus quatre bouteilles de Gin. (…)
Une sélection de Emmanuel Kanga
Ce qu’en pensent les autorités administratives
La cité de Bonoua s’est donné une « constitution ». Ce document a valeur de « loi royale » selon ses concepteurs. Il vise à modifier les us et coutumes et à « réglementer » les pratiques de la vie sociale de cette commune. Redigé par les classes d’âge du royaume, il sera présenté officiellement le 29 mars aux autorités administratives locales. Le texte couvre tous les domaines de la vie courante. Le président du conseil général du département de Grand-Bassam, M. Akoï Kacou Innocent, natif de Bonoua, apprécie l’initiative. Pour lui, le peuple Abouré veut évoluer avec ses valeurs traditionnelles et culturelles. « C’est une habitude de nos parents, liée au fonctionnement de notre société traditionnelle pour réglementer la vie entre les populations. Nous avons un roi, une classe d’âges. Pour faciliter les échanges, il y a des lois, des règles bien établies. Au départ, tout était basé sur la tradition orale. C’est pour ne pas perdre cela que nous avons décidé de parcourir ces lois traditionnelles et de les mettre par écrit. Les lois traditionnelles ont toujours existé mais l’idée de les garder par écrit est partie de la génération M’Ploussoué et a été reprise par la génération N’Nowé. Les Noudjou, la classe d’âge au pouvoir essaie de réadapter les textes aux réalités de la vie sociale», explique M. Akoï Kacou Innocent. Il souligne que « le pouvoir vient d’être cédé à la génération Noudjou il y a un an. Elle a le devoir de passer en revue les textes et de les mettre à jour. Les textes renferment les problèmes de la vie courante». Le président du conseil général de Grand-Bassam affirme que le peuple Abouré est solidaire et soucieux de l’évolution de l’autre. «Nous avons un roi, des notables. A côté, il y a les M’Man que sont la population et la classe dirigeante. Notre force, ce sont nos valeurs traditionnelles. C’est cette valeur de solidarité qui est notre souci permanent», a-t-il commenté exprimant implicitement son soutien au projet. Il a souligné que c’est après 21 ans que le pouvoir est transféré d’une génération à l’autre. Nous avons tenté d’arracher quelques mots à l’un des présidents de quartier, notamment le président de Begnery, M. Akoï Félix. Mais, ce dernier a souhaité «ne pas se prononcer». Le maire de Bonoua M. N’Guessan Bohi Faustin n’a également pas voulu se prêter à nos questions. Pour lui, «ces textes ne sont pas promulgués. Il nous faut donc attendre». Cap sur la cour royale où nos tentatives pour avoir de plus amples informations sur les fondements de ces textes sont restées vaines. Soulignons que chez les Abourés « Ehivet » de Bonoua, le roi, représente le pouvoir exécutif, les notables choisis dans chacune des sept familles sont les ministres. Les M’Man qui sont la population et la classe dirigeante ou la classe au pouvoir représentent les parlementaires.
Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale