Arrestation du journaliste de ‘’Le Repère’’ - Un autre péril sur le processus de paix

Depuis hier, le journaliste de l’hebdomadaire « Le Repère », Namankoua Gnamantê croupit dans les geôles de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), pour « délit par voie de presse ». Ce qui constitue une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire sous le régime de la refondation, puisque la dépénalisation du délit de presse avait pour objet de ne plus incarcérer les journalistes. Et cette situation risque de faire planer désormais, de sérieuses menaces sur le processus de paix enclenché depuis la signature de l’accord politique de Ouagadougou. La menace est d’autant plus grande que si le Pdci-Rda dont l’hebdomadaire « Le Repère » est très proche, décidait d’engager des actions de protestation à la suite de cette arrestation, cela pourrait éventuellement mettre à mal la paix et la cohésion sociale en cette période très sensible. Cela pourrait même faire penser à Madagascar où le mécontentement est parti d’une simple affaire de suppression d’une chaîne de télévision. Autant donc le dire d’emblée que ce qui se passe actuellement est dangereux et peut être le début d’un processus d’injustice qui risque de s’abattre sur tout le monde.



Le Pdci fera-t-il deux poids deux mesures ?

C’est pourquoi, la justice ivoirienne gagnerait à faire marche-arrière en laissant les organes de régulation eux-mêmes régler eux-mêmes ce genre de problème. En tout cas, l’arrestation du journaliste de « Le Repère » montre bien que lorsqu’une injustice commence quelque part, il faut bien se mobiliser pour la combattre, pour ne pas qu’on en soit une victime plus tard. Pour avoir donc laissé hier, cette injustice s’abattre sur d’innocents citoyens parce qu’ils ne sont pas des militants, le Pdci se trouve aujourd’hui dans une situation à tout le moins inconfortable. Comment le parti de M. Bédié pourra-t-il descendre dans la rue pour réclamer la libération de Gnamantê alors que lorsqu’il s’était agi d’Assalé et d’autres victimes, il n’a pas osé lever le petit doigt ne serait-ce que condamner cette injustice criarde ? Est-ce que l’ancien parti unique aura suffisamment de force pour combattre cette énième mascarade contre un journaliste quand, en d’autres occasions, il a opté pour la résignation ? Mais enfin, le Pdci pourra-t-il réellement faire pour Gnamantê ce qu’il n’a pas voulu faire pour d’autres ? Autant de questions qui montrent bien l’embarras dans lequel se trouve aujourd’hui le parti d’Henri Konan Bédié, même si le vent de Madagascar est prêt à souffler partout.



JJ